Test Nintendo Switch de Disgaea 1 Complete, comme les Spice Girls, les démons ont morflé en quinze ans

Nippon Ichi Software a définitivement décidé de célébrer les quinze ans de sa série de Tactical-RPG et donc, après un cinquième épisode en mode Complete, c’est le tout premier volet de Disgaea qui refait surface. Lui aussi estampillé Complete avec ses personnages supplémentaires, à l’origine baptisé « Hour of Darkness » su PlayStation 2 et sorti par la suite sur PC et consoles portables (PSP et DS), le titre est ainsi porté sur Switch et PlayStation 4, bénéficiant d’une retouche visuelle et de l’intégration salutaire de la langue française. Matérialisant la fusion idéale des différentes versions sorties et reprenant l’esthétique de l’épisode 5 publié en 2017, cette nouvelle version gomme fort heureusement l’étirement en 1080p de l’édition PSP sur PC largement décrié, reste à savoir si ces efforts suffisent à animer un certain intérêt pour ce vieux titre, après un cinquième volet sympathique, mais radin en nouveautés.


Un test rédigé par Chozo.


Her we go again

Et c’est reparti pour Laharl, héritier orphelin du souverain des enfers, en recherche de reconnaissance en tant qu’Overlord après le décès du paternel pendant sa longue sieste. C’est que cette andouille de père a réussi là où Georges Bush Junior a échoué, en mourant étouffé par un bretzel passé par le mauvais conduit. Cet évènement provoque forcément les velléités de domination d’autres prétendants au trône, et ce sera à Laharl de prouver qu’il est bien ce descendant royal légitime. Cette volonté de prouver à tous son statut se matérialisera sur les classiques plateaux en damier dans des combats au tour par tour. Chaque case pouvant donner des bonus et malus aux combattants, charge au joueur de faire preuve de stratégie pour allier ses unités et déclencher des attaques spéciales combinées, pour analyser les spécificités du terrain, et pour recruter les bons personnages aux capacités adaptées à la situation.

Comme d’habitude et comme cela a été instauré par cet épisode il y a quinze ans, et malgré la tristesse du pitch, le second degré et l’humour potache sont évidemment omniprésents. Une manière d’excuser une scénarisation réduite à ses bases les plus simplistes, répartie dans quatorze longs chapitres eux-mêmes composés chacun de quatre sessions de bataille. 

Mais, bien entendu, cette ambiance feel-good est à prendre avec du recul, tant il s’agit d’un titre complexe et riche, réservé à un public averti. En dehors de trop courtes indications au démarrage d’une partie, le joueur devra découvrir par lui-même les fonctionnalités de gameplay et de mécanismes au travers de la foison de menus et des options disponibles dans le traditionnel hub. Faisant office de centralisateur de l’accès aux missions, aux boutiques, aux soins et surtout à l’Assemblée Infernale, ce hub, prenant la forme du château des Overlords, sera le lieu privilégié des utilisateurs, leur faisant passer tout autant de temps que sur les champs de bataille. Et c’est avant tout auprès de l’Assemblée Infernale que le joueur ne verra pas le temps passer, permettant de faire voter, moyennant corruption des membres, la création de nouveaux combattants en déterminant leurs compétences de force, de résistance, de déplacement ou encore de capacités de riposte. Autre activité chronophage et pourtant indispensable pour acquérir suffisamment de niveau et d’expérience, le monde des objets, permettant d’améliorer son équipement en y entrant littéralement pour affronter des monstres de plus en plus résistants. Oui, ça va être long et fastidieux, mais comme tout Disgaea, l’avancée dans l’aventure se mérite dans la douleur.

Très vieille école

Côté gameplay, le classicisme est de rigueur, cet opus ayant placé les bases de la série. Tactical-RPG a priori déjà vu ailleurs, le jeu se permet plusieurs subtilités, autorisant les attaques en combo impressionnantes. En mode tour par tour, il sera proposé d’opérer deux actions, entre le déplacement, l’attaque, l’attaque spéciale, la défense, l’utilisation d’un item ou la fameuse capacité permettant de soulever un acolyte.

De là réside la richesse des sessions de combat d’un Disgaea, puisque le maître-mot est la liberté de décision quant aux stratégies à adopter. À charge à l’utilisateur de porter attention aux possibilités de combos d’attaque, au positionnement de l’ennemi et à la nature de la case occupée par ses combattants une fois le déplacement validé, au risque d’avoir la mauvaise surprise de se faire ralentir, blessé ou au pire anéantir par la nature du sol ou les attaques venant du camp opposé. Une attention doit également être portée sur les possibilités de changement de statut des cases, via la destruction de bornes aux couleurs correspondant aux caractéristiques de chaque partie du damier. Encore une fois, la stratégie est de mise, puisqu’il faudra réfléchir au timing adéquat de modification des cases, permettant à la fois de supprimer les malus pour ses propres personnages, mais aussi d’en maintenir contre les ennemis et de provoquer de petites explosions sur les cases modifiées, blessant les adversaires. Ces explosions engendrées doivent par ailleurs être anticipées, au risque de voir ses propres armées affaiblies.

Malgré cette richesse évidente, force est de constater que malheureusement Disgaea 1 Complete est trahi par son âge, et ce ne sont pas les refontes graphiques qui rééquilibrent la balance. Malgré un système de jeu proposant nombre de sessions épiques, l’ergonomie de l’ensemble laisse clairement à désirer. Et même si ce portage s’inspire du cinquième épisode dans son rendu visuel, il a oublié d’en récupérer les améliorations quant aux angles de caméra et le système de navigation, que ce soit sur le champ de bataille ou dans les nombreux menus. Il faudra s’attendre à de fréquentes erreurs de jugement dans les déplacements des personnages et dans les sélections d’attaques, tant les angles de caméra s’avèrent problématiques. Point de déplacement vertical ou horizontal du cadrage, amenant souvent le joueur à sélectionner de manière très hasardeuse son point de chute, une action peu aidée par les déplacements du curseur via le stick, bien trop sensible. Idem pour les attaques, malmenées par le manque de lisibilité de l’ensemble, engendrant souvent des dégâts incontrôlés sur ses propres combattants, surtout en cas de combo surpuissant.

Même constat pour les menus, qui n’ont pas bénéficié des améliorations vues dans le dernier épisode et accusent le poids des ans, rendant l’ensemble mal adapté à la Switch, qui aurait pu avoir recours à son écran tactile. Pendant de longues sessions, l’utilisateur devra ainsi jongler entre les différents onglets, ne serait-ce que pour acheter des équipements améliorant les capacités des personnages. Il est ainsi impossible de voir les bonus de compétences allouées aux combattants en sélectionnant une nouvelle arme dans la boutique. Ces changements n’apparaissent qu’après achat de ladite arme, une fois équipée/retirée pour en voir les effets. Le tout devenant grandement fastidieux, ce manque d’ergonomie ne va une nouvelle fois pas dans le sens de l’ouverture à un public plus large, malgré les nombreuses qualités du titre. Enfin, parlons du tarif appliqué sur ce jeu. Bien qu’il propose potentiellement des dizaines voire des centaines d’heures de batailles, il n’en demeure pas moins un titre vieux de quinze ans à peine amélioré dans le fond au bénéfice de la forme. L’eShop le propose à 49,99 euros… Démoniaque.


Conclusion : PEUT-ÊTRE !

Disgaea 1, même plus joli, reste Disgaea 1. S’il demeure un excellent Tactical-RPG à découvrir, il est surtout un parfait représentant d’un genre généralement radin en évolutions et en améliorations. Un problème de timing peut également biaiser la perception de ce portage, le cinquième épisode en mode Complete étant disponible bien avant ce remaster. Riche et complexe, toujours aussi peu enclin à fédérer les joueurs en raison du manque de tutoriels, Disgaea 1 Complete reste finalement cet épisode portant difficilement le poids des années, avec une ergonomie mal adaptée à la Switch, que ce soit en combat ou dans ses multiples menus et fonctionnalités. Payer 50 euros pour un jeu certes prenant et intelligent, mais bien loin de notre époque moderne ? Mouais bof.

LES PLUS : 

+ D’une richesse impressionnante pour un jeu de début 2000
+ La quintessence du Tactical-RPG, dans son gameplay et ses possibilités
+ Une refonte graphique bienvenue
+ L’ajout de la langue française, de bien meilleure qualité que pour le 5
+ L’humour bien dosé

 

LES MOINS :

– D’un classicisme sans nouveauté
– Ergonomie aux fraises
– Une approche faisant de Disgaea un jeu de niche
– Une histoire tenant sur une feuille de papier toilette
– 50 euros ? Sérieusement ?

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Le système de verdict de Nintendo-Difference repose sur trois niveaux :

– OUI ! (nous recommandons l’achat de ce titre, peu importe quel joueur vous êtes : vous l’apprécierez, à condition de ne pas être hermétique au genre ou à l’univers). Le Oui accompagné du ND Award récompense les titres soit exceptionnels que vous devez acheter quoiqu’il arrive, soit ceux nous ayant provoqué de gros coups de coeur !

– “Peut-être” (nous recommandons de bien lire le test avant d’acheter le jeu, car il peut ne pas correspondre à tout le monde, et ce pour des raisons qui peuvent largement être différentes d’un jeu à un autre). Par exemple, un titre peut être tout à fait exceptionnel et obtenir un “Peut-être” parce qu’il se classe dans un genre de niche qui ne correspondra pas à tout le monde alors qu’un autre pourra s’avérer vraiment moyen et à ne réserver qu’aux puristes du genre ou aux fans inconditionnels (comme dans le cas d’une adaptation par exemple).

– NON (nous ne recommandons pas l’achat de ce jeu). Trop mauvais ou trop cher pour ce qui est proposé.

Nous avons abandonné l’idée des notes, car celles-ci n’aident en rien à faire un choix, avec ce système vous savez si vous pouvez acheter les yeux fermés, s’il faut bien lire le test pour savoir si le jeu peut vous convenir ou s’il faut tout simplement s’enfuir.

  • Nintendo-Difference

    par Draco

    le 1 avril 2019 à 12:31

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