Test Nintendo Switch de Picross S

Si pour beaucoup, le terme « Picross » se rapporte d’abord à la franchise de puzzle game développée par le studio Jupiter pour le compte de Nintendo, il s’agit en fait d’une appellation plus générale décrivant un jeu de réflexion dont le but est de colorier les cases d’une grille selon des indices situés sur ses bords afin de dévoiler une image cachée. Également connu sous le nom de hanjie, griddler ou nonogram (du nom de la graphiste Non Ichida), ce jeu trouve son origine au Japon à la fin des années 80 et connaît d’abord le succès sur support papier. Des adaptations vidéoludiques voient ensuite le jour, avec notamment la sortie de Mario’s Picross sur Game Boy en 1995, suivi de Mario’s Super Picross sur Super Famicom et de Picross 2 sur Game Boy. Une série de huit volets thématiques, regroupés sous le titre de Picross NP, fut même disponible à partir de 1999 via la fameuse cartouche Nintendo Power qui permettait de télécharger des jeux depuis une borne et de les stocker sur mémoire flash. Autant dire que Nintendo n’a pas attendu l’eShop pour nous proposer régulièrement des épisodes dématérialisés comme la série des Picross e sur 3DS ou le récent Picross S sur Switch.

 

Un test rédigé par Kayle Joriin.

 

Picross Legacy

La différence, c’est qu’il existe désormais de nombreuses alternatives, entre les sites de picross en ligne, les nombreuses applications smartphones dédiées ou les titres comme Pic-a-Pix Coulour sur 3DS. On peut donc se demander si la série de Nintendo est toujours aussi légitime de nos jours, au-delà de son habillage toujours très propre et de ses épisodes thématiques consacrés à Zelda ou Pokémon. D’autant que la concurrence dispose souvent d’atouts plutôt intéressants sur le long terme, comme le fait de pouvoir créer et partager ses propres grilles. Une fonctionnalité que proposait le très bon Picross DS, sorti il y a dix ans sur la console éponyme, mais qui a disparue depuis, tout comme le multijoueur jusqu’à cinq, le jeu en ligne ou les grilles de grande taille (20×20 ou 25×20). Il faut dire que la série des Picross e n’a pas forcément la même ambition, ni le même modèle économique que son aîné, puisqu’elle privilégie le rapport « prix / nombre de grilles » à l’ajout de nouvelles fonctionnalités. Et bien que Jupiter n’ait pas totalement chômé sur ce dernier point, l’arrivée des modes Micross et Mega Picross remonte déjà à quelques années.

Phases de gameplay !

Consistant à recréer une image de grande taille (80×80) en remplissant progressivement des grilles plus petites (10×10), le Micross ne change pas fondamentalement le concept de base. Toutefois, il apporte une liberté artistique appréciable en laissant davantage de possibilités que sur une grille normale. Quant au Mega Picross, il propose de nouveaux types d’indices concernant plusieurs lignes à la fois. En effet, dans une grille de picross classique, chaque ligne verticale et horizontale dispose de nombres qui indiquent la quantité de cases contiguës que l’on doit y remplir, sachant que la présence de plusieurs nombres signifie qu’il existe des espaces entre ces cases. Dans le cadre d’un Mega Picross, en revanche, certains nombres (appelés Mega Nombres) concernent deux lignes à la fois, ce qui change bien entendu la manière de remplir la grille et les raisonnements sous-jacents. Une idée simple qui permet accessoirement de doubler le nombre de grilles proposées en utilisant les mêmes images avec les deux systèmes d’indices.

Au final, si la série des Picross e n’a jamais totalement séduit la critique en raison d’une impression tenace de facilité et de l’absence de fonctionnalités importantes, il faut tout de même reconnaître qu’elle a su maintenir une certaine qualité et proposer pas mal d’heures de réflexion aux amateurs du genre, le tout pour un prix assez raisonnable. Certains épisodes étaient certes un peu trop paresseux, mais le dernier en date, Picross e7, constituait une synthèse honorable de cette période 3DS. Le souci, c’est que pour l’arrivée de la série sur Switch, on en attendait au moins autant, surtout avec un prix d’entrée légèrement supérieur (8 €). Or, force est de constater que malgré le retour du multijoueur, à deux sur la même machine, Picross S souffre de lacunes assez regrettables.

S comme Standard

Pourtant les choses commencent plutôt bien avec un tutoriel qui explique les règles en détail, ainsi que plusieurs options d’assistance assez classiques, mais toujours pratiques pour les néophytes. La roulette d’aide, utilisable à début d’une nouvelle grille, permet par exemple de pré-remplir aléatoirement deux lignes perpendiculaires, ce qui facilite les choses pour commencer. Il est également possible de montrer les lignes correctes (en bleu) et incorrectes (en rouge), d’afficher toutes les erreurs d’une grille (une fois par partie), voire de les corriger automatiquement lors de la saisie. Malheureusement, alors que dans les précédents volets, cette correction automatique s’accompagnait de pénalités de temps de plus en plus importantes, les erreurs ne sont désormais plus sanctionnées. Du coup, on peut parfaitement remplir une grille au hasard en laissant le jeu faire le boulot à notre place sans que cela ait la moindre conséquence (hormis sur notre amour-propre). Bien entendu, toutes ces fonctionnalités restent désactivables, mais il est un peu dommage de devoir s’en passer complètement pour rencontrer un minimum de challenge, là où l’ancien système permettait d’avoir un bon compromis entre assistance et difficulté. C’était notamment le cas dans Picross DS où le fait de finir une grille en moins de 60 minutes (pénalités comprises) était récompensé par de petites animations sympathiques sur les images débloquées.

Côté contenu, cet épisode Switch fait étonnamment l’impasse sur le mode Micross, mais propose néanmoins ses 150 nouvelles grilles réglementaires, utilisant au passage l’astuce du Mega Picross pour en afficher officiellement le double. Des grilles qu’il sera possible de remplir seul ou à deux, bien que cette possibilité ne soit à aucun moment mise en avant ou expliquée. Il faudra donc avoir la curiosité d’utiliser la commande « configurer la manette » pour se rendre compte que l’on peut en effet synchroniser séparément les deux Joy-con, ou tout autre contrôleur Switch, pour pratiquer l’art du picross en duo. Malheureusement, l’absence d’un mode dédié ou de règles spécifiques retire pas mal d’intérêt à ce timide multijoueur et donne l’impression d’une intégration à la va-vite, histoire de proposer une fonctionnalité un peu inédite. Coopérer pour résoudre une grille compliquée n’est ainsi pas déplaisant, mais la remplir simultanément n’est pas très pratique et on s’interroge un peu sur la pertinence de l’aspect compétition induit par le fait de compter les cases remplies par chaque joueur. Surtout qu’à aucun moment, le jeu ne met en avant le supposé vainqueur…

Alors bien entendu, le concept même de Picross S reste toujours aussi addictif et les aficionados de la série seront contents d’avoir leur lot de nouvelles grilles. Seulement, le dernier titre de Jupiter laisse un petit arrière-goût de fumisterie au vu du manque flagrant de nouveautés et des coupes qui ont été effectuées dans la formule déjà très classique des Picross e. Moins variée et moins personnalisable que ces derniers, tout en proposant un multijoueur moins intéressant que celui de Picross DS, cette version Switch ne vaut finalement guère que pour le confort supplémentaire apporté par le bel écran de la machine (ou celui du téléviseur). Sauf que là encore, cet atout aurait été mieux mis en valeur avec des grilles plus grandes ou des commandes tactiles, totalement absentes ici. On espère donc que les développeurs corrigeront le tir avec un Picross S2 un peu plus consistant et original.

Conclusion : PEUT-ÊTRE !

Pour sa première incursion sur Switch, la série Picross rate l’occasion de se remettre un peu en question et se contente du strict minimum. Si la formule fonctionne toujours et saura sans problème assouvir l’appétit des fans durant quelques heures, difficile de ne pas regretter le flagrant manque d’ambition de cet épisode qui s’avère moins varié qu’un Picross e7 et n’arrive même pas à mettre correctement en avant sa seule nouveauté. On ne le recommandera donc qu’aux amateurs de la série qui veulent leur dose régulière ou aux néophytes qui la découvrirait sur Switch. Quant aux autres, ils auront meilleur compte de se diriger vers Picross 3D : round 2 sur 3DS ou d’attendre un Picross S2 plus complet en se faisant des grilles sur le net.

LES PLUS : 

+ Ça reste Picross
+ Confort visuel accru
+ 150 nouveaux puzzles (x2)
+ Prix abordable (8 €)

 

LES MOINS :

– Pas de pénalités lors de la correction automatique
– Pas de grilles Micross
– Pas de commandes tactiles
– Pas de nouveautés…
– … hormis un multijoueur à moitié planqué
– Tout de même plus cher que les épisodes 3DS

  • Nintendo-Difference

    par Draco

    le 20 octobre 2017 à 10:27

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