Tales of the Abyss

En résumé

  • Sorties :
  • 25 Novembre 2011
  • 14 Février 2012
  • 30 Juin 2011

L'avis de Ejis

Tales of the Abyss fait probablement partie de ces RPG japonais qui ont conduit à la lassitude du public quelques années plus tard, notamment à cause des nombreux clichés qui jalonnent une histoire qui met très longtemps à se mettre en place. La version 3DS de ce titre jamais sorti en Europe offre une bonne opportunité aux amateurs du genre de découvrir un système de jeu très bien conçu. Mais il faudra faire avec un portage réalisé dans la précipitation.

Les plus

  • Tales of the Abyss en Europe
  • Une excellente durée de vie
  • Un système de jeu bien conçu
  • Une histoire sympathique…

Les moins

  • …qui met quand même longtemps avant d’être prenante
  • Aucune refonte graphique
  • Une carte du monde qui rame
  • Une 3D-relief qui arrache les yeux
  • Des doublages moisis
  • Nintendo-Difference

    par Ejis

    le 1 avril 2012 22:00

Une nouvelle génération de consoles est parfois l’occasion pour d’anciens jeux de s’offrir une deuxième jeunesse, voire de s’exporter enfin chez nous, pauvres européens, que les RPG japonais ignorent souvent. La sortie de la 3DS fut donc l’occasion rêvée pour Namco Bandai de ressortir Tales of the Abyss, qui, à l’époque, laissa une plutôt bonne impression parmi les amateurs du genre au Japon et aux États-Unis. L’occasion de voir si ce RPG sorti sur PlayStation 2 a bien vieilli depuis 2005, et d’en vérifier la qualité du portage.

Luke, je suis… un peu confus

Tales of the Abyss est un RPG japonais, avec ce que cela suppose de stéréotypes. Et force est de constater que les habitués ne seront pas très surpris par la structure ô combien convenue de l’histoire. Le jeu met en scène Luke, jeune prince de l’Empire de Kimlasca, âgé de 17 ans, maintenu en captivité depuis sept ans dans le château de ses parents, afin qu’il demeure en sécurité depuis son enlèvement par l’empire voisin de Malkuth, à la suite duquel il a perdu la mémoire. Il mène une vie confortable, jusqu’à ce qu’une mystérieuse fille le téléporte accidentellement hors du château. Ainsi commence l’aventure du protagoniste, qui découvrira le monde dans lequel il vit, ainsi que son passé. L’histoire est composée de trois parties, dont les deux premières sont laborieuses, parfois à la limite du soporifique. Non pas que le monde et les réflexions qu’il engendre soient mauvais, mais dès le départ, le joueur est asséné d’une diarrhée de noms qui complexifient l’immersion.

Du coup, il se laisse porter sans vraiment comprendre les enjeux de ce qu’il accomplit, et ce n’est qu’à la troisième phase que tout commence à bien être intégré. Cela tombe bien, car si les deux premières sont assez molles et confuses, remplies d’allers-retours, avec toutefois quelques passages intenses, la troisième est riche en moments de bravoure. Il est cependant dommage de devoir l’attendre pour justifier les événements précédents. Et ce n’est pas l’absence de traduction française des très nombreux dialogues qui mettra tout le monde à l’aise. Car oui, le jeu est uniquement en anglais. Quant aux six personnages qui accompagnent Luke, ils n’échappent pas aux clichés, mais leur développement les sauve. En somme, l’histoire de Tales of the Abyss est intéressante, pour peu que le joueur soit patient. Elle l’occupera une quarantaine d’heures en moyenne. Il faut toutefois savoir que sitôt le jeu terminé, il est possible de commencer une nouvelle partie en conservant ses acquis.

Un système dans les règles de l’arte

Comme dans la majorité des jeux du même genre, Tales of the Abyss est composé de deux couches : l’exploration et les combats. Dans la première, le personnage visible est celui placé à la tête du groupe. Il se déplace, à l’aide du pad circulaire, dans des villages, des forêts, des montagnes, des grottes, etc. Dans les villages se trouvent les habituelles auberges et échoppes pour se restaurer et acheter des équipements ou des objets. Quelques quêtes annexes peuvent y être effectuées, bien qu’elles ne soient pas d’un très grand intérêt, comme celle où il faut ranger une maison. À un certain stade de l’aventure, le groupe se voit rejoint par Mieu, une petite bestiole qui peut cracher des boules de feu ou percuter des objets, ce qui s’avère utile lors de certaines phases où il faut résoudre des puzzles. Ces derniers, sans pour autant être de vrais casse-têtes, se trouvent être de bons petits défis. Cependant, il est parfois difficile de viser avec les boules de feu. Sur la carte du monde, comme le veut la tradition, il est possible d’utiliser un bateau et un engin volant une fois que le groupe en aura fait l’acquisition. Les déplacements se font sans difficulté, et la caméra automatique dans les différentes zones fait bien son travail, tandis qu’elle peut être contrôlée sur la carte du monde. Dans certaines zones se trouvent des ennemis, visibles, qui déclenchent un combat si on les touche.

Les combats se font en temps réel, et impliquent quatre personnages, normalement présents selon l’ordre dans lequel ils ont été classés. Lesdits personnages se déplacent librement sur la zone, et le premier du groupe est contrôlé par le joueur, tandis que les autres sont régis par l’intelligence artificielle, selon des modes de comportement préalablement définis, par exemple « attaquer » ou « soigner ». Ils peuvent être intervertis durant le combat, ce qui permet de contrôler un autre combattant. Les déplacements sont plutôt simples, en dépit de sauts en diagonale difficiles à faire. Il s’agit principalement de frapper l’ennemi visé et de se défendre si besoin. Bien entendu, les combattants peuvent utiliser des objets en toutes circonstances depuis le menu. Une fois la barre d’« Over limit » pleine, le personnage peut devenir plus fort pendant un certain temps.

Le monde de Tales of the Abyss est constitué de particules sonores du nom de « fonons », qui représentent chacun un élément donné. Ils donnent aux humains le pouvoir d’utiliser des techniques appelées les « fonic artes », qui vont du coup porté en avant à la pluie d’éclairs, en passant par les sorts de soin. En combat, les artes sont disponibles via le menu, mais quatre boutons de raccourci bien pratiques placés sur l’écran tactile permettent de gagner du temps. Certaines artes ont un élément assigné, ce qui permet de déclencher des attaques élémentaires si le lanceur se trouve sur un « field of fonons ». Il s’agit de cercles qui apparaissent sur le terrain après qu’une arte a été lancée. Les artes de soin peuvent être utilisées hors combats.

#row_end
Le système de combat est très bien pensé, et offre un large éventail d’actions au joueur, puisque son style de combat dépendra du personnage qu’il aura placé en premier dans groupe. Certains combattent à l’épée ou aux poings, d’autres avec des projectiles. Bien sûr, chacun a des types d’artes différents, ce qui incite à bien choisir ses combattants afin de ne pas se retrouver déséquilibré. Malgré toutes les possibilités, il n’est pas rare de se retrouver à simplement taper frénétiquement sur le bouton A jusqu’à la fin de la joute. Bien que cela soit vrai pour les combats ordinaires, il faut cependant rester très attentif lors des combats de boss, et bien surveiller l’état des personnages, faire attention aux artes qu’ils utilisent, voire aux « fields of fonons » qui peuvent apparaître. Le groupe peut se retrouver dans une situation désavantageuse à la moindre inattention.

Les menus répondent aux codes du genre, avec des catégories plutôt classiques. S’y trouvent les indispensables objets, classés par groupes, tels que les objets normaux, les armes, les armures, ou encore les ingrédients. Il y a également un coin stratégique, la gestion des artes, tout comme des fichiers de sauvegarde. Une bibliothèque donne accès au journal de Luke, afin de savoir où on en est et où on doit se rendre, ainsi qu’au plan du monde. Et comme dans d’autres jeux de la série, un menu dédié à la cuisine est présent. La cuisine consiste à suivre des recettes qu’il faut collecter un peu partout dans le monde. C’est là qu’interviennent les ingrédients, qui peuvent être achetés dans chaque ville, puisqu’ils sont nécessaires à la création d’objets curatifs. Dans le menu « Cooking », donc, il est possible de demander à un personnage de travailler sur une recette, voire d’assigner une recette à un des quatre raccourcis qui s’affichent sitôt un combat gagné. Ce système peut être intéressant, mais il est quelque peu facultatif, puisque les objets de soin achetés en magasin font l’affaire dans la majorité des cas. Les menus sont donc bien organisés et lisibles. Il est toutefois dommage qu’ils ne fassent pas usage de l’écran tactile, mis à part pour accéder rapidement à certains sous-menus depuis des écrans donnés. Mais ce n’est malheureusement pas là que le portage de Tales of the Abyss sur 3DS pèche le plus.

Comme portage, on a vu Mieu

Il y a des studios qui s’appliquent à porter un vieux jeu tout en l’adaptant à la console à laquelle il se destine, qui reprennent le matériau d’origine pour en améliorer le rendu, arrivant parfois à le sublimer. Namco n’en fait pas partie. Les graphismes sont exactement les mêmes que sur PlayStation 2. Malgré le charme du style, proche du cell shading, il faut dire que les textures ne font pas honneur à la 3DS, tant elles sont baveuses. La carte du monde est outrageusement simpliste, et alors que la caméra tourne, les modèles 3D, pourtant ingrats, apparaissant parfois avec un décalage notable. Et comme si ce n’était pas suffisant, la carte du monde rame. Faire tourner la caméra et marcher dans les zones forestières est pénible, et on peine à croire que le jeu tourne sur 3DS, alors que de bien plus beaux jeux sur la même console sont si fluides en comparaison. Certaines scènes sous forme de dessin animé viennent ponctuer l’aventure, et sont agréables à regarder, malgré des voix difficiles à entendre et quelques petits crachements probablement dûs à la compression, notamment dans la cinématique de fin. Elles ne sont pourtant pas en relief.

La version de Tales of the Abyss sur 3DS sait se faire détester des myopes avec ses textes minuscules. Mais à vrai dire, tout dans ce jeu semble trop petit, du fait d’une caméra parfois trop éloignée, rendant certains éléments difficiles à distinguer. Une tare quand un élément que l’ont doit chercher mesure seulement quelques pixels de haut. Certains angles auraient peut-être dû être rapprochés. Même les couleurs trahissent un portage fait dans l’urgence. Elles sont en effet ternes, comme quand un jeu DS est lancé sur 3DS, du fait d’un écran aux couleurs normalement plus vives sur cette dernière. L’ensemble paraît tellement délavé qu’il n’est pas toujours évident de distinguer l’animation des visages. Il suffit de comparer avec la version d’origine, beaucoup plus colorée, pour s’en apercevoir. Namco n’a pas cependant pas oublié d’utiliser l’écran stéréoscopique de la console, puisque le jeu est bien en 3D-relief. C’est à peine caricaturer que de dire que l’effet est sur deux plans : le texte au premier, le jeu au second. Il est alors impossible de focaliser sur quoi que ce soit. C’est tellement insupportable que le joueur qui tient à ses yeux désactivera le relief par peur de se retrouver à loucher dans la vraie vie. En définitive, ce portage de Tales of the Abyss est très paresseux, et ne réussit même pas à employer correctement le principal intérêt de la 3DS.

Pas vraiment un chef-d’œuvre fonic

Le son ne nécessitait pas trop d’arrangements du point de vue technique, mais les doublages, en anglais, sont quand même assez mauvais, hormis peut-être ceux d’un ou deux personnages. Les doubleurs ont fait le strict minimum, et il est regrettable de ne pas pouvoir profiter des voix japonaises, pourtant bien meilleures. Quant aux musiques, les thèmes sont, pour la grande majorité, de Motoi Sakuraba, qui déjà à l’époque devenait sa propre caricature, abusant des instruments virtuels et gavant son répertoire de musiques pseudo-symphoniques qui reposent bien trop souvent sur ces flatulences cuivrées dont il a développé la recette depuis les Baten Kaitos. Quelques thèmes de combat sortent de l’ennui, mais ils sont trop rares, alors que Sakuraba est pourtant si talentueux dans le répertoire du rock progressif. D’autres musiques plus discrètes sont correctes, mais pas forcément mémorables, tant les tics du compositeur finissent par être repérables. L’ensemble n’est pas désagréable, mais on est loin de toucher au sublime, et le compositeur, probablement exténué par les commandes du studio, montre des signes de fatigue. Il semble s’être bien ressaisi récemment, cependant.

Il aura fallu attendre une version sur 3DS pour enfin voir cet épisode débarquer en Europe. Les qualités intrinsèques de Tales of the Abyss en font un jeu que les fans de RPG japonais peuvent acquérir, car ils devraient passer un bon moment. Mais ils devront toutefois accepter d’être moins bien servis que s’ils l’avaient été sur PlayStation 2 il y a 5 ans, tant les efforts réalisés sur ce portage s’avèrent dérisoires pour une console comme la 3DS. De plus, ils ont intérêt à bien avoir potassé leur anglais, parce qu’ils n’auront pas d’autre option. En somme, c’est une bonne opportunité, mais Namco pouvait mieux faire.

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