Beyond Good & Evil

Nous voici en présence d’un formidable jeu d’action – aventure, nous plaçant dans un univers imaginaire où le mal règne…. Non il ne s’agit pas d’un énième Zelda mais de Beyond Good and Evil. Michel Ancel a encore frappé très fort avec ce titre tout simplement excellent, mais lisez la suite pour comprendre.

BG&E : la genèse

Michel Ancel n’est pas n’importe qui et pour ceux à qui ce nom n’évoque pas grand chose, dites vous simplement qu’il est le créateur de Rayman. Pour faire plus simple : c’est sans doute le développeur français le plus respecté. Le monsieur ne se plante que rarement et est bien décidé de recréer avec BGE la passion qui est née chez bien des joueurs avec Rayman.
Ayant donc fait ses preuves, et seulement quelques années après son entrée à Ubi Soft (il n’a que 32 ans aujourd’hui), ses patrons lui donnèrent carte blanche pour développer un jeu qui mijotait depuis quelques temps dans sa tête : BGE.

C’est bien beau tout ça mais le jeu ?

Le jeu est tout simplement excellent… voilà qui a le mérite d’être clair. Il est bien sûr bourré de qualité et a quelques défauts (mineurs) dont nous parlerons juste après, mais le fait est là : BGE est bon, une qualité qui plaira au plus grand nombre tant son style se prête facilement à n’importe quel joueur (sauf à ceux qui s’achètent leur console pour acquérir uniquement FIFA 98, 99, 2000, 01, 02, 03, 04 … mais bon). Mais BGE est avant tout un jeu d’aventure vous mettant dans la peau de Jade, une (jolie) journaliste un peu en manque de boulot en ce moment, mais là n’est pas son plus gros problème. Le problème de Jade, et accessoirement de toute la population d’Hillys c’est les DomZ : des extra-terrestres venus d’un endroit inconnu et qui ont la mauvaise habitude d’effectuer des attaques éclairs sur Hillys faisant toujours des dégâts sur la population. Ainsi les disparitions en chaîne se multiplient avec la fréquence des attaques DomZ. Heureusement que les sections Alpha sont là : il s’agit d’une unité d’élite dont le but est de repousser les assauts de DomZ et de faire de leur mieux pour protéger la population. Derrière ce scénario relativement conventionnel se cache un complot de grande envergure qu’il faudra déjouer durant votre aventure car entre le bien et le mal la frontière n’est pas aussi claire qu’il n’y paraît.
Rapidement vous vous ferez embauchée pour réaliser divers reportages ayant pour but d’expliquer la venue des DomZ sur Hillys; ainsi armée de votre appareil photo et d’un bâton vous serez prête à faire apparaître la vérité au milieu de toute cette histoire bien obscure.

Et ça marche comment ?

Dans la forme BGE s’apparente à un Zelda : un monde vaste, une grande ville, quelques donjons et des ennemis à foison. Par contre là où dans Zelda l’unique solution est le massacre rapide des rangs adverses, il faudra être beaucoup plus subtil pour avancer dans BGE.
Très rapidement le combat au corps à corps deviendra une solution très risquée et pour une certaine catégorie d’ennemis (que l’on rencontre tout le long du jeu) l’infiltration sera le meilleur moyen de vous en sortir, bien qu’il soit toujours possible de rendre inefficace ces adversaire en les touchant à un point précis avec vos projectiles… enfin pour ça vous verrez !
Malgré cet aspect « discrétion » très présent dans le soft, il ne faut pas croire qu’on a un clone de Snake devant nous : Jade sait se battre et sortira son bâton quand le besoin s’en fera sentir. A vrai dire le jeu vous mettra alternativement dans des situations où le combat est obligatoire et où la furtivité est nécessaire.

#row_end Durant l’aventure, Jade sera aidée d’un compagnon, Pey’j, qui l’aidera tout au long de sa quête. Celui-ci peut faire des actions que Jade ne pourrait effectuer (détruire des grilles, pousser de grosses caisses…) et l’aidera aussi grandement pendant les combats. Aussi grâce à des astuces dans le scénario, ce 2nd personnage ne sera pas présent durant les phases d’infiltration… et c’est tant mieux car il a souvent tendance à n’en faire qu’à sa tête.

Dans tout jeu d’aventure qui se respecte, les mini quêtes doivent être nombreuses et BGE ne rompt pas cette habitude. Ainsi pendant le jeu votre appareil photo ne servira pas uniquement à boucler vos reportages, mais aussi à photographier la faune de la planète : un bon cliché et c’est du cash de gagné, plusieurs espèces photographiées et c’est une perle offerte. Les perles n’ont qu’un seul intérêt : être échangé chez Mamago (des Rhinocéros au style Jamaïcain !) et obtenir ainsi des améliorations pour ses moyens de transport. Il y en a 2 dans le jeu, un aéroglisseur au début et…. un autre truc à la fin. La quête des perles deviendra rapidement une nécessité puisque les améliorations de Mamago vous seront indispensables pour avancer dans le jeu. Mais les perles ne s’obtiennent pas uniquement avec les photos ! Elles se trouvent un peu partout dans Hillys : dans des QG très bien gardés, sur des boss, dans des grottes…. Les Hilliens vous en feront aussi cadeau quand ils verront vos reportages. Heureusement que vous trouverez rapidement dans le jeu un détecteur de perles (et d’animaux aussi) ce qui vous aidera grandement dans cette mission.

Un univers très intéressant

Hillys est un monde où on prend un réel plaisir à se promener… il faut bien avouer que ce monde est plutôt petit, qu’il n’y a qu’une seule ville, mais Ubi Soft a réussi à créer une ambiance vraiment excellente dans ce petit monde : des messages de propagandes, aux manifestations… tout concourt à rendre cet univers cohérent et réactif à vos propres actions. Aussi pour avoir vu le jeu en version française je peux vous assurer que les voix sont peut être les meilleures réalisées jusqu’ici dans une VF ! Il n’y a que pour Jade où il y aurait quelques chose à dire (pourtant doublée par Emma de Caunes) mais là je chipote vraiment. Mais aussi le jeu est beau… une prouesse graphique qui se constate surtout en extérieur : le champ de vision n’a pas de limite et en dehors de la ville tout bouge à merveille (navire de marchandise, transport aérien, animaux divers…), bref une réussite à ce niveau.
Concernant le son Ubi a fait un pari un peu risqué puisque la plupart du temps vous n’aurez pas de musique, juste des bruitages. La musique interviendra pour marquer des événements précis : un choix contestable mais quand lors de votre premier combat vous entendrez des cœurs chanter le tout avec un effet « bullet time » ralentissant la fin du combat … et bien vous trouverez ça tout simplement magique (les 10 premières minutes de BGE sont particulièrement réussies !)
Enfin autre choix critiquable : le jeu se passe en mode 16/9ème et pas autrement ! Avec les jeux nous avons toujours été habitués au 4/3 mais bon au final on s’y fait assez vite.

BGE : le jeu parfait ?

Comme souvent, dans un tableau aussi parfait des ombres subsistent. Déjà le jeu est court : au maximum il ne vous faudra qu’une grosse dizaine d’heures pour en faire le tour, et les seuls motifs pour continuer seront la chasse des perles et des animaux (sauvegardez avant d’aller à votre destination finale car sinon vous ne pourrez pas revenir en arrière !) ce qui est plutôt léger. Même les « à côté » du scénario sont pauvres et à part le championnat d’aéroglisseur vous ne verrez pas grand chose. L’aspect donjon / extérieur est aussi assez déséquilibré et on se retrouve au final avec seulement 5 phases de donjons qui ont tendance à traîner en longueur, ce qui est malheureusement nécessaire puisque ces donjons constituent l’essentiel de la durée de vie.

Pour finir

Ces quelques défauts (mineurs) ne doivent pas masquer l’excellence dont fait preuve BGE. Sorti en même temps que Prince of Persia, ces deux jeux n’ont clairement pas eu droit au succès qu’ils auraient mérité (même si POP a limité la casse, principalement grâce à l’Europe) élément d’autant plus regrettable que devant les très faibles ventes de BGE une suite semble très compromise. Il faut vraiment être difficile, à la limite de ne pas aimer les jeux vidéo, pour faire la fine bouche devant BGE. Ce titre est proche de la perfection et pour un premier essai de Michel Ancel dans le genre c’est un coup de maître ! Alors ruez vous sur ce jeu dès sa sortie le 26 février pour prouver que les possesseurs de GC ont un peu plus de goût que les possesseurs de PS2.