En résumé
L'avis de Skyward
Dans l’ensemble Blasphemous 2 est une merveille qui capitalise sur les succès du premier jeu et corrige un grand nombre de ses défauts. Les mondes à explorer sont beaux et fascinants, la maniabilité et l’exploration sont fortement améliorées. La dimension Metroidvania est donc particulièrement sublimée. L’existence de trois armes aux propriétés différentes en combat et en exploration est également très appréciable. Les seuls joueurs qui risquent d’être déçus sont ceux qui appréciaient la difficulté très élevée du premier opus, Blasphemous 2 étant exigeant mais un cran moins difficile. Les boss sont aussi visuellement moins impressionnants pour la plupart, bien que très divertissants, ce qui peut représenter un point négatif.
Les plus
Les moins
par Skyward
le 24 août 2023 13:30
Blasphemous apporta indéniablement beaucoup de fraîcheur lors de sa sortie en 2019. Combinant un système de combat exigeant à la Dark Souls, un style visuel rétro pixelisé et surtout un univers gorissime inspiré du catholicisme espagnol et de l’art andalou, cette pépite développée par The Game Kitchen fut acclamée par la critique. Blasphemous eut même le droit à deux DLC, dont le dernier, Wounds of Eventide, introduisit une nouvelle fin laissant entrevoir la possibilité d’un deuxième opus. C’est désormais chose faite, puisque Blasphemous 2 nous tend les bras. Cette nouvelle aventure préserve-t-elle l’identité unique de la saga ? Apporte-t-elle des optimisations et des idées fraîches ?
Blasphemous 2 démarre un certain temps après les événements du DLC Wounds of Eventide du premier Blasphemous. Le Pénitent, qui semblait avoir enfin trouvé le repos éternel, est tiré du sommeil et forcé de réintégrer un nouveau cycle de mort, résurrection et pénitence. Le Miracle, phénomène de nature divine et pernicieuse, qui déforme de façon grotesque le monde et torture ses habitants au nom de la foi et de la culpabilité, semble se manifester de nouveau. Son retour est marqué par l’apparition d’un embryon géant en gestation au sein d’un cœur suspendu aux nuages, et dont le Pénitent doit empêcher la naissance. Ce dernier doit donc trouver un moyen d’atteindre les cieux en traversant le nouveau monde qui se présente à lui.
Les terres que parcourt le Pénitent ont tant changé depuis le premier opus qu’il est difficile de savoir combien de temps s’est déroulé depuis son trépas. Le phénomène du Miracle semble d’ailleurs avoir presque été oublié par les humains avant sa surprenante nouvelle manifestation. Ainsi, des endroits marquants du premier jeu il ne reste que la cathédrale de la Mère des Mères, qui bien qu’elle fût un temps au centre des intrigues, n’est désormais plus qu’une structure en ruines enfouie profondément sous terre. La plupart des lieux que le joueur découvre dans Blasphemous 2 sont donc nouveaux et débordent fortement de créativité. Le Pénitent doit traverser par exemple une tour inversée d’où s’écoulent des flots de cire incessants, un palace oriental dont il est possible de visiter le reflet dans un lac, et une basilique translucide remplie de tableaux aux visages arrachés. Les lieux et la mythologie s’inspirent toujours de l’Andalousie et de l’imagerie chrétienne, et stimulent l’imaginaire par une beauté et une horreur que peu d’autres jeux se permettent.
Comme dans Blasphemous, le Pénitent rencontre un bon nombre de PNJ aux histoires les plus terrifiantes et désolantes les unes que les autres, comme un père puni pour avoir volé le sein de sa femme décédée pour nourrir son enfant, ou une pêcheresse condamnée à soutenir les murs d’une chapelle en cours d’effondrement à la force de ses épaules pour avoir désacralisé une effigie sainte. On ne peut s’empêcher de ressentir de la pitié pour ces personnes au fond très humaines et du dégoût pour les punitions divines démesurées que leur fait subir le Miracle. Le set de personnages est aussi neuf que les lieux, il y a donc beaucoup de nouvelles personnes à découvrir et de souffrances à soulager.
Les visuels sont sublimes, présentant une amélioration par rapport au premier jeu, avec de meilleures animations et plus de détails. La musique n’est certainement pas en reste. Bien que les boucles puissent être un poil trop courtes et par conséquent redondantes, chaque lieu possède une identité sonore très marquée. Dans certains donjons, comme les Sépultures Sacrées ou la Tour Tranchée, la musique se fait épique et donne une sensation d’urgence très stimulante. En revanche, la musique se fait calme et apaisante dans des lieux plus apaisés et tristes, comme la ville de départ. Le doublage anglais est très bon, il est complété d’un doublage intégral en espagnol et le jeu comporte des textes en français, anglais, italien, allemand, espagnol, japonais, portugais du Brésil, russe et chinois (simplifié et traditionnel).
Le côté Metroidvania de Blasphemous 2 est fortement développé par rapport au premier opus. L’exploration est fortement encouragée par la possibilité d’optimiser les capacités et compétences du Pénitent en résolvant des quêtes secondaires. L’accès aux différents lieux n’est pas seulement conditionné par le fait de vaincre des boss, mais aussi par l’obtention des trois armes disponibles dans le jeu (qui, en plus de caractéristiques en termes de combat, possèdent aussi des propriétés nécessaires à la traversée des niveaux), ainsi que par le déblocage de compétences spécifiques au Pénitent (possibilité de s’accrocher aux murs, d’effectuer des doubles sauts ou des dashs). Blasphemous 2 possède dans l’ensemble des commandes bien plus fluides que le premier jeu et peut donc paraître plus « facile » pour des raisons de maniabilité. Ainsi, les chutes ne sont plus instantanément mortelles, et s’accrocher aux échelles est beaucoup plus simple, ce qui limite les morts frustrantes et peu intéressantes. Les ennemis possèdent aussi automatiquement des barres de vie. Enfin, plus le jeu et les quêtes secondaires avancent, plus la traversée du monde est facilitée par le déblocage de fonctions avancées de téléportation (quasiment inexistantes au début du jeu).
Les combats ont aussi sensiblement évolué, principalement par la mise à disposition de trois armes aux capacités très différentes. Le joueur est chargé dès le début du jeu d’en choisir une seule, et devra retrouver les deux autres dans la première moitié de l’aventure. Il est ainsi possible de choisir entre une masse très puissante, à la portée longue, et permettant de faire sonner des cloches (qu’on recommandera fortement aux joueurs débutants), un set de dagues rapides, mais courtes et à la puissance plus limitée, permettant de traverser des miroirs (très utile face aux ennemis rapides), et une épée plus classique rappelant le design de la Mea Culpa du premier jeu, permettant également de créer des ondes de choc qui détruisent des obstacles (et qui plaira aux habitués du premier Blasphemous). Ces trois armes permettent de définir son style de combat et d’alterner de façon fluide si nécessaire. Il est également possible, en ramassant des points de martyr, d’améliorer les armes selon un arbre de compétences et de débloquer des combos et des capacités spécifiques pour chaque arme. La maîtrise de ces combos n’est cependant absolument pas indispensable pour finir la partie. Enfin, en plus des armes, le Pénitent trouvera des prières permettant de lancer des attaques magiques à portée plus ou moins longue.
Les ennemis sont dans l’ensemble plus variés que dans le premier jeu, chaque section du monde introduisant entre trois et quatre ennemis originaux qui lui sont spécifiques, en plus du retour de quelques vilains classiques du premier opus. Les combats avec les ennemis standards semblent plus simples que dans le premier jeu grâce à la maniabilité améliorée et à la longue portée permise notamment par la masse, mais de nombreux passages du jeu requièrent d’en affronter une flopée à la fois, ce qui présente un bon challenge. Si cela risque de déplaire aux puristes de la difficulté qui recherchent un gros challenge, cette difficulté ajustée rend le jeu accessible à des publics bien plus variés.
Les boss semblent également un peu moins difficiles dans une certaine mesure, la plupart ne nécessitant pas plus de trois essais pour les vaincre, même pour un joueur de niveau intermédiaire. Ils s’intègrent toujours très bien dans les lieux qu’ils gardent, mais sont dans l’ensemble moins grotesques que dans le premier jeu, et à taille plus humaine. Le premier jeu comportait beaucoup de boss géants qui montraient l’absurdité et l’horreur des créations du Miracle. Si Blasphemous 2 comporte toujours une poignée de boss de ce genre, beaucoup des adversaires sont similaires au Pénitent, requérant donc plus de précision et de mouvement, mais ne comportant pas cette dimension pittoresque que l’on aime chez les boss gargantuesques du premier opus. Cette adaptation se justifie par l’histoire et les boss sont toujours très sympathiques à affronter, mais cela représentera sans doute une petite déception chez certains joueurs.
Blasphemous 2 comporte un grand nombre de quêtes annexes permettant d’optimiser les compétences du Pénitent et incitant à l’exploration poussée de ce nouvel univers. Ainsi, trouver des calices, des fioles et des éclats d’argent permet d’optimiser la santé. Les baisers fervents permettent d’augmenter la ferveur (capacité magique) du Pénitent. Il est possible d’ajouter des nœuds et diverses perles à son rosaire pour débloquer des bonus de combat, et même de transporter des statues en bois qui se débloquent via diverses quêtes et ont des effets très utiles. Enfin, la gestion de la culpabilité du Pénitent est toujours un facteur de relative importance. Plus le Pénitent meurt, plus il accumule de la culpabilité qui lui prodigue des malus, et il est possible de régler le problème en allant voir un confesseur.