Game & Wario

En résumé

  • Sorties :
  • 28 Juin 2013
  • 23 Juin 2013
  • 28 Mars 2013

L'avis de Kayle Joriin

Moins varié et délirant qu’un Wario Ware. Moins original et convivial qu’un Nintendo Land. Game & Wario se retrouve un peu le cul entre deux chaises et risque donc de ne pas convaincre grand monde. Le titre propose son lot d’idées, et a même par moment des éclairs de génie, mais il s’avère trop inégal pour constituer une véritable alternative à Nintendo Land. Le résultat aurait sûrement été différent si les développeurs s’étaient concentrés sur les concepts qui fonctionnaient le mieux afin de leur offrir davantage de contenu. De même, il n’aurait pas été absurde d’opter pour une distribution individuelle sur l’eShop, voire une intégration directe dans la console comme cela été prévu initialement. Malheureusement, en choisissant de présenter Game & Wario comme un titre à part entière, et en le sortant près de six mois après le lancement de la Wii U, Nintendo a largement entamé son potentiel. Reste tout de même un titre assez sympathique, qui pourra offrir quelques heures de plaisir malgré ses inconsistances, et qui constitue surtout un choix par défaut pour tout amateur de party game réfractaire aux Miis.

Les plus

  • L’univers « Wario Ware »
  • « Gamer », un jeu concept brillant
  • Le Pictionnary façon Wii U
  • Un seul GamePad pour jouer en multi
  • Pas mal de bonus rigolos
  • Utilisation sympathique du Miiverse
  • 16 mini-jeux assez variés...

Les moins

  • … mais très inégaux
  • Manque général de contenu dans les épreuves
  • Un peu de remplissage inutile (« Bird »)
  • Nintendo Land est passé avant
  • Pas de classement en ligne pour les scores
  • Techniquement quelconque
  • Nintendo-Difference

    par Kayle Joriin

    le 27 août 2013 22:00

Colérique, irrévérencieux et cupide, Wario fait un peu figure d’exception dans le petit monde de Nintendo, ce qui lui a d’ailleurs valu d’être souvent utilisé comme caution « décalée » pour certaines expérimentations ludiques ou esthétiques. C’est notamment le cas de la série des Wario Ware qui, depuis sa création en 2003, sert non seulement de gros défouloir créatif, mais également de vitrine privilégiée pour les « nouvelles façons de jouer ». Un rôle que Game & Wario était légitimement susceptible d’endosser sur Wii U, mais dans lequel il n’est au final pas très convaincant.

Ware is Wario ?

Tout d’abord, il est utile de préciser que Game & Wario est issu d’un projet qui n’avait initialement rien à voir avec le biker pétomane. Il s’agissait en effet de développer un jeu pré-installé sur la Wii U afin d’illustrer les fonctionnalités du GamePad. Petit à petit, le projet a toutefois évolué vers ce qui nous est proposé aujourd’hui, à savoir une compilation de mini-jeux lorgnant sans complexe du côté des Wii Sports, Wii Play et autres Nintendo Land. Exit donc la multitude d’épreuves qui s’enchaînent à un rythme effréné ! Le titre reprend certes l’univers et l’esthétique d’un Wario Ware, mais il se concentre sur un total de seize expériences plus « profondes ».

Aussi étrange que cela puisse paraître pour un party game, les épreuves solo tiennent d’ailleurs une place prépondérante dans Game & Wario, avec pas moins de douze mini-jeux vaguement scénarisés que l’on débloque un à un. Quant au mode Multi, il se résume à seulement quatre épreuves qui présentent toutefois l’intérêt non négligeable de n’utiliser que le GamePad. Un point plutôt positif pour ceux qui ne veulent pas se ruiner en accessoires, même si cela renforce un peu le sentiment que le jeu aurait pu être proposé par défaut avec la console. Enfin, un semblant de jeu en ligne est également proposé avec le mode « Artwork » qui permet de lancer de sympathiques concours de dessins sur le Miiverse.

Malheureusement, si ce programme peut sembler alléchant à première vue, il faut bien reconnaître que l’ensemble s’avère au final assez hétérogène. La plupart des épreuves restent certes amusantes, mais on en fait rapidement le tour, notamment en solo. La faute à un certain manque de contenu, à des utilisations pas toujours très originales du GamePad, et à une dimension scoring amputée de toute fonctionnalité en ligne. Reste tout de même le côté « collection » qui permet d’acheter jusqu’à 240 bonus plus ou moins délirants grâce à des pièces récoltées dans les différents jeux. De quoi occuper les acharnés pendant un petit moment.

Grande braderie sur les concepts

Difficile de dresser ici une liste objective des épreuves qui vont plaire ou déplaire, car au final le propre d’une compilation comme Game & Wario est de proposer un mélange d’expériences dans lequel chacun viendra piocher à sa convenance. Néanmoins, on sait parfaitement que ce côté « fourre-tout » sert aussi à vider les fonds de tiroirs et à rentabiliser des prototypes un peu trop faibles pour faire l’objet d’un titre à part entière. On remarque donc assez vite les mini-jeux qui se distinguent par leur concept ou leur utilisation du GamePad, ainsi que ceux qui restent plus anecdotiques en raison d’un manque de contenu ou de profondeur.

Dans cette seconde catégorie, l’exemple le plus flagrant est sûrement « Bird », un simple clone de Pyoro qui n’exploite absolument pas les fonctionnalités du contrôleur et semble être juste là pour faire le compte. La recette est éprouvée, et le jeu reste donc sympathique, mais il faut bien reconnaître qu’il tient davantage du bonus que de l’épreuve à part entière. Un problème que l’on rencontre également avec « Design », même si ce n’est pas forcément pour les mêmes raisons. Le principe consiste en effet à reproduire des formes géométriques à main levée sur l’écran tactile afin d’aider le Dr. Crygor à concevoir ses robots. Un exercice pas si évident que ça, qui a en outre l’avantage de faire bosser un peu les assistés du PowerPoint que nous sommes. Malheureusement, si les premières parties s’avèrent plutôt agréables, l’intérêt s’essouffle très rapidement puisqu’il faut inlassablement dessiner les mêmes cinq formes dont seules les dimensions varient.

Toujours sur la liste des épreuves à l’intérêt mitigé, on trouve ensuite un quatuor de mini-jeux exploitant les fonctions gyroscopiques du GamePad de manière assez basique. « Ashley », tout d’abord, est un pseudo shoot them up mettant en scène la jeune sorcière éponyme. Les tirs y étant automatisés, le gameplay se limite globalement à monter ou descendre en inclinant la manette, et à faire des loopings avec les gâchettes. Quelques petites subtilités sont certes présentes, mais on en fait malheureusement très vite le tour vu que seuls trois courts niveaux sont disponibles. « Kung Fu », quant à lui, nous propose de guider le bondissant Young Cricket à travers cinq zones au relief sournois. Il faut pour cela gérer la direction des sauts avec le gyroscope et faire attention à l’atterrissage grâce à l’écran du GamePad qui affiche le niveau en vue du dessus. Un principe assez rigolo dans l’absolu, mais qui en pratique n’est pas d’une précision extraordinaire et offre une expérience finalement assez bancale.

Un peu plus convaincant, « Ski » est une sorte de clone du F-Zero de Nintendo Land qui nous emmène sur les pistes enneigées en compagnie de ce bon vieux Jimmy T. Le sentiment de déjà-vu et le peu de courses disponibles n’aident toutefois pas forcément à persévérer, et ce, malgré un mode « Descente Charmante » plutôt sympathique dans lequel il faut faire le meilleur score en ramassant de jeunes skieuses débutantes. Enfin, le bien nommé « Bowling » démontre, si besoin est, que le sport préféré du Big Lebowski se pratique tout de même mieux à la Wiimote qu’en inclinant bêtement une grosse manette. Non seulement les sensations ne sont pas les mêmes, mais on sent là aussi qu’il y a eu un peu de remplissage. Surtout qu’il s’agit d’un des derniers jeux à débloquer en solo.

Quelques bonnes affaires

Bien entendu, tout n’est pas à jeter dans les épreuves suscitées, mais chacune à sa manière souffre d’inconsistances qui finissent pas s’avérer gênantes une fois passé le plaisir de la découverte. Heureusement, Game & Wario propose également des mini-jeux plus complets et plus originaux, susceptibles de tenir un minimum le joueur en haleine. C’est notamment le cas de « Patchwork » qui, même s’il fait une utilisation assez limité du GamePad, se rattrape en offrant un contenu plutôt conséquent. Ce puzzle game, dont le but est de placer des pièces d’étoffe sur des patrons de plus ou plus complexes, propose en effet plus d’une centaine de niveaux à la difficulté croissante. De quoi occuper les amateurs du genre pendant quelques heures. On regrette juste qu’à l’instar d’autres mini-jeux, les développeurs aient « oublié » que la Wii U est potentiellement connectée à un téléviseur et qu’il peut être intéressant d’exploiter les deux écrans au lieu de nous obliger à nous focaliser uniquement sur celui de la manette…

Sur ce point, les épreuves restantes offrent toutefois des expériences un peu plus travaillées qui, pour le coup, donnent des exemples intéressants de ce qu’il est possible de faire avec le GamePad, même si là encore, le nombre réduit de niveaux (généralement quatre ou cinq) est un peu pénalisant. « Arrow » est par exemple un jeu de tir qui reprend le principe du Takamaru’s Ninja Castle de Nintendo Land en y ajoutant quelques petites subtilités. Il faut ainsi gérer la trajectoire des flèches (notamment lorsqu’il y a du vent), se protéger derrière le GamePad ou éliminer certains ennemis trop pressant directement sur l’écran tactile. « Caméra » nous permet quant à lui d’incarner la charmante Mona qui doit photographier différents personnages dans un temps limité. Le GamePad joue ici le rôle d’appareil photo et il faut se repérer sur l’écran de télé pour savoir où pointer son objectif. Une fois sa cible repérée, il est en outre nécessaire de bien la cadrer afin obtenir un maximum de points.

Dans le même ordre d’idée, « Taxi » est une sorte de FPS dans lequel il faut secourir divers clients et animaux enlevés par des OVNI. Le téléviseur sert une nouvelle fois à se repérer sur une carte qui montre l’intégralité du niveau, tandis que l’action se déroule sur écran tactile et fait notamment usage du gyroscope pour viser les ennemis. Enfin, « Pirates » est un jeu de rythme qui nous demande se parer des flèches provenant de différentes directions, le GamePad servant à visualiser ce qui se passe en dehors de l’écran. Une expérience fort sympathique qui est en fait une évolution du jeu « Shield Pose » qui avait été montré à l’E3 2011 lors de la première présentation de la Wii U. On pourra juste regretter la petite phase de danse à la fin de chaque niveau qui, bien que délirante, s’avère un peu trop confuse.

Mablette de Proust

Pour conclure sur la partie solo, il est nécessaire de s’attarder un peu sur « Gamer », un mini-jeu au nom prédestiné et au concept totalement génial qui constitue sans aucun doute ce que Game & Wario a de meilleur à offrir. On y incarne le jeune 9-Volt qui veut absolument finir sa partie avant d’aller dormir et doit donc jouer dans son lit sans se faire gauler par sa mère. Le GamePad sert ici à matérialiser la console du héros et nous propose tout simplement de jouer à un simili Wario Ware fort sympathique. L’écran du téléviseur, quant à lui, nous montre la chambre de 9-Volt sur laquelle il faut régulièrement jeter un œil afin de déceler l’arrivée imminente de la maîtresse de maison et se planquer à temps sous les couvertures pour éviter de se faire choper.

Bien entendu, au-delà de la situation dépeinte qui rappellera des souvenirs émus à n’importe quel joueur, tout le piment de ce mini-jeu vient de la tension induite par la nécessité de faire deux choses en même temps. D’autant que le fait de se planquer sous les couvertures n’est pas anodin et qu’il ne faut pas en abuser sous peine de s’endormir réellement. En bref, on s’amuse réellement et on se dit qu’il est dommage que les développeurs n’aient pas accouché de davantage de concepts comme celui-ci. Tout juste pourrait-on regretter une certaine répétitivité au niveau des épreuves Wario Ware (également jouables directement avec 18-Volt dans un mode annexe), mais ce serait pinailler.

Le multijoueur classe éco

Comme évoqué précédemment, si Game & Wario est essentiellement orienté vers le jeu solo, il dispose également de quelques mini-jeux jouables à plusieurs qui ont la particularité de n’utiliser que le GamePad. Pas besoin donc d’investir des dizaines, voire des centaines d’euros en Wiimote et en Nunchuk pour profiter du jeu avec ses potes ou sa famille. En revanche, il faut bien avouer que cela limite fatalement les possibilités d’interactions, ainsi que la mise en avant du fameux gameplay asymétrique qui constitue pourtant l’un des arguments majeurs de la Wii U dans les jeux multijoueur. Ainsi, seules deux des quatre épreuves proposées jouent un tant soit peu dans ce registre, bien que ce soit de manière assez basique.

« Fruit », tout d’abord, demande à un groupe d’agents d’identifier un voleur parmi une foule de badauds. Pour ce faire, les agents scrutent l’écran de télé afin de détecter le moindre comportement suspect, tandis que le voleur se déplace grâce au GamePad et doit récupérer quatre fruits en se fondant dans la masse. Efficace, le gameplay s’enrichit en outre de petites subtilités en fonction des niveaux (au nombre de trois) et offre des parties plutôt intéressantes. « Artwork », quant à lui, sublime la bonne vieille recette du Pictionnary en offrant des fonctionnalités très pratiques pour ce type de jeu. Le GamePad s’avère ainsi être un outil formidable pour les dessinateurs en herbe, alors que l’affichage en simultané sur le téléviseur permet aux autres joueurs de voir sans problème les dessins réalisés. Une belle réussite donc, qui malgré un flagrant manque d’options (un seul mode est disponible), augure du meilleur pour de futurs jeux similaires qui pourraient être proposés sur l’eShop.

Enfin, les deux dernières épreuves proposées par Game & Wario jouent sur des concepts assez différents. Dans « Islands », il est ainsi question de faire le meilleur score en envoyant de petites bestioles (les Fronks) sur des îles subdivisées en zones qui rapportent plus ou moins de points. L’objectif est donc de positionner au mieux ses Fronks en essayant de virer ceux de l’adversaire, sachant que chaque île (quatre au total) dispose de ses propres particularités. Un principe qui rappelle certains niveaux du sympathique Boom Blox Smash Party, sorti sur Wii en 2009, et qui s’avère là encore plutôt efficace.

On ne peut en revanche pas forcément en dire autant de « Disco », qui malgré son utilisation assez originale du GamePad, pourrait ne pas faire long feu dans les soirées en amis. Intrigant sur le papier, il s’agit dans les faits d’une sorte de Guitar Hero du pauvre qui souffre d’un manque flagrant de variété et de quelques imprécisions. Situés de part et d’autre du GamePad, les deux participants doivent ainsi reproduire à tour de rôle, et avec le bon timing, de courtes « partitions » créées par l’adversaire afin de l’empêcher de marquer des points. Pour ce faire, ils utilisent trois icônes de couleur situées de chaque côté de l’écran tactile, mais on ne peut malheureusement pas dire que la précision soit toujours au rendez-vous et l’absence de « multi-touch » limite largement les combinaisons possibles. En bref, il y a de l’idée, mais l’exécution n’est pas forcément convaincante. Un leitmotiv décidément récurrent dans Game & Wario…

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