Test Nintendo Switch de Snack World : Mordus de Donjons – Gold, Level-5 dans ce qu’il sait faire de mieux

Les joueurs commencent à connaître les filouteries de Level-5, studio habitué des licences transmédia dont le succès hors terres nippones s’anticipe dans une démarche progressive, quitte à délivrer ses jeux des mois, parfois des années suivant leur publication japonaise. Après l’illustre Professeur Layton, Inazuma Eleven, le « Pokémon killer » Yo-kai Watch qui n’a pas su réellement s’imposer en Occident, ou le soigné Ni no Kuni et sa patte Ghibliesque, voici le RPG rondouillard Snack World : Mordus de Donjons – Gold, dont les épisodes animés sont diffusés en nos terres sur Canal J. Nous parlons tout de même d’un titre déjà sorti en 2017 sur 3DS, puis en 2018 sur Switch au Japon, dans une version évoluée, aux graphismes et à la résolution réadaptés, cumulant l’ensemble des DLC sortis, avant de débarquer enfin chez nous pour la Saint Valentin 2020. C’est dire si l’ouverture vers l’Occident demeure un processus lourd et mûrement réfléchi pour Level-5. Le résultat ? Un RPG parsemé de donjons procéduraux fun, drôle et diablement efficace, ne ciblant pas seulement les téléspectateurs de l’anime.


Un test rédigé par Chozo.


Wop-bop-a-loo-mop alop-bom-bom

Snack World n’a aucunement la prétention de révolutionner le genre rogue like dans son fond, ni dans sa forme, et rappellera très rapidement un autre RPG du studio ayant connu un franc succès sur 3DS, Fantasy Life. Dès le début, le classicisme est de mise, avec un(e) héros(ïne) entièrement personnalisé(e) par le joueur, forcément amnésique, qui se donne pour mission de venir en aide au Royaume Tutti-Frutti dans lequel il (elle) débarque inconscient(e) sans trop savoir comment.

La contrée est en effet soumise aux malfaisances du Sultan Vinaigre, riche et puissant antagoniste, désireux de redonner vie au fléau incarné par le dragon maléfique Smörg Asbord. Alignement des planètes incroyable et facilité scénaristique volontaire assumée avec humour, notre personnage se trouve en fait au bon endroit au bon moment, est affublé du titre ronflant d’élu par la bourgade et se voit confier rapidement ses premières quêtes.

Cet humour décalé, cette approche parodique des mécaniques de jeu de rôle, mais aussi cette écriture de personnages attachants et rassemblant avec exagérations subtiles nombre de communautés, sont bien la force de Snack World et de son univers. Parfois même irrévérencieux dans son ton, le jeu se démarque clairement des autres productions du studio et apporte ce vent de fraîcheur si agréable, allant jusqu’à souvent briser le quatrième mur en sollicitant la suspension d’incrédulité du joueur derrière son écran.

Bourré de jeux de mots basés entre autres sur la nourriture, de répliques en cours de combat et de dialogues aux réponses à choix multiples décrochant de nombreux sourires, le titre se révèle destiné non seulement aux fans de l’anime qui en connaissent déjà la patte originale et décalée, mais aussi aux joueurs expérimentés capables de déceler des références sociétales plus satiriques. Le tout est d’ailleurs magnifié par une localisation française de grande qualité, certes largement aidée par la traduction de l’ensemble de l’univers via une série anime sortie il y a déjà quelques mois. Un élément loin d’être anodin, puisque cette localisation concerne non seulement la dimension textuelle du titre, mais également les répliques audios des personnages et même les musiques chantées, notamment le générique énergique du début du jeu.

Quoi ? Un portable à ton âge ?

Même les appareils à disposition du personnage dans ses pérégrinations sont truffés de clins d’œil, notamment le Pix-e Pod utilisable dans les hubs de l’univers de Snack World, dont le premier est la cité de Tutti-Frutti, permettant d’ouvrir le menu des options et paramètres du jeu. Entre les slots de sauvegarde, l’arbre de compétences de l’avatar à compléter après chaque gain de niveau, la rubrique d’aide fort utile ou encore la visionneuse des cinématiques débloquées au sortir des donjons, le tout est aisément et rapidement accessible. L’appareil, qui prend la forme évidente d’un smartphone, est complété du Portail Pix-e, permettant de se connecter à internet pour télécharger des bonus gratuits ou pour en commander en ligne.

Par ailleurs, le Pix-e Pod propose le Pix-e Pedia, l’encyclopédie recensant les personnages rencontrés, les centaines de Jaras, nom donné aux armes, boucliers et objets bonus que le personnage peut porter dans la limite de huit éléments à la fois (cinq armes parmi les épées, les lances, les haches, les bâtons magiques, les arcs, un bouclier et deux objets bonus, entre récupération de points de vie et augmentation temporaire d’attributs), ou encore les équipements vestimentaires (casques/chapeaux, habits/armures et accessoires de soutien), tout comme le bestiaire. Ce dernier s’avère réellement riche et varié, aux designs de qualité et aux nominations dans la veine de l’ensemble de l’univers.

Concernant l’arbre de compétences, les attributs du personnage évoluent via les points de croissance gagnés en bataille et se divisent en sept domaines d’amélioration, entre la beauté, le mental, l’intelligence, l’ingéniosité, la sensibilité, le charme et la chance, chacun des domaines permettant progressivement de gagner en points de défense, en attaque ou de se rendre plus résistant à certains types d’armes ou à certains éléments (feu, glace, vent, etc.) ou encore à des altérations d’état (poison, sommeil, aveuglement, etc.).

Pour finir, le smartphone assure également l’enregistrement des médailles et permis obtenus en réussissant des quêtes, objets indispensables à la progression de l’aventure, permettant d’accéder à de nouvelles zones de la vaste carte et de porter de nouveaux Jaras plus évolués.

Dans le même sac

Outre cet appareil über technologique et totalement anachronique dans l’univers féodal et fantastique de Snack World, le personnage porte également le plus classique sac à dos servant d’inventaire et de source de craft pour l’ensemble des objets ramassés dans l’aventure. C’est ici que s’équipent Jaras et équipements vestimentaires, mais aussi que s’opèrent les processus de Confection et de Renforcement.

Le premier permet de créer de toute pièce un nouvel équipement via les matières premières récoltées, que le joueur aura le choix de faire porter à son personnage, soit comme élément d’équipement, soit comme simple élément cosmétique, soit les deux. Cela n’empêche évidemment pas d’acheter des équipements dans les boutiques des citées, mais le joueur attentif constatera rapidement que les caractéristiques de ces objets varient d’un jour à l’autre, charge à lui de détecter les meilleurs rapports qualité/prix.

Le second processus, le Renforcement, permet, lui aussi à l’aide d’objets de loot, d’améliorer les statistiques des armes et équipements. Il faudra cependant être patient, certains d’entre eux nécessitent des matières spécifiques difficiles à dénicher, obligeant l’utilisateur à s’attaquer à l’ensemble des quêtes, même les missions annexes les plus insignifiantes.

Snack Snack Snack Snack Snackie, ferme la porte y a le Snakie dans le sas

Après avoir ingurgité toutes ces informations et ces mécaniques, le joueur comprendra aisément que sous cet air à la cool de l’habillage global du titre se cache une certaine exigence stratégique et observatrice. Bien que le gameplay se montre très classique dans les phases de donjon avec les différents Jaras à alterner pour les attaques à distance, le corps à corps, l’esquive, la parade avec le bouclier, les coups chargés en appuyant sur X et les coups spéciaux en appuyant simultanément sur X et A, des coups qui nécessitent un certain temps avant d’être réutilisables, l’originalité vient des bestioles qui accompagnent le personnage dans ses quêtes.

En effet, le nom du jeu, Snack World, a bien une signification et ces fameux Snacks, ce sont les créatures capturées via des Snackies, avec l’appareil photo du smartphone, que le joueur sélectionnera en fonction des capacités qu’elles révèlent. Entre les spécialistes de l’attaque, de la défense, du soutien, les Snacks se capturent soit en plein donjon après les avoir terrassés, soit en remplissant certaines quêtes, soit encore en développant l’affinité entre l’avatar et ces monstres via des items récoltés en combat. Les combinaisons sont multiples, charge au joueur de dénicher les groupes de Snacks les plus efficaces en fonction de l’environnement du donjon et des faiblesses des ennemis rencontrés.

Ces partenaires de combats sont sélectionnés pour deux rôles différents. Les Snacks Alliés, passant d’un à trois au fur et à mesure de l’avancée dans l’histoire, sont ceux qui accompagnent à l’écran l’avatar, combattent à ses côtés, le défendent et le soignent, en fonction de leurs attributs. Les Snacks de Poche, allant d’un au début à six plus loin dans l’aventure, sont stockés dans le sac à dos et peuvent être invoqués pour remplacer ponctuellement le (l’)héros(ïne) sur le champ de bataille et profiter de ses compétences spéciales.

Et toute la dimension stratégique se trouve dans ce mécanisme, puisque le joueur va devoir expérimenter plusieurs combinaisons pour déterminer quelle sera son équipe complète idéale pour gagner ensemble en niveau. Ces Snacks Alliés, même s’ils apparaissent comme de vrais avantages, peuvent également se révéler être pour certains de véritables boulets, prenant parfois des décisions inadaptées, tombant facilement en combat et nécessitant de les réanimer en s’approchant d’eux et en restant appuyé plusieurs secondes sur A. Passé un certain temps sans action de la part du joueur, le Snack est définitivement mort jusqu’au prochain niveau du donjon. Même topo pour l’avatar qui, s’il n’a plus de points de vie, peut revenir à la vie par le même processus grâce à ses Snacks, tandis que l’ennemi continue d’attaquer sans pitié.

Meurs un autre jour

Dans son gameplay certes déjà vu, Snack World se révèle mine de rien plutôt exigeant dans les capacités nécessaires d’esquive, de détection des faiblesses de chaque ennemi, d’utilisation à bon escient des bonus, de veille à la réanimation des Snacks battus et d’alternance efficace des Jaras, tout en explorant le plus possible chaque chemin de ces donjons générés aléatoirement. De plus, il faut rester attentif à la consommation de Points de Jaras, qui se réduisent rapidement lors d’utilisation à répétition de la même arme et de ses attaques spéciales. Une fois arrivé à zéro, le Jara n’est plus utilisable pendant un temps.

Une petite assistance existe cependant, lorsqu’un monstre s’approche, le Jara le plus efficace contre lui est affiché et est directement équipé lors du changement d’arme, évitant de faire défiler la liste entière des armes avant de trouver la bonne. Même chose pour les boss, dont les patterns et faiblesses devront être identifiés par le joueur, certains étant vraiment coriaces.

Mais le jeu n’en finit pas de challenger le joueur, puisqu’en plus de devoir veiller à tous ces paramètres, il ne peut se permettre de traîner dans les donjons. Lorsque le jeu décide arbitrairement que le personnage passe trop de temps dans son exploration et sa quête, il fait apparaître l’impitoyable Faucheuse, qui s’attaquera à l’ensemble de la troupe tout en étant totalement invincible. Fuir ou mourir, tel est le choix du joueur, qui pourra décider de recommencer totalement sa quête ou de courir à s’en arracher les poumons jusqu’au passage vers le prochain niveau.

Pour devenir plus fort, il n’y a aucun secret. Il faudra enchaîner les quêtes, entre celles de l’histoire principale, les quêtes secondaires de l’aventure proposées par les PNJ et les quêtes annexes qui apparaissent une fois un chapitre achevé et missionnant parfois le joueur de s’attaquer à une version upgradée du boss à peine vaincu.

Et ça continue encore et encore

Il va aussi falloir récolter un maximum de Gnopons, la monnaie du jeu. Les quêtes principales étant souvent plutôt avares en argent obtenu, l’accumulation de missions annexes peut aussi se faire à plusieurs jusqu’à quatre joueurs en local ou en ligne pour espérer gagner un maximum de récompenses. Attention cependant à la fluidité de l’ensemble, puisque déjà en solo, l’exploration accuse un framerate toussotant dans les hubs, que ce soit en configuration téléviseur ou en portable. Autre problème plus lié à l’orientation générale du jeu, celui-ci peut s’avérer frustrant en récompenses, même après une victoire sans fautes, paraissant très satisfaisante pour le joueur. En effet, les récompenses obtenues, et notamment les gros objets les plus rares, ne sont jamais garantis en fin de misson, la faute d’un mécanisme à la gacha rendant l’ensemble des prix totalement aléatoires et parfois très difficiles à gagner, même après plusieurs parties dans les mêmes donjons.

Comme tout RPG à donjons qui se respecte, le défaut propre à ce style de jeu ne fait pas exception avec Snack World : Mordus de Donjons – Gold. Forcément répétitif, le principe du titre enchaine les passages dans les hubs pour s’équiper, acheter des objets ou récupérer des quêtes. Suivent ensuite les sessions de combats sur des terrains de bataille à la taille limitée, puis des donjons réduits à des tunnels (même si l’aspect procédural varie un peu à chaque épopée) jusqu’à un boss à éliminer. L’histoire elle-même en pâtit légèrement et ne commence réellement à décoller qu’à partir du sixième chapitre, après une vingtaine d’heures de jeu.

Techniquement parlant, bien que l’ensemble soit plutôt coloré et plein de vie en ville, le jeu s’avère bien plus générique dans les donjons qui finissent par tous se ressembler en dehors de leurs palettes de couleur. Le joueur n’est pas non plus aidé par la caméra puisqu’à l’inverse des sessions en ville ou dans les terrains de bataille le cadrage doit être déplacé par le joueur. On ne compte pas le nombre de coups pris en raison d’un cruel manque de visibilité de l’action, d’autant plus que le contrôle de l’angle de vue patine à plein régime avec une caméra continuant à se déplacer après avoir lâché le stick droit. Et non, ce n’est pas du Joy-Con Drift, les manettes du testeur ont été réparées tout récemment par le SAV de Nintendo.

Pour en rajouter un poil sur la répétitivité, il faut également évoquer les effets sonores et la bande-originale. Cela a été évoqué plus haut, mais les sessions de batailles et les dialogues sont souvent soulignés de réactions sous la forme de répliques audio des personnages et des ennemis lorsqu’ils rendent l’âme. Peu variées et peu intéressantes, ces répliques se répètent bien trop tout au long de la bonne cinquantaine d’heures de jeu pour demeurer amusantes. La musique, bien que certains thèmes d’exploration soient fort agréables, ne sont pas non plus le point fort du titre avec, là aussi, une certaine forme de redite, surtout dans les donjons.

 

Conclusion : OUI !

D’une richesse insoupçonnée, Snack World : Mordus de Donjons – Gold a ce quelque chose de frais et de fun rarement vu dans l’univers du Rogue Like. Drôle pour toutes les générations, exigeant dans son gameplay, le jeu se permet quelques défauts techniques à surmonter pour profiter pleinement d’un titre au combien sympathique et plutôt long. Parfois frustrants, les donjons se parcourent tout de même avec l’envie de déglinguer le boss du coin, rien que pour en voir les punch lines et les mises en scène pleines de dérision et de second degré. Pour une quarantaine d’euros, ne boudons pas notre plaisir en ce début d’année, comme d’habitude, plutôt pauvre en titres d’envergure.

LES PLUS : 

+ Un humour souvent grinçant touchant à tout et tout le monde
+ Un contenu gargantuesque
+ Le système de Snacks et ses multiples combinaisons
+ Une durée de vie très correcte
+ Un gameplay classique, mais totalement maitrisé

 

LES MOINS :

– Intrinsèquement répétitif
– Un système de gacha frustrant
– Techniquement faible et une caméra perfectible
– Une bande-son manquant un peu d’audace

_______________________________________________________________

Le système de verdict de Nintendo-Difference repose sur trois niveaux :

– OUI ! (nous recommandons l’achat de ce titre, peu importe quel joueur vous êtes : vous l’apprécierez, à condition de ne pas être hermétique au genre)

– “Peut-être” (nous recommandons de bien lire le test avant d’acheter le jeu, car il peut ne pas correspondre à tout le monde, et ce pour des raisons qui peuvent largement être différentes d’un jeu à un autre). Par exemple, un titre peut être tout à fait exceptionnel et obtenir un “Peut-être” parce qu’il se classe dans un genre de niche qui ne correspondra pas à tout le monde alors qu’un autre pourra s’avérer vraiment moyen et à ne réserver qu’aux puristes du genre ou aux fans inconditionnels (comme dans le cas d’une adaptation par exemple).

– NON (nous ne recommandons pas l’achat de ce jeu). Trop mauvais ou trop cher pour ce qui est proposé.

Nous avons abandonné l’idée des notes, car celles-ci n’aident en rien à faire un choix, avec ce système vous savez si vous pouvez acheter les yeux fermés, s’il faut bien lire le test pour savoir si le jeu peut vous convenir ou s’il faut tout simplement s’enfuir.

  • Nintendo-Difference

    par Draco

    le 17 février 2020 à 13:15

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