Test Nintendo 3DS de Yo-kai Watch 3, l’opus le plus complet et abouti de la saga

L’univers Yo-kai Watch, né avec la sortie d’un premier jeu en 2013 sur Nintendo 3DS (développé par Level-5) a tout pour plaire aux enfants : un dessin animé et des jeux pleins de petites créatures adorables, de jeunes héros auxquels il est simple de s’identifier, sans compter (marketing oblige) la possibilité d’acheter une Yo-kai Watch en plastique dans la vraie vie pour crâner à la récré. Si au Japon le succès est immédiat, lorsque le jeu est exporté aux États-Unis, c’est le flop. Au fond ce n’est pas vraiment étonnant, puisque cette série est très « japonaise » dans sa philosophie et même une bonne adaptation ne suffit pas à cacher les spécificités culturelles auxquelles les jeunes Américains ont sûrement eu du mal à s’identifier. Le concept même de Yokai (créature du folklore japonais) est notamment complètement inconnu en Occident. En revanche, en Europe, coup de chance : le dessin animé marche du feu de dieu et les jeux se vendent par conséquent plutôt bien. Toujours est-il que Level-5 et Nintendo passent pas mal de temps à sonder les réactions du jeune public occidental face à cette saga un petit peu particulière, et les jeux sortent donc avec beaucoup de décalage par rapport au Japon. On en arrive donc à Yo-kai Watch 3, dont le contenu est une conséquence directe de ce décalage Orient-Occident. Là où les Japonais ont eu trois versions différentes : Sushi, Tempura et Sukiyaki, les Européens n’ont pas à choisir, puisque le jeu vendu chez nous deux ans après la sortie japonaise est une fusion ultime (et supposément parfaite) de ces trois versions. Comment la saga a-t-elle évolué depuis le premier opus ? Est-elle vraiment uniquement appréciable par un jeune public, ou les adultes peuvent-ils aussi y trouver leur compte ?


Un test rédigé par Skyward.

 

Yo-kai Busters

Comme dans les précédents opus de la saga, le joueur incarne un enfant qui se retrouve propriétaire d’une Yo-kai Watch lui permettant de communiquer avec des esprits étranges nommés Yo-kai. Ces Yo-kai sont présents partout, interagissent avec les humains et sont notamment responsables de toutes leurs sautes d’humeur. Certains sont bienveillants, d’autres plus malicieux, mais tous sont ouverts à la possibilité de devenir amis avec le héros. Pour rappel, le jeu est donc un RPG Pokémon-like nécessitant de se lier d’amitié avec des Yo-kai pour pouvoir combattre et avancer dans le scénario. L’histoire suit le quotidien d’un enfant de primaire en vacances d’été. Le jeu est très adapté pour un jeune public, tout reste bon enfant et innocent dans le contenu. On ne capture pas les Yo-kai, on devient copain avec eux par exemple. Ils ne peuvent pas mourir puisque ce sont déjà des esprits (ce qui évite des traumatismes style maman Ossatueur). Heureusement, le jeu ne prend pas les enfants pour des abrutis, ce qui le rend par conséquent également accessible aux adultes, qui seront ravis de retrouver des références à des icones de la Pop Culture que les plus jeunes ne connaissent pas forcément, comme Sailor Moon ou les X-Files.

Particularité notable de ce troisième opus : là où on pouvait auparavant choisir entre incarner une fillette (Katie Forester) ou un jeune garçon (Nathan Adams), il n’y a cette fois pas le choix et le joueur incarne en alternance Nathan Adams, qui a déménagé aux USA, et une nouvelle héroïne qui habite à Granval, ville déjà explorée dans les deux premiers jeux. On peut donc passer d’un personnage à l’autre à n’importe quel moment, et par conséquent de Granval aux USA, ce qui est assez déstabilisant puisqu’il faut gérer la vie de deux héros, deux équipes et deux sets de missions en parallèle. On en profite pour rappeler que contrairement aux jeux Pokémon où chaque génération se déroule dans une nouvelle région avec un nouveau héros, dans Yo-kai Watch l’action se déroule en principe à Granval et il y a toujours la possibilité d’incarner Nathan Adams, certainement pour que les enfants retrouvent une cohérence par rapport au dessin animé dont il est le héros principal. C’est donc très rafraichissant cette fois ci de découvrir de nouvelles villes aux USA, ainsi que les Yo-kai ‘Merican qui s’y trouvent. Les différences entre USA et Japon ne sont pas très marquées à part quelques éléments culturels comme la gastronomie et l’architecture, le gameplay demeurant similaire. Précisons qu’il est indispensable de switcher entre les héros régulièrement puisqu’une mécanique nommée Destin Croisés et qui permet d’avancer dans l’histoire d’un des deux héros ne se débloque que si l’on a suffisamment avancé dans la quête principale de l’autre. L’aventure est farfelue et enfantine, l’ensemble est divertissant et amusant pour tout type de public.

Graphismes et musique

Le jeu est très joli et les graphismes sont léchés. Les cinématiques sont bien fichues visuellement et s’intègrent bien à l’histoire, les environnements sont relativement réalistes et s’inspirent de villes américaines et japonaises.

Les lieux étant finalement assez sobres, la fantaisie est plutôt à trouver au niveau du design des Yo-kai, qui, comme les Pokémon, ont des visuels plus ou moins inspirés. Les Yo-kai étant des incarnations d’émotions ou d’éléments de la nature, ils peuvent prendre des formes très abstraites et certains sont clairement plus jolis que d’autres. Là où certains sont directement pris du folklore japonais comme les kappas, d’autres sont plus conceptuels comme Thépacap, théière qui fait du saut à l’élastique et qui symbolise le fait d’oser faire quelque chose qui nous effraie. Les personnes qui détestent les Pokémon du style Sorbouboule inspirés d’objets du quotidien risquent de haïr la quasi-totalité du Medallium (équivalent du Pokédex).

Musicalement, le jeu est toujours agréable, même s’il y a très peu de renouvellement entre les générations de la saga et on retrouve toujours plus ou moins les mêmes mélodies remixées. Le jeu est intégralement doublé en français et ce doublage est assez inégal. Là où les personnages humains ont des voix normales, voire sympathiques, les doublages de Yo-kai ne sont vraiment pas terribles, puisque chaque créature ne possède pas un cri animal, mais une voix humaine un peu glauque. Les traductions sont plutôt correctes, malgré le fait qu’il ne soit pas simple de transposer certaines références/blagues parfaitement en français. Précisons que c’est une traduction de traduction car le jeu en français a été traduit de l’anglais lui-même traduit du japonais, il y a donc forcément des notions qui se sont perdues.

Mobilité, quêtes et gameplay

Le principe de Yo-kai Watch 3 est de résoudre des quêtes proposées par des humains et Yo-kai tout en explorant Granval et Pistachsburg aux USA. Il existe plusieurs types de quêtes et missions : la quête principale, les quêtes secondaires classiques (la plupart de type Feddex), la recherche de Yo-kai criminels, la chasse au trésor, retrouver les Yo-kai planqués et répondre aux requêtes de Yo-kai sur leur réseau social Kai-net. Enfin, il est possible de collectionner insectes, poissons et musiques. Un sacré arsenal de missions donc, et il y a toujours de quoi faire.

Pour évoluer dans les villes, les héros se déplacent à pied, l’écran supérieur montrant le personnage qui se déplace dans les rues et l’écran inférieur étant une carte avec une flèche guidant vers la mission en cours. Bien qu’il soit rapidement possible de se déplacer plus vite en utilisant des vélos, les trajets sont toujours assez longs car il n’existe aucun moyen de se téléporter, mais surtout car il faut toujours respecter le code de la route et traverser au vert pour éviter de se faire martyriser par un démon.

Contrairement au premier jeu, par exemple, où le terrain à explorer était assez minuscule au début avant de devenir plus conséquent au fur et à mesure de l’amélioration de la Yo-kai Watch, il est possible d’évoluer dans quasiment toute la ville de Granval dès le départ, et celle-ci est assez immense si on inclut aussi sa banlieue accessible en train, ce qui donnerait presque un côté open world si les quêtes n’étaient pas aussi directives. Une sensation de liberté existe réellement dans ce jeu. En revanche, certains éléments sont très fatigants, et notamment les transports en commun : les lignes de train fonctionnent comme les lignes de train du monde réel et sont donc insupportables. Pour se rendre dans les villages les plus éloignés comme Ourcival, il y a une dizaine d’arrêts, dont des changements ; le train s’arrête dans toutes les gares et il faut attendre que les gens montent et descendent sans pouvoir rien faire. Entre chaque station il faut aussi attendre que le temps passe sans pouvoir agir. On aura vu plus fun.

Yo-kai : capture et combats

Il existe dans Yo-kai Watch 3 plus de 600 Yo-kai et plusieurs manières de les obtenir. Le problème réside dans le fait que toutes ces méthodes sont fortement dépendantes du hasard et assez fastidieuses. La méthode la plus classique est de se balader dans la ville en attendant que le radar à Yo-kai de la montre sonne afin de repérer dans quel buisson ou sous quelle voiture il se cache. Une fois trouvé il faut lui tirer dessus au rayon laser jusqu’à ce que sa barre d’énergie soit à zéro (l’intérêt de cette phase est plus que discutable puisqu’elle ne sert à rien à part faire perdre du temps). Il faut ensuite le battre au cours d’un combat et, seulement parfois, il acceptera de devenir l’ami du joueur, cette décision étant parfaitement aléatoire et il n’y a aucun moyen de garantir une amitié. Pour récupérer le médaillon d’un Yo-kai rare cela peut donc être extrêmement laborieux.

Il est aussi possible de récupérer des Yo-kai dans le bingo-kai, machine à capsules acceptant des jetons trouvés un peu partout dans le jeu, mais c’est encore une fois complètement soumis au hasard. Ces mécanismes sont surement là pour éviter une trop grande complexité de la capture pour les jeunes publics, mais ils rendent cette facette du jeu peu intéressante.

Les combats sont également assez ennuyeux. Les Yo-kai se battent seuls et les combats se finissent très vite du fait de leur facilité, le joueur ne pouvant interagir que de manière limitée : déclencher les Âmultimes, attaques puissantes qui mettent souvent fin immédiatement au combat, guérir les Yo-kai avec de la nourriture, les renforcer, les purifier à la suite d’un envoûtement ou les déplacer. La purification et le déclenchement d’Âmultime nécessitent de réussir des mini-jeux extrêmement répétitifs, inutiles et peu intéressants, présents uniquement pour faire perdre du temps. Le déplacement des Yo-kai en cours de combat est plus malin dans Yo-kai Watch 3. Là où auparavant on ne pouvait uniquement faire tourner les Yo-kai sur une roue, il est désormais possible de les déplacer sur un terrain de combat quadrillé de type 3×3, ce qui augmente les possibilités de stratégie. Cependant les combats classiques étant trop courts, ces subtilités n’auront d’intérêt qu’au cours des combats contre les gros boss.

Concernant les fonctionnalités en ligne, le jeu propose d’échanger des médailles de Yo-kai et de combattre en ligne. L’échange peut être intéressant, mais les combats, bien que standardisés pour paraître plus justes dans le mode en ligne, n’ont pas vraiment plus d’intérêt que dans le jeu solo, puisqu’ils reposent beaucoup trop sur le hasard. Pas de réelle stratégie possible ici.

 

Conclusion : OUI !

Yo-kai Watch 3 est certainement l’opus le plus complet et abouti de la saga, qui plaira aux petits comme aux grands fans. Les éléments les plus problématiques des jeux précédents ont été optimisés et le joueur en aura pour son argent en termes de durée de vie, tandis que l’esprit mignon et coloré de la saga est toujours là. L’inclusion d’un nouveau pays permet aussi de renouveler la série. En revanche, les personnes qui n’ont pas aimé le style de « capture » et de combat des opus précédents ne trouveront toujours pas leur compte et s’ennuieront ferme.

LES PLUS : 

+ Très bons visuels
+ Musique agréable
+ Beaucoup de contenu
+ Histoire sympathique
+ Combats un peu améliorés

 

LES MOINS :

– Trop aléatoire
– Trop facile par moments
– Un style de combat trop dépendant du hasard
– Des doublages parfois hasardeux
– Des Yo-kai au design souvent un peu paresseux
– Déplacements pénibles

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Le système de verdict de Nintendo-Difference repose sur trois niveaux :

– OUI ! (nous recommandons l’achat de ce titre, peu importe quel joueur vous êtes : vous l’apprécierez, à condition de ne pas être hermétique au genre ou à l’univers). Le Oui accompagné du ND Award récompense les titres soit exceptionnels que vous devez acheter quoiqu’il arrive, soit ceux nous ayant provoqué de gros coups de coeur !

– “Peut-être” (nous recommandons de bien lire le test avant d’acheter le jeu, car il peut ne pas correspondre à tout le monde, et ce pour des raisons qui peuvent largement être différentes d’un jeu à un autre). Par exemple, un titre peut être tout à fait exceptionnel et obtenir un “Peut-être” parce qu’il se classe dans un genre de niche qui ne correspondra pas à tout le monde alors qu’un autre pourra s’avérer vraiment moyen et à ne réserver qu’aux puristes du genre ou aux fans inconditionnels (comme dans le cas d’une adaptation par exemple).

– NON (nous ne recommandons pas l’achat de ce jeu). Trop mauvais ou trop cher pour ce qui est proposé.

Nous avons abandonné l’idée des notes, car celles-ci n’aident en rien à faire un choix, avec ce système vous savez si vous pouvez acheter les yeux fermés, s’il faut bien lire le test pour savoir si le jeu peut vous convenir ou s’il faut tout simplement s’enfuir.

  • Nintendo-Difference

    par Draco

    le 14 janvier 2019 à 13:47

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