Kingdom Hearts 3D: Dream Drop Distance

Dix ans…dix ans que la saga Kingdom Hearts continue à faire rêver bon nombre de joueurs grâce à son mélange improbable entre les univers Disney et Final Fantasy. C’est en novembre 2002 que le premier épisode débarqua en Europe sur PlayStation 2. Depuis, ce n’est pas moins de dix millions d’exemplaires qui ont été vendus à travers le monde tout épisode confondu. Un joli succès qui permet à la saga de devenir emblématique. C’est à l’occasion des dix ans de la série que Nomura propose un nouveau spin-off baptisé Kingdom Hearts : Dream Drop Distance exclusivement sur Nintendo 3DS. Saura-t-il proposer une expérience enrichissante comme l’ont fait ses prédécesseurs ?

Une histoire de cœur

Kingdom Hearts : Dream Drop Distance se situe chronologiquement après le deuxième épisode et le spin-off Re:Coded. Après l’enquête de Mickey sur un mystérieux message paru sur le journal de Jiminy, Yen Sid décide de convoquer Sora et Riku pour une mission importante. Afin de se préparer pour les jours sombres à venir, le maitre sorcier propose aux deux amis de passer l’examen du symbole de maitrise afin de devenir de véritables maîtres de la Keyblade. Leurs objectifs consistent à réveiller des mondes encore endormis en ouvrant les serrures grâce à la Keyblade. C’est en réalisant cette mission que Sora et Riku pourront prouver qu’ils sont dignes de manier cette fameuse épée clé et d’être élevés au titre de « Maitre ».

Cependant, des monstres baptisés Avale-Rêves et tapissés dans l’ombre, vont faire obstacle aux deux jeunes garçons. Sora et Riku arriveront-ils à trouver les serrures ? Quel est donc ce sombre présage qui plane autour des héros ? Et surtout, qui est ce mystérieux jeune homme vêtu d’un manteau noir ?

Après de nombreux épisodes sortis sur différentes plateformes, il reste difficile pour un novice de se repérer correctement dans l’histoire puisque Dream Drop Distance reprend la suite d’un scénario déjà ancré. Afin d’aider les nouveaux venus sur la compréhension des événements en cours, Square Enix a eu la bonne idée d’inclure des résumés des précédents épisodes, même s’il est préférable de jouer aux jeux pour mieux comprendre les diverses relations entre les personnages. C’est en progressant dans l’aventure que l’on constate que Dream Drop Distance est bien plus qu’un spin-off classique par rapport à ses homologues sur Nintendo DS. Le soft devient une transition importante entre le deuxième et troisième épisode, un rôle qui fut autrefois joué par Chain of Memories sur Game Boy Advance.

Inception

Comme le sous-titre l’atteste, la notion de rêve prend une place capitale aussi bien sur le gameplay que dans l’histoire. Trois modes de difficultés sont proposés au départ afin de donner plus ou moins de challenge pendant les combats (le mode critique étant à débloquer). Comme le veut la tradition, ceux qui osent le mode expert seront récompensés par une cinématique secrète plus facile à débloquer. Une fois la partie lancée, un petit tutoriel est présent pour apprendre les bases du gameplay (attaque, défense, magie, etc.).

Une fois les bases acquises, Sora et Riku se retrouvent séparés dans la mythique ville de Traverse. Au total, le jeu comprend pas moins de 7 mondes à traverser avec sa petite histoire, ses personnages emblématiques, mais surtout ses nombreux avales rêve à combattre. Chaque monde est précédé d’une phase de shoot sympathique appelée « transition », remplaçant ainsi le vaisseau Gummi des deux précédents épisodes. Il faut entre autres esquiver les pièges, ramasser les points bonus et tuer les montres rapidement afin d’accomplir différents objectifs et obtenir le meilleur rang possible.

Pour cela, Sora et Riku pourront à la fois attaquer, se protéger, freiner, mais aussi utiliser des magies puissantes acquises pendant le parcours. Vient ensuite le plaisir de voyager parmi les différents univers de Disney et revivre les histoires fantastiques comme Fantasia, le bossu de notre dame ou encore TRON. Si les mondes sont particulièrement réussis graphiquement (mention spéciale à TRON), il est dommage de ne pas avoir fait intervenir plus de mondes et surtout proposer de nouveaux univers Disney pour les habitués de la série.

Afin de réussir leurs examens, les deux comparses vont devoir évoluer indépendamment l’un de l’autre dans chaque monde. Le joueur a donc le privilège de vivre deux fois la même histoire, mais d’un point de vue différent. Sora et Riku ont également le droit à quelques passages inédits qui leur sont propres dans seulement quelques mondes afin de ne pas donner une sensation de répétition. Le paradis des garnements en est le parfait exemple où les deux comparses évoluent dans des environnements totalement différents l’un de l’autre.

Afin de forcer à jouer les deux personnages, Square Enix a eu l’idée d’inclure un système de passage qui s’active au bout d’un certain temps (et qui s’accélère en fonction des altérations d’états infligés au personnage). Une fois le temps écoulé ou par décision volontaire via le menu, le personnage rentre dans une phase de léthargie et l’action s’interrompt pour laisser place au deuxième héros. Pendant cette phase, il est possible de dépenser des points PP (points de passages) contre divers bonus intéressants comme des gains de stats temporaires (attaque, défense, etc.) ou encore la possibilité de ralentir la jauge de passage.

Si l’idée sur le papier semble bonne, le système de passage n’est pas vraiment convaincant, car elle fait naitre un sentiment de frustration lorsque le combat s’interrompt. En effet, si la jauge est à zéro contre un boss, la partie s’arrête et on est forcé de recommencer le combat depuis le début à la session suivante. Cependant, il est toujours possible d’inclure un objet appelé réveil pour remonter la jauge, mais avec les nombreuses compétences récupérées en cours de parcours et le peu de place que propose le jeu de commande, il est facile de passer à côté de son utilisation. Il aurait cependant été souhaitable d’avoir une coopération plus poussée entre les deux personnages.

Par exemple, la nécessité d’attendre une action du deuxième personnage pour que le premier puisse avancer dans l’aventure (à la manière d’un Resident Evil 0). Une suggestion qui aurait pu éviter de placer une jauge dont le rôle principal est de frustrer le joueur.

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Alice, ça glisse

Niveau maniabilité, Kingdom Hearts 3D reprend les meilleures recettes de ses prédécesseurs afin d’offrir un gameplay agréable. Entre autres, le bouton A pour attaquer, le bouton B pour sauter, le bouton X pour utiliser une commande et pour finir le bouton Y pour parer, une action à maitriser absolument sous peine de mourir rapidement. La croix directionnelle est quant à elle utilisée pour sélectionner les commandes dans la fenêtre d’action située en bas à gauche de l’écran.

Pendant l’aventure, il n’est pas rare de récupérer de nouvelles commandes comme des techniques de combats, des magies voire des objets. Il est alors nécessaire de sélectionner et placer les commandes souhaitées dans un set pour ensuite les utiliser en combat. Le système de commande est quasi identique à celui de l’épisode Birth By Sleep à savoir qu’il est nécessaire de configurer un jeu de commande dont les emplacements se déverrouillent au fur et à mesure de l’aventure.Il est donc primordial de passer un peu de temps dessus afin de trouver la combinaison idéale pour battre les hordes de monstres qui attendent Sora et Riku. Un système très bien pensé donc, mais il aurait été souhaitable de pouvoir inclure des raccourcis d’utilisation de commande sur l’écran tactile pour apporter un maximum de confort pendant les phases de combats.

Le système de fluidité est l’un des ajouts majeurs de cet épisode puisqu’il est maintenant possible d’interagir avec le décor pour mieux explorer les vastes zones ou de prendre l’ennemi à revers. Grâce aux murs, lampadaires ou encore les ennemis, Sora et Riku peuvent effectuer des combos dévastateurs, ce qui rend le jeu encore plus dynamique et tactique qu’auparavant. Il est également possible d’effectuer des altérations du réel en appuyant simultanément sur les boutons X et Y lorsque l’icône apparaît sur l’écran tactile. Il suffit alors de faire les actions indiquées sur l’écran du bas avec le stylet pour effectuer des coups puissants et déstabiliser les ennemis.

Au final, ces ajouts au gameplay sont bien pensés, mais restent néanmoins gâchés par une caméra pas forcément au top pendant les sessions de combats. Chaque monde dispose d’une altération du réel qui fonctionne différemment. Dans le monde de TRON, il est possible de reprogrammer les ennemis pour les détruire ou les forcer à vous rejoindre ou encore utiliser les monstres en tant que fronde dans la ville de Traverse.

Pokemon version coeur

Si certains Avale-Rêves cherchent à corrompre les rêves, d’autres en revanche sont bienveillants et se nourrissent des cauchemars. Mieux encore, ces derniers viendront prêter main-forte aux personnages pour terrasser les terribles dangers que renferment les mondes endormis. Pas de capture ici, les avales rêves doivent être créer grâce aux formules et matériaux récoltés pendant l’aventure. Une fois les monstres créés, il est possible de les élever en jouant avec eux, mais aussi de les nourrir grâce à l’écran tactile.

Plusieurs minis-jeux sympathiques sont proposées afin d’augmenter l’affinité, mais également acquérir des points de fusion. Plus l’animal sera choyé, plus il gagnera de points de compétence et d’affinités avec son maitre et sera beaucoup plus efficace au combat. En combinant l’élevage avec les combats livrés, les monstres gagneront des points de fusion qui permettent d’acquérir de puissantes commandes pour votre personnage, et ce, très tôt dans l’aventure.

Deux esprits peuvent combattre au côté du personnage et un troisième peut être placé à l’arrière pour que ce dernier puisse récupérer de l’expérience, mais aussi hériter de ses compétences. Si les phases d’élevages peuvent s’avérer être assez contraignantes à la longue, il est cependant nécessaire de passer par là pour augmenter l’affinité et obtenir de bons alliés au combat et des compétences fort utiles.

Chaque monstre possède ses propres points forts et faiblesses. Certaines bestioles peuvent jouer un rôle offensif ou défensif en fonction de leur nature. Il est donc primordial de bien choisir ses monstres afin d’élaborer une stratégie parfaite contre les nombreux dangers. Les monstres peuvent servir de catalyseurs pour effectuer une fusion en plein combat. En fonction du personnage incarné, les fusions agissent différemment. Sora a la possibilité de lancer une attaque puissante selon la nature de ses compagnons tandis que Riku aspire ses alliés pour acquérir un puissant style de combat.

Durant l’aventure, il n’est pas rare de tomber sur différents types de portails affichés sur l’écran tactile. Portant le nom de divers personnages de Final Fantasy, les portails de combat permettent d’affronter une armée d’ennemis pour acquérir divers matériaux rares destinés à la fabrication de monstre. Les portails sociaux permettent d’emprunter les esprits d’un autre joueur afin de profiter de leurs puissances pendant un laps de temps.

Il est également possible de prêter ses esprits grâce à la fonction StreetPass de la console. Chaque joueur rencontré pourra alors profiter des esprits laissés en cours de chemin afin de l’aider dans sa quête. Il est dommage que le StreetPass ne permette pas d’entrainer ses esprits ou encore de récupérer des objets comme le ferait un Pokéwalker.

Pour finir, il est possible d’affronter d’autres monstres dans un mini-jeu appelé « Combat effréné ». À 3 contre 3, l’objectif est de glisser des cartes avec une valeur numérotée pour lancer des attaques contre l’adversaire. Bien sûr, il est nécessaire de faire attention aux chiffres indiqués sur la carte sous peine de se faire contrer par l’ennemi. Un mini-jeu stratégique très sympa qui reprend les bases de gameplay de l’épisode Chain Of Memories et qui a le mérite d’amuser entre deux phases de l’histoire. Pour finir, le combat effréné propose également un mode deux joueurs afin de montrer qui est le patron.

Au final, les Avale-Rêves constituent une bonne alternative puisqu’ils peuvent non seulement aider le héros en combat, mais aussi partager ses compétences pour plus d’efficacité. L’élevage des monstres peut paraître inutile et redondant, mais il s’agit d’une étape quasi indispensable pour récupérer des compétences vitales qui sauveront la vie du personnage plus d’une fois.

Dearly Beloved

Si les personnages de Final Fantasy sont malheureusement absents, ce sont ceux du jeu « The World Ends With You » qui feront ample connaissance avec les deux jeunes héros. Une rencontre qui promet des scènes sympathiques entre ces personnages créés par Tetsuya Nomura. Concernant la musique du jeu, il est plaisant de retrouver certains thèmes emblématiques comme « Dearly Beloved »ou « Destiny’s Union ». Les musiques des nouveaux mondes sont également excellentes et aident le jouer à replonger dans ces univers trop longtemps oubliés. Entre 20 et 25 heures sont nécessaires pour finir la quête principale en fonction de la difficulté choisie. De nombreuses heures de jeux supplémentaires sont également nécessaire pour compléter la partie à 100% (tous les trophées, tous les coffres, tous les monstres créés, etc.).

Au final, Kingdom Hearts : Dream Drop Distance fait honneur à ses prédécesseurs en proposant une aventure passionnante qui fera passer de nombreuses heures de plaisir devant la Nintendo 3DS. Quelques petits ralentissements passagers sont à prévoir quand il y a beaucoup d’actions à l’écran, mais ces derniers ne gênent en aucun cas la jouabilité du titre.