Strong Bad\’s : Homestar Ruiner

Déjà connu par les joueurs comme le studio ayant fait revenir avec brio
Sam & Max et le genre du point-and-click sur le devant de la scène,
le studio Telltale Games remet le couvert avec un autre jeu de la même
trempe, mais cette fois dans un contexte complètement différent.
Préparez-vous à découvrir l’univers déjanté de Homestar Runner, dans
une série de jeux où l’humour absurde est de mise.

La série

Très connu
aux États-Unis, le webcartoon Homestar Runner ne profite
malheureusement pas d’une telle popularité chez nous, peut-être en
partie à cause de la barrière linguistique. Cela n’empêche pas TellTale
Games de sortir ses jeux sur le WiiWare européen, une bonne occasion de
découvrir la série. Celle-ci met en scène tout un tas de personnages
haut en couleur (et surtout un peu étranges), qui passent leur temps à
vivre des aventures loufoques et parfois à se taper dessus. Même si
elle s’appelle Homestar Runner, d’après le nom d’un des personnages,
c’est surtout Strong Bad, ersatz de boxeur mexicain, qui a pris la
place de vedette au fil du temps. Il n’est donc pas étonnant de le voir
être le héros de Strong Bad’s Cool Game for Attractive People, son
propre jeu où il va pouvoir s’en donner à cœur-joie pour rendre la vie
des autres insupportable uniquement pour son plaisir personnel.

SBCG4AP,
pour les intimes, ne fait pas dans l’originalité côté gameplay
puisqu’il se joue comme n’importe quel point-and-click : on pointe sur
ce qu’on veut regarder/à qui on veut parler/où on veut aller, on clique
(enfin, on appuie sur A), et Strong Bad commente ce qu’il voit/entame
la discussion/se rend à l’endroit visé. Une formule simple qui a
toujours fonctionné depuis l’invention des jeux du genre et qu’il est
très agréable de pratiquer grâce à la Wiimote. Le pointeur de celle-ci
est toujours représenté par un cercle, qui affiche le nom de l’objet
sur lequel il se trouve. Strong Bad s’occupe de l’action à effectuer,
contrairement à certains jeux d’aventure où il est possible de faire
différentes actions sur un même objet. L’inventaire se veut très
basique lui aussi, puisque vous n’aurez par exemple pas la possibilité
de combiner des objets. Même lors des dialogues, vous ne saurez pas
exactement ce que Strong Bad va dire, puisque vos différentes répliques
sont représentées par des icônes. Du fait, le gameplay est très simple
mais également loin d’être original, ce qui ne le conduit pas pour
autant à être inintéressant.

Car malgré son gameplay classique,
le jeu compte surtout sur son humour des plus spéciaux pour être
intéressant. Votre objectif sera toujours de résoudre le problème posé
par l’épisode, mais cela amène tout un tas de complications dont il va
aussi falloir s’occuper pour pouvoir s’en sortir. C’est donc en
interagissant avec des personnages, chacun au caractère bien tranché,
mais aussi un poids dans la tête, et en récupérant des objets parfois
communs qui trouveront une toute nouvelle utilité, que vous parviendrez
à vos fins. Comme dans le cartoon, Strong Bad passe son temps à foutre
en l’air tout ce qui se met en travers de son chemin, et à se moquer de
tout le monde en général, sauf quand c’est contre son propre intérêt.
Que ce soit à travers des références culturelles, des jeux de mots
vaseux, des situations complètement absurdes ou des blagues à la noix,
tout est là pour vous faire rire, bien souvent avec succès.#row_end

Bien
sûr, pour apprécier pleinement le jeu, il faut déjà être réceptif à ce
genre d’humour, mais les fans de Monkey Island, Sam & Max et
compagnie devrait y trouver leur compte. Si être fan du cartoon
original n’est pas un pré-requis, on trouve évidemment beaucoup de
références que seuls les connaisseurs pourront comprendre et trouver
amusantes. Dans le cas contraire, heureusement, vous ne ferez que
passer à côté de quelques blagues parmi toutes les autres que le jeu
contient. Les énigmes font uniquement appel à la logique (une logique
de cartoon bien souvent, mais une logique quand même) et à votre
réflexion pour bien utiliser ce qui vous entoure, ne réclamant
absolument pas de connaître le cartoon, ce qui rend le jeu appréciable
pour tout le monde. Enfin, presque tout le monde, puisque ceux qui ne
pratiquent pas l’anglais auront bien du mal à s’y mettre. Le jeu n’a en
effet pas été traduit, et même s’il est possible d’activer des
sous-titres, il faut quand même s’en sortir un minimum dans cette
langue pour espérer arriver à ses fins. De toute façon, jouer sans
comprendre les blagues n’aurait pas grand intérêt.

Au rayon
technique, TellTale Games est parvenu de manière étonnante à transposer
le style graphique du cartoon dans un univers en 3D, sans pour autant
l’altérer d’aucune manière. L’univers que vous traverserez est très
coloré mais aussi très dépouillé, ce qui peut paraître un peu dommage
pour un jeu d’aventure, afin d’être le plus proche possible du style
graphique original. Cela permet aussi aux personnages, bénéficiant d’un
effet de cel-shadding plutôt sympathique, d’avoir une palette
d’émotions très visible et très variée et aux décors des différents
endroits visités de ne jamais se répéter puisque chacun possède une
identité graphique propre. Pour ce qui est des voix et des musiques, là
encore tout vient du cartoon original. Mike Chapman, l’un de ses
créateurs, est aussi celui qui fait la voix d’absolument presque tous
les personnages, tout en parvenant à donner à chacun une voix et une
façon de parler qui lui est propre, reflétant l’extrême diversité dans
le design et le caractère des personnages et donnant un vrai sens de
crédibilité à tout l’univers. La musique parvient quant à elle à
distraire et n’atteint pas des sommets, mais se laisse toujours
écouter. Du fait, le jeu est très agréable au niveau sonore et visuel.

L’épisode : Homestar Ruiner

Le premier épisode, Homestar Ruiner, commence avec un Strong Bad
décidant de faire ce qu’il fait le mieux : mettre une pâté à Homestar
Runner, son rival de toujours. Coïncidence, celui-ci participe
actuellement à une compétition d’athlétisme de laquelle il est toujours
ressorti champion. Voilà donc une bonne occasion pour Strong Bad de
l’humilier : le battre là où il est le meilleur. Cependant, ses faibles
performances le font évidemment toujours perdre, et c’est sans aucun
scrupule qu’il triche pour enfin pouvoir remporter la victoire. Sauf
que, suite à cela, Homestar fait une grosse déprime, se fait plaquer
par sa petite-amie, et décide de squatter chez Strong Bad jusqu’à ce
que les choses s’améliorent. Voilà le plan de Strong Bad qui se
retourne contre lui, et c’est avec beaucoup d’ingéniosité qu’il va
devoir réparer tout ce qu’il a fait pour enfin se débarrasser de
Homestar.

Ce premier épisode permet de poser
les bases de la série, et commence donc avec un scénario des plus
normaux et fidèle au cartoon original, sans pour autant être
inintéressant. Il propose de visiter de nombreux lieux qu’on retrouvera
par la suite, et de faire la connaissance de tous les personnages qui
composent son univers. Pour un début, donc, c’est un bon début.