Hob : The Definitive Edition

En résumé

  • Sorties :
  • 4 Avril 2019
  • 4 Avril 2019
  • 16 Janvier 2020

L'avis de Chozo

Doté d'une direction artistique onirique, d'une bande-son magnifique et surtout d'un level-design fort ingénieux, HOB : Definitive Edition mélange les genres dans ce qu'ils ont de meilleur, laissant le joueur explorer plus que de besoin. Sans jamais réellement perdre l'utilisateur, le jeu semble vouloir s'apprécier toujours plus au fur et à mesure de l'avancée dans cet univers aux multiples visages. Malgré une caméra parfois peu adaptée, un problème de lisibilité des objectifs et surtout une version portable downgradée de manière douteuse, les vingt euros à dépenser pour acquérir HOB seront un bon investissement, d'autant plus que les différents niveaux de difficulté renouvellent un tant soit peu l'expérience. Allez HOB, on y retourne.

Les plus

  • Une direction artistique soignée prônant l'exploration
  • Un level-design riche et imaginatif
  • Des puzzles variés et intelligents
  • Une musique dans le ton
  • Des influences maîtrisées

Les moins

  • Quelques objectifs difficiles à cerner
  • Une caméra mal placée par moments
  • Le framerate horrible à la fin du jeu en mode TV
  • Une version portable à la limite du honteux
  • Nintendo-Difference

    par Chozo

    le 21 avril 2019 22:00

Panic Button ne fait pas que des portages de FPS bourrés aux hormones à destination de la Switch, et tente de nous le rappeler au travers de la plus récente création de l’équipe génitrice de Torchlight 1 et 2, dont le studio, Runic Games, a fermé ses portes en novembre 2017. Sorte de mix entre l’exploration et les petits donjons zeldaèsques, la résolution d’énigmes par un personnage attachant à la RiME et les combats simples au milieu d’un univers en constante évolution rappelant ICO, HOB, sous une dénomination complétée d’un « Definitive Edition », débarque sur la console hybride avec quelques améliorations. Un peu de plateformes, beaucoup de puzzles, une redécouverte constante de son environnement sur fond de musiques composées par Matt Uelmen, grand nom du milieu et responsable des bandes-son de Diablo 1 et 2 ou de WOW : the Burning Crusade, HOB c’est tout ça à la fois.

HOBladi, HOBlada

Il faut croire que Panic Button aime s’attaquer aux défis inespérés. Loin d’un travail d’adaptation pure aux possibilités techniques limitées de la Switch, ce portage de HOB demeure avant tout la manifestation d’une préservation et d’un second souffle pour une œuvre soumise au destin de son studio de développement, Runic Games, dont la maison mère, Perfect Wold, avait annoncé sa fermeture après une première parution de HOB sur PC et PS4 en 2017. Cette ambiance d’incertitude quant à l’avenir de ces développeurs, c’est exactement ce que ressent le joueur au moment de lancer une partie. Dépourvu d’introduction, de narration ou de dialogues, le jeu propose de contrôler une petite créature aux yeux bleus brillants similaires aux White Walkers, couverte d’un châle rouge, se réveillant au milieu d’un environnement verdoyant et de sa faune toute mignonne, mais souffrant d’un mal inconnu. En dehors des vagues indications promulguées du bout du doigt par un robot tout droit sorti de Laputa, aucun enjeu clair ne se manifeste, et ce sera au joueur lui-même de découvrir l’univers, ses mécanismes et ses tourments au travers de l’exploration plutôt hasardeuse en tout début d’aventure. Comble du mauvais départ pour le personnage contrôlé, celui-ci perd son bras gauche à la suite d’un empoisonnement par les étranges émanations violacées ayant envahi la flore locale. Il est sauvé in extremis par le seul autre potentiel survivant à ce mal, qui n’hésite ni à lui arracher rapidement le bras meurtri ni à déconnecter son propre bras mécanique pour le lui greffer et l’aider à survivre.

Après s’être reposé pour reprendre des forces et habituer son corps à ce bras robotisé, le héros doit doucement progresser dans les différents lieux de la carte avec son épée mécanique, passant de forêts à plaines désertiques ou de sites aquatiques à chemins de pierre en altitude, souvent vertigineux. Le joueur se rend vite compte que le bras greffé est en fait la clé permettant de résoudre les puzzles et d’actionner les mécanismes nécessaires à l’exploration, donnant accès à de nouvelles plateformes, entre bornes électriques à positionner correctement, valves à tourner pour noyer une partie de la faune, ou portails à ouvrir pour accéder à de nouvelles zones. Mais là où HOB rappelle à s’y méprendre le Château dans le Ciel, c’est que le joueur découvre rapidement que certains puzzles donnent accès à des sortes de donjons en sous-sol, révélant les entrailles du site, faites de machines, d’énormes mécanismes et de générateurs. Ces engins permettent littéralement de terraformer la surface, de manière à totalement transformer la perspective des lieux. Ces modifications spectaculaires se révèlent être une merveille à observer, laissant le joueur témoin d’énormes couches de terres et de machines se superposant pour recréer un environnement à revoir sous un angle forcément différent. Ce travail sur l’échelle entre ce petit personnage et ces grands chamboulements terrestres est en effet l’une des grandes réussites du titre, révélant un level-design aux petits oignons. La récompense de l’exploration se traduit ici bien de cette manière. Même si le joueur ne sait pas exactement par quel chemin passer ou quel mécanisme il vient de débloquer, une fois la résolution du puzzle révélée, l’ensemble lui paraîtra d’une cohérence et d’une justesse très gratifiantes, le poussant à aller encore plus loin dans les bas fonds de l’univers proposé.

IcHOB

Dans ce monde semi-ouvert, tout est fait pour privilégier l’exploration, un concept toujours borderline avec les risques de perte de repère pour le joueur, sans pour autant l’égarer totalement. Avec ses multiples embranchements, l’univers de HOB est aussi intelligemment pourvu de checkpoints bien placés, tout comme des téléporteurs permettant de rapidement atteindre l’autre bout de la carte. Chaque mort entraine un déplacement du personnage au dernier point de contrôle sans qu’il ne soit très loin du lieu de trépas. Il faut cependant reconnaître que les objectifs identifiés ne sont pas toujours faciles à comprendre, d’autant plus que la carte se révélant au fur et à mesure de l’exploration manque clairement de lisibilité, même lorsque certains rares objectifs y sont indiqués. Heureusement, pour les moins initiés, HOB propose un mode facile dont la partie est guidée, et donc pourvue d’indications claires, évitant le découragement. Pour les plus nerveux, les modes difficile et très difficile sont également disponibles.

Mais même en mode normal, force est de constater que le challenge est bien équilibré, alternant entre puzzles parfois compliqués à percevoir et combats contre des ennemis plus ou moins récalcitrants. Malgré des affrontements souvent assez courts et aux mouvements plutôt répétitifs, il faudra tout de même saisir les patterns de chaque type d’ennemi pour ne pas trop perdre de points de vie, en faisant appel au bras mécanique, à l’épée évolutive et aux capacités d’esquive du personnage, essentiellement via les roulades et les téléportations. D’un autre côté, une certaine difficulté involontaire se révèle rapidement dans les phases de plateforme du titre, puisque l’ensemble est mis en scène le plus souvent via une caméra fixe, qui ne permet pas de jauger les angles et les distances de manière optimale. Il faudra s’attendre à souvent tomber dans les précipices, charge au joueur de faire preuve de bonne ou de mauvaise foi, accusant, selon la personne, soit son niveau de skill, soit cette satanée caméra à laquelle on finit par s’habituer. Au passage, notons les morts sanglantes subies par le héros, entre chutes le voyant s’écraser dans une marre d’hémoglobine, poisson géant le dévorant, bras coupé net, le tout n’est évidemment pas destiné aux plus jeunes. Il est d’ailleurs étrange de voir un simple PEGI 7 apposé au titre…

HOBrigado

Pour étoffer le gameplay, il est possible d’apprendre de nouvelles compétences servant autant à l’exploration qu’au combat, à l’aide de modes d’emploi cachés au sein des bornes à découvrir un peu partout dans les différentes zones. Une fois ces documents en sa possession, le personnage devra se rendre dans son atelier au milieu de la carte pour acheter les capacités découvertes, au moyen des orbes collectés, soit en battant les ennemis, soit en les récupérant sur d’autres stèles à débloquer. Et c’est ainsi que le héros pourra transformer son bras en bouclier, en grappin ou en marteau géant, mais aussi apprendre la téléportation derrière un ennemi ou accroître sa force et sa vitesse. D’autres éléments sont également à récolter, comme des fragments d’épées, qui, au bout de trois morceaux, serviront à en forger une nouvelle, des tenues octroyant des bonus au personnage, des fragments de cœur augmentant les niveaux de vie, ou des points de vue panoramiques à découvrir pour débloquer l’ensemble des concepts-arts consultables dans les menus du jeu. Tout cela vient gonfler une durée de vie initiale, en ligne droite d’une petite dizaine d’heures, permettant d’atteindre deux à trois heures de plus pour collecter l’ensemble des bonus.

Dans son esthétique très onirique et aux effets de cel-shading plaisants, HOB donne un effet d’estampe sortie d’une gravure très agréable à admirer, bénéficiant d’une profondeur de champ,  permettant d’apprécier les modifications de terrain engendrées par les mécanismes débloqués. Emmenée par la musique envoutante et interactive avec les révélations des lieux de Matt Uelmen, la direction artistique souffre cependant d’un aliasing semblable à ce qui a pu être vu dans Breath of the Wild, avec des éléments de verdure apparaissant peu à peu au fil de l’avancée dans les décors. Le framerate, pourtant bien géré dans la majeure partie du jeu, finit par rendre l’âme dans le tout dernier acte, avec des images très saccadées lors du climax, un phénomène déjà observé dans la version PS4. Dommage, sans pour autant que cela n’enlève le plaisir général apporté par le jeu. Notons que nous n’avons pas encore parlé de ce qu’apporte le terme  Definitive Edition, et pour cause, les améliorations demeurent totalement secondaires. Outre une caméra semblant être améliorée, si tant est qu’une caméra à 75 % fixe puisse l’être, le jeu prend donc en charge les vibrations prétendument HD de la console de Nintendo, mais surtout l’écran tactile en mode portable. Et parlons-en du mode portable. Outre certains mécanismes, HOB a également récupéré le traitement en mode portable de RiME, sans en atteindre le degré de morve visuelle. Ne rendant pas l’ensemble injouable ou illisible, force est de constater que la configuration nomade accuse d’un effet pixelisé à outrance, de textures grossières et d’un framerate plus fragile. Un comble pour une Definitive Edition apportant la plupart de ses améliorations à la jouabilité portable et pour Panic Button, connu pour ses prouesses de portage.

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