Test Nintendo Switch de Monster Hunter Generations Ultimate, la bête est de retour

Il n’y a pas encore si longtemps de cela, il existait un vieil adage qui disait qu’un nouveau Monster Hunter était toujours le Monster Hunter par lequel un nouveau prétendant à la chasse devait commencer. Cette formule s’était répandue au travers des publications de tests qui se multipliaient en Occident, au fur et à mesure que les épisodes parvenaient sur nos consoles. Les équipes de Ryozo Tsujimoto ont toujours dû composer avec la volonté de faire des jeux plus accessibles sans pour autant renier les nombreux fans. Cette volonté s’exprimait par de petites couches d’ajustement de gameplay ici et là dans un univers qui n’a cessé de grandir. Tout cela c’était avant le coup de polish passé au rabot de Monster Hunter World faisant entrer la série dans le royaume de l’accessibilité.

Les plus fins limiers des internets, adeptes des théories complotistes auront également noté que le 25ème président de la République française, Manu pour les intimes, aura récemment baissé le prix du permis de chasse national. L’idée de rendre également plus accessible cette pratique profondément marquée par le traditionalisme est donc très probablement liée à la sortie de Monster Hunter Generations Ultimate, qui rappelons-le, sort quelques jours avant le coup d’envoi de la saison de la chasse. Aucun doute, tout est lié. Reste à savoir si la tradition peut s’inscrire dans un courant moderne postrévolutionnaire, ou plus simplement dit, est-il envisageable de jouer à MHGU sur Switch en 2018 ?

Un test rédigé par Mr Godjira.


King of Monster

Il faut reconnaître qu’il y avait quelque chose de fascinant qui se dégageait de cette série. Alors que la franchise gagnait en popularité auprès des joueurs japonais à chaque nouvel épisode, elle semblait néanmoins ne jamais pouvoir toucher le public occidental. Monster Hunter Portable 2nd G, sortie en 2008 au Japon, connu pour avoir été le system-seller de la PSP, s’est écoulé à plus de quatre millions d’exemplaires sur l’archipel contre un million sur le reste du globe. Bien que le monstre apparût pour la première fois sur console de salon en 2004, c’était sur le format portable qu’il rencontra son public. Ainsi, des millions de joueurs japonais se retrouvaient IRL pour farmer ensemble du Tigrex, autour d’un banc ou d’une table de salon, pendant que les occidentaux usaient de leurs pass Gold pour défourailler sur Gears of War.

Au lendemain de la crise du jeu vidéo japonais, quelques éditeurs auront eu le flair de proposer des titres suffisamment inspirés pour que la presse les catégorise comme étant des Monster Hunter-like. Gagnant en popularité, et se payant le luxe d’être imitée sans être surpassée, la franchise Monster Hunter n’arrivait pourtant toujours pas à sensibiliser l’Occident.

Il faut reconnaître que malgré le soin apporté par Capcom à chaque épisode, le gameplay semblait ne jamais vouloir réellement évoluer. Et ce qui était acceptable aux yeux de tous en 2004 l’était forcément moins en 2014. Beaucoup de modes étaient passées, beaucoup de standards s’étaient établis, mais la série semblait continuer d’évoluer dans sa propre branche, tout en restant hermétique aux systèmes de son temps. Et pourtant, les évolutions il y en a eu, chaque nouvel opus s’inscrivait sur le précédent comme un palimpseste, quelques ajouts d’armes, de créatures, d’animations contextuelles et de gameplays faisaient de chaque nouvel épisode un jeu toujours meilleur et toujours plus accessible, sans pour autant renier le cœur de son système de jeu.

Monster Hunter Generations sorti en 2015 sur 3DS, soit tout juste un an après l’excellent Monster Hunter 4 Ultimate fut donc celui qui synthétisait tout ce qu’un adepte pouvait attendre d’un Monster Hunter : un casting de monstres plus qu’exhaustif, des quêtes à la pelle, et un gameplay toujours plus profond. Pourtant cet épisode anniversaire n’arrivait toujours pas à convaincre le public occidental et ne gagnait finalement qu’un succès d’estime.

Il aura fallu un petit coup de relooking à la truelle pour que le public continental de l’Ouest, visiblement très attaché à la culture de la figuration, consente à poser ses yeux sur la franchise. Avec, à ce jour, plus de 10 millions d’exemplaires répandus dans le monde, Monster Hunter World sorti en 2018 sur PC et PSoneXpro fut un succès total. Si certains aspects du jeu semblent avoir été trop fluidifiés et que celui-ci possède un bestiaire quelque peu léger, la refonte de l’interface et l’unification totale des zones offrent l’expérience longtemps rêvée par la plupart des adeptes de la chasse aux batraciens disproportionnés.

La chasse à court

L’annonce de la sortie sur nos terres de Monster Hunter Generations Ultimate sur Switch aura étonné beaucoup de monde. Comment justifier la distribution de ce jeu quelques petits mois après la tornade qui a été soufflée sur la série par Monster Hunter World ?

Generations était à sa sortie bel et bien le Monster Hunter par lequel un débutant pouvait entrer dans la série, mais qui était aussi marqué par les stigmates de toute la génération de jeux qu’il représentait. Le système de jeu en ligne, bien qu’amélioré, souffrait d’une rigidité : les zones sont toujours entrecoupées de légers temps de chargement, l’interface des menus est toujours aussi peu ergonomique et lisible, et pour couronner le tout, certains environnements issus des premiers épisodes faisaient furieusement tâche à côté des environnements issus du 4.

Generations Ultimate, qui se présente comme une version « deluxe », hérite très logiquement des qualités du titre précédent, mais aussi de ce qui lui faisait défaut. Et toujours très logiquement, comme il s’agit d’une version augmentée, les qualités sont augmentées tout autant que les défauts. Le transfert du moteur graphique de la 3DS vers la Switch ne s’est pas fait sans douleur. Les environnements du 4, qui paraissaient très beaux avec ses couleurs fauves sur 3DS, se retrouvent affadis. La netteté apportée par la résolution HD lorsque la Switch est en mode téléviseur efface toute la vibration des couleurs, les textures sont juste lissées, et aucune ne semble avoir le moindre effet de bump ou de relief. Les décors semblent juste être une juxtaposition de polygones saillants avec quelques textures plus ou moins nettes. Le résultat est encore plus affreux sur les niveaux issus des trois premières générations qui, d’office, étaient déjà prédisposées à mal subir une conversion HD.

Avec un tel niveau de modélisation, les mordus de la technique et ceux qui auront écumé Tri Ultimate étaient en droit d’espérer un petit 60 FPS, histoire de pouvoir se raccrocher à quelque chose, mais encore une fois c’est raté, le jeu est cappé au 30 FPS.

La seule façon d’avoir le sentiment de se flatter à peu près la rétine sera de jouer en mode portable, et cela tombe plutôt bien, car il semblerait que ce portage Switch soit non seulement l’héritier direct de la version 3DS, mais aussi tout simplement le concentré de tout ce qui a fait le succès de ce jeu de chasse collaboratif.


Les chasseurs accourent

Les heureux possesseurs d’une sauvegarde de Generations sur leurs petites 3DS ne bouderont pas leur plaisir, dès lors qu’ils pourront transférer leurs données sur cette version dite ultime, celle qui ouvre la porte des quêtes de rang G, ces fameuses quêtes qui proposent un véritable challenge. Celui qui avait eu le sentiment de rouler sur Generations et World aura tout intérêt à s’intéresser de près à cet épisode.

C’est un peu comme un nouveau cycle qui commence, certaines actions ou certains monstres seront bien connus, mais d’une certaine façon tout est à refaire. L’équipement qui était au top devient un poil juste, pour finalement devenir limite inutile. Avec un total de monstres qui dépasse la centaine, le jeu devient totalement abyssal. De vieilles connaissances comme le Barioth ou le Zinogre viendront se joindre au casting de monstres le plus classe et le plus exhaustif de la série. Certaines mauvaises langues diront que cet impressionnant bestiaire n’est en fin de compte qu’un copier-coller des monstres, en usant abusivement des déclinaisons exotiques, et ne serait que le reflet de la paresse des développeurs pour augmenter la durée de vie et la difficulté du jeu, mais ces mauvaises langues ignorent probablement que les variantes exotiques sont finalement beaucoup plus différentes qu’elles ne paraissent, et demanderont aux joueurs d’observer les nouveaux patterns et de s’adapter aux nouvelles situations.

Avec les missions de rang G, les licences spéciales, les chasses du jour, aucun doute, le challenge est partout, Monster Hunter Generations Ultimate est le jeu anniversaire des quatre générations précédentes embarquant avec lui toutes les mécaniques qui ont contribué au succès de la série. On repart donc pour un cycle de plusieurs centaines d’heures, où l’on cherchera à posséder l’équipement adéquat, maîtriser de nouvelles armes toujours plus efficaces, où l’on apprendra à les utiliser avec efficacité sur telles ou telles créatures.

Les premières missions, comme les cueillettes de champignons, sont loin d’être sexy et risqueront de décourager les premiers venus. Mais elles restent d’une certaine façon nécessaires à l’apprentissage de l’univers. Car finalement l’élément constitutif du gameplay qui a permis à la série de séduire autant de joueurs, c’est la connaissance. C’est en usant presque abusivement de la culture du secret que l’univers a gagné en densité auprès des joueurs. Dès le début, le jeu demande au joueur d’être attentif, et de retenir tout ce qui l’entoure : un emplacement, un environnement, un type de mouvement, un type d’ennemi, etc. Ces secrets révélés forment au bout du compte une connaissance qui se partage lors des chasses à plusieurs.

Bien entendu, les Monster Hunter brillent lorsque l’on a la chance de pouvoir y jouer en local, la coordination devient spontanée et les échanges nettement plus vifs, néanmoins, le jeu en ligne… Et les nombreux wikis serviront aussi à partager et à collaborer.


Conclusion : PEUT-ÊTRE !

Monster Hunter Generations Ultimate n’est pas le Monster Hunter par lequel un nouvel arrivant se devrait de commencer, si le prétendant à la chasse a les yeux trop fragiles pour que sa rétine ne puisse supporter les angles saillants et les textures baveuses. Par contre, celui qui pense pouvoir s’investir dans la durée dans un monde bien plus complexe qu’il n’y paraît et qui aime relever les défis de taille y trouvera son compte. Pour les autres, la corne de chasse a déjà sonné, MHGU rappelle tous les chasseurs les plus émérites à repartir ensemble dans un nouveau cycle de chasse qui contient absolument tout ce qui a forgé l’identité de la série : des monstres à la tonne, des armes au kilomètre et des chats.

LES PLUS : 

+ L’emprise du Loot
+ Un bestiaire colossal
+ Toujours plus de difficulté
+ Le co-op en local
+ Un jeu inépuisable

 

LES MOINS :

– L’emprise du Loot
– Graphiquement fainéant
– Les obsédés des quêtes clés 
– Besoin de RTT

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Le système de verdict de Nintendo-Difference repose sur trois niveaux :

– OUI ! (nous recommandons l’achat de ce titre, peu importe quel joueur vous êtes : vous l’apprécierez, à condition de ne pas être hermétique au genre ou à l’univers). Le Oui accompagné du ND Award récompense les titres soit exceptionnels que vous devez acheter quoiqu’il arrive, soit ceux nous ayant provoqué de gros coups de coeur !

– “Peut-être” (nous recommandons de bien lire le test avant d’acheter le jeu, car il peut ne pas correspondre à tout le monde, et ce pour des raisons qui peuvent largement être différentes d’un jeu à un autre). Par exemple, un titre peut être tout à fait exceptionnel et obtenir un “Peut-être” parce qu’il se classe dans un genre de niche qui ne correspondra pas à tout le monde alors qu’un autre pourra s’avérer vraiment moyen et à ne réserver qu’aux puristes du genre ou aux fans inconditionnels (comme dans le cas d’une adaptation par exemple).

– NON (nous ne recommandons pas l’achat de ce jeu). Trop mauvais ou trop cher pour ce qui est proposé.

Nous avons abandonné l’idée des notes, car celles-ci n’aident en rien à faire un choix, avec ce système vous savez si vous pouvez acheter les yeux fermés, s’il faut bien lire le test pour savoir si le jeu peut vous convenir ou s’il faut tout simplement s’enfuir.

  • Nintendo-Difference

    par Draco

    le 2 octobre 2018 à 8:20

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