Deadly Premonition 2 : A Blessing in Disguise

En résumé

  • Sorties :
  • 10 Juillet 2020
  • 10 Juillet 2020
  • 10 Juillet 2020

L'avis de Chozo

Deadly Premonition, tout flingué qu'il était techniquement, était cohérent avec la vision de son créateur, car il était porté par une écriture savoureuse et prenante. A Blessing in Diguise en est sa version loupée, tant dans sa forme que dans son fond. L'histoire reste surprenante sur certains points, les personnages demeurent attachants pour quelques-uns d'entre eux, mais l'effort reste insuffisant et place son créateur dans une logique au mieux maladroite, au pire franchement irrespectueuse de ses admirateurs et des joueurs en général. Faites le 1 et arrêtez-vous là. Le 2 vous fera du mal.

Les plus

  • Les musiques et le doublage, au top
  • Une histoire tout de même intéressante
  • Les ponts avec le premier épisode sympas

Les moins

  • Une diarrhée technique
  • Une écriture loin d'être incroyable
  • Une mise en scène aux abonnés absents
  • Bien trop facile
  • Trop court
  • Manque cruel de rythme, malgré les rebondissements du scénario
  • Un supplice à terminer
  • Les fonctionnalités de la Switch oubliées
  • Nintendo-Difference

    par Chozo

    le 2 octobre 2020 17:47

Aussi galvaudé que souvent mal utilisé, le terme « culte » en vient à ressortir dès qu’une communauté semble se retrouver dans le délire d’une œuvre, quitte à faire abstraction d’un nombre incalculable de défauts totalement rédhibitoires pour la tranche du public hermétique à l’approche proposée. Citizen Kane est culte, mais Battlefield Earth l’est aussi. Echoes des Pink Floyd est culte, tout comme Alice ça glisse de Francky Vincent. Le premier Deadly Premonition, paru à l’ère PlayStation 3/Xbox 360, s’est pourvu de ce pedigree. Doté d’une narration, d’une mise en scène, d’une ambiance générale et de personnages si passionnants et uniques que la pilule d’une technique à la ramasse, d’un gameplay à la limite de l’acceptable et d’un rendu sonore aux fraises, passe pour une frange de joueurs totalement en admiration face aux extravagances de Hidetaka Suehiro, aka SWERY. Mieux encore, les nombreux bugs, volontaires ou non, rajoutent une couche de comique kitsch qui satisfait le fan du créateur, tant l’ensemble parvient à se maintenir dans un étrange équilibre entre nanar et coup de génie. Deadly Premonition 2 : A Blessing in Disguise, en tous points, demeure totalement inférieur à son illustre prédécesseur, accusant d’une technique et d’une paresse de mise en scène décourageant à terminer un titre aussi prétentieux.

Lost Highway

Plus court, plus buggé, plus moche, plus saccadé, moins bien écrit, moins bien mis en scène, moins rythmé, moins drôle, que dire de ce titre dont l’histoire, comme le premier épisode, est copieusement repompée des intrigues de Twin Peaks, la maîtrise de Lynch en moins ? Pour saisir le décalage et le je-m’en-foutisme de l’auteur de Deadly Premonition 2, et pour rester dans le ton pour le rédacteur de ce test fatigué par des heures éprouvantes à vouloir absolument en finir avec ce jeu malgré tout, voici une présentation de la reproduction des calmars (source : Wikipédia, on ne va pas s’emmerder, hein) :

Les calmars sont strictement sexués, c’est-à-dire qu’ils n’ont qu’un des organes, mâle ou femelle. La fécondation est interne. Chez la femelle, les œufs sont télolécithes, autrement dit ils sont gros et riches en vitellus comme les œufs amniotiques des archosauriens, dont font partie les actuels oiseaux. Les œufs sont produits par un grand ovaire translucide situé vers la partie postérieure de la masse viscérale. Ils sont recouverts d’albumine par la glande oviductaire, puis recouverts d’une substance protéique durcissant au contact de l’eau par les glandes nidamentaires. Cette coque protéique réunit les œufs en grappes ; elle est parfois colorée en noir par l’encre, produite elle aussi dans la cavité palléale.

Les mâles possèdent un grand testicule à la place de l’ovaire, une glande spermatophorique et le sac d’encre. Chez les mâles matures, ce sac peut contenir des spermatophores, contenant les spermatozoïdes, qui sont placés dans le manteau de la femelle pendant l’accouplement. Lors de cet accouplement, le mâle saisit avec un de ses bras hectocotyles ses spermatophores et les introduit dans la cavité palléale de la femelle.

Jeu de niche ?

Maintenant que nous somme en condition, voici l’inoubliable Francis York Morgan, de retour dans Deadly Premonition 2 : A Blessing in Disguise, qui démarre neuf années après ses aventures du premier titre. Les agents du FBI Simon Jones et Aaliyah Davis, titillés par une ancienne affaire gérée par ce bon vieux York, s’entretiennent avec l’enquêteur aujourd’hui camé par la marijuana et toujours autant phobique vis-à-vis de la couleur rouge… Cette affaire, c’est celle d’une série de meurtres survenus en 2005 dans la bourgade de Le Carré, située dans la contrée la plus francisée de toute l’Amérique, la Louisiane.

Cette première scène de discussion entre membres du FBI dans l’appartement de York annonce la couleur de suite. La mise en scène est inexistante, les phases d’observation d’un intérêt nul avec une succession d’objets à simplement sélectionner sans incidence quant à leur ordre et… c’est extrêmement long ! Truffée de dialogues insipides faussement décalés, cette introduction plutôt banale se traine sur une bonne demi-heure sans qu’il n’y ait ni révélation ni sursaut de rythme… On va s’amuser…. Pour illustrer cela, petite présentation des lieux de vie et de l’alimentation des calmars :

Les calmars ont colonisé tous les océans du monde et la plupart des mers. On les trouve aussi bien dans les eaux chaudes des récifs coralliens, que dans les eaux froides des deux cercles polaires. Parmi les 300 espèces de calmar existantes, certaines vivent à proximité des côtes, presque en surface. D’autres, au contraire, séjournent à de grandes profondeurs. Les juvéniles des espèces abyssales vivent près de la surface, où ils ne sont guère repérables grâce à leur transparence. Ils descendront de plus en plus profondément au fil de leur croissance.

Bien que les calmars aient réussi à coloniser toutes les étendues d’eau salée, on ne trouve pas de calmars en eau douce, ni même aucun céphalopode. Toutefois le calmar Lolliguncula brevis, vivant dans la baie de Chesapeake, s’avère être une exception puisqu’il tolère l’eau saumâtre. Dans cette baie, la salinité est aussi faible que 8,5 parties pour mille (environ le quart de celle de l’océan). Tous les calmars sont des prédateurs, à la possible exception des calmars à longs bras. Ils s’attaquent principalement aux poissons, aux crustacés ainsi qu’à d’autres mollusques. Les calmars sont occasionnellement cannibales, les plus grands calmars pouvant s’attaquer aux plus petits. Les calmars juvéniles se nourrissent de zooplancton.

Ennui mortel

Et bim, flashback en 2005, en route pour Le Carré, époque d’un York enquêteur au statut embryonnaire, bien qu’il ait déjà travaillé sur quelques affaires sordides. Dans cette ville dominée par une famille bourgeoise très puissante, l’enquêteur va vite rencontrer Patty, une gamine bien trop clairvoyante et spontanée, ainsi qu’une multitude de personnages, pour la plupart intéressants mais aux discours et comportements largement moins bien fignolés que dans le premier opus. York est parti pour étudier à propos d’une suite de meurtres défiant toute logique et toute rationalité, ayant comme point de convergence, on vous le donne en mille, un arbre rouge.

Une chose est sure, on reconnait aisément la patte de SWERY. L’histoire principale, comme ses quêtes annexes aussi inintéressantes dans leur exécution qu’enrichissantes pour les backgrounds des personnages, semble traitée avec soin. York reste ce mec chelou s’adressant sans arrêt à son ami imaginaire, ce qui ne semble pas choquer outre mesure ses interlocuteurs. Certains trouvent cela drôle, mais le 36? gag du même type commence à chatouiller le ras le bol. L’abattement de quatrième mur est permanent, notamment avec encore une fois ces nombreuses références au cinéma chères à York, le tout totalement plombé par un mixage sonore transformant souvent la voix du protagoniste en gloubi-boulga de sonorités lourdes et plaintives. Heureusement, les sous-titres sont là… Mais pour l’immersion, on repassera.

Moche, même pour de la PS2

Dans sa narration, l’histoire parvient tant bien que mal à raccrocher les wagons avec le premier opus, sans pour autant y trouver un lien marquant et intéressant. Oui, tout cela est vague, mais il s’agit de ne surtout pas divulgâcher une telle œuvre, ce serait dommage. Il semble cependant absolument indispensable de jouer à Deadly Premonition premier du nom, le joueur pourra ainsi se rendre compte de l’étendue du désastre de cette suite/préquelle, et comprendra en quoi la série déchaine autant les passions. Car de la passion, il va falloir en avoir, même si la durée de vie de ce second volet est divisée par deux par rapport à son grand frère, avec entre quinze et vingt heures pour « savourer » l’ensemble de l’aventure.

En effet, en dehors d’une scénarisation un bon cran en dessous, le jeu propose un gameplay lourd, accusant de latences, mais contrebalancé par une facilité déconcertante. C’est simple, il n’y a aucun challenge, tout est fait pour mettre en avant cette sacrosainte histoire et ses personnages si attachants, paraît-il. Entre des déplacements à pied ennuyeux, des contrôles en voiture toujours aussi catastrophiques, des QTE à outrance et inutiles, déplacer son personnage devient rapidement frustrant, notamment en extérieur, avec un framerate encore largement plus problématique que le premier opus. Ce framerate rappelle les tous premiers films en stop motion dans les premiers jours du cinéma, énormément saccadés, rendant la pérégrination insupportable. Le pire, c’est qu’outre la voiture, le principal moyen de transport est un skateboard à la jouabilité et aux rendus sonores complètement flingués, qu’il ne vaut mieux pas utiliser, au risque de choper la nausée.

Le framerate de la honte

Mis à part certaines bonnes idées piochées au premier épisode, comme l’obligation de veiller à l’alimentation et l’hygiène d’York, amenant un peu d’immersion dans le quotidien de l’enquêteur, tout comme la gestion du temps avec des lieux et événements respectant des fourchettes horaires, le côté open world techniquement cassé freine inévitablement les velléités de découverte. La ville et ses alentours sont pourtant truffés d’activités annexes sous forme de mini-jeux de chasse, de pêche, ou encore de bowling.

Les phases de donjon, entrainant les sessions d’action et de combat, outre le fait qu’elles sont moins nombreuses qu’avant, s’enchainent avec un gameplay lorgnant vers les vieux Resident Evil, leur jouabilité rigide désormais bien datée et un level design très générique, englobant un bestiaire peu varié et rapidement décimé, tant ces phases transpirent la facilité. Le tout est ponctué de passages de collecte d’objets inutiles, si ce n’est pour remplir une collection non moins inutile, et emballé dans des missions très peu claires dans leurs objectifs. De manière générale, balek le but de la mission, on avance, on tire, on trouve le mécanisme de sortie, et on enchaîne. Pire, certaines quêtes indispensables à l’avancée dans l’histoire ne se déclenchent qu’à des moments précis de la journée. Il va falloir occuper son temps et, surtout, veiller à accomplir ces missions dans un certain ordre, faute de quoi d’importants événements ne se déclencheront pas. On a connu mieux somme idée pour rallonger la durée de vie.

Autant en finir avec les aspects impardonnables du titre. C’est en effet tout un rendu graphique artistique qui est ici à la ramasse. Le premier épisode faisait déjà fort, mais son univers et son histoire rattrapaient allègement l’ensemble.

Ce deuxième volet fait pire visuellement, sans rééquilibrer avec une narration suffisamment poussée. Une ville générique, alors qu’avec le contexte de Nouvelle Orléans il y avait de quoi faire, léger effet cel shading n’apportant rien, animations du début de l’ère 3D pour le jeu vidéo, rien n’est épargné. Framerate honteux, aliasing d’une autre dimension, distance d’affichage incompréhensible, ombres buggées et dialogues décalés entre image et voix, la liste est longue. Pour y trouver une réelle réussite, saluons tout de même la qualité de la bande-son, bien au-dessus du premier épisode, et les doublages des personnages, parfaitement dans le ton, et permettant enfin de retrouver une once de l’ambiance si particulière de l’opus originel. Pour le reste, les compte ne sont pas bons. Vous reprendrez bien un peu de calmar ?

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