Test de The Count Lucanor sur Nintendo Switch

En résumé

  • Sorties :
  • 18 Octobre 2017
  • 18 Octobre 2017
  • 26 Juillet 2018

L'avis de Kayle Joriin

Bien qu’un peu tassé et souffrant de quelques rhumatismes, Le Comte Lucanor nous narre une aventure aussi étrange que macabre soutenue par une réalisation néo-rétro très convaincante. Le portage Switch n’est certes pas exempt de défauts et on aurait aimé pouvoir profiter davantage de la portabilité offerte par cette version, surtout vu la petite augmentation de prix. Toutefois, les qualités du titre de Baroque Decay restent entières et on aura donc tendance à le conseiller aux curieux, ainsi qu’à tous les fans de survival horror 2D et de jeu d‘aventure horrifique. D’autant qu'une traduction française est disponible. Il ne restera alors plus qu'à espérer voir débarquer sur Switch les prochains jeux du studio, Yuppie Psycho et Catequesis, qui semblent déjà être dans la même veine.

Les plus

  • Ambiance inquiétante et morbide
  • Le pixel art au service de l’horreur
  • Bande-son angoissante
  • Gameplay efficace
  • Cinq fins différentes...

Les moins

  • … mais une rejouabilité limitée
  • Un peu trop court
  • Déplacements lents et assez rigides
  • Pas de sauvegarde temporaire
  • Quelques bugs et soucis techniques
  • Nintendo-Difference

    par Kayle Joriin

    le 6 novembre 2017 23:00

Apparu officiellement en 1996 avec le premier Resident Evil, même si on peut tracer ses origines jusque dans les années 80, le survival horror a connu de nombreuses incarnations au fil du temps, grandissant, évoluant et se perdant parfois lorsque ses franchises emblématiques avaient des envies de changement. Depuis quelques années, la scène indépendante a toutefois fait beaucoup pour le renouveau du genre, en mettant notamment l’accent sur des aspects plus psychologiques et en cherchant à nous faire ressentir l’horreur de manière viscérale au lieu de se borner au simple « jump scare ». C’est notamment le cas de jeux néo-rétro comme Lone Survivor ou The Count Lucanor qui, avec leurs gros pixels, tentent moins de nous faire peur que d’instiller en nous des sentiments de malaise et de tension. Un dessein que le titre de Baroque Decay, déjà sorti sur PC l’an passé, poursuit aujourd’hui avec succès sur Switch, et ce, malgré un portage pas toujours optimal.


The Legend of Hans

Développé par une petite équipe franco-espagnole, composée notamment de Francisco Calvelo au design et de Maxime Caignart à la programmation, The Count Lucanor (ou Le Comte Lucanor dans sa version française) tire son inspiration de classiques comme The Legend of Zelda, Yume Nikki, Silent Hill ou Dark Souls. Peut-être s’agit-il de la raison qui a poussé Nintendo à classer le titre dans les catégories Aventure et RPG de l’eShop, alors même que la dimension RPG n’est ici guère perceptible, mais pour notre part, nous parlerons donc plutôt de jeu d‘aventure à tendance survival horror. En effet, si la représentation en 2D vue de dessus et certains éléments de gameplay rappellent les péripéties d’un célèbre Hylien vêtu de vert, l’action est clairement mise de côté pour faire la part belle à la récolte d’objets et à la résolution d’énigmes, le tout saupoudré d’une petite touche d’infiltration lorsqu’il s’agit d’éviter les créatures qui hantent les salles et les couloirs du Château Ténèbre, demeure du fameux comte.

Digne d’un récit des frères Grimm, l’histoire nous met dans la peau du jeune Hans, un gamin sans le sou qui vit avec sa mère dans une bicoque délabrée à l’écart du village. La vie est dure depuis que son père est parti à la guerre et bien que Hans trouve du réconfort auprès de son chien Babave, il rêverait d’être enfin adulte pour partir en quête de richesses et de gloire. Lorsqu’arrive le jour de ses dix ans et qu’il se rend compte qu’il n’aura ni cadeau, ni sucreries, le garçon décide cependant que la situation n’a que trop duré. Il en a assez d’être pauvre et s’estime suffisamment grand pour devenir explorateur, malgré les protestations de sa mère qui, avouons-le, jette un peu vite l’éponge. Comme il est dangereux de partir seul, celle-ci lui offre néanmoins la vieille canne de son grand-père, quelques piécettes et un fromage afin de l’aider dans son voyage. Démarre alors une aventure baroque dont nous tairons les tenants et aboutissants pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte. Tout juste révélera-t-on qu’après une petite promenade bucolique entrecoupée de quelques rencontres savoureuses, notre jeune héros va se retrouver plongé au cœur d’un étrange cauchemar dans lequel il croisera différents êtres, plus ou moins excentriques et monstrueux, qui pourront l’aider dans sa quête ou causer sa fin prématurée.

Les pixels de l’angoisse

Astucieux, mais loin de faire le poids physiquement, Hans aura ainsi plus d’une occasion de passer de vie à trépas, que ce soit par le truchement d’une créature hostile ou d’un piège vicieux. Pour survivre, il lui faudra donc agir prudemment (quitte à fuir ou se cacher le cas échéant) et ne pas hésiter à manger un morceau lorsque de sa barre de vie se sera un peu trop vidée. Le reste du temps, il devra explorer son environnement, ramasser divers objets, pousser des caisses, activer des interrupteurs, résoudre des énigmes et discuter avec des personnages pas toujours très nets. La grande majorité de l’aventure se déroulant dans une obscurité pour le moins oppressante, il lui faudra, en outre, gérer son stock de chandelles (heureusement assez conséquent) afin d’éclairer les alentours et d’éviter de se faire surprendre.

Au-delà de son gameplay efficace, mais relativement classique, qui évoque à la fois le Zelda-like et le jeu d’aventure point-and-click, Le Comte Lucanor séduit toutefois d’abord par son ambiance particulièrement travaillée, aussi bien d’un point de vue visuel que sonore. Maniant le pixel art à la perfection, Francisco Calvelo réussit en effet à retranscrire avec force détails l’univers macabre dans lequel évolue Hans, nous faisant ressentir la bizarrerie et l’horreur des situations auxquelles ce dernier est confronté. Quant à la bande-son, elle marie habilement des reprises chiptune des œuvres de Jean-Sébastien Bach et des effets sonores parfaitement adaptés (respirations, gémissements, bruits de pas), bien que parfois un peu répétitifs. En résulte une atmosphère globalement très réussie, à mille lieues du réalisme des survival horror à grand spectacle, mais qui possède une puissance évocatrice impressionnante et qui, sans nous faire réellement peur, arrive à susciter une certaine appréhension pour le destin de notre fragile héros.

Little Big Adventure

En dépit de ses nombreuses qualités, le titre de Baroque Decay souffre néanmoins de quelques défauts qui, sans être totalement rédhibitoires, doivent être pris en considération avant achat. Tout d’abord, même si l’aventure s’avère très prenante, elle est également plutôt courte, puisqu’il ne faudra pas plus de cinq heures pour finir le jeu en prenant son temps, et ce, malgré un rythme très posé dû à des déplacements d’une lenteur parfois un brin agaçante. Il est certes tout à fait possible de recommencer une partie pour expérimenter d’autres choix lors des dialogues ou essayer de résoudre les énigmes dans un ordre différent, mais les cinq fins annoncées n’offrent au final que peu de rejouabilité vu qu’elles dépendent d’actions principalement effectuées dans les dix ou quinze dernières minutes. Il faut d’ailleurs noter que pour plusieurs de ces fins, nous avons rencontré un bug critique renvoyant directement sur l’écran d’accueil de la Switch. Constaté dans la version française, ce bug pouvait être contourné en passant les textes en anglais, mais il semble avoir été corrigé depuis la sortie (grâce au patch 1.0.1), ce qui permet de profiter jusqu’au bout d’une traduction de qualité honorable, malgré quelques expressions et tournures de phrases un peu anachroniques. Dommage, en revanche, que le dit patch n’ait pas corrigé certains défauts techniques moins critiques (ralentissements très ponctuels, petits artefacts sonores, volume trop élevé de certains bruitages), ni ajouté une ou deux fonctionnalités supplémentaires qui manquent un peu dans cette version Switch, notamment en Mode portable.

Que ce soit par sa thématique ou son style rétro, Le Comte Lucanor est en effet parfaitement à son aise sur le petit écran de la machine, surtout lorsqu’on branche un casque et qu’on éteint la lumière pour jouer confortablement dans son lit. Le souci, c’est qu’autant Hans est assez plaisant à contrôler à la Manette Pro, autant les boutons directionnels et le stick du Joy-Con ne sont pas toujours très confortables. Les premiers étant un peu trop durs (surtout dans les diagonales) et le second pas bien réactif. Évidemment, on finit par s’y faire et il s’agit en partie d’un problème hardware sur lequel Ratalaika Games – le studio en charge du portage – n’a pas totalement la main. Toutefois, on ne peut s’empêcher de penser qu’il aurait été possible d’assouplir cette maniabilité parfois un peu lourde, qui risque d’en rebuter certains, bien que ce ne soit pas forcément rare dans le genre.

Dans le même ordre d’idée, mais de manière plus concrète, on aurait également apprécié la présence d’une sauvegarde temporaire, car si le système proposé par le jeu est tout à fait pertinent dans le cadre d’un survival horror de salon, il n’est pas particulièrement adapté à des sessions courtes et répétées. Pour « sauver son âme », le héros devra ainsi dépenser une de ses pièces durement acquises auprès d’un personnage bien précis. Outre la nécessité de revenir auprès dudit personnage à chaque fois qu’on souhaite interrompre la partie, notre bourse aura donc tendance à se vider rapidement, ce qui est d’autant plus gênant que cet argent peut servir à acheter des marchandises potentiellement utiles. Un ultime regret pour ce portage Switch globalement correct, mais qui ne fait malheureusement pas l’effort de s’adapter aux spécificités de son support, malgré un prix de vente légèrement supérieur à celui de la version PC (15 € au lieu de 10).

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