Test Nintendo Switch de Icewind Dale : Enhanced Edition, une tuerie dont on ne cache pas l’âge

Si l’illustre Baldur’s Gate a su marquer son époque pré-21ème siècle, c’est bien Icewind Dale (et bien entendu Planescape Torment, dont le test arrive bientôt) qui, il y a pile vingt ans, faisait entrer le style RPG occidental dans le nouveau millénaire. Black Isle Studio reprenait les bases solides installées par le diptyque de Bioware (et aussi d’Ultima), en y apportant une dose d’action et de réflexion stratégique bienvenue. Les Enhanced Editions sur consoles sont semble-t-il en vogue pour ces purs jeux PC idéalement adaptés au combo souris/clavier il y a dix ans. Quoi de plus logique que de se retrouver devant un portage complet du titre par les équipes de Skybound Games et Beamdog sur Nintendo Switch, avec son lot d’adaptations à la jouabilité console, qui, nous l’avons déjà constaté pour Baldur’s Gate, se contentent du minimum syndical. Bis repetita.

Un test rédigé par Chozo.

Winter is coming

Icewind Dale prend place dans les Royaumes Oubliés et sa zone de toundra désertique, le Val de Bise, aux touches glacières et naturelles à l’opposé de l’approche classique médiévale de ses prédécesseurs. Le joueur et son équipe de personnages doivent traverser L’Épine Dorsale du Monde et son climat décourageant de nombreux aventuriers. Encore une fois, nous ne reviendrons pas ici en détails sur les caractéristiques du jeu, mais rappelons cependant que l’on se retrouve toujours dans un jeu de rôle à la sauce Ultima en 3D isométrique, appliquant fidèlement les principes d’Advanced Dungeons & Dragons.

Il s’agit ici également de contrôler six personnages créés dès le début de l’aventure – au contraire de Baldur’s Gate où les personnages sont recrutés en cours de partie –, à déplacer sur une carte dont le brouillard dévoile de nouvelles vastes zones à découvrir. L’efficacité de l’équipe sera donc uniquement du ressort des décisions du joueur, qui devra essentiellement veiller à l’équilibrage de l’ensemble des capacités de ses personnages. Les combats en temps réels, qu’il est possible de mettre en pause pour attitrer une action propre à chaque guerrier, s’enrichissent un peu plus avec la possibilité optionnelle de les stopper automatiquement après chaque tour, une manière d’accentuer leur dimension stratégique.

Avec un bestiaire particulièrement riche et diversifié, sa foison d’équipements, d’éléments magiques, de zones plus grandes, le titre propose également plus d’une centaine de sortilèges et un scénario plaisant de bout en bout, surtout que l’ensemble de l’aventure ne connaît véritablement aucun temps mort, tant l’action est ici mise en avant. Graphiquement parlant, nous sommes très proches de ce que proposaient les jeux précédents. Les décors dessinés à la main demeurent de qualité même vingt ans après, sans aucun bouleversement depuis l’Enhanced Edition sortie au début des années 2010 sur PC, tout comme pour les cinématiques relissées, toujours plaisantes à découvrir. Idem pour la bande-son et les effets sonores, du miel pour les oreilles, à un tel point qu’aucune retouche n’est ici nécessaire.


Quoi de neuf docteur ?

Côté interface, le travail est le même que pour Baldur’s Gate, avec ces petites retouches pour s’accorder avec la maniabilité à la manette, sans pour autant faire de miracles, surtout lorsqu’il s’agit de s’y frotter au Joy-Con. Un écran de jeu au centre avec les personnages, leurs figures en portrait à droite et les actions à réaliser en bas. Seuls les menus, autrefois à gauche (carte, inventaire, ou encore options), sont désormais sélectionnables en appuyant sur Zr au travers d’un système de roue, bien pratique, plus fluide et permettant une étendue d’affichage du jeu bien plus grande. Il va falloir se farcir un gameplay jusque-là idéalement adapté souris, avec un stick. Malgré des déplacements plutôt bien gérés et une vitesse d’exécution accélérée depuis l’œuvre d’origine, il semble rapidement lourd de devoir faire défiler les personnages du groupe pour sélectionner l’unité ou l’ensemble d’unités auxquelles affecter un rôle, ou alors utiliser le (très) lent curseur affiché à l’écran. Dur, en prenant conscience qu’il ne suffisait que de cliquer sur PC…

L’expérience est d’autant plus frustrante que le titre conserve également ses défauts originels, certes pardonnables à l’air de sa création, mais bien moins acceptables de nos jours. En effet, le pathfinding des personnages est reproduit tel quel, avec des unités préférant bizarrement emprunter des détours de malade mental sans raison particulière. Et tout cela se vit avec un inventaire fouillis et désorganisé à la lisibilité souvent difficile, où les textes, dont la police légèrement petite mais surtout pixelisée (sur téléviseur uniquement, cet effet disparait pratiquement en mode portable), pique les yeux au bout de plusieurs dizaines d’heures de jeu.

Cette nouvelle Enhanced Edition pose également la question de son appellation. Il s’agit bien du même jeu au pixel près, agrémenté de ses extensions, de nouveaux sorts, objets, armes ou armures, de kits de classes (trente quand même), de quêtes qui avaient sauté dans la production du jeu d’origine et qui ont été récupérées pour cette version. Il s’agit aussi de ces designs frappant la nostalgie de rétro gamer en plein cœur, fluide de bout en bout. Mais c’est également aujourd’hui davantage une sacrée mixture pixelisée peu adaptée aux jeunes utilisateurs, surtout en mode TV. En configuration portable d’ailleurs, l’ensemble s’avère bien plus agréable, mais, bien entendu, il ne faut pas s’attendre à un mode tactile. Mais non voyons, pourquoi ?

 

Conclusion : PEUT-ÊTRE !

Les débats faisaient rage jadis entre les pro-Baldur et les pro-Icewind Dale quant à celui remportant le titre de meilleur RPG occidental, les premiers mettant en avant le caractère de pilier du genre, les seconds rappelant le côté « version + » de leur chouchou, aux orientations action cassant la relative austérité de l’interface de jeu. Aujourd’hui, une chose est sûre. D’un côté comme de l’autre, nous avons droit à des versions Switch de ces Enhanced Edition un brin paresseuses en mode copié-collé de ce qui avait déjà été fait dans le début des années 2010. Reste un titre aux qualités immenses, au contenu et à la durée de vie gargantuesques, certes un poil mal adapté aux manettes de la console hybride, mais désormais disponible sur plateforme nomade, dans une configuration portable qui s’avère être le meilleur moyen d’en profiter. Et ça, c’est beau.

LES PLUS : 

+ Un monument du genre sur Switch
+ Le jeu sur portable, la meilleure configuration
+ L’orientation action plus poussée, rythmant l’ensemble de l’aventure
+ Les retouches d’interface qui font le café
+ D’une richesse hallucinante
+ Ce côté nostalgique qui fonctionne malgré tout

 

LES MOINS :

– C’est pixélisé de partout sur téléviseur
– Le pathfinding toujours flingué
– La maniabilité et l’utilisation de l’interface trop lourdes
– Peu adapté aux néophytes
– Rien de neuf par rapport aux versions PC
– Se trouve bien moins cher ailleurs

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Le système de verdict de Nintendo-Difference repose sur trois niveaux :

– OUI ! (nous recommandons l’achat de ce titre, peu importe quel joueur vous êtes : vous l’apprécierez, à condition de ne pas être hermétique au genre)

– “Peut-être” (nous recommandons de bien lire le test avant d’acheter le jeu, car il peut ne pas correspondre à tout le monde, et ce pour des raisons qui peuvent largement être différentes d’un jeu à un autre). Par exemple, un titre peut être tout à fait exceptionnel et obtenir un “Peut-être” parce qu’il se classe dans un genre de niche qui ne correspondra pas à tout le monde alors qu’un autre pourra s’avérer vraiment moyen et à ne réserver qu’aux puristes du genre ou aux fans inconditionnels (comme dans le cas d’une adaptation par exemple).

– NON (nous ne recommandons pas l’achat de ce jeu). Trop mauvais ou trop cher pour ce qui est proposé.

Nous avons abandonné l’idée des notes, car celles-ci n’aident en rien à faire un choix, avec ce système vous savez si vous pouvez acheter les yeux fermés, s’il faut bien lire le test pour savoir si le jeu peut vous convenir ou s’il faut tout simplement s’enfuir.

  • Nintendo-Difference

    par Draco

    le 19 janvier 2020 à 15:44

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