Snake Pass

En résumé

  • Sorties :
  • 29 Mars 2017
  • 28 Mars 2017
  • 25 Octobre 2018

L'avis de Kayle Joriin

Avec son concept original, son univers charmant, sa réalisation plaisante et sa durée de vie honorable, on aurait vraiment aimé pouvoir conseiller Snake Pass à tout le monde. Malheureusement, il propose une maniabilité si particulière qu’elle risque de rebuter pas mal de joueurs pour qui l’aventure sera au final plus frustrante que divertissante. Quant aux concessions techniques effectuées par Sumo Digital pour obtenir un jeu suffisamment fluide et détaillé sur Switch, elles risquent de faire grincer les dents des inconditionnels de la HD.

Les plus

  • Un concept vraiment original
  • Univers mignon et coloré
  • Bonne durée de vie
  • Réalisation globale de qualité...

Les moins

  • … qui se paye sur certains aspects techniques
  • Maniabilité peu intuitive et difficile à maîtriser
  • Parfois très frustrant
  • Caméra qui fait souvent n’importe quoi
  • Nintendo-Difference

    par Kayle Joriin

    le 29 mai 2017 22:00

Souvent cantonnés aux rôles de perfides antagonistes, les serpents ne sont que rarement mis à l’honneur dans le jeu vidéo, sauf lorsqu’ils sont solides ou exhibitionnistes. Il est donc encore plus rare de croiser un titre qui tente de nous faire toucher du doigt la complexité de la condition ophidienne. Car oui, la vie d’un serpent, ce n’est pas simple. On vous reproche des trucs soi-disant vieux de plusieurs milliers d’années. On vous trouve flippant parce que vous marchez sur votre ventre. Et puis surtout, on ne vous vous file jamais de chocolat, ce qui est quand même très chiant. De manière plus pragmatique, être un serpent impose également quelques contraintes d’ordre physique, a fortiori quand on est le héros d’un jeu de plates-formes. Au lieu de pouvoir courir et sauter tel un plombier toxico, il faut ainsi ramper sur des terrains plus ou moins accidentés et s’enrouler autour de divers trucs pour pouvoir progresser. Un exercice potentiellement casse-gueule auquel se sont livrés les petits gars de Sumo Digital avec leur premier titre autoproduit, sobrement intitulé Snake Pass. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que les joueurs au sang chaud risquent de tirer la langue.

Le nouvel apode

Difficile d’ailleurs de cataloguer avec précision les pérégrinations de Noodle le serpent et de Doodle le colibri. Sur la fiche eShop du jeu, Nintendo ratisse large en le présentant comme un mélange d’action, d’aventure, de plates-formes et de casse-tête. Quant aux développeurs eux-mêmes, ils semblent hésiter entre les AOC « Action-Puzzle » et « Puzzle-Plates-formes ». C’est cependant cette dernière dénomination qui semble le mieux lui convenir, car de l’action, il n’y en a guère dans Snake Pass, et l’aventure proposée reste très balisée. En réalité, s’il fallait comparer la philosophie du bébé de Sumo Digital à un jeu existant, ce serait sans doute le mignon Captain Toad : Treasure Tracker de Nintendo. En effet, bien que très différents dans leurs mécaniques de gameplay, les deux titres reposent sur le concept assez original de faire traverser des environnements typiques d’un jeu de plates-formes 3D à un personnage incapable de sauter, ce qui implique forcément de se creuser un peu les méninges.

En pratique, Noodle se manie toutefois très différemment du petit aventurier fongique, et même très différemment de la plupart des personnages de jeu vidéo existants. On dirige ainsi de manière indépendante l’avancée du reptile (ZR par défaut), les mouvements de sa tête (stick gauche), son orientation verticale (bouton B pour la lever et bouton X pour plonger lors des phases aquatiques), et la contraction de ses muscles (LR). Quant à Doodle, il peut aider son pote en lui attrapant la queue, voire même le porter ponctuellement sur de petites distances. Évoluer dans les niveaux demandera dès lors d’associer plus ou moins finement les différents mouvements disponibles afin de s’adapter aux obstacles et aux pièges rencontrés. Et si on comprend rapidement que pour se déplacer au sol à une allure raisonnable, il faut simplement avancer en ondulant et en levant le pif à l’occasion, gérer la verticalité des environnements et progresser le long des nombreuses structures qui parsèment les niveaux demandera une gymnastique nettement plus complexe. Autant dire qu’il faudra un certain temps pour prendre ses marques et avoir l’impression de maîtriser un tant soit peu la bestiole.

Un peu comme pour l’apprentissage d’une langue étrangère, on ne réussira d’ailleurs jamais mieux à s’exprimer qu’en arrivant à « penser comme un serpent » et à agir de manière instinctive en fonction de la situation. Réfléchir aux mouvements que l’on veut réaliser, et à ce que cela implique en termes de commandes, est en effet un bon moyen de s’embrouiller et d’enchaîner les échecs, surtout lorsqu’il faut en prime gérer une caméra un brin schizophrène. Il sera donc nécessaire d’assimiler la manière dont Noodle se déplace et peut interagir avec son environnement, puis de faire sienne cette « nouvelle langue » plutôt que de vouloir systématiquement tout traduire dans un langage plus familier.

Langue de vipère

Cette maniabilité si particulière constitue à la fois la principale originalité de Snake Pass et son plus gros point faible. Non pas qu’elle soit mauvaise dans l’absolu, mais en sortant sans ménagement la plupart des joueurs de leur zone de confort, il est indéniable qu’elle risque de provoquer des réactions de rejet plus ou moins fortes. Et même pour ceux, pleins de bonne volonté, qui accepteront ce changement de paradigme, elle réservera quelques moments d’intense frustration susceptibles de faire lâcher la manette sous un chapelet d’injures. D’ailleurs, si les choix effectués par Sumo Digital pour restituer la sensation de contrôler réellement un serpent peuvent tout à fait se comprendre, on ne peut s’empêcher de penser que certains aspects auraient pu être abordés un peu différemment, pour un résultat potentiellement plus accessible.

Il aurait par exemple été appréciable de pouvoir définir soi-même l’attribution des commandes au lieu d’avoir une configuration imposée. Il existe certes un mode « simplifié », censé faciliter les déplacements en permettant de contrôler l’avancée de Noodle et le mouvement de sa tête avec le seul stick gauche, mais le résultat manque de précision dans les situations les plus tendues. D’autre part, l’utilisation conjointe des deux sticks analogiques, voire même du gyroscope, aurait pu permettre d’avoir davantage de nuance dans les contrôles, car il faut reconnaître qu’avec de simples boutons et gâchettes numériques, il est n’est pas toujours facile de doser finement ses effets.

La conséquence, c’est que Snake Pass base finalement autant sa progression sur ses mécaniques de gameplay et son level design que sur une maniabilité peu intuitive. Bien entendu, la quinzaine de niveaux proposée ménage son lot de petites énigmes, de pièges plus ou moins mortels (pics, lave ou simple chute dans le vide) et de zones difficilement accessibles qui demanderont moult contorsions. Il faudra donc se creuser la tête et apprendre à jouer avec un moteur physique plutôt efficace afin de récupérer les trois joyaux permettant de terminer chaque niveau, voire de dénicher la totalité des orbes bleus et des pièces qui font office d’objectifs secondaires. Le souci, c’est que même lorsque la solution est évidente, il n’est pas toujours aisé de la mettre en œuvre. Et ce n’est pas parce qu’elle exige un timing ultra précis ou des skills de PGM, mais simplement parce qu’elle dépend de la compréhension et de la maîtrise d’une langue étrangère.

Shall you pass ?

Ceci étant, il n’est pas non plus nécessaire d’être un Fourchelang pour apprécier Snake Pass. En grugeant un peu sur certains passages, en laissant de côté la quête du 100 % et en utilisant au mieux des checkpoints pas toujours bien placés, il est tout à fait possible de finir le jeu sans maîtriser Noodle à la perfection. Il suffit d’être patient et de surmonter un apprentissage parfois très frustrant, mais qui réserve aussi de vrais moments de satisfaction et des sensations assez inédites.

Outre l’originalité de son concept, le jeu de Sumo Digital offre de plus un univers charmant et coloré, avec son sympathique duo de héros, sa jolie réalisation et sa bande-son entrainante signée David Wise. Le titre manque peut-être d’un petit soupçon de magie pour réellement tenir la comparaison avec les jeux Rare de l’époque N64 auxquels il a souvent été assimilé avant sa sortie, mais pour seulement une vingtaine d’euros, ses ambitions ne sont pas usurpées. D’autant qu’il propose une durée de vie plutôt correcte puisqu’il faut environ cinq heures pour finir le jeu en ligne droite et facilement le double pour compléter chaque niveau (sans compter le mode Time Trial).

Désigné un peu rapidement comme le porte-étendard de l’Unreal Engine 4 sur Switch, et plus particulièrement de la facilité de portage induite par le support natif du célèbre moteur d’Epic Games, Snake Pass offre en revanche un bilan assez contrasté sur le plan technique. Le résultat est certes globalement convaincant, mais il s’accompagne de concessions qui laissent songeur quant à la possibilité de voir des titres multiplateformes un peu gourmands débarquer un jour sur la petite dernière de Nintendo. Afin de maintenir un framerate constant à 30 FPS (comme sur PS4 et Xbox One) sans pour autant perdre trop en détails, les développeurs ont en effet choisi de sacrifier la finesse d’affichage en optant pour une définition de 1200 x 675 en mode « dock » et 844 x 475 pixels en mode « portable » (contre 1536 x 864 sur PS4).

On se retrouve du coup avec une version Switch plutôt proche de ses consœurs d’un point de vue visuel, même si certains effets manquent à l’appel et que le niveau de détails reste tout de même plus bas. Toutefois, les possesseurs d’écrans de plus de 80 cm, ainsi que les joueurs nomades devront se faire à une définition d’image pas vraiment idéale. Le sentiment final est donc mitigé, d’autant que malgré ces concessions, le framerate chute quand même un peu dans les derniers niveaux. Et si on peut éventuellement mettre tout cela sur le compte d’un manque d’optimisation, cela n’est pas forcément rassurant pour l’avenir.

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