Professeur Layton et l\’héritage des Aslantes

Après un premier passage sur 3DS très réussi avec Professeur Layton
et le Masque des Miracles l’année dernière, Level-5 nous offre désormais
le dernier épisode de la seconde trilogie, nommé l’Héritage des
Aslantes, qui conclut également la saga mettant en scène Hershel Layton
en tant que personnage principal. Cet ultime épisode propose-t-il un
final exceptionnel, comme l’avait fait le Destin Perdu, dernier volet de
la première trilogie sur DS ?

Le meilleur pour la fin

C’est avec joie que nous retrouvons une fois de plus Hershel Layton dans un
volet inédit, toujours accompagné de ses fidèles assistants qu’il a
rencontré pour la première fois dans l’Appel du Spectre : Luke Triton et
Emmy Altava. Cet épisode se déroule chronologiquement après l’Appel du
Spectre, le film d’animation la Diva éternelle et un an après les
événements du Masque des Miracles. La première trilogie composée de
l’Étrange Village, la Boîte de Pandore et le Destin Perdu se situe donc
juste après l’Héritage des Aslantes. Ce volet, en plus de fermer la
boucle liant les deux trilogies, permet de résoudre les mystères des
Aslantes – le thème principal de cette deuxième trilogie – tout en
apportant également des informations importantes sur le passé de
Hershel, mais aussi d’autres personnages principaux dont Jean Descole,
Leon Bronev et Emmy Altava, qui sont tous les trois apparus pour la
première fois dans l’Appel du Spectre, et qui depuis, restaient tout à
fait mystérieux. Il est donc fortement conseillé d’avoir terminé l’Appel
du Spectre et le Masque des Miracles avant de s’attaquer à l’Héritage
des Aslantes.

Pour les retardataires, la série des Professeur
Layton est un habile mélange de visual novel, de jeu d’aventure point
and click et de réflexion. Pour faire avancer l’histoire, il suffit de
bien suivre les dialogues et les mystères du jeu, de résoudre des
énigmes variées et plutôt complexes conçues par le professeur Akira
Tago, et explorer tous les recoins de ce monde mêlant réalisme et
fantastique à la perfection et de façon très originale. Aussi, depuis le
Masque des Miracles, on note plusieurs améliorations au niveau de
l’interface des énigmes, comme une prise de notes plus aisée. Concernant
les énigmes, il est à noter qu’elles permettent encore une fois de
faire travailler les méninges du joueur. Toujours aussi variées, elles
sont également accessibles pour les personnes éprouvant quelques
difficultés à résoudre certains problèmes. Une fois une énigme résolue,
on obtient des points nommés picarats. En plus de nous renseigner sur la
difficulté d’une énigme, ils permettent, à la fin du jeu, de débloquer
du contenu supplémentaire comme des présentations plus détaillées sur
tous les personnages de l’histoire, mais aussi toutes les musiques du
soft, ou même des énigmes encore plus longues et difficiles à résoudre.

Toucher
les environnements des lieux présents dans le jeu en Mode Enquête
permet de découvrir des objets et énigmes cachés, mais aussi des pièces
S.O.S qui permettent d’accéder à des indices si l’on se retrouve
malheureusement bloqué. On retrouve aussi différents objets à
collectionner dispersés dans le monde et une petite nouveauté dans cet
épisode : la chasse aux mots. Cette fonction demande de créer un ou
plusieurs défis en choisissant trois objets que le joueur rencontré via
StreetPass devra chercher dans le jeu. En les trouvant, il obtient des
récompenses plus ou moins intéressantes. Bien que cette nouveauté
augmente légèrement la durée de vie déjà bien fournie, elle est tout à
fait dispensable, car tout le monde ne pourra pas profiter de la
fonction StreetPass. On aurait donc préféré une compatibilité SpotPass,
ce qui est d’ailleurs déjà le cas avec les énigmes téléchargeables
quotidiennement.

Les commandes sont encore une fois simples et
intuitives, sans grandes nouveautés qui pourraient dépayser les fans de
la saga. En plus des indices pour les énigmes, les sections Journal et
Mystère proposent des résumés de tous les événements du jeu. L’histoire
se rallonge également avec les options Épisodes, qui offrent des
intrigues supplémentaires sur des personnages secondaires, et le World
Times, un journal qui, comme les Épisodes, se complète en faisant
progresser l’aventure principale et demande de retourner aux endroits
déjà visités afin d’accomplir des quêtes annexes. Comme d’habitude,
trois mini-jeux inédits peuvent être débloqués très vite au cours de
l’aventure et proposent quelques heures de jeu en plus. Pour résumer, le
mini-jeu Prêt-à-porter permet de créer des tenues pour des clientes
rencontrées dans les différentes contrées du jeu. Il faut choisir les
bons vêtements et accessoires, afin de satisfaire le personnage.
Ensuite, Noix et Noisette demande au joueur de diriger un écureuil pour
qu’il puisse faire rouler des cailloux et des glands afin d’amener sa
noix à un emplacement donné. Enfin, Jardin enchanté propose de planter
des fleurs, chacune ayant une capacité qui lui est propre, afin de
refaire fleurir tous les arbres d’un jardin dévasté.

Une histoire de momie vivante

La
fin du Masque des Miracles nous proposait un joli cliffhanger
promettant du grand spectacle pour le futur épisode. L’intrigue de
l’Héritage des Aslantes débute juste un an après, lorsque Hershel reçoit
une lettre du Docteur Desmond Sycamore, un homme célèbre qui
s’intéresse à l’archéologie, tout comme notre professeur. Cette lettre
demande aux héros de venir le plus vite possible à Froënborg, une ville
lointaine et enneigée. Pour s’y rendre, Desmond a également envoyé le
Bostonius, un dirigeable conduit par Raymond, personnage apparu durant
le cliffhanger du Masque des Miracles, qui n’est visiblement plus
accompagné par Descole. La lettre indique enfin que Sycamore a trouvé
les vestiges de la civilisation ancienne et avancée des Aslantes et par
la même occasion son émissaire : une momie vivante nommée Gaïa
emprisonnée dans la glace. Ce personnage aurait pour but de révéler
toutes les réponses au sujet du passé des Aslantes aux personnes la
délivrant de cette prison, ce que décident de faire Sycamore, Layton et
ses amis.

Mais avant que nos héros arrivent enfin à résoudre les
mystères des Aslantes, Leon Bronev de l’organisation TARGET, qui a
apparemment plus de connaissances que Layton et Sycamore à propos des
Aslantes, vient kidnapper Gaïa avec ses sbires afin qu’elle puisse
résoudre l’énigme de la civilisation pour l’organisation. Sycamore
décide alors de se rebeller et de poursuivre avec l’aide du Bostonius et
de l’équipe de Layton le vaisseau de TARGET pour récupérer Gaïa. Ils la
retrouveront rapidement, non pas dans le vaisseau de leur ennemi, mais
dans un temple Aslante, où l’on apprend que pour résoudre les mystères
de la civilisation et recevoir leur Héritage, il faudra récupérer les
cinq pierres d’éveil représentant des Œufs Aslantes dispersées aux
quatre coins du monde. C’est ainsi que Layton et ses amis feront le tour
du monde pour mener ni plus ni moins que la plus grande enquête de la
série…

En plus d’une intrigue qui promet du lourd pour le
dénouement, l’exploration et l’interaction avec les environnements n’a
jamais été aussi poussée dans un jeu de la saga. Chaque lieu regorge
d’énigmes, objets, pièces S.O.S et secrets à découvrir. On n’est bien
sûr pas obligé de chercher le moindre item, en se faisant simplement
porter par l’intrigue prenante de cet épisode que l’on peut terminer en
une petite dizaine d’heures. Certaines énigmes non résolues peuvent
d’ailleurs être retrouvées dans la liste des énigmes, et en parlant à
Keats, un chat rencontré au cours du jeu. Mais pour terminer le jeu à
100 %, il faudra bien trouver tous les objets, les pièces S.O.S,
débloquer les niveaux supplémentaires des mini-jeux et résoudre
notamment les quelques 150 énigmes principales du soft (en plus des 365
énigmes à télécharger chacune quotidiennement). La formule de la série
ne change donc pas, et Level-5 a certainement su s’arrêter au bon
moment, les énigmes ne se renouvelant plus assez depuis l’Appel du
Spectre.

Surely Someday

Concernant la qualité du
scénario, il est encore une fois plutôt prenant, malgré une petite perte
de rythme au milieu de l’histoire, lorsque Layton et compagnie doivent
retrouver les cinq Œufs Aslantes. Mais cette légère déception est vite
oubliée grâce à un final exceptionnel et émouvant – avec une belle
petite référence au film d’animation japonais Le Château dans le ciel du
studio Ghibli – qui tient véritablement en haleine grâce à un rythme
parfaitement maitrisé. De nombreux mystères sont résolus au sujet des
Aslantes et on obtient également des révélations pour le moins
surprenantes et dramatiques au sujet de Jean Descole, Hershel Layton,
Emmy Altava et le mystérieux Leon Bronev.

Artistiquement
superbe, l’Héritage des Aslantes propose des graphismes très travaillés
d’une variété jamais vue dans les épisodes précédents ou dans d’autres
jeux du genre. Chaque décor en 2D est encore plus détaillé, les
expressions des personnages modélisés en 3D sont charmantes et
réalistes, les cinématiques dignes d’un bon anime, et enfin des
musiques toujours aussi inspirées, avec des thèmes frissonnants. Level-5
a donc décidé de garder le meilleur pour la fin en développant cet
épisode final en deux ans, pour le plus grand plaisir des fans.

Mais
l’aventure a tout de même quelques défauts notables. Comme indiqué plus
haut, certains passages deviennent assez lents et les dialogues ne
débordent pas tous d’intelligence, faisant même parfois preuve d’une
certaine niaiserie. On pourra probablement l’expliquer par le fait que
Nintendo et Level-5 ont tout fait pour rendre la série très accessible.
On trouve également quelques légères incohérences scénaristiques, une
perte de réalisme, un événement particulièrement prévisible et un
doublage français décevant, sûrement dû à la rapidité avec laquelle
Nintendo a localisé le titre dans nos contrées (soit quelques mois après
la sortie du jeu au Japon, une première pour la saga en Europe). Il est
dommage de constater encore une fois que l’ending Surely Someday a été
modifié chez nous, sans les paroles de la talentueuse Miho Fukuhara,
dont la version originale telle qu’elle était présente dans le jeu
en japonais est disponible à cette adresse. La difficulté des énigmes peut
également en décevoir plus d’un, tant elle est souvent inégale. Il est
regrettable de voir aussi qu’elles ne sont pas innovantes, même si
certaines utilisent plutôt bien les capacités de la 3DS et de l’écran
tactile. Toutefois, ces défauts ne gâchent en aucun cas le plaisir de
jouer à cette aventure inoubliable, à condition bien sûr d’apprécier le
genre si particulier et original de la saga.