Test Nintendo Switch d’Hyrule Warriors : Definitive Edition, une version maousse costaud !

Forte de ses presque 18 millions de machines écoulées au 31 mars dernier, la Switch aura enterré la pauvre Wii U en à peine un an, redonnant le sourire aux fans de Nintendo, mais surtout à ses actionnaires. Dans ce contexte pour le moins favorable, la firme n’a guère tardé à recycler la ludothèque de sa défunte console de salon, histoire de remplir le planning à moindre frais, tout en redonnant une chance à des titres qui n’avaient pas forcément touché tout leur public. Et il faut reconnaître que pour le moment cette stratégie fonctionne plutôt bien, même si elle peut faire grincer quelques dents en ce premier semestre 2018 où les portages sont à l’honneur. Quinze jours seulement après Donkey Kong Country : Tropical Freeze, c’est en effet au tour d’Hyrule Warriors de pointer le bout de sa Master Sword sur Switch dans une Definitive Edition au nom évocateur. L’occasion d’offrir une petite séance de rattrapage aux retardataires, mais surtout de proposer enfin l’intégralité du contenu disponible dans une version unique, car entre le jeu original sur Wii U, le Hyrule Warriors : Legends sur 3DS et les différents DLC, il n’était pas forcément évident de s’y retrouver, ni de savoir à quel moment (re)passer à la caisse.

Un test rédigé par Kayle Joriin.

 

La légende des guerriers

Avant de s’intéresser plus spécifiquement à cette version Switch, mieux vaut toutefois rappeler quelques fondamentaux, sachant que pour plus de détails, le lecteur curieux pourra se diriger vers les tests des versions Wii U et 3DS. Comme son nom l’indique, Hyrule Warriors est donc un crossover entre The Legend of Zelda et la franchise des Warriors (ou Musou), des Beat Them All dit « de masse » (rapport au nombre d’ennemis à tabasser) développés par le studio Omega Force, ce dernier ayant été secondé ici par la Team Ninja. De la célèbre série de Nintendo, le titre reprend les personnages, l’univers, la direction artistique et certains éléments emblématiques, comme les fameux objets utilisés par Link au cours de ses aventures. Des Warriors, il reprend plus ou moins tout le reste. Et si parler de simple skin est sans doute un poil exagéré, il ne faut clairement pas venir chercher dans Hyrule Warriors le feeling habituel d’un Zelda. Ici, pas d’exploration de donjons, d’énigmes à résoudre ou de balades oniriques à dos d’Epona. Les différents héros proposés, de Link à Ganondorf, en passant par Impa, Midna ou Ghirahim, sont d’abord là pour défourailler à tout va et envoyer valdinguer des milliers de troufions un brin décérébrés. C’est fondamentalement répétitif, pas toujours très fin, mais cela défoule son Hylien, tout en étant bien mis en scène et en restant très accessible.

Bande-annonce officielle – présentation des personnages !

Loin de l’intimidante générosité d’un Bayonetta, le système de combat se concentre ainsi sur un panel de techniques assez restreint, mais facilement assimilable. Quelques combos alternant attaques normales et puissantes, des coups fatals pour faire le ménage autour de soi, une jauge de magie permettant d’entrer en frénésie durant un temps limité ou de balancer une attaque générale, une esquive et une parade histoire de faire bonne mesure : c’est tout ce qu’il faut pour s’amuser. Et lorsque certains ennemis s’avèrent un peu trop insistants, il suffit de ruser un peu pour profiter d’une ouverture et balancer une contre-attaque bien sentie, la manœuvre nécessitant parfois l’utilisation des objets susmentionnés (bombe, arc, grappin, etc.), également bien utiles pour interagir avec l’environnement. Car si dans Hyrule Warriors on passe l’essentiel de son temps à bastonner du péon, la dimension stratégique n’est pas non plus négligeable. Outre la défense de sa base principale, il faudra veiller à contrôler divers points stratégiques du champ de bataille, comme les forts ou les postes de garde, afin de juguler les forces adversaires et de s’éviter de mauvaises surprises.


Romance of the Triforce

De nombreux événements et objectifs annexes viennent en effet ponctuer les batailles, modifiant notamment les conditions de victoire ou de défaite et obligeant à revoir en permanence ses priorités. Il faut donc souvent être prêt à reculer devant l’ennemi pour aller aider un allié en péril, ou éviter qu’une de nos places fortes tombe devant un assaut soudain. Et c’est dans ces moments de tension qu’on apprécie particulièrement certaines fonctionnalités issues de la version 3DS, comme la possibilité de se téléporter grâce à l’Ocarina, de switcher entre différents héros disponibles ou de donner des ordres simples à ceux qu’on ne contrôle pas. Des fonctionnalités certes pas toujours disponibles suivant les cartes et pas forcément aussi poussées que ce qu’on peut trouver dans un Fire Emblem Warriors, mais qui apportent un confort incontestable par rapport à la version Wii U, en permettant de pallier les errances d’une Intelligence Artificielle souvent trop passive et en supprimant de nombreux allers-retours fastidieux. On peut alors plus facilement se permettre de fouiner un peu entre deux urgences afin de dénicher des coffres cachés ou des Skulltullas d’Or (débloquant des illustrations), ou tout simplement ramasser les nombreux butins lâchés par nos victimes.

Les 70 premières minutes de jeu !

Car les batailles ont beau se remporter d’abord à l’huile de pouce, une bonne préparation est tout de même nécessaire en amont. Et pour cela, il faut souvent allonger les rubis et les ingrédients ramassés sur le terrain. Au sein de la Badgerie, on peut ainsi améliorer chaque personnage en débloquant de nouvelles attaques ou capacités, les plus puissantes demandent logiquement des ingrédients plus rares. Le Centre d’Entraînement permet pour sa part de faire gagner des niveaux au héros, mais il faut payer rubis sur l’ongle et la note est salée. L’Apothicaire offre la possibilité de créer des élixirs qui confèrent des bonus temporaires lors des batailles. Quant au Ferrailleur, il s’agit du lieu privilégié pour gérer son arsenal, que ce soit en revendant des armes obsolètes ou en fusionnant d’autres afin d’optimiser leurs capacités associées (ce qui, là encore, n’est pas gratuit). Enfin, le Jardin des Fées permet de s’occuper des petites compagnes ailées susceptibles qui épaulent les héros au combat. Un autre ajout sympathique de la version 3DS qui a bien entendu fait le voyage sur Switch, bien que la fonctionnalité d’échange par StreetPass ait disparu au passage. Il est néanmoins toujours possible de bichonner les délicates créatures en leur donnant à manger, en les habillant de manière adéquate et en optimisant leurs compétences, afin d’en faire des soutiens efficaces.


Tout compris, mais sans folie

Efficace dans son gameplay, sans pour autant rivaliser avec les Musou les plus complets, Hyrule Warriors proposait déjà un contenu non-négligeable à sa sortie initiale sur Wii U, en août 2014, mais ce dernier s’est considérablement enrichi par la suite, avec de nouveaux personnages, armes, modes, campagnes scénarisées et cartes. Autant dire qu’il y a donc de quoi faire avec cette Definitive Edition qui intègre l’ensemble du contenu existant et demandera des dizaines d’heures de jeu pour en faire le tour, même si la lassitude pourra parfois pointer le bout de son nez. Il reste toutefois un peu regrettable que les développeurs n’en aient pas profité pour ajouter de véritables nouveautés, surtout avec un Breath of the Wild qui a redonné un sacré coup de fouet à la franchise. On aurait par exemple aimé pouvoir incarner Urbosa, Daruk, Mipha et Revali dans une campagne dédiée, batailler contre des gardiens avec de nouvelles armes et de nouveaux pouvoirs, ou tout simplement bénéficier d’une carte inédite pour le Mode Aventure. Au lieu de cela, il faut se contenter de deux costumes pour Link et Zelda, ce qui, au-delà du côté un peu radin de la manœuvre, peut aussi faire craindre l’arrivée de nouveaux DLC.


Il n’en reste pas moins que cette version Switch constitue, à l’heure actuelle, le meilleur moyen de découvrir ou de redécouvrir un titre fort plaisant, car au-delà de son exhaustivité, la réalisation a également été affinée de manière notable. Résolution à la hausse (1080p en mode salon et 720p en mode portable ou sur table), fluidité améliorée, distance d’affichage réhaussée avec un plus grand nombre d’ennemis à l’écran, colorimétrie ajustée pour permettre une meilleure lisibilité en mode portable, temps de chargement écourtés, la mise à jour respecte ce qu’on pouvait attendre d’un tel portage et demeure fort appréciable. Tout n’est certes pas encore parfait, avec de petites saccades aperçues lors de certaines cinématiques et un framerate moins vaillant lorsque la Switch quitte son support ou qu’un deuxième joueur rejoint la partie. On ne peut pas dire non plus que l’écran splitté soit d’une grande ergonomie, surtout avec une interface plus discrète qui permet peut-être d’offrir davantage de place à l’action, mais ne favorise guère la lecture de certains textes. Un multijoueur sur plusieurs machines, voire carrément un mode en ligne, aurait donc sans doute été souhaitable. Cela dit, l’ensemble reste toujours suffisamment jouable et relègue sans problème aux oubliettes la version Wii U, sachant que cette dernière n’était pas non plus une prouesse graphique.

Bien entendu, ceux qui ont déjà parcouru les plaines d’Hyrule de fond en comble sur Wii U, puis sur 3DS (DLC inclus), et qui se fichent totalement de l’aspect technique pourront passer leur chemin sans regret. Mais pour tous les autres, cette Definitive Edition peut avoir un intérêt non négligeable. Les possesseurs de la version Wii U (dont fait partie l’auteur de cette critique) auront ainsi plaisir à parcourir à nouveau le titre avec les nouvelles fonctionnalités apportées par Hyrule Warriors : Legends et tout le contenu de ses DLC exclusifs, le tout au format portable. Les Hyliens nomades pourront quant à eux découvrir l’aventure sous un nouveau jour avec une réalisation digne de ce nom et le Mode Défi en prime, histoire de déglinguer du Goron dans la peau de l’infâme Ganon (entre autres). Enfin, les amateurs de Fire Emblem Warriors pourront goûter, dans les meilleures conditions, au premier né de la collaboration entre Omega Force et Nintendo. Un aîné sans doute moins dynamique et versé dans la stratégie, mais qui compense avec davantage de charisme et de variété grâce aux divers éléments empruntés à Zelda, comme les ennemis géants, les interventions ponctuelles des Grandes Fées ou certaines interactions avec l’environnement. Sans compter un casting certes hétérogène, mais qui ne souffre d’aucune redondance, chaque personnage disposant de combos, de techniques et d’armes qui lui sont propres.

Conclusion : OUI !

Quatre ans après sa sortie initiale sur Wii U, l’expérience proposée par Hyrule Warriors reste toujours aussi plaisante et cette Definitive Edition s’impose sans conteste comme la version à privilégier pour quiconque souhaiterait découvrir ou redécouvrir le titre. On pourra certes lui reprocher l’absence de réel nouveau contenu, ainsi que quelques lacunes techniques résiduelles, mais son exhaustivité et sa réalisation affinée plaident clairement en sa faveur. Bien entendu, cela reste aussi un Musou et les réfractaires aux Beat Them All de masse passeront sans doute leur chemin. De même que ceux qui ont déjà sorti la carte bleue pour l’ensemble des versions et DLC existants. Les autres pourront néanmoins se laisser tenter sans problème, d’autant que le titre tient encore parfaitement son rang face au frangin Fire Emblem Warriors et qu’il pourra plaire à un public encore plus large.

LES PLUS : 

+ L’intégralité du contenu disponible
+ Une pléthore de personnages, de cartes et de modes de jeu
+ Technique affinée
+ Excellente durée de vie
+ Un défouloir jouissif…
+ … mais pas dénué de stratégie
+ La patte Zelda omniprésente et qui apporte un réel plus

 

LES MOINS :

– Pas de contenu inédit
– Le multi en écran splitté pas super ergonomique
– Pas de jeu en ligne, ni en local avec deux consoles
– Quelques soucis de lisibilité au niveau de l’interface
– Cela reste un Musou, répétitif et assez bourrin
– L’IA pas très vive (notamment chez les alliés)
– Encore quelques lacunes techniques

_______________________________________________________________

Le système de verdict de Nintendo-Difference repose sur trois niveaux :

– OUI ! (nous recommandons l’achat de ce titre, peu importe quel joueur vous êtes : vous l’apprécierez, à condition de ne pas être hermétique au genre). Le Oui accompagné du ND Award récompense les titres soit exceptionnels que vous devez acheter quoiqu’il arrive, soit ceux nous ayant provoqué de gros coups de coeur !

– “Peut-être” (nous recommandons de bien lire le test avant d’acheter le jeu, car il peut ne pas correspondre à tout le monde, et ce pour des raisons qui peuvent largement être différentes d’un jeu à un autre). Par exemple, un titre peut être tout à fait exceptionnel et obtenir un “Peut-être” parce qu’il se classe dans un genre de niche qui ne correspondra pas à tout le monde alors qu’un autre pourra s’avérer vraiment moyen et à ne réserver qu’aux puristes du genre ou aux fans inconditionnels (comme dans le cas d’une adaptation par exemple).

– NON (nous ne recommandons pas l’achat de ce jeu). Trop mauvais ou trop cher pour ce qui est proposé.

Nous avons abandonné l’idée des notes, car celles-ci n’aident en rien à faire un choix, avec ce système vous savez si vous pouvez acheter les yeux fermés, s’il faut bien lire le test pour savoir si le jeu peut vous convenir ou s’il faut tout simplement s’enfuir.

  • Nintendo-Difference

    par Draco

    le 17 mai 2018 à 14:38

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