Test Nintendo Switch d’Ash of Gods : Redemption – le tactical russo-chypriote qui assume ses influences

Sorti d’une campagne de financement en 2017 suivie d’une première publication sur PC l’année suivante, le « Banner Saga like » russe Ash of Gods : Redemption tente désormais une incursion sur consoles, avec l’intention d’imiter son modèle et proposer une salade jeu de rôle tactique/tour par tour/ambiance pesante/illustrations faites à la main/histoire à choix multiples qui ne manque pas de piquant. L’influence de la série de Stoic n’est pas la seule, puisque Ash of Gods puise sa narration dans l’œuvre de l’auteur Sergey Malitsky, géniteur de trois ouvrages sur cet univers publiés entre 2011 et 2012. C’est à se demander s’il y a quelque chose dans ce titre qui n’a pas été repompé ailleurs. La réponse est simple : pas vraiment, mais il faut avouer qu’Ash of Gods pompe sacrément bien.

 

Mellon Collie and the Infinite Sadness

Le doute, la tension, le désespoir, voici ce que le joueur ressent dès l’entame de l’aventure. Car si le dernier passage des Faucheurs, menace ultime de l’humanité survenue il y a 700 ans, a été stoppé par le sacrifice d’illustres héros, un nouveau cataclysme est sur le point de détruire le monde en cette période de fête d’Équinoxe de printemps. Incapables de procéder au même rituel que leurs ancêtres, le capitaine Thorn Brenin, le garde Lo Pheng et le scribe Hopper Rouley, les trois principaux personnages dont on suivra à tour de rôle les péripéties, voient les Faucheurs sur le point de réussir à plonger le royaume dans les ténèbres et réveiller de nombreux Dieux endormis.

Le titre se découpe donc en trois arcs narratifs distincts, agrémentés de passages de dialogues aux pavés de textes plus que généreux et d’illustrations rappelant les mécaniques de visual novel. Parsemés de choix proposés au joueur qui auront un impact direct sur l’aventure, ces passages de lecture alternent avec les sessions de combat au tour par tour venant ponctuer les phases d’exploration des cartes.

Avec son univers médiéval-fantastique bien classique et a fortiori bien connu du grand public, la narration, en dehors des longues lectures indispensables, s’avère très accessible et claire de bout en bout, sans proposer de réelles prises de risque. La seule émancipation déjà vue ailleurs est cette proposition d’une aventure aux choix affectant lourdement ses personnages, allant jusqu’à engendrer la mort définitive et la disparition de certains compagnons d’armes. Ajoutant cette dose de tension permanente, ce procédé impose surtout une bonne dose de réflexion au joueur, qui devra prendre au sérieux la moindre de ses décisions avec des choix moraux difficiles, comme sacrifier un de ses guerriers pour en sauver un autre.

Pour aller un peu plus dans ce sens, Ash of Gods : Redemption propose deux modes de jeu, avec une version classique plus difficile et une version bien plus aisée, permettant de se concentrer presque exclusivement sur l’histoire, supprimant toute dose de challenge. Car en mode classique, ce challenge sera bien à la hauteur de la tension apportée par les choix sans retour possible, jouant sur les relations entre les personnages et sur les événements futurs.

The BAshnner of Gods Saga : Redemption

Avec sa difficulté bien sentie, le mode classique imposera de nombreuses restrictions en combat. D’un semblant très habituel pour des luttes au tour par tour sur des damiers, ces sessions se complètent d’un système de cartes, ici appelées Strixes, à utilisation unique et permettant de balancer des bonus et malus en cours de bataille. Ces Strixes ne peuvent être utilisés librement et dépendent du stock de pierres magiques que le joueur aura récolté aléatoirement lors des phases de combat et d’exploration. Ce stock s’avère difficile à maintenir, tant les pierres se font rares et leur récupération se fait souvent totalement par hasard. En outre, le système de soin est aussi très contraignant. Il est ainsi indispensable de faire se reposer les combattants dans une auberge, faute de quoi ils conserveront les dommages et les altérations d’état tout au long des batailles. Les contaminations, si elles ne sont pas soignées, continueront d’affecter les membres de l’équipe.

Ces difficultés sont d’ailleurs étrangement différentes en fonction de l’arc narratif entamé. Avec leurs temporalités distinctes, ces arcs feront passer de rixes entre groupes d’humains et ennemis au niveau bien retors, à une phase entraînant le joueur à incarner un personnage principal capable de décimer seul l’adversaire avec une facilité déconcertante. En ressort un déséquilibre plutôt déstabilisant, demandant au joueur de constamment rester en alerte, n’étant jamais à l’abri de se faire détruire après avoir roulé sur un combat.

Les combats, justement, sont l’une des forces du jeu. Avec ses deux jauges indiquant les niveaux de santé et d’énergie et son arbre de compétences très riche, Ash of Gods impose de surveiller constamment la situation de l’équipe. L’énergie est utilisée pour étendre les possibilités de déplacement des personnages, mais aussi pour se défendre. Une fois cette jauge épuisée, les points de vie diminueront bien plus vite, d’autant plus que des points de vie sont nécessaires aux attaques et compétences. Le tout, appuyé par ce système de cartes venant apporter en profondeur encore plus de stratégie, semble exigeant mais représente bien la qualité apportée aux combats par les développeurs.

Lorsqu’un système de combat intelligent sert une bonne histoire, certes classique mais prenante, et qu’en plus le travail visuel et sonore est soigné, on peut aisément se dire qu’on est en face d’un titre de qualité. Avec une direction artistique bien sûr influencée par The Banner Saga, Ash of Gods se targue d’un travail d’illustrations d’environnement et de personnages premium, avec cependant un petit manque de diversité générale pour les ennemis. Le tout est ponctué par une bande-son agréable en permanence, venant renforcer l’ambiance froide et pesante du jeu. Rien à dire de particulier sur cette version Switch, dont les commandes répondent parfaitement et où, que ce soit en portable ou sur téléviseur, l’expérience demeure toujours convaincante, tout au long des 25 heures nécessaires pour terminer l’histoire principale et les annexes.

 

Conclusion : OUI !

S’il accuse une énorme influence lui faisant perdre une bonne dose d’originalité, Ash of Gods : Redemption n’est pas qu’un simple Banner Saga au rabais. Doté d’une histoire solide bien écrite, d’un système de combat plus que convaincant et d’une réalisation artistique et technique magnifiant l’aventure, ce titre reste sur une mécanique générale exigeante, l’identifiant comme une expérience réservée aux habitués du genre. Mais le côté accessible de son univers, la clarté de sa narration et la richesse de son gameplay en font un jeu ouvert aux nouveaux venus, qui souhaiteront toucher au style rôle tactique/tour par tour/ambiance pesante/illustrations faites à la main/histoire à choix multiples qui ne manque pas de piquant.

LES PLUS :

+ Une direction artistique bigrement réussie
+ Une histoire à choix impactant, responsabilisant le joueur
+ Un système de combat riche et prenant
+ Une bonne alternance dialogues/exploration/combat, évitant la redondance

 

LES MOINS :

– Le jeu des sept différences avec The Banner Saga
– Un équilibre étrange entre les trois arcs narratifs
– Quand même très bavard
– Peu de prises de risque

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Le système de verdict de Nintendo-Difference repose sur trois niveaux :

– OUI ! (nous recommandons l’achat de ce titre, peu importe quel joueur vous êtes : vous l’apprécierez, à condition de ne pas être hermétique au genre)

– “Peut-être” (nous recommandons de bien lire le test avant d’acheter le jeu, car il peut ne pas correspondre à tout le monde, et ce pour des raisons qui peuvent largement être différentes d’un jeu à un autre). Par exemple, un titre peut être tout à fait exceptionnel et obtenir un “Peut-être” parce qu’il se classe dans un genre de niche qui ne correspondra pas à tout le monde alors qu’un autre pourra s’avérer vraiment moyen et à ne réserver qu’aux puristes du genre ou aux fans inconditionnels (comme dans le cas d’une adaptation par exemple).

– NON (nous ne recommandons pas l’achat de ce jeu). Trop mauvais ou trop cher pour ce qui est proposé.

Nous avons abandonné l’idée des notes, car celles-ci n’aident en rien à faire un choix, avec ce système vous savez si vous pouvez acheter les yeux fermés, s’il faut bien lire le test pour savoir si le jeu peut vous convenir ou s’il faut tout simplement s’enfuir.

  • Nintendo-Difference

    par Draco

    le 9 mars 2020 à 16:09

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  • Sorties :
  • 31 Janvier 2020
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  • 31 Janvier 2020
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