Test Nintendo Switch de Swordbreaker The Game, une BD dont vous êtes le héros plutôt sympathique, mais guère mémorable

Pour bon nombre d’adolescents des années 80, les livres dont vous êtes le héros, aussi appelés livres-jeux (ou gamebook en anglais), ont sans doute été le premier contact avec l’univers du jeu de rôle. Subdivisés en paragraphes numérotés, dont l’enchaînement variait en fonction des choix effectués par les lecteurs, ces romans interactifs offraient ainsi à chacun la possibilité de vivre une aventure personnalisée ; certains étant même agrémentés de fiches de personnages et de systèmes de combat ou d’épreuves basés sur des jets de dés. Parmi les plus populaires, ayant d’ailleurs fait l’objet d’adaptations vidéoludiques disponibles sur Switch, on peut citer Le Sorcier de la montagne de feu, premier tome de la collection Défis fantastiques créée par Steve Jackson et Ian Livingstone, ou bien la célèbre série Loup solitaire de Joe Dever. En déclin durant les années 90, le genre a retrouvé une certaine vivacité à l’aube du troisième millénaire. D’abord au format papier, puis sur smartphones et tablettes, voire à l’occasion sur PC et consoles. Outre les titres précités, la Switch possède donc son lot d’expériences analogues, comme le lovecraftien Omen Exitio : Plague ou le récent Swordbreaker The Game, objet de la présente critique.


Un test rédigé par Kayle Joriin.


La BD dont vous êtes le héros

Développé par le studio russe DuCats Games, le jeu se distingue d’emblée de la concurrence par son approche très graphique. En effet, plutôt que de proposer une interface rappelant les pages de nos bons vieux livres-jeux, il dévoile son histoire par le biais de nombreux artworks agrémentés de textes explicatifs et de dialogues. Quant au gameplay, il se résume à choisir parmi une poignée d’actions possibles en réponse à chaque situation, le résultat étant alors immédiat, qu’il s’agisse d’un succès permettant au héros de poursuivre sa quête ou d’un cuisant échec se traduisant par sa mort. Des fins tragiques, et parfois un peu ridicules, que les développeurs ont manifestement pris un certain plaisir à inventer, puisque sur un total de trois cent trente-trois scènes illustrées, pas moins de cent vingt-cinq sont consacrées au trépas de notre aventurier.

Accessoirement, cela signifie que le titre est largement basé sur le die and retry ; sans doute bien plus encore que dans la plupart des autres expériences du genre. Une approche un tantinet jusqu’au-boutiste et parfois assez gratuite, atténuée néanmoins par la présence de trois « vies » autorisant à faire un choix différent en cas d’issue fatale, sans avoir à tout reprendre depuis le début. Au-delà de la simple survie, nos agissements auront d’ailleurs un impact sur la réputation du personnage. Aider son prochain ou savoir retenir sa lame si nécessaire fera de lui un héros, massacrer tout ce qui bouge à la moindre occasion le transformera en tueur, et fuir trop souvent face au danger illustrera sa couardise. Or, les dernières épreuves, de même que la fin accessible, dépendent entièrement de l’alignement obtenu à un certain point de l’aventure, incitant donc à varier les approches.

Force est toutefois de constater qu’au bout d’un moment, on a un peu tendance à jouer en mode pilotage automatique jusqu’au dernier passage que l’on n’a pas réussi à franchir, voire juste pour sélectionner une action préalablement ignorée et voir ce qu’elle donne. À ce régime, débloquer l’intégralité des scènes disponibles ne prend ainsi guère plus de quatre ou cinq heures, soit une durée de vie relativement correcte pour les 4,99 € demandés sur l’eShop. En revanche, on ne peut pas dire que cela soit toujours très passionnant en matière de gameplay ; l’utilisation des quelques objets ramassés en cours de route étant généralement proposée uniquement au moment pertinent, tout comme l’aide ponctuelle d’alliés dont on aura pu s’attacher la reconnaissance. Du coup, une bonne partie de l’intérêt du jeu est naturellement reportée sur son scénario et sa réalisation, malheureusement loin d’être exempts de tout reproche.


Peut mieux faire

L’histoire nous met dans la peau d’un aventurier surnommé le SwordBreaker en raison du gantelet brise-épée ornant son bras. Tranquillement attablé à la taverne devant une bière, il assiste à une querelle entre deux inconnus, le premier finissant par éventrer le second grâce à un tesson de bouteille. Après s’être précipité au côté de l’homme agonisant, notre héros se voit confier par celui-ci un parchemin révélant l’emplacement d’un mystérieux château qu’il va rapidement décider d’explorer en quête de richesses. La suite du script s’avérera alors extrêmement classique, réunissant tout ce qu’on peut attendre en termes de poncifs de la fantasy. Et si les scénaristes tentent à plusieurs reprises de se diversifier en introduisant des éléments de science-fiction ou diverses références culturelles, l’ensemble alterne entre le sympathique et le peu inspiré. D’autant que la narration n’est pas toujours très cohérente : certains textes faisant référence à des informations qui n’ont pas forcément été obtenues dans la partie en cours et quelques bugs perturbant l’enchaînement des scènes.

Le constat est similaire côté réalisation, avec des artworks assez inégaux et une direction artistique correcte, sans être transcendante. On regrette en outre qu’à côté des nombreuses morts du héros, certaines scènes n’aient pas droit à leur propre illustration et se contentent d’une simple description textuelle. Par ailleurs, la bande-son n’a rien de bien exceptionnel et certaines boucles musicales sont même très répétitives. Quant aux doublages, ils répondent logiquement absents, sauf lors de l’introduction. Ce n’est cependant pas un mal, vu la qualité de cette dernière. Tout cela fait donc de Swordbreaker The Game un titre ni vraiment mauvais, ni particulièrement bon, faisant certes passer un moment pas désagréable, mais pas non plus mémorable. Le prix d’entrée modeste jouera évidemment en sa faveur, tandis que l’absence de traduction française le desservira auprès d’un public ne lisant ni le russe, ni l’anglais. Bien que l’aventure ne soit pas bien difficile à comprendre dans la langue de Joe Dever.

 

Conclusion : PEUT-ÊTRE !

Si la formule de Swordbreaker The Game apparaît plutôt attractive sur le papier, avec son approche très graphique des célèbres Livres dont vous êtes le héros, le résultat s’avère en pratique plus mitigé. Inégale en termes de réalisation, d’esthétique et d’écriture, l’aventure proposée demeure également très basique sur le plan du gameplay, à l’exception de son système de réputation plutôt intéressant. Pas désagréable dans l’absolu, à défaut d’être marquant, son achat reste néanmoins tout à fait envisageable pour les curieux ou les traqueurs de promotions.

LES PLUS : 

+ Une approche du genre qui change un peu
+ Pas mal d’illustrations sympathiques
+ Le système de réputation amenant à trois fins différentes
+ Durée de vie correcte pour le prix
+ Les multiples morts du héros

 

LES MOINS :

– Certains artworks sont moins travaillés
– Musiques assez moyennes
– Le côté die and retry un peu gratuit
– Léger manque cohérence dans la narration
– Univers classique et pas toujours inspiré
– Quelques bugs
– Uniquement en anglais

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Le système de verdict de Nintendo-Difference repose sur trois niveaux :

– “OUI !”

Nous recommandons l’achat de ce titre. Peu importe quel joueur vous êtes : vous l’apprécierez, à condition de ne pas être hermétique au genre.

– “PEUT-ÊTRE…”

Nous recommandons de bien lire le test avant d’acheter le jeu, car il peut ne pas correspondre à tout le monde, et ce pour des raisons qui peuvent largement être différentes d’un jeu à un autre. Par exemple, un titre peut être tout à fait exceptionnel et obtenir un “PEUT-ÊTRE…” parce qu’il se classe dans un genre de niche qui ne correspondra pas à tout le monde alors qu’un autre pourra s’avérer vraiment moyen et à ne réserver qu’aux puristes du genre ou aux fans inconditionnels (comme dans le cas d’une adaptation par exemple).

– “NON !!!”

Nous ne recommandons pas l’achat de ce jeu. Trop mauvais ou trop cher pour ce qui est proposé.

Nous avons abandonné l’idée des notes, car celles-ci n’aident en rien à faire un choix. Avec ce système vous savez si vous pouvez acheter les yeux fermés, s’il faut bien lire le test pour savoir si le jeu peut vous convenir, ou s’il faut tout simplement s’enfuir.

  • Nintendo-Difference

    par Draco

    le 21 juillet 2020 à 11:34

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  • Sorties :
  • 6 Mars 2020
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