Test de Bayonetta 3 sur Nintendo Switch

En résumé

  • Sorties :
  • 28 Octobre 2022
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  • 28 Octobre 2022

L'avis de Kayle Joriin

Lors de ses premières aventures, Bayonetta avait la petite vingtaine. Talentueuse, enthousiaste, sûre d’elle, elle avait l'insolence de la jeunesse, mais manquait encore d’expérience. Dans le second épisode, notre héroïne avait la trentaine bien tassée. Plus mature, ayant su cultiver ses qualités et travailler sur ses défauts, elle n’avait rien perdu de sa prestance et de sa combativité, mais surprenait sans doute un peu moins qu’à ses débuts. Avec Bayonetta 3, notre sorcière préférée est en pleine crise de la quarantaine et invoque sans honte le démon de midi, enchaînant les univers parallèles comme on fait la tournée des bars et changeant de partenaire démoniaque comme de tenue. Un lâcher-prise cathartique qui lui permet d’assumer certains sentiments longtemps enfouis et de faire le point sur ses véritables priorités alors que la relève tape à la porte avec insistance. L’appréciation de cette nouvelle Bayonetta dépendra donc de ce qu’on attend de la franchise et d’un jeu PlatinumGames en général. Mais si on pourra tout à fait préférer la sereine maîtrise dont faisait preuve le précédent épisode, les facilités narratives et l'exubérance chaotique de ce troisième volet ne doivent pas faire oublier qu’il s’agit d’un excellent beat them all solo, à faire sans hésitation, quitte à être peut-être déçu.

Les plus

  • Une Bayonetta totalement décomplexée
  • Grande variété de situations et de phases de jeu
  • Gameplay beat them all toujours solide
  • Mise en scène plus impressionnante que jamais
  • La Mascarade de l’Umbra : classe et utile
  • Contrôler directement ses démons pour mettre le boxon
  • Jeanne en mode infiltration, ça change
  • Chouchou et Viola envoient du bois
  • Une bande-son de folie
  • Pas mal de contenu annexe pour une bonne durée de vie
  • Loin d’être vilain et globalement fluide

Les moins

  • Parfois sacrément bordélique
  • Certaines scènes vont clairement faire râler
  • Les phases alternatives ne plairont pas à tout le monde…
  • … d’autant que tout n’est pas forcément réussi
  • Des zones plus ouvertes, mais sans grand-chose à y faire
  • Techniquement, la série montre ses limites sur Switch
  • Certains designs ont toujours du mal à passer
  • Plus de mode Double Apothéose
  • Nintendo-Difference

    par Kayle Joriin

    le 11 septembre 2023 14:00

Il se sera écoulé pratiquement cinq ans entre l’annonce de Bayonetta 3, lors des Game Awards 2017, et la parution du titre sur Nintendo Switch le 28 octobre 2022. Une demi-décennie durant laquelle PlatinumGames et Nintendo auront été plutôt discrets sur le jeu, préférant mettre en avant d’autres productions du studio d’Osaka disponibles sur la petite console hybride, comme les deux premiers Bayonetta, Astral Chain, The Wonderful 101 : Remastered, Sol Cresta ou encore le portage inespéré de Nier : Automata. Quant au troisième chapitre des aventures de la célèbre sorcière, il aura dû attendre la rentrée 2021 pour bénéficier d’une première vraie bande-annonce et la communication ne s’est réellement accélérée qu’à partir de juillet 2022 ; les dernières semaines étant d’ailleurs marquées par une polémique sur le doublage de l’héroïne. Accueilli avec enthousiasme par la critique, Bayonetta 3 a toutefois divisé sa fanbase depuis sa sortie : la majorité étant satisfaite, tandis qu’une minorité significative a clairement manifesté sa déception. Alors, épisode de trop ou GOTY incompris ? Il était plus que temps de vous donner notre humble avis sur la question.


Artwork de Bayonetta 3


La mort de Bayonetta


On ne va pas se mentir, l’histoire n’est généralement pas l’aspect le plus important dans un beat them all et la série de PlatinumGames n’a jamais été une référence en la matière. Privilégiant les moments de bravoure, les poses aguicheuses et les répliques mordantes, les deux premiers volets proposaient ainsi une narration assez décousue, voire un tantinet confuse, même si on pouvait noter une amélioration dans Bayonetta 2. Bien que plus nuancé que son prédécesseur dans le traitement de certains personnages, ce second opus n’était cependant pas exempt de défauts, entre un acolyte tête-à-claques et un grand méchant pas franchement charismatique. Pourtant, c’est bien sur le plan scénaristique que Bayonetta 3 a fait grincer des dents et continuera sûrement à le faire.

Il faut dire qu’après avoir manipulé le temps et nous avoir baladé au sein de la Trinité des Réalités, composée du Paradis, de l’Enfer et du Monde du Chaos (où vivent les humains), on pouvait se demander comment la licence allait réussir à se renouveler et à grimper encore d’un cran sur l’échelle du décrochage de mâchoire. D’autant que l’épilogue de Bayonetta 2 semblait reboucler parfaitement avec le préambule du premier épisode, donnant lieu à un diptyque relativement cohérent et laissant peu d’indices quant à une éventuelle suite. Il aura donc fallu attendre juillet 2022 pour découvrir enfin l’option choisie, à savoir celle, un tantinet casse-gueule, des univers parallèles. Un concept que le jeu éprouve d’ailleurs d’emblée en nous faisant assister à la mort de notre héroïne préférée des mains d’une sombre entité contre laquelle ses pouvoirs semblent inefficaces.

Image de Bayonetta 3


What lies in the Bayoverse


Cela dit, il n’y a pas d’inquiétude à avoir puisque la Bayonetta que l’on voit périr après seulement quelques minutes n’est évidemment pas « la nôtre », mais une version alternative venant d’un autre univers ; en témoigne son look, directement issu du titre original de 2009. En revanche, ce drame est l’occasion d’introduire le personnage de Viola, une apprentie sorcière punkette qui va tenir un rôle prépondérant dans la suite des événements, en expliquant d’abord à la Team Bayo pourquoi la ville de New-York est en train de se faire copieusement démolir par une bande de créatures trans-dimensionnelles un brin énervées, dont l’origine ne semble a priori ni angélique, ni démoniaque. Et pour cause : le danger vient cette fois-ci de l’humanité.

Image de Bayonetta 3Ces nouveaux adversaires, nommés Homunculi, sont en effet des êtres artificiels créés par un certain Singularity dans le but d’anéantir les innombrables versions du Monde du Chaos formant le Multivers, de s’approprier leur pouvoir et de détruire ainsi la Trinité des Réalités. Or, le boulot semble déjà bien avancé et le seul espoir d’empêcher cette apocalypse programmée nécessite désormais de porter le combat au sein de l’Alphavers, le monde d’origine de Singularity. Bayonetta et Viola vont donc se rendre sur l’Île de Thulé afin d’accéder aux univers résistant encore à l’envahisseur et d’y dénicher cinq Rouages du Chaos. Quant à Jeanne, elle devra secourir le scientifique Midmyers Sigurd, seul capable d’utiliser lesdits Rouages pour atteindre l’Alphavers.

Image de Bayonetta 3


Ma sorcière bien-aimée


L’ironie de la situation, c’est que ce gloubi-boulga cosmogonique apporte en réalité un semblant de cohérence à une narration toujours assez décousue et constitue une formidable excuse pour multiplier des situations extravagantes sans trop se soucier de la logique. On peut dès lors passer du Japon moderne à la Chine médiévale, en passant par l’Égypte ou même l’avenue des Champs-Elysées sans que cela ne choque outre mesure, puisqu’il s’agit finalement d’univers parallèles. Des univers dans lesquels on croisera bien entendu des versions alternatives de Bayonetta et de ses comparses, prétexte à la découverte de nouvelles tenues, de nouvelles armes et de nouveaux démons.

Si la suspension volontaire d’incrédulité doit parfois fonctionner à plein tube, et qu’il est probable que tout le monde n’accroche pas au délire, force est de constater que la variété apportée n’est pas déplaisante et que la Team Little Angels a pu laisser parler sa créativité, aussi bien en termes de mise en scène que de gameplay. Le souci, c’est qu’en parallèle, le développement des personnages et de leurs relations peut surprendre, voire carrément décevoir. Certaines révélations sont cousues de fil blanc et on les sent venir à des kilomètres, mais d’autres peuvent donner l’impression de sortir un peu de nulle part, et ce, malgré les indices que les précédents jeux ont pris le temps de distiller au fil des années au sujet de la psychologie des principaux protagonistes et de leur évolution possible.

Image de Bayonetta 3

Derrière la langue acérée et l’attitude désinvolte de l’héroïne, on pouvait notamment déceler une certaine tendresse pour ses alliés, ainsi qu’une empathie pour les plus faibles. Le problème, ici, n’est donc pas tant au niveau du fond que de la forme, avec un changement de ton assez étonnant durant les deux derniers chapitres et une intrigue qui accélère brutalement alors qu’elle avait plutôt tendance à ronronner jusque-là. Une approche plus subtile et progressive aurait sans doute permis de mieux faire passer la pilule auprès des réfractaires. Toutefois, difficile d’être surpris devant la manifestation de sentiments depuis longtemps suggérés, surtout lorsque les origines de Viola finissent par devenir franchement évidentes.


Schrödinger’s Witch


Au-delà de l’aspect purement relationnel, d’autres révélations ont en revanche un impact plus structurel sur la série et sont susceptibles de remettre en cause les liens unissant ses différents épisodes. Une scène du combat final risque en particulier de jeter le trouble dans l’esprit des fans et de donner l’impression que les développeurs cherchent à embrouiller davantage la toile qu’ils tissent depuis plus d’une dizaine d’années. La surprise est un peu éventée par des indices glanés dans les descriptions de certaines armes optionnelles, déblocables grâce aux sauvegardes des deux premiers épisodes, mais encore faut-il avoir la curiosité de fouiller dans les menus.

Dans tous les cas, il est sans doute plus sage de ne pas tirer de conclusions trop hâtives. Déjà, car la franchise de PlatinumGames n’a, comme nous l’évoquions précédemment, jamais été un modèle de rigueur scénaristique et qu’il ne sert à rien de pousser trop loin la quête de sens. Ensuite, car le principe même de Multivers permet de justifier toutes les fantaisies et que Bayonetta 3 en profite allègrement, se moquant souvent des éventuelles incohérences que cela peut générer. Il est donc légitime de penser que les événements en question n’ont pas de réelle incidence sur le continuum de la trilogie et constituent juste une manière de nous en mettre plein la vue.

Il en va différemment de la conclusion et de l’épilogue de l’aventure qui laissent peu de place au doute. Et là, chacun verra midi à sa porte, accueillant les ultimes révélations avec bienveillance ou amertume. On ne peut toutefois nier que les choix réalisés ici par les développeurs ouvrent grand le champ des possibles pour l’avenir. C’est en effet la première fois depuis le début de la série que se dessinent des scripts crédibles pour d’éventuelles suites ou spin-off. En témoigne l’annonce, lors des Game Awards 2022, puis la sortie, le 8 mars dernier, de Bayonetta Origins : Cereza and the Lost Demon, une préquelle dont le gameplay et la direction artistique prennent une direction diamétralement opposée à celle des épisodes principaux. Pas forcément étonnant lorsqu’on a déjà joué au chapitre secret du troisième opus, mais cela montre que PlatinumGames est bien décidé à développer l’univers de son héroïne iconique.

Image de Bayonetta 3


The Demon Within


Après cette longue digression sur le scénario, il est maintenant temps d’évoquer un peu ce que donne le jeu, manette en main, car les Bayonetta sont d’abord d’excellents beat them up, aussi jouissifs à jouer qu’à regarder. Les fondements du système de combat n’ont d’ailleurs pas changé depuis 2009 et on retrouve donc un bouton pour les attaques à distance, un pour les coups de poing, un pour les coups de pied, un pour le saut et un pour l’esquive, sachant qu’un bon timing lors de l’exécution de celle-ci ralentit le temps grâce à l’Envoûtement. À cela s’ajoutent les subtilités habituelles, comme les techniques spéciales à débloquer, divers artefacts à équiper et des objets consommables qu’il est possible d’acheter ou de synthétiser directement à partir de composants de base.

Et puis, il y a évidemment les différentes armes qu’on peut acquérir au fil de l’aventure et qui influent directement sur l’impressionnant panel de coups proposé. Dans Bayonetta 3, à l’instar de ses prédécesseurs, on débute avec un traditionnel quatuor de flingues – deux dans les mains et deux accrochés aux talons – aimablement fournis par ce bon vieux Rodin. Cependant, notre arsenal va rapidement se renforcer et s’il n’est désormais plus possible d’associer des armes différentes aux poings et aux pieds, c’est parce que chacune d’entre elles est lié à un démon capable de seconder notre sorcière grâce à la Mascarade, une technique lui permettant de revêtir une forme hybride particulièrement stylée.

Image de Bayonetta 3

Ces transformations peuvent avoir lieu automatiquement durant un combo, en utilisant l’une des techniques spéciales précitées, ou bien en déclenchant une puissante attaque de rage une fois la jauge correspondante remplie. Elles remplacent également les métamorphoses en corbeau (lors d’un double saut) ou en panthère (lors d’un sprint) des précédents épisodes, tout en ouvrant des possibilités de mouvements accrues. On peut citer par exemple la capacité à marcher sur les murs ou sur la lave, bien utile pour explorer des environnements plus ouverts que jamais. Il faut toutefois noter qu’un certain nombre de ces aptitudes nécessitent d’être d’abord débloquées par le biais d’un arbre de compétences spécifique à l’arme concernée et à son démon tutélaire.


C’est qui la patronne ?


La participation de Madama Butterfly, de Gomorrah et de tous leurs petits copains de l’Enfer ne se limite d’ailleurs pas uniquement à l’amélioration de l’arsenal de Bayonetta, ni à des exécutions sanglantes et autres coups d’éclats ponctuels lors de cinématiques comme cela pouvait être le cas auparavant. Désormais, ils peuvent aussi être invoqués sur le terrain grâce à la danse de soumission. Ils sont alors directement contrôlables et disposent de leur propre panel de coups qu’on peut enrichir en cours de partie. Si leurs interventions sont très utiles contre certains ennemis imposants, afin de faire le ménage parmi la marmaille ou bien pour résoudre de petites énigmes ponctuelles, elles doivent néanmoins faire l’objet d’un minimum de prudence.

Image de Bayonetta 3

Au-delà du fait qu’elle vide rapidement la jauge de magie, cette nouvelle technique, qui remplace accessoirement l’Apothéose de l’Umbra du second épisode, laisse en effet notre héroïne totalement vulnérable à l’ennemi puisqu’elle doit rester immobile pour diriger son démon. Or, la caméra ayant tendance à se focaliser sur la grosse bestiole en arrière-plan, la visibilité s’en trouve réduite et il est facile de se faire surprendre par un adversaire situé en dehors de l’écran. Malgré leur puissance, nos démons ne sont en outre pas invulnérables et encore moins infaillibles. Ils peuvent ainsi se faire mettre KO momentanément et entrent parfois dans une rage les poussant à attaquer tout le monde, sans distinction.


Punk à chat


Tout cela permet au système de combat de ce troisième opus de s’imposer comme le plus copieux et le plus spectaculaire de la série, d’autant que certains chapitres nous offrent des variations bienvenues avec la possibilité d’incarner la punkette Viola, dont le maniement est globalement similaire à celui de Bayonetta à quelques exceptions près. Déjà, elle ne dispose que d’une arme, un katana baptisé Mab Dachi, habité par le démon Chouchou. Si ce dernier peut être invoqué sur le terrain, il agit toutefois de manière indépendante et on peut donc continuer à diriger Viola, celle-ci se battant alors à mains nues. Dernier point d’importance : l’apprentie sorcière ne déclenche pas son Envoûtement en esquivant les attaques ennemies, mais en les parant. Or, cette méthode nécessite un timing nettement plus précis et comprend un risque largement accru de s’en prendre une au passage.

Image de Bayonetta 3

Malheureusement, il faut aussi reconnaître qu’à cause de cette générosité, l’action n’est pas toujours très lisible. Plus encore que par le passé, les affrontements se transforment parfois en un joyeux bordel et on peut avoir l’impression de ne pas contrôler grand-chose. Un peu gênant lorsqu’on tente d’optimiser sa partie pour obtenir un rang de platine pur sur chaque chapitre. Du coup, il est souvent préférable de faire preuve de sobriété dans son approche et de revenir aux fondamentaux, comme les combos de base et l’Envoûtement, ce qui n’empêche pas de claquer une petite invocation rapide à la fin d’un l’enchaînement, histoire d’enfoncer le clou (ou l’ennemi).


The Wonderful Chain


Si la baston constitue bien entendu le cœur de l’expérience, la série a également pour habitude de proposer divers petits à-côtés, avec des stages bonus, des actions contextuelles lors de certaines cinématiques et même un soupçon d’exploration permettant de dénicher des objets cachés ou des combats optionnels. Tout cela est bien présent ici, mais tandis que Bayonetta 2 affinait sa formule afin de se débarrasser du superflu et de l’agaçant, au risque de paraître un peu trop sage par rapport à son grand frère ou à l’exubérant cousin The Wonderful 101, le troisième opus prend la direction opposée en laissant libre court à la créativité de ses développeurs.

Image de Bayonetta 3

Dans l’absolu, la structure de l’aventure, d’abord subdivisée en chapitres puis en versets (obligatoires ou optionnels), reste fondamentalement linéaire. En revanche, les lieux traversés alternent régulièrement entre des couloirs et des zones bien plus ouvertes, propices à la balade, ainsi qu’à quelques petites énigmes et autres séquences de plateforme. Pour être honnête, cela ne révolutionne pas spécialement les choses par rapport au précédent volet, dans lequel soufflait déjà un petit vent de liberté appréciable. D’autant qu’il n’y a pas forcément davantage de choses à faire dans les environnements les plus vastes, ce qui peut paradoxalement donner une certaine impression de vide. On peut toutefois saluer cette volonté de nous offrir un peu plus de variété en termes de rythme, à la manière de ce que pouvait faire un Astral Chain.

Image de Bayonetta 3Au-delà de sa structure, Bayonetta 3 se caractérise d’ailleurs aussi par une abondance de phases de jeu alternatives, généralement réussies, bien que parfois un peu perturbantes. Cela va d’une session de Gomorrah-surf sur des gratte-ciels en plein effondrement à une course-poursuite en locomotive démoniaque, en passant par des combats de kaiju ou du rhythm game. Et puis, il y a ces sympathiques interludes en 2,5D nous mettant dans la peau de Jeanne alors qu’elle doit infiltrer un mystérieux complexe pour délivrer le fameux Sigurd. De quoi varier là encore les plaisirs, sans atteindre pour autant le niveau de diversité de The Wonderful 10. Sans compter qu’à force de multiplier les expérimentations, le jeu prend le risque de mécontenter, au moins temporairement, une partie de son public avec des passages moins réussis ou en tout cas plus clivants.

Image de Bayonetta 3


À quand la Switch Pro ?


Si ce nouvel épisode prend régulièrement le contre-pied de son prédécesseur, que ce soit en termes d’histoire ou de gameplay, il reste néanmoins dans son sillage pour ce qui est de la réalisation et ne constitue pas forcément une évolution technique majeure pour la série. Non pas qu’il manque d’ambition, mais les développeurs de PlatinumGames semblent avoir encore du mal à tirer la quintessence de la petite console hybride, à moins qu’elle n’ait tout simplement plus les reins assez solides pour encaisser. Tout en restant globalement agréable à regarder, une partie non négligeable de l’attrait du titre vient donc surtout de la mise en scène et des situations abracadabrantesques dans lesquelles elle nous place.

Image de Bayonetta 3Quand on y regarde de plus près, le résultat est en revanche plus mitigé, alternant régulièrement entre le superbe et le vieillot. Certaines textures et modélisations sont par exemple franchement datées, tout comme ces PNJs humains ultra-génériques montrés dans la séquence d’introduction. Même chose pour les décors de l’Île de Thulé que l’on explore entre deux voyages dans des univers parallèles et qui s’avèrent particulièrement ternes en comparaison des autres environnements parcourus. Quant au design des personnages et des monstres, il est probable qu’il ne fasse, une nouvelle fois, pas l’unanimité. Les principaux protagonistes sont ainsi plutôt bien traités et bénéficient de petits détails supplémentaires, notamment au niveau des visages. Les choses sont toutefois plus compliquées concernant les adversaires, qu’ils soient démons, anges ou Homunculi, certains ne ressemblant honnêtement pas à grand-chose.

Heureusement, le jeu reste globalement fluide bien qu’il n’atteigne que rarement les 60 images par seconde – contrairement à ce qu’on a parfois pu lire. On se situe sans doute davantage aux alentours des 40 ou 50 fps en moyenne, avec quelques chutes lors des scènes les plus chargées. Pas si mal dans l’absolu, mais au vu des effets de flou constatés en certaines occasions, il est probable que la définition d’image en prenne parfois un coup afin de conserver un framerate acceptable. Rien à redire, par contre, en ce qui concerne l’excellente bande-son, mêlant reprises de pistes iconiques des précédents épisodes et compositions inédites parmi les meilleures de la série. On pense notamment au thème principal (Whispers of Destiny) et à celui de Viola (Ghost) dont l’écoute fiche une énorme patate. Quant aux doublages, ils restent de très bonne facture, aussi bien en anglais qu’en japonais, bien que les fans de la première heure regretteront sans doute l’absence d’Hellena Taylor. Une absence que l’auteur de ses lignes n’a pas forcément remarquée puisqu’il a opté pour les voix nippones.


Apothéose Solo


Tout cela fait de Bayonetta 3 un jeu d’excellente facture, mais également un titre imparfait et fatalement clivant, donnant lieu à une expérience quelque peu schizophrène et ne laissant clairement pas de marbre durant la quinzaine d’heures que dure l’aventure. Découvrir l’ensemble des versets optionnels, débloquer toutes les compétences, remplir les missions annexes de chaque niveau ou y dénicher les larmes de l’Umbra afin d’accéder à leur versions chaotiques, trouver les clés ouvrant la voie au fameux chapitre secret, enchainer les parties dans le mini-jeu de Jeanne, survivre aux épreuves des sorcières ou bien acheter l’ensemble des équipements et des objets proposés par Rodin, tout cela constitue néanmoins un ensemble d’objectifs secondaires qui peut facilement tripler la durée de vie de base. Et on ne parle même pas de toute la dimension scoring !

Image de Bayonetta 3Malheureusement, et c’est sans doute le plus gros regret que nous pouvons avoir en termes de contenu, ce troisième volet reste uniquement jouable en solo. Adieu donc le génial mode Double Apothéose du second opus, sur lequel nous avions passé presque plus de temps que sur l’histoire principale. Et aucune alternative n’est ici proposée pour s’amuser à plusieurs. C’est d’autant plus dommage qu’avec la variété de ses phases de gameplay, certes parfois un brin expérimentales, il y avait de la matière pour proposer des épreuves multijoueurs, comme des batailles de kaiju démoniaques (au hasard).

Image de Bayonetta 3

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