Test Nintendo Switch de Windscape, A Link to the Craft

— Hey Chozo, ça avance ce test de Mortal Kombat ?

— Oui, alors heu… Oui, mais là après m’être tapé à peu près 12 000 heures sur deux Disgaea, et maintenant ces bastons à la sauce abattoir de fan-service, j’aimerais pour le prochain jeu tester un truc qui propose quand même un univers un tant soit peu original…

— Oui bon, ok… Tiens, y a Darksiders et Assassin’s Creed III à f…

— Non mais tu te fous de moi ?

— Oui bon, ok, ok… C’est vraiment parce que tu as gagné haut la main le dernier quiz du podcast contre l’autre tache de KJ, mais tiens, y a un petit jeu d’aventure indé qui a l’air sympa, c’est fait par des Allemands, et tu sais bien que les Allemands, niveau détails des histoires qu’ils…

— Oh là, surtout ne finis pas cette phrase. OK file-le moi ce jeu, Windscape c’est ça ? C’est peut-être frais…

— Cool !

— Non mais attends, c’est du Zelda là !

— Ah ? Ben oui, j’avais pas fait attention… Bah trop tard, hein, tu l’as téléchargé maintenant…

— Pfff.

Un test réidgé par Chozo (le râleur).


Ida Ingalls

Sans prétention autre que de se nourrir d’influences, certes majeures, mais vues et revues, Windscape est une création des teutons de Head Up Games, mais plus particulièrement l’œuvre d’un seul développeur, Dennis Witte. Ce dernier s’avère être, comme à peine quelques obscurs joueurs expérimentés, un grand fan des aventures vintage de Link, ainsi que des illustres Secret of Mana et Golden Axe. Mais la grande subtilité, non, la majestueuse originalité du titre, c’est que le tout se déroule en vue à la première personne, comme si Retro Studios, après avoir fait des périples 2D de Samus la plus grande série de FPS de tous les temps, avait procédé au même changement de cap pour l’univers de l’elfe vert et de Hyrule, mais avec le budget de la campagne électorale de Jacques Cheminade.

Après une première publication en 2016 en accès anticipé sur PC, c’est sur les consoles de salon que le titre sort cette année, proposant au moins aussi peu de surprises que la fin de GoT (spoiler :  c’est Podrick qui s’assoit sur le trône, après avoir envahi King’s Landing avec une armée de marcheuses blanches prostituées, lobotomisées par les mystérieuses prouesses crapuleuses du nouveau souverain). Malgré tout, à défaut de nous retourner le cerveau, ce pur jeu d’aventure aux tout légers soupçons de RPG et d’artisanat n’en est pas moins engageant et efficace, que ce soit dans son gameplay ou dans sa direction artistique.

Le joueur incarne la jeune et cubique (aucun jugement physique ici) Ida, trouvant un peu le temps long au milieu des champs d’oignons du paternel, qui sera missionnée par ce dernier pour livrer une commande au village d’à côté. Connaissant la dangerosité de ce déplacement puisqu’il semble que les animaux peuplant les alentours sont devenus étrangement plus agressifs, gentil papounet, sous les yeux de la mère qui n’y voit aucune objection, refile à sa jeune fifille un sommaire bouclier de bois et ce qui ressemble plus à un pied de la table du salon qu’à un véritable arme pour se défendre. Il faudra un jour se questionner sur, au mieux l’inconscience, au pire le sadisme, de parents n’hésitant pas à livrer leur progéniture en pâture aux monstres du coin dans ce type de jeux, Pokémon étant l’exemple le plus évident… Ida prend la route et ne le sait pas encore, mais n’est pas près de rentrer, elle ne sera d’ailleurs plus jamais la même après ce que les prétendus simples services rendus aux PNJ lui réservent en termes de dangers et de courage nécessaire pour survivre. Tout cela devant l’indifférence totale des parents, qui ne voient pas leur fille rentrer après potentiellement plusieurs semaines d’absence et qui préfèrent continuer à bêcher leur jardin. Franchement, vous voyez une ado se promener dans la rue, vous lui demanderiez d’aller chercher une clé cachée au fond d’une mine abandonnée ?


Ida l’exploratrice

Ida, de rencontre en rencontre, de discussion en discussion, une petite quête après l’autre, va tout doucement prendre conscience de l’apocalypse qui se prépare. L’univers du jeu, fait de quatre îles flottant dans les cieux aux environnements JAMAIS vus dans un jeu d’aventure (mine/volcan, désert/temple, forêt/mine…) va s’ouvrir à l’héroïne, qui peut ainsi témoigner de la disparition progressive de son monde. Premier constat, c’est surtout de Zelda que ce jeu est influencé, le tout transpirant de références par tous les pores. Signe le plus évident, ce système de donjons dont on ne peut atteindre le boss qu’en ayant l’équipement adéquat, entre marteaux puissants servant à briser des murs, grapins/téléporteurs et épées suffisamment résistantes pour blesser les ennemis.

Mais il y a aussi les cœurs de santé et les quarts de cœur permettant de rallonger la barre de vie, ou encore les vases à faire exploser au mur, cachant ici et là de petits bonus. Ah ouais, quand-même…  Comme évoqué plus haut, la direction artistique donne heureusement un certain cachet loin d’être désagréable, avec ses textures polygonales très lisses, et des animations simplistes nous faisant revenir aux origines pas forcément inoubliables de la 3D sur consoles, en mode Nintendo 64 piquée au botox. Mais le tout brille par une fluidité permanente, une coloration très vive et chatoyante et surtout une bande-son composée au clavier par le compatriote d’Outre-Rhin Ruven Wegner, réactive en fonction du contexte, passant de la ballade apaisante lors des traversées des prairies à des sonorités plus menaçantes via d’intelligentes transitions dès qu’un ennemi s’approche. Par ailleurs, chaque île et chaque donjon bénéficie de son thème musical attitré, toujours dans le bon ton et en cohérence avec son environnement.

Somme toute très dirigiste malgré son côté semi-ouvert, Windscape propose un système de combat encore une fois très simple, avec l’utilisation d’armes blanches, de boucliers, la possibilité de courir et de sauter, ainsi que l’invocation de la magie élémentaire, limitée au feu et à la glace. Bien, pour une gamine partie donner un colis à un copain de son père. Outre l’équipement d’une armure, aucun autre élément n’est à rajouter sur Ida. Il faudra cependant faire preuve d’un peu de jugeote quant aux armes élémentaires ou à la magie à utiliser en fonction de l’ennemi et de ses faiblesses. Il y a de grandes chances qu’une bestiole en feu sortant de la lave soit quand même un peu plus sensible à une attaque de Mr. Freeze que d’un Salamèche… Ces faiblesses, pour les moins perspicaces, sont d’ailleurs indiquées au-dessus de chaque ennemi et de chaque boss, à côté de sa barre de vie. Et ça c’est très cool. Parce qu’en dehors de ces indications claires, certains dialogues avec les personnages occupant les îles souffrent d’une traduction française aux textes à faire rougir Aya Nakamura. Entre mots oubliés, fautes de syntaxe, vocabulaire mal adapté et erreurs d’orthographe, il faudrait qu’un PNJ demande plutôt à Ida d’aller chercher un Bescherelle dans la bibliothèque de la cité plutôt que de l’envoyer se faire bouffer par des loups géants.

Windcraft

En dehors des combats et de l’exploration, c’est l’artisanat qui sera l’activité la plus chronophage. Attention, la dimension RPG du titre ne se limite qu’à cela, puisqu’il n’existe absolument aucun système d’expérience et de gain de niveau pour Ida. Il faut croire que le développeur estime qu’un enfant livré à lui-même n’a besoin que de bouts de bois, des morceaux de rochers et de baies pour survivre. Bear Grylls a trouvé son maître. Il s’agira donc de mettre de gros coups de pioche aux rochers, déraciner les potentiels aliments, ainsi que récupérer des objets et éléments de craft pour se fabriquer des petits plats permettant de récupérer de la vie, ou de nouvelles armes plus puissantes et bénéficiant de points d’attaque et de défense physique et magique.

La fabrication se fait via des petits emplacements disséminés un peu partout dans le monde et dans les donjons, rassemblant établi, feu de camp, fourneau et laboratoire à mana, permettant de s’équiper idéalement pour s’attaquer ensuite au boss du secteur. Ida, c’est plus que Bear Grylls, c’est Mac Gyver. Gros problème cependant, la navigation dans les menus, notamment de l’inventaire, a hérité du système programmé pour la souris d’un PC, il faudra donc déplacer un curseur sur les différents éléments, ne serait-ce que pour avaler une potion de soin… Dans le genre casser le rythme en plein combat épique, on a difficilement vu mieux. Heureusement, le changement d’arme se fait via la croix directionnelle, permettant une alternance rapide entre magie, marteau, épée ou arc.

Mais reconnaissons que l’ensemble se tient très bien, ces combats en vue à la première personne sont souvent prenants, surtout avec quelques boss bien récalcitrants, nécessitant d’enregistrer correctement leurs patterns. Une petite réflexion est demandée également dans certaines parties de donjons, avec de petits puzzles et énigmes jamais insurmontables et souvent intelligemment intégrés aux décors. Seule ombre au tableau ici, ces fichues phases de plateforme, ennemi juré des FPS mal calibré, et ici trop rares pour générer de la frustration et de l’énervement, même s’il faudra parfois s‘y reprendre plusieurs fois pour qu’Ida ne s’explose pas ses frêles jambes dix-huit mètres plus bas. La frustration, c’est surtout à la toute fin du jeu qu’elle peut se faire ressentir. Après une petite dizaine d’heures de périple (pour vingt euros, outch), voici Ida face à ce boss final dont on ne sait que peu de choses. Une fois l’ennemi vaincu, la satisfaction de voir l’aboutissement de l’aventure se prend un sacré coup de boule en constatant… qu’il n’y a rien. Aucune cinématique, aucun texte, si ce n’est celui du défilement vertical des crédits du jeu. Ne cherchez ni seconde fin alternative, ni New Game+, Windcape subit de plein fouet la loi des limites budgétaires. Espérons au moins que le père a lâché son râteau pour questionner les villageois.


Conclusion : PEUT-ÊTRE !

D’une approche générique évidente, Windscape parvient à captiver avec quelques bouts de ficelles, comme un objet crafté avec des éléments récupérés un peu partout dans le passé des glorieux titres d’aventure/RPG. Efficace dans ses mécaniques (sauf pour le curseur des menus), accessible à tous (sauf aux intégristes de l’orthographe), le titre risque malheureusement de se noyer dans la multitude des jeux eShop du même genre, ce choix de la vue à la première personne et son côté bucolique ne suffisant pas pour marquer une différence nette, le prix du jeu n’aidant pas. Restent dix heures bien remplies, idéales pour occuper un week-end pluvieux où l’on est bien trop flemmard pour se sortir du canapé et changer de cartouche de jeu. Merci le dématérialisé.

LES PLUS : 

+ Une direction artistique charmante
+ Les musiques top
+ Le système de craft, simple et accessible
+ Techniquement propre

 

LES MOINS :

– Zéro originalité
– La fin, en DLC ?
– Une traduction française problématique
– Les phases de plateforme compliquées
– Ce curseur de la mort dans les menus
– Bien cher

_______________________________________________________________

Le système de verdict de Nintendo-Difference repose sur trois niveaux :

– OUI ! (nous recommandons l’achat de ce titre, peu importe quel joueur vous êtes : vous l’apprécierez, à condition de ne pas être hermétique au genre ou à l’univers). Le Oui accompagné du ND Award récompense les titres soit exceptionnels que vous devez acheter quoiqu’il arrive, soit ceux nous ayant provoqué de gros coups de coeur !

– “Peut-être” (nous recommandons de bien lire le test avant d’acheter le jeu, car il peut ne pas correspondre à tout le monde, et ce pour des raisons qui peuvent largement être différentes d’un jeu à un autre). Par exemple, un titre peut être tout à fait exceptionnel et obtenir un “Peut-être” parce qu’il se classe dans un genre de niche qui ne correspondra pas à tout le monde alors qu’un autre pourra s’avérer vraiment moyen et à ne réserver qu’aux puristes du genre ou aux fans inconditionnels (comme dans le cas d’une adaptation par exemple).

– NON (nous ne recommandons pas l’achat de ce jeu). Trop mauvais ou trop cher pour ce qui est proposé.

Nous avons abandonné l’idée des notes, car celles-ci n’aident en rien à faire un choix, avec ce système vous savez si vous pouvez acheter les yeux fermés, s’il faut bien lire le test pour savoir si le jeu peut vous convenir ou s’il faut tout simplement s’enfuir.

  • Nintendo-Difference

    par Draco

    le 15 juin 2019 à 11:53

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  • Sorties :
  • 27 Mars 2019
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