Klonoa

Sorti il y a plus de dix ans sur Playstation, Klonoa  : Door to
Phantomile avait réussi à se faire une place de choix dans la
ludothèque de la console. Du moins au Japon, car aux États-Unis et en
Europe, le jeu s’était beaucoup moins bien vendu. Afin de réparer cette
erreur, et pour que ceux n’en ayant pas eu l’occasion puisse s’essayer
à ce titre, Namco nous offre un remake sur la console de salon de
Nintendo. Mais avec tout ce temps passé, Klonoa ne s’est-il pas fait
rattraper par la concurrence ?

Un monde menacé…

Klonoa vous met dans la peau du héros éponyme, un jeune
garçon-chat aux grandes oreilles vivant dans le monde de Phantomile. Ce
monde, alimenté par les rêves de ceux qui y vivent, se veut
paisible…Jusqu’au jour où Klonoa voit s’écraser un vaisseau sur une
colline voisine. Il part mener l’enquête avec son ami Huepow, afin de
découvrir ce qui a bien pu se passer. Arrivés sur la colline, ils
découvrent Ghadius, mystérieux personnage habillé d’une cape, et son
sous-fifre Joka. Les deux semblent à la recherche d’un pendentif
détenteur d’un grand pouvoir et ont kidnappé une jeune fille qui
pourrait les aider à le trouver. Très vite, il devient évident que
Ghadius n’a qu’une seule intention une fois le pendentif retrouvé :
décimer le monde de Phantomile, en transformant les rêves de ses
habitants en cauchemars. Pour empêcher cela, Klonoa et Huepow vont
devoir le poursuivre à travers les nombreuses régions qui composent
Phantomile, tout en affrontant des ennemis devenant de plus en plus
fort à mesure que le pouvoir de Ghadius grandit…

Si le
scénario de Klonoa se veut basique au premier abord, il évolue
fortement au fil de votre aventure, pour expliquer notamment les
raisons qui pousse Guadius à agir ainsi. S’il est parfois confus, il
reste suffisamment intéressant pour vous motiver à avancer. On
n’atteint pas le niveau d’un RPG, mais pour un jeu de plate-forme, il
se place dans la moyenne, et même au dessus du lot pour certaines
scènes dans lesquelles Klonoa aura à affronter des épreuves très
difficiles, comme la perte d’un être cher. Tout ceci vous est raconté
dans de très sympathiques cinématiques, toujours en temps réel
contrairement à l’épisode Playstation. Les dialogues, truffés d’humour
et entièrement doublés, constituent une autre raison de s’intéresser au
scénario. Cependant, si le jeu s’en sort bien du côté scénario, ce
n’est évidemment pas ce qu’il y a de plus important dans un jeu de
plate-forme. S’en sort-il aussi bien côté gameplay ?

Demi-dimension

Klonoa
est un jeu de plate-forme utilisant une technique appelés par certains
la « 2.5D ». Concrètement, cela signifie que le jeu se passe sur un
plan 2D, mais qu’il utilise pourtant la troisième dimension, notamment
pour l’affichage des décors. Le personnage ne peut donc être déplacé
que horizontalement et verticalement, comme un jeu de plate-forme 2D
classique, et non pas dans toutes les directions comme dans Super Mario
Galaxy par exemple. À l’époque, et même encore maintenant, cette
technique n’était pas exploitée à 100% : dans la plupart des jeux,
votre personnage se déplace sur un plan horizontal qui reste bien
droit, avec une caméra qui ne bouge elle aussi que sur un plan 2D. Un
peu comme si on prenait un jeu 2D et qu’on montait simplement la caméra
vers le haut pour faire apparaître un peu de profondeur. Klonoa, au
contraire, pousse ce concept plus loin en vous faisant traverser des
niveaux complexes qui exploitent parfaitement la troisième dimension.
Les chemins s’entrecroisent sur des plans différents, les plate-formes
ne sont pas droites mais serpentent autour du décor, et même les
ennemis ne se trouvent pas forcément toujours en face de vous. Ainsi,
le jeu se veut beaucoup plus intéressant à traverser et les niveaux
sont composés d’une multitude de chemins qu’il va falloir visiter.

Dans
les faits, Klonoa se contrôle toujours sur un plan 2D, et le jeu
s’occupe lui-même de la partie profondeur. La caméra reste centrée sur
le personnage, et si la route qu’il traverse tourne, elle tournera
aussi, montrant alors la complexité des niveaux. Du fait, cela permet
au jeu d’être très simple à prendre en main pour tous les habitués de
jeux de plate-forme 2D, tout en offrant une nouvelle dimension (c’est
le cas de le dire) au gameplay. Et plus d’une décennie après la sortie
de l’original, la recette fonctionne toujours aussi bien. Mais un jeu
de plate-forme n’en est pas un s’il ne possède pas d’ennemis. Et
justement, dans Klonoa, ceux-ci sont très importants, car ils vous
seront extrêmement utiles tout au long de votre périple. En appuyant
sur la touche de tir, Klonoa se servira de l’anneau dans lequel s’est
incarné Huepow afin de toucher l’ennemi en face de lui. Une fois
celui-ci frappé, Klonoa le ramène vers lui et le porte au dessus de sa
tête comme un vulgaire objet. Il est alors possible de simplement le
balancer pour s’en débarrasser, mais il peut également servir à tout un
tas de choses.#row_end

D’abord, il peut se montrer utile afin de tuer
d’autres ennemis, qui ne peuvent parfois pas êtres attrapés. Il sert
également à casser des conteneurs à bonus qui ne peuvent être ouverts
autrement, ou à débloquer le chemin en les lançant sur un bloc gênant
la progression. Mais surtout, il permet à Klonoa de faire un double
saut sans lequel il aurait bien du mal à évoluer dans les niveaux. Car
s’il est capable de sauter légèrement, et même de planer quelques
secondes, c’est avec un ennemi que Klonoa pourra atteindre les
plate-formes et bonus les plus hauts perchés. Cet aspect du jeu, très
intéressant, pousse à prendre soin des ennemis à sa disposition et de
ne pas simplement essayer de les tuer à tout va. Il permet aussi de
mettre en place des schémas complexes, où il faudra attraper plusieurs
ennemis à la suite pour atteindre un bonus situé très haut ou pour
simplement éviter de tomber dans le vide. Tout comme la 2.5D, le
concept n’a pas été inventé par ce jeu (on pouvait déjà saisir ses
ennemis dans Super Mario Bros. 2 par exemple) mais se montre très bien
utilisé et très amusant à pratiquer.

Utilisant à fond ces deux
aspects de son gameplay, Klonoa est un jeu de plate-forme original et
très agréable à traverser. Ajoutez à cela une ambiance graphique comme
sonore qui n’ont rien à se reprocher et vous voilà avec un jeu qui
semble bien parti pour être un digne représentant du genre.

Il y en a pour tout le monde

D’autant
qu’au niveau de la jouabilité, Klonoa se montre très ouvert puisqu’il
accepte absolument tous les types de manette, et se joue bien avec
n’importe laquelle. Ainsi, la Wiimote seule peut être utilisée,
horizontalement, la croix directionnelle servant pour le déplacement et
les boutons 1 et 2 pour sauter et tirer. Si on y adjoint le Nunchuk, on
peut alors utiliser le stick de celui-ci, les boutons A et B de la
Wiimote servant pour les actions. La manette classique fonctionne elle
aussi, bien que seule la croix puisse être utilisée pour le
déplacement. Par contre, avec la manette Gamecube, également
compatible, le stick ainsi que la croix deviennent utilisables. Bref,
chacun y trouvera son compte, que ce soit les moins exigeants qui se
contenteront de la Wiimote et ceux qui préfèrent jouer avec une
« vraie » manette. D’autant qu’il est même possible de réassigner
chaque bouton pour qu’il fasse ce que l’on désire. Avec ça, vous êtes
assuré de trouver quelque chose qui vous convient.

Si le jeu
s’adresse à tous niveau jouabilité, il s’adresse également à ceux ayant
déjà joué à l’original. Car n’oublions pas qu’il s’agit là d’un remake,
dans lequel le gameplay et l’agencement des niveaux n’a pas changé d’un
iota par rapport à l’original. Au niveau graphique cependant, Namco a
fait un excellent travail, en rendant les niveaux beaucoup plus beau
que dans l’original (encore heureux) tout en gardant la patte graphique
de chaque monde et la féérie générale que ce titre exprime. Les
personnages et ennemis sont désormais entièrement en 3D, et non plus
des sprites, et les décors sont beaucoup plus détaillés. Le rendu de
l’eau est également excellent. Dans l’ensemble, le jeu n’a absolument
pas à rougir face aux productions actuelles sur la console de Nintendo.
Ceux ayant déjà retourné le jeu original n’y trouveront donc rien de
bien nouveau, hormis quelques bonus sympathiques mais pas
indispensables, mais le lifting graphique vaut tout de même le détour
et donne l’impression de jouer à un nouveau jeu.

Le jeu de plate-forme rêvé ?

Klonoa
serait-il le jeu de plate-forme parfait, sur une console qui manque
cruellement de jeux du genre ? Il n’en est pas loin, malheureusement il
possède deux défauts intimement liés qui l’empêche d’atteindre ce
statut : sa difficulté et sa durée de vie. Le jeu se montre en effet
extrêmement facile, un défaut qui existait déjà dans la version
originale. Les ennemis ne posent en général aucun problème et même les
boss sont vite expédiés une fois leur point faible identifié (ce qui se
fait assez vite puisque Joka a la bonne idée de vous l’indiquer avant
de partir). Les niveaux sont assez longs, et même s’ils proposent
différents embranchements, vous ne trouverez qu’assez rarement des
obstacles sur votre route. Seuls les derniers niveaux peuvent vous
donner du fil à retordre, mais rien ne demandant énormément d’effort.
Du fait, le jeu se termine assez rapidement. Les niveaux sont assez peu
nombreux, une quinzaine seulement, et même s’ils ne se traversent pas
en quelques secondes, il est possible de voir la fin en quelques heures
seulement. Pour allonger un peu tout ça, six objets sont cachés dans
chaque niveau. Le problème, en dehors du fait que leur recherche
n’intéressera pas tout le monde, est que la plupart ne sont justement
même pas cachés, ou si peu. Un joueur qui ne fonce pas et qui explore
un minimum en trouvera la plupart de manière involontaire, juste en
jouant normalement. Seuls quelques uns réclameront de plus minutieuses
recherches.

Bref, Klonoa ne vous scotchera pas pendant des
jours. Mais une fois ce défaut, certes gênant, oublié, il n’en reste
pas moins un jeu de plate-forme extrêmement bien ficelé, avec un
gameplay original, et qui devrait plaire à tous les fans du genre. Les
possesseurs de l’original seront étonnés de voir ce qu’un lifting
graphique peut accomplir, les autres découvriront un jeu féérique de
part son univers et son ambiance. Espérons qu’avec la Wii, Klonoa aura
enfin le succès qu’il mérite.