Test de Persona 4 Golden sur Nintendo Switch

Persona 3 a permis d’établir la formule classique de la série, c’est à dire mélanger des combats à la sauce JRPG et une gestion de la vie lycéenne, via notamment des interactions sociales. Si Persona 5 est le jeu ayant remporté le plus franc succès, portant la saga jusqu’au grand public, c’est Persona 4 qui a sérieusement généré de l’intérêt pour la série chez les fans occidentaux. Cela est passé notamment par un changement de ton assez radical qui a permis de s’éloigner de l’ambiance lugubre de Shin Megami Tensei, en mettant notamment en scène des personnages hauts en couleurs, développés de façon plus détaillée. Persona 4 est sorti à l’origine sur PS2, et a eu droit quelques années plus tard à une version ultime et plus complète, Persona 4 Golden sur PS Vita. Ce n’est qu’en 2020 que Persona 4 Golden a pu débarquer sur PC, brisant ainsi l’exclusivité. En 2023, Atlus décide enfin de porter le jeu sur Switch. Dans quelle mesure Persona 4 Golden a-t-il bien vieilli ? Est-ce une expérience plaisante pour des joueurs ayant découvert la série récemment grâce à Persona 5 ?

Un jeu en or

Dès Persona 3, la série a fait en sorte de développer un thème et un style unique pour chacun des opus. Là où Persona 3 traite le deuil avec des tons verts dominants, et Persona 5 se concentre sur la libération avec une explosion de rouge, Persona 4 fait un choix intéressant en centrant son histoire sur l’acceptation de soi via une chaleureuse teinte dorée. Persona 4 adopte ainsi un côté plus joyeux et cartoon, ce qui permet de s’éloigner de l’ambiance très sombre des Shin Megami Tensei et des premiers Persona, parti pris ayant été conservé pour Persona 5. On y profite des joyeuses musiques jazzy de Shoji Meguro, Atsushi Kitajoh et Ryota Kazuka.

Ambiance rurale

Persona 4 Golden comporte des éléments d’histoire uniques par rapport au reste de la saga et qui en font un épisode cher aux yeux des fans. Tout d’abord, l’inspiration de Persona 4 Golden est le polar ou le roman policier. De nombreux crimes sont commis dans une petite bourgade de la campagne japonaise, et les héros doivent réussir à identifier le tueur pour éviter d’en être à leur tour les victimes. Là où Persona 5 se déroule dans un Tokyo bouillonnant de vie, l’intrigue de Persona 4 Golden a lieu dans une ville rurale très calme, avec toutes les spécificités que cela implique. Enfin, là où les héros doivent combattre l’âme de personnes corrompues dans Persona 5, ils affrontent leurs propres démons et les parts sombres de leur personnalité dans Persona 4 Golden. Cela en fait un jeu au ton très personnel et touchant, bien que certaines thématiques (l’homosexualité notamment) soient traitées avec un petit peu de maladresse, époque et culture japonaise obligent.

TV mania

Dans Persona 4 Golden, le joueur incarne un jeune lycéen qui doit déménager de Tokyo vers la campagne pour raisons familiales, où il se fait rapidement de nouveaux compagnons. Le petit groupe s’intéresse aux rumeurs de phénomènes occultes se produisant lorsque l’on regarde une télévision par temps de pluie à minuit, et finit par découvrir l’existence d’un monde situé derrière les écrans de télévision. Cet univers parallèle est très dangereux, et s’y trouver sans moyen de se défendre peut entraîner la mort lorsque le brouillard se lève dans le monde réel. Heureusement, le héros et ses amis, après avoir affronté leurs propres démons, arrivent à maîtriser l’usage de leurs Personae, entités folkloriques leur permettant de se défendre face à des ennemis nommés Ombres. Ils cherchent alors à comprendre pourquoi le serial killer du coin balance ses victimes dans le monde de la télévision afin de les exécuter. Le gameplay se partage donc entre gestion de la vie lycéenne et combats/enquête dans le monde de la télévision.

La campagne, ça vous gagne

En ce qui concerne la vie lycéenne, bien que les options ne soient pas aussi développées que dans Persona 5, Persona 4 comporte un nombre d’activités loin d’être décevant. Comme dans tous les Persona modernes, il faut optimiser son temps au cours d’une année scolaire, afin de développer ses traits de personnalité et créer des liens sociaux, ce qui a pour conséquence de renforcer les héros lorsqu’ils se battent dans le monde de la télévision. Le héros peut choisir de passer du temps avec ses amis ou avec d’autres personnages notables de la ville, participer à des clubs extrascolaires sportifs et artistiques, faire des petits boulots (avec un choix de baito important, et même supérieur à celui de Persona 5), ou encore découvrir tous les petits secrets de la ville. Bien entendu, les jours de la semaine, l’heure de la journée, et aussi la météo limitent et déterminent ce qu’il est possible d’entreprendre.

En renforçant ses liens sociaux avec les habitants de la ville, le héros peut fusionner des Personae plus puissantes. En plus de cela et comme dans Persona 5, s’il renforce des liens sociaux avec les autres camarades de son équipe, ces derniers vont développer des compétences de combat uniques, ce qui n’était pas possible dans Persona 3.

Donjons thématiques

Lorsqu’une victime du serial killer se trouve jetée dans le monde de la télévision et donc en proie à ses propres démons, les héros ont un certain nombre de jours pour infiltrer le donjon de la victime et venir la sauver, sans quoi elle sera retrouvée morte. Le système de donjon de Persona 4 Golden se trouve à l’interface entre celui de Persona 3 et celui de Persona 5. Heureusement, contrairement à Persona 3, le jeu ne comporte pas un donjon unique mais bien plusieurs donjons, ayant chacun une thématisation en lien avec la victime qui s’y trouve (et inspirée d’émissions TV). Mais hélas, ces donjons ne sont absolument pas travaillés et développés comme ceux de Persona 5, et ressemblent plus au Tartarus de Persona 3 avec des skins différents. C’est à dire que ce sont principalement de longs couloirs labyrinthiques générés de façon procédurale. Pour quelqu’un ayant démarré sur Persona 5, cela sera clairement perçu comme ennuyeux.

Persona au combat

En ce qui concerne les combats, pas de grosse surprise, les héros se battent contre des ennemis nommés Ombres à l’aide de Personae, puissantes entités inspirées du folklore international. Le héros principal peut récupérer de nouvelles Personae à l’issue d’un combat et peut ensuite les fusionner dans un lieu nommé Chambre de Velours pour en créer des plus puissantes. Lorsque le héros attaque ou se fait attaquer par une Ombre dans le donjon, le combat démarre, un système de combat JRPG classique au tour par tour se déclenche, avec la possibilité d’attaquer physiquement ou via des compétences magiques, de se défendre ou d’utiliser des objets. Le combat est assez similaire à ce qu’on retrouve dans Persona 5, à quelques petits éléments près, ce qui le rend tout à fait satisfaisant. On notera que le niveau de difficulté est ajustable en cours de partie, et qu’il est possible pour les joueurs débutants d’avoir dès le départ une expérience facilitée.

Spécificités du portage

Persona 4 Golden comporte quelques nouveautés par rapport à la version Persona 4 originale, notamment de nouveaux personnages et éléments d’histoire, de nouveaux liens sociaux, des cinématiques et des nouvelles tenues. La version PC a permis d’apporter quelques améliorations graphiques et d’optimiser certaines fonctionnalités mineures (comme la possibilité de choisir les voix japonaises). La version Switch comporte tous ces éléments avec en plus des traductions en français, anglais, allemand, espagnol, italien, japonais, chinois et coréen. Comme pour Persona 3 Portable sur Switch, ces traducteurs n’ont malheureusement été crédités nulle part, ce qui est fort dommage.