Sonic Mania

En résumé

  • Sorties :
  • 15 Aout 2017
  • 15 Aout 2017
  • 16 Aout 2017

L'avis de Chozo

Mille fois oui. Magnifique de bout en bout, résultat d'un travail minutieux et passionné, Sonic Mania est à l'image d'un morceau de Sonic Youth. D'abord déconcertant, complexe, vieillot, mais aussi généreux, riche, technique et intelligent, on jurerait que, tel l'Almanach des Sports, Christian Whitehead est retourné 25 ans en arrière en Delorean pour récupérer ce jeu mémorable et nous en faire profiter en 2017. De la jouabilité à la direction artistique en passant par la musique, tout respecte la philosophie des jeux originaux, en y apportant suffisamment de nouveauté pour que la transition se fasse le plus naturellement possible. Outre les quelques bugs, des velléités à demander toujours plus de contenu et le manque d'un mode en ligne, Sonic Mania est un monument du genre et certainement le meilleur épisode depuis que le franc a disparu. Espérons que le prochain épisode de Sonic en 3D maintienne ce feu sacré et ne fasse pas retomber le hérisson bleu dans ses travers.

Les plus

  • Une introduction qui mouille les yeux
  • Une prise en main efficace et immédiate
  • Les anciens niveaux remixés et étendus avec goût
  • Les nouveaux niveaux et boss largement à la hauteur des anciens
  • La difficulté progressive
  • La direction artistique merveilleuse
  • Les musiques !

Les moins

  • Rapidement fini en ligne droite
  • Quelques bugs
  • Allez, plus de bonus à débloquer, voyons !
  • Pas de mode en ligne
  • Nintendo-Difference

    par Chozo

    le 19 août 2017 22:00

La saga Sonic pourrait être comparée au cinéma hollywoodien de ces dernières années. Après de grands classiques ayant ravi les joueurs pour leurs qualités artistiques et techniques, la série s’est empêtrée, faute d’imagination et d’audace. À vouloir rééditer ce succès par des remake/reboot/prequel/sequel à grands coups d’effets visuels en 3D ou de fausses remémorations nostalgiques finalement peu respectueuses de la recette originale, Sonic s’est perdu. Non assurée par la traditionnelle Sonic Team, la mission de l’australien Christian Whitehead, fan absolu de la série et réalisateur des dernières versions mobiles, se pose donc là. Réaliser un épisode novateur dans sa jouabilité, techniquement et visuellement, rendant hommage aux belles années Mega Drive, époque où la mascotte de SEGA pouvait encore rivaliser avec l’icône Mario. En résumé, un jeu d’un fan pour les fans. Il faut donc retrouver une mise en avant de la vitesse et de tout ce que cela implique, une densité de niveau à la hauteur, des secrets cachés et une jouabilité parfaite malgré l’inertie historique des sauts. Autant le dire tout de suite, Sonic has passed !

Mise à jour du 12/12/2018 – nous avons testé Sonic Mania Plus (par Chozo) :

Comme si le magnifique Sonic Mania et son retour aux sources salutaire n’était pas suffisant, Christian Whitehead et son équipe (avec également les membres de HeadCannon et Pagoda West) matérialise une fois de plus le fantasme de nombreux fans en proposant une version physique du titre (disponible également sur l’eShop). Baptisée Sonic Mania Plus, cette édition ultime se voit couronnée de multiples ajustements techniques, visuels et de bonus matériels (artbook de 32 pages, couverture réversible au style vintage Mega Drive, petit manuel d’utilisation). Mais surtout, c’est le pack additionnel « Encore », inclus directement dans Sonic Mania Plus, qui est censé faire en sorte que les utilisateurs (re)passent à la caisse, qu’ils découvrent le jeu ou qu’ils possèdent déjà la version originale, indécis quant au téléchargement de ce DLC.

Le pack amène en premier lieu deux nouveaux personnages aux designs particuliers, Mighty le tatou et Ray l’écureuil volant, n’apportant pas de bouleversement dans le gameplay, mais qui ont le mérite d’inciter à se replonger dans une aventure quelque peu remodelée. D’une part, Mighty, apparu pour la première fois dans le jeu d’arcade SegaSonic en 1993 au Japon, puis dans l’épisode 32X Knuckles’ Chaotix en 1995, a la capacité de se lancer violemment au sol après un saut. D’autre part, Ray, moins intéressant dans ce qu’il peut apporter, également initialement vu dans le même jeu d’arcade de 1993, peut lui effectuer de courtes envolées à la manière d’un deltaplane. Même si le pack ne propose pas de nouvelle zone à explorer, hormis Angel Island, l’ensemble des niveaux a intelligemment été retouché pour s’adapter aux pouvoirs des deux nouveaux héros. En effet, en plus de certaines palettes de couleurs modifiées, chaque monde bénéficie de nouveaux cheminements alternatifs et un boss inédit apparaît dans Stardust Speedway.

Outre l’effectif d’échidnés gonflé, le pack « Encore » permet également de commencer l’aventure avec deux personnages et d’alterner directement de l’un à l’autre par la pression d’un bouton, mais uniquement lorsque l’icône de changement de héros s’affiche à l’écran. Cette nouveauté apporte en outre de la difficulté supplémentaire, puisque les vies classiques ont disparu, engendrant un game over dès que les deux personnages choisis auront péri. Heureusement, les continues sont de la partie. Ce mécanisme se voit aussi lié au tout nouveau stage bonus de ce DLC, le flipper vintage en 3D sorti des années 90, qui permettra de récupérer des power ups de super pouvoirs qui pourront être utilisés en cours de partie.

Enfin, au rang des nouveautés plus secondaires, le joueur notera la possibilité de se lancer à quatre dans le mode Compétition (uniquement deux joueurs dans la version de base) et de faire appel à un défi de fantôme dans le mode Contre-la-Montre. Sonic Mania Plus reste décidément vivement conseillé, à la fois pour les fans désireux d’obtenir ce jeu dans son édition physique vendue 30 €, pour les nouveaux venus n’ayant pas encore adhéré à la version originale du titre, mais aussi aux détenteurs de Sonic Mania en version dématérialisée, puisque le mode « Encore » est disponible en téléchargement pour la somme très acceptable de 4,99 €. Une valeur sûre. Toujours.

Fin du test de Sonic Mania Plus.

Worlds Appart

Sans hésitation, il faut reconnaître que Sonic avait réellement besoin de se remettre en question. Depuis la fin de l’ère 16 bits, la mascotte n’a cessé de lutter une génération de console après l’autre, enchaînant les épisodes allant du sympathique au franchement catastrophique, à l’image de la récente période Sonic Boom. Pour autant, son aura a étonnamment survécu à cette traversée du désert, entre autres grâce au marketing agressif encouragé par les bandes dessinées et les animes. Présenté dès le départ comme un énième retour aux sources, Sonic Mania engendre facilement le scepticisme. Mais on se rend rapidement compte que cet épisode est totalement différent de ses prédécesseurs. Pour préciser, ce jeu ramène la série à ce qui l’a rendue si populaire et en premier lieu, une action en défilement latéral ultra rapide et un sens de l’exploration démesuré. Donnant l’impression que le jeu a été créé il y 25 ans, dans le bon sens du terme, Sonic Mania nous accueille avec une séquence anime donnant la larme à l’œil à tout trentenaire et un écran d’introduction subtilement pixelisé. Sonic démarre son aventure dans l’emblématique « Grenn Hill Zone », avec ses boucles torsadées et sa foison d’anneaux dorés. La scène s’ouvre sur un Dr. Robotnik et ses sbires robotisés prêts à faire des ravages. 

Tout est là dès le départ pour nous sentir chez nous, en plein dans les années 90, l’écran cathodique en moins. Si on pose la manette pendant quelques instants, Sonic nous regardera et marquera son impatience en tapotant du pied, gage d’un respect total de la philosophie de ce jeu. Mais à mesure que l’on progresse dans le niveau, celui-ci évolue et se complexifie intelligemment, à un tel point jamais atteint, même dans les opus les plus emblématiques. Plus de chemins différents à parcourir, plus de looping, plus de bonus, plus de zones cachées, la surprise est magique et nous démontre qu’en fait Sonic a bénéficié d’une amélioration d’animation très plaisante, avec une fluidité hallucinante. Sonic Mania noue le sens de la vitesse qui en définit le genre à un level design profitant des améliorations visuelles dans un concept on ne peut plus intéressant, puisqu’on se retrouve parfois à simplement admirer le héros avancer tout seul dans le niveau, nécessitant ici et là notre contribution juste au bon moment pour éliminer un ennemi ou éviter un obstacle. 

Le hérisson bleu scintille dans les paysages urbains répartis en douze zones, elles-mêmes composées de deux niveaux chacune, remplies de coins secrets et de nouvelles possibilités d’interaction, entre des tubes à hamster interminables, d’étranges plantes gonflables, des gondoles flottantes, autant d’ajouts apportant toujours plus de possibilités de déplacement. Ces niveaux, tous différents, mais remplis de clins d’œil aux anciens opus, vont d’un univers de casino futuriste (Stardust Speedy) au très cartoon et hollywoodien Studiopolis en passant par la zone Press Garden avec ses feuillages roses flottant dans l’air et ses lanternes en pierre éclairant l’arrière-plan. Lava Reef où la pollution de l’air poussera le joueur à constamment évacuer la fumée toxique et ces obstacles de flipper rappelant inévitablement Sonic Spinball sont autant de dangers à éviter. Pour autant, Sonic Mania ne s’éloigne jamais trop de la formule qui l’a inspiré. Le jeu reprend en fait huit environnements déjà bien connus, repris essentiellement de cinq jeux historiques (Sonic 1,2,3, Sonic & Knuckles et Sonic CD), en y apportant son lot d’ajustements et de complexifications. Ces nouvelles idées de design se superposent donc à un monde cher aux fans, rendant les allez-retours encore plus enthousiasmants et surprenants. 

L’élégance du hérisson

De manière générale, la structure de la jouabilité est similaire aux jeux originaux. Simple et efficace, Sonic peut sauter, courir, dasher, faire exploser des murs, avec la contrainte de devoir redémarrer une zone après avoir été touché alors que le compteur d’anneaux indique 0. La plupart du temps, l’incidence est minime, puisque le jeu  ne nous ramène pas très loin, chaque niveau étant constitué de points de contrôle disséminés un peu partout. À d’autres moments, le jeu nous rappelle à nos frustrations d’antan, nous poussant à nous relancer des dizaines de fois dans la même section du niveau. Pourtant, même si certains passages s’avèrent retors et que la difficulté augmente progressivement et subtilement, Sonic Mania nécessitera seulement entre trois et quatre heures de jeu pour se terminer, avec bien entendu une rejouabilité potentiellement multiple si on souhaite dépoussiérer entièrement toutes les zones de fond en comble, finir tous les niveaux bonus en 3D à l’ancienne, récupérer tous les médaillons dorés et argentés, trouver toutes les émeraudes du Chaos, finir le jeu avec Tails et Knuckles et profiter des modes débloqués. Oui, cela peut sembler maigre, mais c’est honnête pour un jeu Mega Dr… Ah non, on est sur Switch… 

Outre cette difficulté progressive, ce sont surtout certains boss qui vous donneront du fil à retordre, contre lesquels mourir s’avérera nécessaire afin de trouver un point faible. Dotés pour quelques-uns d’entre eux d’une inventivité similaire aux niveaux, certains apparaissent comme des standards de la saga. Même ici, le mélange de l’ancien et du neuf fonctionne à merveille. Les robots géants  bien connus des fans qui envahissent l’écran nous obligent à mémoriser leurs routines afin de les vaincre. Mais chacun a ses propres caractéristiques et une frustration positive s’éveille lorsque l’on meurt plusieurs fois sans comprendre la faiblesse de l’ennemi. Il s’agira d’utiliser le vent pour vaincre une énorme araignée robotisée, faire preuve de précision et de timing pour abattre un robot Sonic particulièrement rapide et courant à côté du héros dans la zone Metallic Madness ou encore se remuer les méninges afin de vaincre le Dr. Robotnik lors d’une session de jeu de puzzle à la sauce Puyo Puyo Tetris. Ces exemples témoignent de la richesse et de la complexité de ces batailles, décourageantes parfois, mais toujours enrichissantes et gratifiantes une fois gagnées. Grosse différence à noter, ces boss apparaissent ici à la fin de chaque niveau, par opposition à la tradition d’un boss tous les deux niveaux, ajoutant un touche d’action effrénée sans interruption.

Sonic Mania comprend donc un défi de médaillons dispersés dans tous les niveaux, que l’on active en frappant n’importe quel point de contrôle avec au moins 25 anneaux en poche. Un portail étoilé s’ouvre alors et nous amène vers un stage bonus  en simili 3D nous demandant de collecter des orbes bleus (il en faut plus de 100 pour obtenir une récompense). Même si les déplacements à 90 degrés dans ces niveaux se montrent très rigides par rapport à la physique de la course que compose le reste du jeu, il faut reconnaître que ce véritable hommage à la saga nous accorde un moment de fraîcheur de quelques minutes, contrebalançant le rythme effréné des niveaux classiques. Autres niveaux spéciaux, ceux qui permettent d’obtenir les émeraudes du Chaos (Chaos Emeralds), qui se présentent sous la forme d’une séquence de chasse en 3D façon mode 7 de Super Mario Kart. Le jeu déplace la caméra derrière Sonic, devant pourchasser un ovni qui détient l’une de ces émeraudes. Ces séquences, bien qu’elles soient assez différentes, rappellent un peu les phases de poursuite des stages bonus de Sonic CD. Pour attraper cet ovni, il s’agira de récupérer des orbes bleus qui augmenteront la vitesse du héros, toucher des anneaux qui redonneront quant à eux quelques secondes au compte à rebours et réfléchir au parcours le plus court possible. Il faut savoir que ces stages bonus ont leur importance, puisque ce sont eux, avec les émeraudes et les médaillons collectés, qui permettront de débloquer l’ensemble des secrets disponibles, dont entre autres le debug mode et le mode & Knuckles, permettant de se lancer dans la partie avec deux Knuckles identiques, ainsi que d’accéder à la véritable fin du jeu. Si vous souhaitez obtenir plus d’informations sur ces modes déblocables, vous pouvez vous rendre sur cet article.

Knuckles on heaven’s door

D’autres petits secrets et découvertes ont également été empilés ici et là, dont l’apprentissage de la façon dont les boucliers activent certains mécanismes spéciaux dans certaines parties du jeu. Beaucoup d’exploration est possible en conséquence  de la conception des environnements en 2D dans Sonic Mania. Les modes multijoueurs en écran séparé, que ce soit en session coopérative ou contre la montre en compétition, sont d’excellents moyens de revivre les temps forts du jeu, en multipliant les manières d’explorer les niveaux, surtout que ces modes ne proposent pas les combats contre les boss. Mais pour 20 euros, nous aurions pu nous attendre à encore plus de folie quant au contenu à débloquer, ce qui nous aurait plongés encore plus dans la nostalgie. D’autres personnages de la saga, des vidéos et clips, plus de références à l’histoire du hérisson, tout aurait été bon à prendre. En outre, la modernité de nos plateformes aurait dû imposer un contenu en ligne, ne serait-ce que les modes multijoueurs en local transposés au jeu sur la toile. La communauté de fans de Sonic étant plus qu’importante, des classements et des compétitions sur internet auraient eu un écho certain. Enfin, même si techniquement le jeu est proche de la perfection, que serait un Sonic sans quelques bugs ? On ne peut que râler face à certains fâcheux petits soucis gâchant çà et là l’expérience à des moments tendus.

Pour ne pas rester sur une impression négative et confirmer le travail impressionnant opéré par Christian Whitehead et son équipe (Headcannon avec Simon Thomley, l’artiste Tom Fry, PagodaWest Games avec Tee Lopes, le level designer level designer Jared Kasl et Tantalus Media pour la version Switch), il faut également évoquer l’autre grande réussite du jeu, les musiques. Presque entièrement composée par le magicien de la musique rétro Tee Lopes, la bande-son, qui s’appuie directement sur le style Up-Tempo des synthétiseurs de Sonic CD, est une véritable merveille. À l’image des niveaux, cette musique est constituée d’une succession de thèmes connus, mais subtilement réarrangés, comme une succession de morceaux de bravoure recollés les uns aux autres avec une homogénéité unique. Véritable mélange de musée historique et d’art moderne pour la saga, cette réalisation permet au passé et au futur de la licence Sonic de générer le véritable renouveau de cette série. C’est tout ce que l’on demandait.

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