Test de River City Girls sur Nintendo Switch

En résumé

  • Sorties :
  • 5 Septembre 2019
  • 5 Septembre 2019
  • 5 Septembre 2019

L'avis de Kayle Joriin

En reprenant à son compte la formule instaurée en 1989 par River City Ransom, avec son monde semi-ouvert et sa dimension RPG, River City Girls s’impose comme un digne descendant du maître et un beat them all d’excellente facture. L’univers visuel et sonore développé par WayForward Technologies s’avère en outre extrêmement plaisant, et le scénario loufoque se suit avec grand plaisir. Si les premières minutes peuvent s’avérer un peu rigides et que le jeu souffre de quelques lacunes d’ergonomie, difficile donc de ne pas craquer pour les aventures Kyoko et Misako. À condition, évidemment, d’être prêt à mettre une trentaine d’euros dans un titre néo-rétro dont la durée de vie de base n'excède pas les huit heures en ligne droite. Les complétistes ayant toutefois de quoi y passer facilement le double.

Les plus

  • Univers vivant et plaisant à découvrir
  • L’humour et les références
  • Monde semi-ouvert favorisant l’exploration
  • Dimension RPG efficace
  • 2D néo-rétro tout à fait charmante
  • Bande-son de qualité (musique et doublage)
  • Panel de coups variés pour chaque personnage
  • Un minimum de rejouabilité

Les moins

  • Quelques soucis d’ergonomie assez frustrants
  • Le level design manque un peu de folie
  • De petits ralentissements ponctuels
  • Assez cher (29,99 €)
  • On n’aurait pas craché sur quelques modes annexes
  • Nintendo-Difference

    par Kayle Joriin

    le 1 avril 2020 22:00

Créée en 1986 par le défunt studio Technos Japan, la franchise Kunio-kun demeure relativement peu connue en dehors de l’archipel, du moins sous son nom japonais. La faute, sans doute, de localisations qui en ont souvent fortement occidentalisé le contenu. Considéré comme l’un des pères fondateurs du beat them all, Nekketsu Koha Kunio-kun est ainsi sorti chez nous sous le titre de Renegade, perdant au passage son univers à base de furyo, bosozoku et autres yakuzas. Quant à Downtown Nekketsu Monogatari, paru sur Famicom en 1989, il a connu le même traitement en étant rebaptisé River City Ransom aux États-Unis et Street Gangs en Europe. Son succès fut toutefois suffisant pour que la marque River City perdure en Occident, tout en récupérant progressivement son ambiance originelle. Et après plusieurs volets sortis sur 3DS, dont le remake River City : Rival Showdown, la Nintendo Switch a accueilli en 2019 un nouvel opus assez particulier, car non seulement il se distingue esthétiquement du reste de la série, mais il débute également par l’enlèvement de ses habituels protagonistes, Kunio et Riki. Du coup, ce sont leurs copines, Misako et Kyoko, que l’on va incarner dans une aventure plutôt rocambolesque.


Artwork de River City Girls


Punch of the Future Past


Point suffisamment rare pour être souligné, c’est un studio occidental, WayForward Technologies, qui s’est chargé de ce nouveau volet, accompagné dans cette tâche par Arc System Works, le propriétaire de la franchise depuis 2015. Après avoir bossé, il y a quelques années, sur Double Dragon Neon, les créateurs de Shantae et Mighty Switch Force ont donc pu ajouter une autre légende du beat them all à leur CV. Et si la précédente tentative n’avait pas totalement convaincu lors de sa sortie en 2012, on se rend rapidement compte que River City Girls est d’un calibre supérieur. Déjà car techniquement il s’inscrit dans le domaine de prédilection des développeurs californiens, avec une 2D néo-rétro aux animations particulièrement travaillées. Ensuite, car il reprend intelligemment la formule si efficace de River City Ransom, en y ajoutant sa touche personnelle.

À l’instar de son ancêtre, bien plus innovant en son temps que les Final Fight, Golden Axe et autres Streets of Rage, le gameplay proposé ici est un savant mélange de tradition et de modernité. L’objectif principal est évidemment toujours de bastonner des hordes de délinquants aux looks variés. Néanmoins, l’aventure se déroule dans un monde semi-ouvert, constitué de petites zones interconnectées entre lesquelles on peut généralement aller et venir à loisir, à condition d’en avoir préalablement débloqué l’accès. Une liberté d’exploration qui permet d’exploiter au mieux la dimension RPG du titre – chaque ennemi dézingué ou quête résolue apportant son lot de points d’expérience et d’argent. Les premiers servent logiquement à monter de niveau afin d’améliorer les statistiques du personnage incarné et de débloquer quelques coups supplémentaires. Quant au second, on peut aller le dépenser dans les différentes boutiques de River City.


Baffes à répétition


Outre de nombreux objets de soin – à consommer sur place ou à emporter –, il est notamment possible d’acheter divers accessoires et de s’en équiper sur l’un des deux emplacements dédiés. Cela dit, une bonne partie du pécule amassé sera avant tout destiné à l’acquisition de nouvelles techniques de combat, accessibles en visitant les dojos tenus par deux célèbres frangins bagarreurs. Relativement limitée au début, voire un brin rigide, la maniabilité s’étoffe ainsi de nouvelles possibilités en cours d’aventure, variant agréablement les affrontements et facilitant la survie face à des hordes d’assaillants plutôt retors. Le challenge proposé dans River City Girls est en effet loin d’être anodin, surtout en mode difficile. Les adversaires ne sont certes pas très malins, mais ils peuvent être assez collants et disposent de patterns qu’il faudra étudier un minimum pour ne pas se retrouver au sol trop souvent – chaque knockout faisant perdre un bon paquet de pognon.

Ce sont toutefois les boss concluant chacune des six grandes zones du jeu, qui seront les plus à craindre. Si certains s’avèrent relativement simples à battre, d’autres nécessitent un minimum d’adresse et de patience. Ou, à défaut, un inventaire bien garni. Le cas échéant, il sera évidemment possible de faire appel à un partenaire, le titre étant jouable à deux en local avec la possibilité d’activer ou non le « tir ami ». Quant aux joueurs solitaires, ils pourront profiter d’une aide ponctuelle via un sympathique système de recrutement. En pratique, le dernier adversaire encore debout dans une zone finira généralement par avoir les chocottes, nous suppliant de l’épargner. Ce qu’on pourra faire en échange d’un coup de main occasionnel. De quoi enrichir encore une expérience déjà copieuse, sachant que les environnements regorgent toujours d’armes improvisées, du yoyo à la batte de baseball, en passant par la poêle à frire, le banc public ou même carrément les ennemis tombés au sol.

Image de River City Girls


Une réalisation qui tabasse


En termes de gameplay, difficile d’ailleurs de trouver de gros défauts au bébé de WayForward. Il y a certes quelques habitudes à réapprendre, par exemple en ce qui concerne l’utilisation de la chope, nécessitant d’abord d’étourdir son opposant. On peut également noter qu’au-delà de l’architecture semi-ouverte de la ville, le level design demeure relativement sage. Les environnements ont beau proposer une certaine verticalité, héritée de River City Ransom, l’ensemble manque peut-être légèrement de pièges et de surprises. Cela n’impacte néanmoins aucunement le plaisir ressenti en explorant River City et on peut facilement se prendre au jeu du leveling. Dommage donc que la transition entre les tableaux nécessite d’appuyer sur le bouton correspondant à l’attaque de base – cette double utilisation se traduisant par des changements de zone involontaires aussi nombreux que frustrants. Surtout en plein combat.

Heureusement, hormis cette petite lacune d’ergonomie passablement irritante, jouer à River City Girls reste un gros kiff général, qui doit autant à son gameplay fun et évolutif, qu’à son ambiance particulièrement réussie. Bien qu’on puisse noter, ici ou là, de petits ralentissements ponctuels, le titre bénéficie ainsi d’une technique plutôt solide, d’une direction artistique soignée et d’une bande-son de qualité, notamment caractérisée par de nombreux morceaux chantés. L’abandon du look super deformed caractéristique de la série risque sans doute de faire râler un peu les puristes, même si on en retrouve des traces dans le tutoriel. Cela dit, l’univers développé ici s’avère extrêmement plaisant à découvrir, grâce à d’innombrables petites animations donnant de la vie aux environnements. Et c’est sans compter sur les cinématiques animées, ou sous forme de planche de manga (étrangement non traduites), qui nous racontent une histoire assez délirante.

Image de River City Girls


Two Crude Girls


Comme évoqué en introduction, le titre nous met dans la peau de Misako et Kyoko, les copines respectives des habituels héros, Kunio et Riki. Alors que les filles sont en retenue, Kyoko reçoit un message laissant penser que leurs mecs ont été enlevés. Ni une, ni deux, elles décident alors de partir les sauver, bravant les rues de la ville et la racaille qui la peuple. Cette dernière se déclinant concrètement en une douzaine de types d’adversaires différents (sans compter les boss), avec les habituelles variations de couleurs permettant d’apporter un peu de diversité à moindre coût. Dans cette épopée musclée, elles croiseront naturellement la route de nombreux personnages hauts en couleur, alliés ou ennemis, issus la plupart du temps des précédents Kunio-kun, voire même des Double Dragon. Les fans seront donc aux anges devant les nombreuses références et les autres bénéficieront d’une galerie de trognes charismatiques aux dialogues souvent très drôles.

Pas question en effet de se prendre au sérieux dans River City Girls, l’aventure entière étant prétexte à la caricature et à la rigolade, jusqu’à une conclusion assez déconcertante qui trouve néanmoins son explication dans la « vraie fin » accessible en battant un septième boss caché. Pour l’affronter, il faudra toutefois dénicher pas moins de 25 statuettes de Sabu (le chef des yakuzas locaux) planquées un peu partout dans River City. On notera d’ailleurs que la mise à jour 1.1 – disponible depuis plusieurs mois sur la version Steam – a modifié légèrement ladite fin pour la rendre sans doute plus conforme à ce que les joueurs attendaient. En revanche, on ne sait pas si le patch en question sera déployé sur Switch. Cela ne change toutefois pas grand-chose à la qualité globale de l’expérience, aussi plaisante à jouer qu’à regarder et à écouter.

Bien que l’achat du titre de WayForward soit tout à fait recommandable dans l’absolu, il demeure toutefois un point qui peut gêner, à savoir son prix plutôt élevé de 29,99 €. Ce tarif n’étant pas forcément justifié par des ambitions techniques ou un contenu de folie. Par défaut, il faudra ainsi entre six et huit heures pour voir défiler le générique une première fois, ce dernier débloquant au passage deux nouveaux personnages jouables. Ensuite, on pourra continuer de se balader dans la ville ou démarrer une « nouvelle partie + » avec des ennemis plus coriaces et des objectifs supplémentaires. Une motivation potentiellement suffisante pour dépasser quinze ou vingt heures de jeu, notamment lorsqu’on cherche à monter chaque personnage au niveau 30 et à débloquer l’intégralité de ses coups. Reste qu’en l’absence de modes annexe (contre-la-montre, survie ou versus), il n’y aura pas forcément de raisons d’y revenir une fois l’aventure terminée, contrairement à ces bon vieux beat them all qu’on relance de temps à autre pour une petite session de castagne.

Artwork de River City Girls

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