Rodea : The Sky Soldier

En résumé

  • Sorties :
  • 13 Novembre 2015
  • 10 Novembre 2015
  • 2 Avril 2015

L'avis de Kayle Joriin

En choisissant de baser cette version Wii U sur le portage 3DS plutôt que sur la version Wii, Kadokawa Games a magistralement plombé le potentiel de Rodea the Sky Soldier. En résulte un jeu assez médiocre, techniquement limité, bourré de bugs et d’imprécisions, qui a perdu une bonne partie de ce qui faisait le charme de l’œuvre originale de Yuji Naka. Tout n’est certes pas à jeter, mais le sentiment de gâchis est tellement prégnant, qu’il faudra beaucoup de courage et d’abnégation pour aller chercher ce que le titre a à offrir. On conseillera donc uniquement son achat aux curieux qui pourront le trouver à petit prix et/ou avec la version Wii en bonus.

Les plus

  • Version Wii incluse dans les premières éditions
  • Les qualités du jeu d’origine sont encore perceptibles
  • Contenu et durée de vie honorables
  • Doublages japonais
  • Quelques nouvelles idées sympathiques...

Les moins

  • … pas forcément bien exploitées
  • Réalisation très moyenne
  • Finition à la ramasse
  • Trop d’imprécisions
  • Traduction française médiocre
  • Et le respect de l’œuvre originale ? 
  • Nintendo-Difference

    par Kayle Joriin

    le 25 février 2017 23:00

Cela fait maintenant plus de dix ans que le célèbre Yuji Naka a quitté SEGA pour fonder son propre studio avec quelques-uns de ses collègues de la Sonic Team. Une décennie qui aura d’abord été marquée par des productions sympathiques, mais relativement modestes, comme Let’s Tap ou Ivy the Kiwi, avant de prendre un tour plus ambitieux avec l’annonce, début 2011, de Rodea the Sky Soldier. Prévu initialement sur Wii et 3DS, ce fils spirituel de Sonic et Nights into Dreams aura malheureusement eu toutes les peines du monde à enfin sortir dans les rayons ; la version Wii étant même mise de côté au profit d’une version Wii U manifestement improvisée. Et cela n’aurait sans doute pas été grave, si ce tour de passe-passe bassement commercial n’avait pas abouti à un aussi beau gâchis. Car autant le dire sans détour, Kadokawa Games a un peu salopé le boulot !

Rendez-vous manqué

Dans les faits, on peut ainsi considérer qu’il y deux titres portant le nom de Rodea the Sky Soldier. Le premier, développé pour la Wii par Yuji Naka et son équipe, est un jeu d’action orienté arcade utilisant la Wiimote de manière plutôt astucieuse. On y incarne un robot amnésique (le fameux Rodea) chargé de protéger le royaume céleste de Garuda contre Naga, son avide voisin. Une histoire somme toute classique, illustrée par de nombreuses cinématiques et dialogues parfois un peu longuets, qui donne surtout lieu à un bon paquet de scènes d’action aériennes plutôt grisantes.

En sélectionnant une destination avec le pointeur, notre héros peut en effet s’envoler à travers des environnements plus ou moins ouverts, tout en réalisant de gracieuses paraboles d’un simple mouvement de Wiimote. Et comme il n’est pas vraiment là pour faire du tourisme, Rodea devra bien entendu esquiver de nombreux pièges et obstacles, tout en dézinguant moult ennemis, dont quelques boss colossaux. L’occasion d’utiliser les power-ups temporaires disséminés dans les niveaux, mais également de collecter un maximum d’étoiles pour accéder à des zones bonus, gagner des vies supplémentaires ou simplement faire péter le score à la fin du niveau. Même le multijoueur n’est pas oublié, puisqu’il sera possible de s’affronter jusqu’à quatre joueurs, en écran partagé, dans des courses rappelant celles d’un Sonic Adventure 2.

Coloré, nerveux, dynamique et assez bien réalisé, le titre souffre tout de même d’un léger manque d’ergonomie lorsqu’il s’agit de contrôler la caméra (avec le pointeur) ou de déplacer son personnage au sol (avec la croix directionnelle). En outre, il a été rapporté la présence d’un vilain bug sur la version occidentale qui ferait planter la console après le générique de fin et l’affichage de l’ultime écran de score. Il n’empêche que ce jeu-là est globalement bon, et que s’il était sorti sur Wii dès la fin de son développement, soit fin 2011 / début 2012, il aurait sans doute constitué un agréable chant du cygne pour la machine de Nintendo.

Une couille dans le portage

Malheureusement, le retard pris par Kadokawa Games sur le développement de la version 3DS s’est traduit par la mise au placard de cette version Wii au profit d’une sortie sur Wii U. Et cela n’aurait pas été une mauvaise idée si cette dernière avait justement été basée sur le jeu original, comme on pouvait légitimement s’y attendre. Or, c’est bien le portage 3DS, largement remanié du fait des limitations de la machine, qui a été choisi en dépit du bon sens pour faire l’objet d’une conversion HD. Un choix pour le moins contestable qui se traduit tout d’abord par une véritable régression technique, avec des décors moins détaillés et plus anguleux, une image plus terne, une fluidité souvent limite, et de nombreux bugs qui trahissent un réel problème de finition. La version Wii U réussit à s’en sortir un peu mieux, grâce à une résolution supérieure, des personnages mieux modélisés, et quelques filtres graphiques cache-misère, mais la version 3DS est parfois à la limite de l’injouable.

Côté gameplay, ce n’est d’ailleurs pas forcément mieux, puisque les contrôles à la Wiimote laissent ici leur place à une maniabilité analogique un peu pataude. La 3DS (et à fortiori la Wii U) aurait pu proposer des solutions alternatives pour tenter de conserver le pep’s du titre original, mais les développeurs ont manifestement préféré faire au plus simple, quitte à dénaturer le concept original et à proposer une nouvelle orientation pas forcément maîtrisée. Du coup, si les niveaux et l’histoire restent les mêmes, le jeu d’action nerveux de Yuji Naka se transforme en une aventure un peu mollassonne qui met davantage l’accent sur l’exploration quitte à frustrer par ses imprécisions.

Parmi les changements notables, on peut ainsi signaler l’ajout d’une jauge qui se vide progressivement en vol et ne semble avoir d’autre but que de nous faire crever misérablement à deux centimètres de notre point d’arrivée. Quant aux power-ups de la version Wii, il s’agit désormais de capacités permanentes que l’on acquiert à des moments précis de l’aventure et qu’il est possible d’améliorer en utilisant des matériaux récupérés dans les niveaux. Une idée pas inintéressante en soi, mais qui aurait été plus pertinente si l’acquisition desdites compétences avait été pensée en fonction de leur utilisation. Lors de la traversée des premiers chapitres, il est en effet assez perturbant de constater que certains passages, normalement obligatoires, ne peuvent être passés que grâce à une compétence débloquée plus tard dans l’aventure et que pour palier au problème, les développeurs n’ont rien trouvé de mieux de nous faire franchir automatiquement la zone en question par le biais d’une  espèce de téléporteur. Parce que bon… la cohérence du level design, qui s’en soucie après tout ?

Se souvenir des belles choses

Pourtant, malgré toutes les tentatives de sabotage dont il a été victime, Rodea the Sky Soldier arrive, même sur 3DS et Wii U, à ménager ses moments de plaisir et à offrir son lot de sensations. Il faut certes être capable de supporter ses nombreuses lacunes et imprécisions, et de faire le deuil de ce qu’aurait pu être le jeu avec un éditeur plus respectueux. Mais les qualités de l’œuvre originale réussissent tout de même à resurgir ici ou là. Un peu comme un jolie fleur qui arriverait à pousser dans les craquelures d’une plaque de bitume ou sur un tas de fumier. Une preuve que le bébé de Yuji Naka avait donc un vrai potentiel et qu’il ne lui a pas manqué grand-chose pour pouvoir l’exprimer. SEGA, peut-être ?

C’est d’autant plus dommage, que le contenu proposé est tout à fait honorable, avec 25 chapitres de base, une dimension scoring non négligeable et pas mal de bonus à débloquer (personnages jouables, niveaux, illustrations, musiques). Le tout pour une durée de vie pouvant facilement atteindre la vingtaine d’heures de jeu. En étant magnanime, on peut également saluer quelques idées intéressantes proposées par les versions 3DS et Wii U, comme le système d’amélioration de compétences ou l’aspect exploration renforcé. Sur le papier cela aurait pu en effet apporter un vrai plus au titre, mais l’exécution reste toutefois trop hasardeuse pour être convaincante. Du coup, l’un des rares atouts de la version Wii U (et uniquement d’elle) reste la possibilité de contrôler la caméra via le stick droit, ce qui s’avère plus ergonomique qu’au pointeur de la Wiimote. Sachant que même sur quelque chose d’aussi basique, on est très loin de la perfection puisqu’il arrive fréquemment que la caméra se bloque ou fasse n’importe quoi.

En conclusion, signalons tout de même que la version originale Wii a été proposée en bonus (et au format disque) dans les premiers tirages de la version Wii U. Or, vu le bide commercial que le jeu a rencontré, il est sans doute encore possible d’en trouver ici ou là, tant qu’à faire à petit prix. Il s’agit toutefois d’un des rares arguments qui pourrait nous inciter à vous conseiller un quelconque achat, sachant que cela ne s’applique pas la version 3DS qui s’avère tout à fait dispensable malgré un certain manque de concurrence sur le support. Quant aux curieux (ou aux masochistes) qui tenteront l’aventure, on ne peut que leur conseiller de passer rapidement les textes en anglais (et tant qu’à faire les voix en japonais) afin d’éviter d’avoir à subir une localisation française plutôt médiocre.

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