Test Nintendo 3DS de Mario & Luigi : Voyage au centre de Bowser + L’épopée de Bowser Jr., le Roi est de retour

Apparue pour la première fois en 2003 sur Game Boy Advance, la série des Mario & Luigi ne s’est jamais interrompue depuis. Qu’ils voyagent à travers le temps, les rêves, le corps de leur ennemi juré ou avec leurs alter ego de papier, le duo iconique semble tout autant prolifique que paresseux. Car, avouons-le, la série semble se complaire dans la facilité depuis quelques opus en ne prenant aucun risque. Mario & Luigi : Les Frères du temps mis à part (la Nintendo DS, son écran tactile et son double-écran apportant de fait de nouvelles manières de jouer), tous ont préféré renouveler le contexte en lieu et place du gameplay, à tort ou à raison. Aussi, à l’annonce d’un énième remake de la franchise, ne faut-il pas s’étonner que les vétérans commencent à ressentir une pointe de lassitude. Avec pas moins de quatre épisodes sur Nintendo 3DS en moins de six ans (dont un inédit, un spin-off et un remake des toutes premières aventures), nul doute que bon nombre d’entre eux fassent l’impasse de ce Mario & Luigi : Voyage au centre de Bowser + L’épopée de Bowser Jr. (que nous surnommerons ridiculement M&L:VB+LBJ tout au long de ce test), la faute également de son hardware proche de la mise au placard. Mérité ?


Un test rédigé par Kalimari.


They see me rollin’, they hatin’

Un étrange fongus, cause de tous les maux du Royaume Champignon, infecte quiconque oserait en ingurgiter. Le nom de cette étrange maladie – la rouliboulite – en dit long sur les grotesques symptômes qui en résultent : le contaminé, dont le corps se gonfle de manière extrême, devient rond jusqu’à ne plus pouvoir se mouvoir correctement. Particulièrement touché par ce fléau, le village des Toads, sens dessus dessous, vit dans la peur et le chaos. Peach, Mario, Luigi et Étoile d’Or (un sidekick bien connu des frangins) organisent alors une réunion d’urgence au château royal. Bowser, évidemment mis sur le carreau, décide tout de même de se rendre à la sauterie. Le roi des Koopa – armé d’une nouvelle capacité lui permettant de tout aspirer – engloutit la Princesse, le duo moustachu, l’astre jaune et quelques convives triés sur le volet. Pire encore, dans l’ombre se tapit un antagoniste bien connu, lequel semble être à l’origine de la rouliboulite et du mal de Bowser. Ses desseins, plus sombres encore que ceux du vil Koopa, obligeront les deux frangins à coopérer avec leur ennemi de toujours.

Comme toujours avec la série des Mario & Luigi, le pitch de base est plus original que le scénario en lui-même. S’il possède une certaine part de sérieux avec son vrai vilain ténébreux, impossible de ne pas penser qu’il s’agit ici des segments les plus ennuyeux de l’intrigue. Le joueur préférera certainement les gags burlesques et les échanges surréalistes qui, tout au long du jeu, ne cesseront de décrocher au minimum un sourire. Luigi, véritable star dans ces traditionnels moments, se voit pourtant voler la vedette par un Bowser surprenant. À la fois bête comme un manche et impatient, le bougon roi maléfique est aussi étonnamment touchant. C’est peut-être même là la plus grande force du titre, lequel ne cesse de le mettre dans l’embarras. Moqué et abandonné de tous, Bowser se révèle au final d’une grande bonté, aussi relative soit-elle. S’il se montre souvent violent envers ses sbires, il les chérit en fait plus que tout et ne cesse de se dépasser pour qu’ils soient fiers de leur maître. La conclusion de l’aventure, touchante, ne peut que mettre du baume au cœur et espérer pourquoi pas, un titre inédit qui lui serait entièrement dédié.

Docteur Mario

Le scénario, très original, influence directement la progression du jeu. En effet, le joueur sera amené à contrôler le duo moustachu à l’intérieur même de Bowser, toujours captif après avoir été aspiré. S’il pourra se déplacer dans plusieurs parties du corps au fur et à mesure qu’il avance dans l’histoire, toutes les zones restent cependant avec une vue en 2D. Très plates-formiques, elles contrastent suffisamment avec la 2D vue de dessus du monde extérieur, plus propices à la réflexion qu’à l’exploration. Car, de l’exploration, il y en aura énormément. En plus des protagonistes à salopette, le joueur devra également contrôler Bowser, héros le temps d’un jeu malgré lui. Dans les faits, il sera impossible de sauter pour atteindre des plates-formes plus élevées, mais capable d’user de flammes ou de coups de poings dévastateurs – pour ne citer que ces actions – afin de se mouvoir au sein des environnements. Au final, pour ceux qui n’auraient connu que l’opus Dream Team Bros., cette scission est peu ou prou la même chose, à la différence que le monde onirique de Luigi est ici remplacé par le corps de Bowser.

La thématique du corps et de sa santé est par ailleurs superbement bien respectée, qu’il s’agisse des décors dans Bowser ou des espèces qui l’habitent. De nombreux personnages non-joueurs (PNJ) prendront par exemple la forme d’Hémoglobing, ces derniers apportant sauvegardes et informations utiles à la place de l’oxygène. Le joueur retrouvera également tout un tas de variantes inédites de Goomba, de Maskass et bien d’autres encore, à l’instar des Goombaryote ou des Pokenotte. À ce sujet, il est tout de même dommageable qu’une fois encore le chara-design des monstres inventés de toutes pièces soient toujours aussi hasardeux. Pour certains d’entre eux, on frôle même la mascotte d’un paquet de céréales, souvent issus d’objets auxquels on aurait collé une paire d’yeux. Enfin, même si les décors extérieurs manquent tout de même cruellement d’identité en dehors de la plage de Kari-Kari, tous les lieux possèdent un nom se rapprochant plus ou moins de la santé, de la médecine ou du corps en général.

Tous les héros ne portent pas de salopette

Tout comme il y a dix ans, M&L:VB+LBJ trouve surtout son intérêt dans son système de combat. Au tour par tour, il s’agit ici d’un mélange de stratégie et de jeu de rythme, façon Paper Mario. Mario et Luigi pourront choisir une action parmi trois types d’attaques, à savoir Saut, Marteau et Attaque Frères (qu’il faut débloquer). Il est évidemment déconseillé d’utiliser une attaque Saut sur un ennemi piquant, tout comme il vaut mieux éviter d’user d’une attaque Marteau sur un ennemi volant. Les Attaques Frères quant à elles sont surpuissantes et répondent rarement à cette même logique, une ou deux exceptions mises à part. Elles demanderont tout de même des PF (Points Frères), une ressource similaire aux plus traditionnels points de mana, le coût demandé variant suivant la technique sélectionnée. Une fois le choix effectué, il faut alors appuyer sur la bonne touche (A pour Mario, B pour Luigi) au bon moment pour infliger un maximum de dégâts. Pour cela, mieux vaut bien observer les animations des personnages et – c’est évident – un peu de pratique.

Cette mécanique de gameplay, fun, dynamique et accessible à tous, se retrouve également dans les options défensives. Pour se protéger, il faudra en effet lire les animations ennemies et en retirer les différents timings, afin d’utiliser le bon outil pour contrer ; il est aussi possible de réduire les dégâts avec un autre bouton. Les premières rencontres sont souvent désastreuses, mais à force d’affrontements, le joueur assimile rapidement les divers coups des monstres. Affichant une variété folle et absolument brillant dans ce qu’il propose, le titre prend surtout de l’envergure dans ses combats de boss. Plus longs, plus difficiles, plus variés (notamment à l’aide de multiples phases), c’est à chaque fois un vrai régal que de se dépasser dans une lutte effrénée. En cas de défaite contre un desdits boss, le jeu proposera de recommencer en mode facile ou non, de quoi éviter la frustration des plus novices. Du côté de Bowser, peu de différences si ce n’est qu’il peut aspirer certains ennemis, pour mieux les envoyer combattre Mario et Luigi. C’est surtout du côté des affrontements titanesques que le Koopa tire son épingle du jeu.


Tortue Géniale

Toujours en guise de comparaison à Mario & Luigi : Dream Team Bros., ces duels s’apparentent aux combats menés par le Luigi géant dans le monde onirique. Dès leur activation, le jeu demande de faire une rotation de la console à 90°, de façon à la tenir comme un livre, les deux écrans se trouvant ainsi à la verticale. Épiques comme jamais, le joueur y contrôle un Bowser colossal aux prises avec des machines ou des bâtisses démesurées à la manière d’une série Super sentai. Stratégiquement pas les plus poussés, ces combats valent surtout le détour pour la mise en scène folle et la prise en main singulière. Toujours aussi appréciable, le jeu met à contribution l’écran tactile et son stylet, de quoi apporter toujours plus de variété à un titre déjà fort généreux en la matière. Généreux, le titre l’est également un peu trop sur la difficulté générale, beaucoup trop facile en dehors d’un ou deux boss. Le constat est encore pire dès lors que le joueur a déjà touché un autre opus de la franchise, ce dernier pouvant être traversé une main dans le slip.

Il ne faudra d’ailleurs compter qu’une vingtaine d’heures pour finir le jeu en ligne droite, plus une demie-dizaine d’autres pour viser le cent pour cent. Il n’y a pas vraiment de post-game, mais plus des quêtes annexes, comme la recherche perpétuelle des fèves. Ces consommables permettent d’améliorer les statistiques des personnages, en plus des bonus définis et à définir à chaque montée de niveau. Ces objets d’aide ne sont en soit pas indispensables, tout comme les bonus passifs déblocables à chaque montée de rang (prédéfinis à un niveau correspondant), les badges, ainsi que les équipements achetables ou gagnables durant des combats. Seuls les objets de soins sont, à la limite, réellement utiles si on peine sur le plan défensif des affrontements. Le reste facilitera les combats plus ou moins grandement suivant le niveau de jeu du joueur. Enfin, il reste encore des mini-jeux de puzzle ou la recherche de collectibles comme les Chablocs, ces derniers conférant une panoplie du même nom et une technique surpuissante.

Le roi des Kooba

Enfin, concluons sur les apports visuels du remake, mais aussi et surtout de L’épopée de Bowser Jr., ce jeu supplémentaire qui rallonge plus encore ce Mario & Luigi. Visuellement, la technique utilisée est évidemment différente, le jeu de base se retrouvant désormais avec l’apparence propre à Dream Team Bros. Qu’on aime ou qu’on déteste, cette nouvelle apparence le rend objectivement plus fin, plus détaillé, mais également plus terne, plus lisse. Certaines régions du jeu ne subissent pas vraiment le contre-coup, mais d’autres, comme la Prairie O’Rayon, en deviennent particulièrement laides. De même, les nouveaux assets des menus ou l’affichage tête haute manquent cruellement de charme, là où les anciens collaient parfaitement à leur direction artistique respective. Fort heureusement, et même si certaines animations sont en deçà des originales, le joueur appréciera les nouvelles cinématiques et l’amélioration générale de la mise en scène, franchement réussies.

Quant à L’épopée de Bowser Jr., il s’agit en fait d’un petit jeu de tactique assez passif où le joueur suit l’histoire du bébé Koopa. Non seulement cet ajout apporte un point de vue différent sur l’histoire du jeu de base, mais il permet également d’explorer un peu plus le caractère de sa figure de proue. Après avoir composé sa troupe de manière futée (chaque sbire appartient à une catégorie soumise à une force et une faiblesse), le joueur laisse le combat se dérouler de manière automatique, n’intervenant qu’à de rares exceptions, comme des QTE ou pour bloquer des attaques ennemies via l’écran tactile. Le rythme y est soutenu, enchaînant cutscenes sur combat, ce qui résulte inévitablement sur une répétitivité certaine. Toutefois, en petites sessions, le tout se montre assez agréable pour en profiter jusqu’au bout et hausser la durée de vie de l’ensemble. Pas indispensable certes, mais toujours bon à prendre.


CONCLUSION : OUI !

Généreux, drôle, fun et accessible au plus grand nombre, Mario & Luigi : Voyage au centre de Bowser + L’épopée de Bowser Jr. ne cesse de régaler celui qui le parcourt, à condition de ne pas avoir trop soupé de la série auparavant. Car, c’est là son plus gros défaut : il s’agit d’un énième remake et du quatrième opus de la franchise sur la même console. Toutefois, si l’appétit du joueur est suffisamment grand, alors il y trouvera une aventure particulièrement addictive. Avec son rythme effréné, sa bande-son dynamique et ses gags à tout va, la dernière ligne droite peut paraître longue et indigeste. Ce serait pourtant oublier qu’il s’agit pourtant d’un des tout meilleurs Mario & Luigi, le fantastique personnage de Bowser y étant pour beaucoup. Les anciens regretteront certainement la direction artistique de l’original, mais dans un cas comme dans l’autre, difficile de bouder son plaisir face à l’excellence de l’un des derniers barouds d’honneur de la Nintendo 3DS. Désormais, impossible de ne pas songer au futur de la série, s’il y a, sur Nintendo Switch. On rêve déjà d’un opus plus beau, plus grand et surtout plus novateur.

LES PLUS : 

+ Bowser, excellent dans un rôle de protagoniste
+ Un rythme effréné et addictif
+ Le scénario, souvent drôle et plein de surprises
+ Mise en scène et cinématiques améliorées
+ Un système de combat amusant, accessible et ingénieux
+ Les combats titanesques, jouissifs
+ Une bande-son entraînante 
+ Une bonne durée de vie
+ L’épopée de Bowser Jr., dispensable, mais agréable

 

LES MOINS :

– Un bestiaire au design toujours aussi hasardeux
– Des environnements qui manquent de personnalité
– Une dernière ligne droite un poil indigeste
– Plus fin et détaillé, mais surtout plus terne et lisse
– Quelques errances dans l’ergonomie
– L’absence de la 3D, encore
– Beaucoup trop facile

_______________________________________________________________

Le système de verdict de Nintendo-Difference repose sur trois niveaux :

– OUI ! (nous recommandons l’achat de ce titre, peu importe quel joueur vous êtes : vous l’apprécierez, à condition de ne pas être hermétique au genre ou à l’univers). Le Oui accompagné du ND Award récompense les titres soit exceptionnels que vous devez acheter quoiqu’il arrive, soit ceux nous ayant provoqué de gros coups de coeur !

– “Peut-être” (nous recommandons de bien lire le test avant d’acheter le jeu, car il peut ne pas correspondre à tout le monde, et ce pour des raisons qui peuvent largement être différentes d’un jeu à un autre). Par exemple, un titre peut être tout à fait exceptionnel et obtenir un “Peut-être” parce qu’il se classe dans un genre de niche qui ne correspondra pas à tout le monde alors qu’un autre pourra s’avérer vraiment moyen et à ne réserver qu’aux puristes du genre ou aux fans inconditionnels (comme dans le cas d’une adaptation par exemple).

– NON (nous ne recommandons pas l’achat de ce jeu). Trop mauvais ou trop cher pour ce qui est proposé.

Nous avons abandonné l’idée des notes, car celles-ci n’aident en rien à faire un choix, avec ce système vous savez si vous pouvez acheter les yeux fermés, s’il faut bien lire le test pour savoir si le jeu peut vous convenir ou s’il faut tout simplement s’enfuir.

  • Nintendo-Difference

    par Draco

    le 7 mars 2019 à 12:46

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  • Sorties :
  • 25 Janvier 2019
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  • 27 Decembre 2018
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