Colors! 3D

Qui a dit que les jeux vidéo étaient dénués de fibres artistiques ? Depuis Mario Paint sur Supernes, en passant par la Nintendo DS jusqu’à la dernière portable de la firme de Kyoto, les gamers ont eu de quoi satisfaire leurs envies de créations graphiques. Et pour la modique somme de 6€ sur Eshop, les possesseurs d’une 3DS peuvent s’en donner à cœur joie !

Histoire de l’art : pinacothèque et condensé

Dessiner sur console ! Une vieille utopie initiée par Mario Paint, plus réputé de nos jours pour ses capacités sonores que pour ses fonctionnalités graphiques. Si les ordinateurs de l’époque permettaient de s’adonner aux joies du gribouillis, « les boites à cartouches » ne disposaient que d’un nombre réduit de prétendants à cet exercice. Puis vinrent les consoles portables équipées d’écrans tactiles et soudain, les stylets purent faire office d’appendices digitaux. Si dessiner à l’aide d’une souris ou d’une croix directionnelle relevait du gageur, la Nintendo DS permettait enfin d’exprimer librement sa folie créatrice. Art Academy, le plus digne représentant du logiciel de dessin, débarqua en 2010 et se posa immédiatement en mètre-étalon dans son domaine, même si les limitations techniques de la console pouvaient frustrer les artistes les plus pointilleux.
Et maintenant, An de Grâce 2012, dernier cycle de l’humanité selon une civilisation soi-disant « avancée » alors qu’elle n’avait même pas inventé le papier à chiotte, les férus de dessins sur pixel ont enfin leur Graal. Acclamez, gentes Dames, Bons Messieurs, un produit exceptionnel pour un prix dérisoire sur votre 3DS !

Le photoshop de l’eshop ?

Colors !3D est enfin disponible en téléchargement sur l’Eshop de Nintendo, et les trailers présentés antérieurement avaient de quoi faire baver de désir les dessinateurs en herbe. Alors qu’Art Academy permettait au quidam talentueux d’esquisser de jolis crobars, Colors !3D passe à l’étape au-dessus, ne serait-ce que pour la résolution de la 3DS largement supérieur à celle de sa grande sœur. La précision devient alors mortelle et le joueur se métamorphose en sniper du pixel. La fonction zoom marche à merveille et chaque coup de pinceau devient ENFIN maitrisé.

Si les capacités intrinsèques de la console offrent un confort incomparable aux générations précédentes, il serait injuste de montrer la valeur de Colors !3D sur son seul plan technique.
En effet, Collecting Smiles a bien compris que pour un dessinateur, le confort prime. En choisissant dès le départ sa main de prédilection, un gaucher aura autant d’aisance qu’un droitier. Pas de surprise à ce niveau, la croix directionnelle ou les boutons serviront à accéder aux options selon la main directrice. De nombreuses facilités de déplacements sont offertes, les raccourcis sont judicieusement bien placés (L et R entre autres) et ne gênent en rien la visibilité.
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Mais la grande innovation que propose le logiciel est l’apparition de calques, au nombre de 5. À l’instar d’un célèbre logiciel de retouche d’image, Photoshop pour ne pas le nommer, il est possible de travailler sur différents plans. Rien de plus facile de créer un arrière-plan de la couleur désirée puis de remonter les couches pour peaufiner les dessins. Si les plans offrent un confort exceptionnel, ils sont également les témoins uniques des spécificités de la 3DS : il est possible donc de dessiner en 3D, les couches devenant les graduations de cette fameuse troisième dimension. En prenant un exemple concret, on peut esquisser un cowboy en fond qui tire une balle de revolver, et faire grandir ce projectile sur les quatre autres plans (avec un peu d’habilité, certes). Avec l’enclenchement de la 3D, l’effet devient saisissant et la balle parait venir vers le joueur.
Il est à noter également, et c’est un atout majeur pour le titre, qu’il est possible d’exporter ses dessins sur un bureau de travail, en 2D uniquement. Les petits chefs-d’œuvre qui fleurissent sur la 3DS sont donc consultables par le monde entier.

…’tain ! Y dessine trop bien c’bâtard !

Le multijoueur n’ayant pu être testé sur cette version (à regret), il serait néanmoins dommage de ne pas évoquer la dimension communautaire du soft. On peut, grâce à une rapide inscription sur les serveurs du développeur, partager les œuvres d’art issues de l’esprit fécond des audacieux qui ne craignent pas la critique. Avis aux scribouillards du dimanche, il y a de quoi être dégouté devant le talent de certains ! Cependant, les dessins laissés par ces enc… génies du crayon sont consultables sous forme de vidéos ; chaque trait, chaque couleur ajoutée sont visibles successivement. S’il manque la dimension apprentissage propre à Art Academy, le simple fait d’observer la technique de certains permet de s’améliorer. Le travail des couches, les contours, ces artistes laissent sur les serveurs leur savoir-faire, ce qui compense la formation au dessin absente du logiciel. Mais pour 6€, on ne va pas gueuler non plus…