The Binding of Isaac : Afterbirth+

En résumé

  • Sorties :
  • 7 Septembre 2017
  • 17 Mars 2017
  • 22 Novembre 2018

L'avis de Chozo

The Binding of Isaac, comme le vin, se bonifie avec l'âge et gagne en générosité, à tel point qu'un nouveau plongeon dans l'aventure se justifie amplement, même après l'avoir parcourue sur d'autres supports. D'une richesse de contenu hallucinante, cette version Afterbirth + bénéficie d'un portage aux petits oignons, idéalement adapté à la console hybride de Nintendo. 40 euros pour cette compilation peut paraître élevé, surtout que la version Rebirth se trouve facilement à 10 euros sur PC, mais on parle ici d'un titre engendrant potentiellement des centaines d'heures de jeu seul ou à plusieurs, avec leurs lots de surprises à chaque redémarrage d'une partie. Malheureusement amputé de l'éditeur de niveaux et de mods Workshop, cette version Switch bénéficie cependant des Booster Packs, une bonne consolation pour peu que ces mises à jour soient nombreuses et régulières. Isaac est toujours une valeur sûre.

Les plus

  • Une richesse de contenu énorme et exponentielle
  • Un portage parfait, en jouabilité comme en technique
  • Une relecture intelligente du Rogue-like
  • Un aspect gore et décomplexé jouissif
  • Un vrai challenge
  • Une lisibilité de l'action permanente
  • Une durée de vie infinie

Les moins

  • Un peu cher
  • Pas d'éditeur de mods
  • Toujours en anglais
  • Forcément, il ne faut pas être allergique au sang
  • Nintendo-Difference

    par Chozo

    le 21 février 2018 23:00

En bientôt 7 ans d’existence, The Binding of Isaac a connu moult refontes, évolutions, améliorations et extensions, à en faire pâlir n’importe quel Saiyan. En effet, après avoir été mis sur le devant de la scène en 2010 avec sa relecture hardcore du jeu de plateformes au travers de Super Meat Boy (qui lui aussi a connu diverses versions), Edmund McMillen a décidé de matérialiser sa propre vision décalée du rogue-like…  En cherchant ses inspirations dans la cervelle malade d’une maman un tant soit peu dérangée. C’est peu dire que le succès public et critique a été au rendez-vous. Pondre une suite ? Non. Enrichir l’expérience initiale ? Oui. Après une version remastérisée et complétée de nouveau contenu en 2014 sous la forme de The Binding of Isaac : Rebirth, ce même jeu a bénéficié d’une extension encore plus riche en 2015 avec The Binding of Isaac : Afterbirth. Enfin, c’est au début de l’année 2017 que la version ultime, The Binding of Isaac : Afterbirth +, pointe le bout de son nez sur PC, puis en septembre dernier sur Nintendo Switch et PlayStation 4, regroupant l’ensemble des versions précédemment sorties, avec encore une fois du contenu supplémentaire. Isaac a-t-il atteint l’ultra instinct ?

Dieu m’a donné la foi

Isaac, ce petit garçon mignon et sympathique, pourrait vivre une existence paisible, sauf que voilà. Sa mère est complètement folle, se lobotomise le cerveau en regardant des émissions religieuses extrémistes à la télévision, se met à entendre des voix et projette de sacrifier son fils au nom du « Tout-Puissant » pour atteindre le Paradis. Isaac s’enfuit donc logiquement en quittant sa maison par sa chambre, en ouvrant une trappe mystérieuse apparue au sol. Le garçon se lance ainsi dans une  aventure chaotique où le maître mot est la survie, tant l’univers traversé par Isaac sera hostile. Bien plus riche sur le fond que sur la forme, la toute première version du jeu apparaissait visuellement comme un titre à l’esprit jeu flash à peine amélioré, proposant une demi-douzaine de tableaux à explorer pour atteindre le boss final. Outre une difficulté bien appuyée, The Binding of Isaac proposait des mécanismes de jeu ultra-simplistes avec les traditionnelles commandes de déplacement, de tir (de larmes) dans seulement quatre directions différentes et d’utilisation d’objets, comme des bombes. Bénéficiant déjà d’une rejouabilité importante dans ses donjons générés aléatoirement, avec des monstres inédits à chaque aventure et de nouveaux objets, le titre remotivait facilement le joueur à relancer une partie. Le jeu s’appréciait d’autant plus, puisque plusieurs fins étaient disponibles, trois autres personnages étaient déblocables et de nombreux objets pouvaient être collectionnés. Bien plus riches qu’il n’y paraît, les différents niveaux proposaient des dizaines de monstres aux routines distinctes et des conditions d’accès à certaines zones nécessitant de recommencer l’aventure plusieurs fois. Avec son approche ridiculement tragique volontaire et son côté gore assumé, The Binding of Isaac pouvait s’interpréter comme une plongée intelligente dans les abîmes les plus sombres de l’âme humaine, matinée de folie et de perversité.

L’une des principales caractéristiques qui distinguait Isaac des autres rogue-like du même type était sa liberté d’action. Le début de chaque niveau se répétait régulièrement avec l’objectif d’améliorer ses compétences et son expérience, puis la recherche d’une pièce dorée renfermant un objet bonus qui aidait le personnage à terrasser le boss, pour ensuite récupérer un nouvel item. Une fois le boss vaincu, le joueur était libre de passer à l’étape suivante, ou au contraire de continuer à explorer le présent niveau pour en découvrir les pièces d’or, les salles ou les éléments à acheter. Et tout le génie du concept se trouvait ici. Le titre laissait le joueur parier sur ses compétences, le niveau de son personnage et le nombre d’équipements à sa disposition. Le pressé pouvait continuer tout droit son aventure au risque de se faire massacrer très rapidement et le pragmatique jaugeait sa capacité à traverser les lieux les plus retors et réfléchissait à l’optimisation des capacités d’Isaac. Chaque joueur pouvait ainsi y trouver son compte.

Stranger Things

Version modernisée du titre original, la refonte The Binding of Isaac : Rebirth reprenait l’ensemble du contenu initial et son extension Wrath of the Lamb,  en y rajoutant énormément d’éléments, mais surtout un moteur graphique amélioré et un mode multijoueur. Le design des monstres a également été remis à niveau, s’est encore diversifié, tout comme les mini-boss et boss de niveaux qui ont grandement gagné en variété. L’interface devenait quant à elle plus adaptée au grand public, avec, entre autres, une carte qui pouvait être légèrement agrandie, des explications sur les objets plus détaillées et un réel système de sauvegarde. Pour équilibrer cette ouverture à un panel de joueurs plus large, cette version Rebirth proposait un mode « Hard » qui donnait du fil à retordre à tout utilisateur aguerri et qui épousait fidèlement la philosophie du jeu initial. Car oui, la difficulté de base avait été ici revue à la baisse, puisque certains objets représentaient de grands atouts dans l’exploration des niveaux. Le multijoueur  (jusqu’à quatre participants) fonctionnait sous la forme d’un mode en coopération locale qui pouvait être activé à tout moment dans la partie, et qui consistait au don d’un cœur de vie de la part du joueur initial au profit du nouveau venu. Ce second personnage, doté de capacités de vol, renouvelait une nouvelle fois l’expérience, puisqu’un temps d’adaptation pour trouver une communication optimale était nécessaire. Rebirth apportait enfin une évolution intéressante des caractéristiques des ennemis en plein combat. Ainsi, pendant une baston, la nature d’un monstre pouvait se modifier, son apparence se transformer, tout comme ses routines et ses cadences de tir. Sans parler des nombreux bonus inédits (dont ceux d’altération d’ennemis plus nombreux et plus handicapants), cette remise à jour du jeu original s’avérait déjà bien complète.

C’était sans compter sur le DLC baptisé Afterbirth, sorti en 2015, qui a lui aussi apporté son (gros) lot de nouveautés. Avec plus d’une centaine d’objets inédits, cette extension enrichissait l’expérience, s’octroyait  dix nouveaux challenges, une refonte du mode en coopération, un personnage inédit, une fin supplémentaire, des ennemis, des boss et autres transformations. De plus, les salles connaissaient également certaines reconfigurations, avec des formes nouvelles diversifiant les seules salles rectangulaires jusque-là disponibles. En matière de mécanique de jeu, des boutons placés dans les niveaux ont fait leur apparition, servant à débloquer des passages, le plus souvent atteignables en passant outre plusieurs pièges bien pensés. Mais l’ajout principal d’Afterbirth était le mode « Greed », une sorte de mode « run », qui amenait le joueur dans une salle centrale proposant un bouton au sol. Avant de le presser, il était conseillé de parcourir les salles périphériques librement accessibles et aux caractéristiques classiques (salle dorée, commerce, sortie, etc.) pour récupérer un maximum d’items. Ensuite, une fois avoir appuyé sur le bouton, se succédaient dix vagues d’ennemis qu’il fallait combattre. Après avoir vaincu ces monstres, le personnage rejoignait le niveau suivant, et ainsi de suite jusqu’au boss final. Avec son challenge très élevé, ce mode apportait une bonne dose de fraîcheur au reste du titre et permettait de percevoir le rogue-like encore sous une autre forme.

Final Flash

Et voici donc The Binding of Isaac : Afterbirth +, d’abord sorti sur PC, car il est important de distinguer cette version de celle proposée sur la console de Nintendo. Encore cinquante objets supplémentaires (pour un total dépassant les 600 objets), de nouvelles architectures de salles, un personnage inédit, une nouvelle fin et de nouveaux ennemis. Afterbith + propose également le mode « Greedier », encore plus complexe que le mode « Greed », ainsi que les défis journaliers en ligne. Mais, surtout, grosse nouveauté, ce « portage de l’extension du remake du jeu original », dans sa version PC, accueille le mode « Workshop » Steam, permettant les modifications personnalisées du jeu partageable en ligne. Véritable éditeur de niveaux de luxe, ce mode fait accroître de manière infinie la durée de vie de cette version ultime.

Et c’est toute la différence qui marque les portages consoles de cette édition PC. Malheureusement, le Workshop n’est bien évidemment pas disponible sur Switch. Pour autant, même si le système de mise à jour sur console est différent de celui existant sur PC, les développeurs de The Binding of Isaac Afterbirth proposeront régulièrement des mises à jour groupées (Booster Packs), apportant ponctuellement des mods du jeu vérifiés et validés par Nicalis et Head Up Games. Ainsi, le joueur Switch est en droit de se demander si l’ajout du “+” à Afterbirth sur consoles est ainsi justifié, surtout pour une telle compilation déjà en partie éprouvée ces dernières années sur d’autres supports, dont les consoles Nintendo 3DS et Wii U, qui plus est au tarif assez élevé de 40 euros. Autre manquement, le jeu n’est toujours pas traduit en français, malgré ces plusieurs mois de décalage avec la version PC.

Pourtant, cette version Switch possède d’autres atouts qui rééquilibrent la balance. Avec une réalisation et un portage parfaits, cette compilation bénéficie d’une prise en main bien plus agréable que sur 3DS. La même impression se fait d’ailleurs ressentir pour la lisibilité, bien plus optimale, que ce soit sur grand écran ou en mode portable. De plus, le jeu étant praticable à plusieurs, jusqu’à 4 participants simultanément, le joueur garde toujours une bonne lisibilité de l’action. Par ailleurs, les contrôles s’avèrent bien pensés. Ceux-ci peuvent se prendre en main de diverses manières, que ce soit uniquement à la croix directionnelle, les boutons A, B, X et Y pour tirer et les gâchettes L, Zl, R et Zr pour le reste des commandes, ou avec les sticks droits et gauches, ou encore en alternant entre les différentes possibilités. En outre, le jeu prend en charge l’écran tactile de la Switch, avec entre autres l’accès à la carte, aux listings d’items et aux statistiques du personnage. Enfin, d’un point de vue technique, la version Switch fait un sans-faute. Fluide de bout en bout, même avec énormément d’ennemis à l’écran ou lors de sessions multijoueurs, le jeu permet de faire avancer Isaac dans son aventure mortelle toujours avec un réel plaisir, sur télévision comme sur portable. Il est à noter que ce jeu se prête à merveille aux possibilités hybrides de la console, étant donné que The Binding of Isaac : Afterbirth + propose des sessions d’une durée moyenne de trente minutes, idéal pour les déplacements et les courtes pauses. Enfin, petite cerise sur le gâteau, la version physique du jeu sur Switch bénéficie d’un traitement particulièrement soigné, ce qui est assez rare. En effet, outre le jeu, la boîte standard inclue deux planches de stickers à l’effigie des protagonistes du titre, ainsi qu’un livret d’instructions très old-school et bienvenu de dix-huit pages.

LES COMMENTAIRES
Les commentaires sont désactivés.
Les prochaines sorties

9

MAI.

Animal Well

Nintendo Switch - Plate-formes Aventure - Bigmode - Shared Memory

14

MAI.

Biomutant

Nintendo Switch - A-RPG - THQ Nordic - Saber Interactive Experiment 101