Test Nintendo Switch d’Indivisible, un tour du monde tout en couleurs

Le financement d’Indivisible, développé par Lab Zero Games n’a pas été chose facile. La campagne de crowdfunding lancée en 2015 a eu un succès mitigé, le montant récolté ayant permis de justesse de lancer le développement. Heureusement, ce joli jeu indie inspiré des mythologies d’Asie du Sud-Est et d’ailleurs a fini par voir le jour en 2019, avant de rejoindre par surprise le catalogue de la Switch en avril 2020. Tous ces efforts ont-ils été utiles ? Est-ce un jeu qui en vaut la chandelle ou un échec supplémentaire dans l’univers du financement participatif ?


Un test rédigé par Skyward.


La revanche d’Ajna

Ajna, adolescente au tempérament explosif et combattante acharnée s’entraîne avec son père taciturne dans une clairière à l’écart de son village. Au moment, de rentrer chez elle, elle constate que celui-ci a été rayé de la carte par l’armée de Ravannavar, un souverain tyrannique. Le père d’Ajna est également exterminé lors de l’assaut. L’héroïne, quant à elle, survit grâce à la découverte d’un nouveau pouvoir. Celui-ci lui permet d’absorber les personnes qu’elle rencontre dans son for intérieur, y compris le général qui souhaitait la tuer et se retrouvant par conséquent incapacité. Ajna se lance alors dans une aventure spectaculaire à travers le monde, afin de venger son père, comprendre d’où vient son nouveau pouvoir et même sauver l’univers tout entier.

Une palette d’inspirations

Le monde d’Indivisible est incroyablement riche en détails et en références. Chaque secteur qu’Ajna traverse est inspiré d’une région du monde ou d’un pays en particulier, avec tout le folklore et la mythologie que cela implique. Les monstres et les ennemis que le joueur affronte sont tous piochés dans les mythes et légendes des nations dont s’inspire le jeu. On trouve donc dans Indivisible des paysages inspirés de l’Asie du Sud-Est, du Royaume-Uni, de Hong Kong, du Moyen Orient, de l’Amérique Latine et de l’Inde. Parfois les inspirations reflètent un pays précis, à d’autres moments c’est toute une région du monde qui est référencée. Ce qui est très intéressant, c’est que même la politique et les problématiques observables dans les pays traversés sont blindés de clins d’œil au monde réel.

Ainsi, le pays censé refléter l’Europe et plus particulièrement le Royaume-Uni a une politique colonialiste et industrielle forte, et souffre d’un fort problème de pollution, en référence à l’Angleterre de l’époque victorienne. D’autres lieux sont pourris par la corruption de la drogue. Par ailleurs, on peut constater qu’Indivisible mélange non seulement les lieux, mais aussi les époques, et là où certains peuples semblent vivre au XIXe siècle, d’autres paraissent beaucoup plus contemporains avec le développement d’un équivalent magique à l’électricité. 

De la personnalité en veux-tu en voilà

L’une des plus grandes forces d’Indivisible, c’est son chara design et la fabuleuse créativité autour des personnages du jeu. Ajna rencontre beaucoup de joyeux drilles tout au long de l’aventure et les absorbe plus ou moins involontairement en son for intérieur. Les compagnons deviennent rapidement de véritables amis pour Ajna, l’assistant et l’encourageant dans toutes ses quêtes. Tout est fait pour que le joueur se sente proche d’eux durant l’aventure. La grande diversité en termes de couleurs de peau, genre, sexualité et pouvoirs est plus que louable.

On retrouve par exemple une ermite glauque et son tigre empaillé, une pirate lesbienne complètement badass, une jeune fille dont le génome est en partie celui d’une courge, ou un assassin bisexuel sadique. Les personnages inclus dans l’histoire de base sont déjà très nombreux, et il faut y ajouter des compagnons additionnels à débloquer. Il est possible de rendre visite à tous ces copains dans le for intérieur d’Ajna. On précise qu’en plus de ces personnages qui combattent, il existe également quelques zigotos qui viennent s’installer dans la caboche d’Ajna pour lui proposer des services comme la renforcer ou changer sa garde-robe. La seule chose que l’on peut reprocher à Indivisible relativement aux personnages, c’est que les amis d’Ajna se font vite très nombreux, dès les premiers chapitres, et qu’il n’est pas possible de profiter correctement de chaque aventurier au combat. On a tendance à garder quelques chouchous avec qui ça fonctionne bien et de laisser les autres s’ennuyer dans le monde spirituel.


Une DA savoureuse

La direction artistique mêle habilement des éléments de cinématique et gameplay d’inspiration shonen en 2D avec des fonds en 3D qui donnent une véritable impression de profondeur. L’ensemble est très satisfaisant esthétiquement, un véritable plaisir à parcourir. La présence de nombreux PNJ tous uniques dans des scènes de vie quotidienne ne fait que renforcer l’immersion dans les mondes d’Indivisible. D’un point de vue sonore et musical, on soulignera d’une part les doublages (malheureusement disponibles qu’en anglais) d’excellente qualité, qui donnent beaucoup de corps à Ajna, ses compagnons et ses ennemis, mais aussi une musique d’inspiration ethnique, fidèle aux régions du monde auxquelles le jeu rend hommage.

Platformer surprise

Indivisible est souvent présenté comme un simple action-RPG, mais en réalité c’est plutôt un mix très équilibré entre jeu de plateforme et action-RPG. Ajna doit parcourir un certain nombre de villes labyrinthiques et blindées d’obstacles et de plateformes. Dans toutes les mégalopoles traversées il existe des endroits inaccessibles avant d’avoir débloqué un certain type de compétences dans un autre pays. Les aller-retours entre les mondes sont donc nombreux et parfois un peu frustrants, puisqu’il n’est pas toujours aisé de savoir où aller en premier.

 

Les compétences qu’Ajna débloque au cours du jeu (soit en récupérant un objet, soit en absorbant un compagnon) lui permettent de s’affranchir d’obstacles de plus en plus fous. Il existe un lieu central où Ajna doit revenir de manière récurrente (un peu comme le Temple du Roi des Mers dans Phantom Hourglass), et qui devient de plus en plus complexe à chaque passage en termes de plateforme, jusqu’à atteindre un niveau où la moindre imprécision peut coûter la vie à l’héroïne.

Un gameplay atypique

Tandis que la dimension « plateforme » d’Indivisible peut s’avérer complexe, le côté action-RPG est beaucoup plus accessible, même pour des joueurs débutants, mis à part une trentaine de minutes compliquées nécessaires au début pour s’habituer au système de combat.

Ajna peut être accompagnée au combat de trois compagnons au maximum, dont on peut choisir le positionnement. Les combats se déroulent en temps réel, chaque personnage possède une jauge qui se recharge, et il est possible d’attaquer avec le bouton correspondant à la position du personnage sur le terrain lorsque la jauge est pleine. Les combattants ont tous des vitesses de charge, des aptitudes et des combos différents. Parmi les pouvoirs uniques des héros du jeu on retrouve : la possibilité d’attaquer des ennemis en l’air, de ralentir le temps, de poser des pièges, de soigner les camarades, etc. Par ailleurs, certains alliés possèdent des attaques spéciales très agressives qu’il est possible de déclencher lorsqu’une jauge spécifique est remplie au maximum.

Beaucoup de compagnons rejoignent obligatoirement l’équipe dans l’histoire, tandis que d’autres sont à débloquer via des quêtes spéciales. Malheureusement, certaines de ces quêtes buggent parfois, et si on perd face à un ennemi clé, il peut s’avérer impossible de débloquer un personnage si on n’a pas gardé une sauvegarde fraîche de côté. Dans la pratique on va surtout sélectionner dans son équipe les bourrins qui sont également capables de bien tanker les attaques ennemies, couplés à un soigneur éventuel.


Des ennemis et des bugs

Les ennemis sont en général assez lents et il est possible de ne même pas les laisser attaquer si on se débrouille bien. Certains possèdent des caractéristiques spéciales qu’il faut contrer, comme la résistance aux attaques non-magiques, la présence d’un bouclier ou le fait d’être en lévitation.

Lorsqu’ils attaquent, il faut être prêt à parer avec le bon timing pour limiter les dégâts. On reprochera aux combats d’êtres parfois un peu buggés : par exemple, si un affrontement se déroule près d’un gouffre et qu’un ennemi ou un allié tombe dedans, le combat s’interrompt brusquement. Les boss sont assez déjantés et mêlent comme le reste du jeu plateforme et RPG. Il faut admettre que c’est la partie plateforme qui est la plus difficile et mourir lors de ces passages fait recommencer tout le combat à zéro. Souvent, alors qu’Ajna et ses copains bourrinent proprement le boss, celui-ci peut décider d’interrompre le combat et mettre en place des obstacles à contrer avant de pouvoir l’attaquer à nouveau. C’est très original et assez déroutant à la fois.

 

Conclusion : OUI !

Indivisible est un platformer/action-RPG blindé de charme qui a tout à fait sa place sur Switch. Les lieux, les personnages, l’histoire sont riches en références culturelles et très attachants. Le gameplay, mêlant combat et plateforme, est assez simple à aborder, mais nécessite un peu de temps pour s’y sentir complètement à l’aise, avec notamment une immense panoplie de compagnons à débloquer. Esthétiquement, c’est également un bonbon pour les yeux et les oreilles. On reprochera juste le sentiment d’être noyé sous les nouveaux compagnons qui ne font qu’arriver tout au long du jeu, ainsi que certains bugs dans des quêtes annexes qui peuvent s’avérer fort agaçants. Par ailleurs, la version Switch n’a pas de New Game+ ni de mode coopération qui ont pourtant été ajoutés sur les autres supports, ce qui est assez inexplicable pour un portage sorti plusieurs mois après. Le prix en revanche, est plus que raisonnable par rapport à la qualité de l’expérience, à savoir 29,99 euros sur l’eShop.

LES PLUS : 

+ L’histoire
+ L’esthétique
+ Les personnages
+ Le gameplay original
+ Les doublages

 

LES MOINS :

– Les bugs, notamment lors des combats
– L’avalanche un peu trop rapide de nouveaux compagnons
– L’absence d’un New Game+ et un mode coopération sur cette version

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Le système de verdict de Nintendo-Difference repose sur trois niveaux :

– “OUI !”

Nous recommandons l’achat de ce titre. Peu importe quel joueur vous êtes : vous l’apprécierez, à condition de ne pas être hermétique au genre.

– “PEUT-ÊTRE…”

Nous recommandons de bien lire le test avant d’acheter le jeu, car il peut ne pas correspondre à tout le monde, et ce pour des raisons qui peuvent largement être différentes d’un jeu à un autre. Par exemple, un titre peut être tout à fait exceptionnel et obtenir un “PEUT-ÊTRE…” parce qu’il se classe dans un genre de niche qui ne correspondra pas à tout le monde alors qu’un autre pourra s’avérer vraiment moyen et à ne réserver qu’aux puristes du genre ou aux fans inconditionnels (comme dans le cas d’une adaptation par exemple).

– “NON !!!”

Nous ne recommandons pas l’achat de ce jeu. Trop mauvais ou trop cher pour ce qui est proposé.

Nous avons abandonné l’idée des notes, car celles-ci n’aident en rien à faire un choix. Avec ce système vous savez si vous pouvez acheter les yeux fermés, s’il faut bien lire le test pour savoir si le jeu peut vous convenir, ou s’il faut tout simplement s’enfuir.

  • Nintendo-Difference

    par Draco

    le 4 juin 2020 à 9:37

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