En résumé
L'avis de Kalimari
Si le jeune public – féminin – sera le plus enclin à l'apprécier pleinement, Princess Peach : Showtime ! propose une aventure plaisante pour quiconque s'y essaierait. Très agréable visuellement, expressif dans ses animations et ses interactions avec le décor, porté par une Princesse plus guerrière qu'à l'accoutumée, difficile de bouder son plaisir face à la dernière production de Good-Feel. Quelques défauts subsistent, à l'image d'une bande-son certes sympathique, mais franchement oubliable, ou d'une complétion rendue légèrement pénible par une lenteur de jeu et un rythme haché par ses nombreuses cinématiques et animations. Finalement, le plus gros point noir du titre réside dans son aspect technique et son framerate asthmatique (au moins, cette fois-ci le jeu n'est pas flou en portable !). Quant à sa difficulté, on ne lui en tiendra pas rigueur, Princess Peach : Showtime ! étant clairement pensé pour les plus petits. Pas de jeté de tomates pour son altesse donc, mais une prestation qui ne mérite pas non plus l'ovation. Un jeu fort sympathique, à défaut d'être particulièrement marquant, mais qui Syrah à n'importe quelle ludothèque.
Les plus
Les moins
par Kalimari
le 21 mars 2024 12:00
Dans le microcosme du Royaume Champignon, cela fait bien longtemps que Mario n’est plus l’unique héros d’un univers sujet à de trop nombreuses situations de crise. Au fil des années, amis et rivaux ont su s’émanciper du plus célèbre plombier, à l’image de Luigi, Donkey Kong, Yoshi, Wario ou encore Toad. Qu’il s’agisse d’une chasse au trésor ou aux fantômes, de protéger leurs richesses ou de venir en aide à leurs amis, tous ont pu profiter d’un instant de gloire, aussi éphémère fût-il. Tous, y compris la Princesse Peach, pourtant davantage habituée à être captive des griffes du vil Bowser. Déjà en 1990 avec Princess Toadstool’s Castle Run (une montre façonnée comme une console Game & Watch, distribuée dans les McDonald’s américains et japonais en tant qu’objet promotionnel), mais aussi et surtout en 2005 sur Nintendo DS avec Super Princess Peach. Près de vingt ans plus tard, les possesseurs de Nintendo Switch retrouveront son altesse en tant qu’héroïne principale dans Princess Peach : Showtime !, disponible dès ce 22 mars en version physique ou dématérialisée au prix de 59,99 €. Fin heureuse ou véritable tragédie, c’est à travers notre test complet que nous vous donnons notre avis définitif sur la nouvelle grosse sortie de Nintendo.
Sa curiosité piquée par un prospectus, Peach se rend au Théâtre de l’Étincelle, accompagnée de quelques-uns de ses fidèles Toad. À peine arrivée sur l’île où se tient l’établissement, les évènements tournent rapidement au vinaigre. Apparus via un portail maléfique, la terrible Syrah et ses sbires mettent à sac l’édifice, y retenant captifs la Princesse ainsi que nombre d’acteurs et spectateurs. Rapidement sollicitée par Stella, la gardienne des lieux, Peach se met en quête de défaire la Grappe maléfique et leur cheffe. À l’aide du pouvoir du ruban de Stella, le binôme devra se rendre à chaque représentation pour y repousser les forces du mal. Composé de plusieurs étages, le Théâtre de l’Étincelle propose de nombreuses pièces aux thématiques variées : western, opéra, histoires de cape et d’épée, patinage artistique, arts martiaux et même concours de pâtisserie ! Manque de pot, les acteurs principaux font partie des otages et c’est à Peach que revient le devoir d’endosser le rôle principal, tant dans le jeu – totalement dépourvu de références à Mario et consorts – que sur les différentes scènes traversées.
Comme souvent avec les productions se déroulant au Royaume Champignon, le scénario tient ici plus du prétexte que d’une réelle volonté de conter une histoire engageante. Toutefois, on s’avoue surpris devant la qualité des cinématiques du titre, tant sur le plan technique que sur leur mise en scène. De manière générale, l’œuvre de Good-Feel, le studio derrière la production du jeu, s’éloigne beaucoup de leurs précédents titres (Yoshi’s Crafted World et Yoshi’s Woolly World, Kirby – Au fil de la grande aventure ou encore Wario Land : The Shake Dimension). Alors que ceux-ci mettaient l’emphase sur une idée de gameplay bien définie et une direction artistique assumée, Princess Peach : Showtime ! se montre plus conventionnel en gravitant autour du film d’animation. À bien des égards, les nouvelles aventures de son altesse se rapprochent davantage d’un Luigi’s Mansion 3 que d’un Super Mario Odyssey, enchainant les interactions avec les différents éléments du décor tout en poussant les animations à leur paroxysme, quitte à nuire au rythme du jeu et le nombre d’actions réalisables par minute.
Indubitablement, Princess Peach : Showtime ! est un titre à la fois très agréable à l’œil, mais aussi particulièrement charmant dans l’univers qu’il dépeint. Les animateurs n’hésitent pas à rendre la Princesse particulièrement expressive, dans tout ce qu’elle a de plus gracieux, mais aussi dans ses postures guerrières davantage agressives, un peu à la manière dont « Super Mario Bros., le film » a su dépeindre son personnage. Une qualité pour beaucoup, mais qui laissera peut-être de marbre certains, lesquels se sentiront finalement plus spectateurs que joueurs face aux tribulations de nos héroïnes. À chaque prouesse réalisée, le titre stoppe son action pour un mouvement de victoire, une scène menant à la suite du niveau ou encore un QTE. Dommage que la technique ne parvienne pas à rendre justice à tout ce joli travail visuel, comme a su le faire Luigi’s Mansion 3.
Bien loin des soixante images par seconde de Yoshi’s Crafted World, pourtant produit sur le même moteur graphique (Unreal Engine 4), Princess Peach : Showtime ! parvient difficilement à maintenir les trente images par seconde. Un défaut qui s’accentue lors des cinématiques réalisées via le moteur du jeu, lesquelles peinent à rester suffisamment fluides pour se montrer agréable à regarder. Et s’il vaut mieux éviter d’enchaîner directement une partie de Mario Kart 8 Deluxe avec Princess Peach : Showtime ! tant la différence peut sauter aux yeux, il serait malhonnête de notre part de ne pas souligner la nette amélioration de la résolution du jeu, toujours en comparaison avec Yoshi’s Crafted World. Là où ce dernier présentait beaucoup de variations et pouvait même devenir carrément flou en mode portable, le nouveau titre de Good-Feel est assurément beaucoup plus fin.
Armés de la capacité à utiliser le pouvoir du ruban de Stella dès le début de l’aventure, les joueurs se voient donner le choix d’un niveau parmi quatre au sein du rez-de-chaussée. Chaque étage possède autant de scènes à explorer et sauver, avant d’affronter un boss, lequel garde l’accès des escaliers pour passer au palier supérieur. Un total de trente-cinq stages – boss compris – composent le Théâtre de l’Étincelle, ce dernier servant de hub durant toute l’aventure. Quelques personnages secondaires se tiendront à disposition pour réaliser des défis ou personnaliser les tenues de Peach et Stella en échange de pièces sonnantes et trébuchantes. Chacun des niveaux renferme de précieuses gemmes d’Étincelle à collecter pour ouvrir la porte d’un boss, mais aussi des rubans et médaillons pour modifier l’apparence de nos héroïnes. D’autres objectifs seront à réaliser une fois Syrah défaite, offrant aux joueurs un contenu post-game bienvenu.
Il faut dire qu’en plus d’une facilité certaine, Princess Peach : Showtime ! reste relativement court. Il ne nous aura fallu qu’un peu plus de six heures pour le finir en ligne droite avec une complétion bien avancée ; comptez entre dix et douze heures pour le 100 %. Indépendamment de leur gameplay respectif, c’est surtout du côté de l’exploration que le titre manque de challenge. Les plus jeunes et autres purs néophytes peineront certainement à collecter toutes les gemmes d’Étincelle de chaque niveau, mais pour les autres, toutes ou presque sont décelables au premier coup d’œil. Finalement, la seule raison de relancer un niveau tient à une règle franchement frustrante : l’impossibilité de retourner en arrière lorsqu’on passe d’un tableau à un autre. Comme souligné plus haut, les animations étant nombreuses, assez longuettes et surtout impossibles à passer, les joueurs devront s’armer de beaucoup de patience au moindre collectible manqué, puisque chaque erreur leur demandera de recommencer le niveau depuis le début.
Toutefois, il s’agit là de défauts assez mineurs, tant le reste du titre se montre agréable et généreux à parcourir. Peach répond au doigt et à l’œil ; la physique du personnage et sa palette de mouvements, bien que réduite, fonctionnent à merveille. En plus d’un saut classique, la Princesse pourra user du pouvoir du ruban de Stella pour s’en servir comme projectile. Projectile qui, en cas de contact avec un ennemi, un allié ou un élément du décor, répondra différemment. Face à un membre de la troupe de la Grappe maléfique, le ruban se chargera de l’éliminer ; face à un allié, il lui redonnera du courage afin de lui faire réaliser une action ; face à un élément du décor, il permettra de redonner vie à l’environnement. Dans tous les cas, Peach en profitera pour s’en mettre plein les poches. Attention tout de même : Peach n’est pas invincible, et venir au contact d’une créature, tomber dans un trou sans fond ou être blessée par un piège ou un projectile lui fera perdre un de ses cinq points de vie.
Une jauge de santé qu’on peut évidemment restaurer en mettant la main sur des objets en forme de cœur, disséminés sur le chemin ou attribués après avoir réalisé un exploit. Mieux encore, pour ceux qui éprouveraient des difficultés face au titre, un personnage situé au rez-de-chaussée propose d’activer une amulette conférant trois points de vie supplémentaires. Et si jamais Peach venait tout de même à épuiser sa réserve d’énergie, le jeu ne lui retirerait que quelques pièces de son stock. De même, le joueur reprendrait sa progression au tableau où il se trouvait avant sa mort, plutôt que depuis le tout début du niveau. Pour garder la pêche (ah !), le mieux reste cependant d’accéder au socle d’une Étincelle pour endosser le costume du rôle principal. Outre un nouvel attirail, Peach accèdera également à de nouveaux pouvoirs, tous liés à la panoplie portée.
Avec dix costumes au compteur, la Princesse peut incarner le rôle d’une épéiste agile, d’une experte du kung-fu, d’une super-héroïne particulièrement courageuse, mais aussi d’une sirène à la voix enchanteresse, d’une détective à la logique implacable ou d’une pâtissière au talent indéniable. Ainsi le jeu ne se concentre pas seulement autour de l’archétype du combattant, mais gravite aussi du côté d’activités plus cérébrales ou artistiques. Rien de jamais franchement compliqué, Princess Peach : Showtime ! étant clairement orienté pour un public très jeune, mais tous permettent de varier les plaisirs, étage après étage. À noter que chacun des niveaux traversés ne propose qu’un seul costume à enfiler, évidemment imposé par la thématique de la représentation théâtrale. Qui dit diversité, dit aussi inégalité dans l’intérêt et le plaisir procuré par les différentes transformations mises à notre disposition.
Si l’épéiste reste relativement classique dans son approche à base de coups portés et d’esquives permettant de prendre à revers un ennemi très défensif, le plaisir régressif qui s’en dégage suffit à faire oublier le simplisme de son gameplay. A contrario, la détective et ses « enquêtes » assommantes auront tôt fait de repousser le public plus âgé. De même, la pâtissière et ses mini-jeux répétitifs et approximatifs (pas besoin d’être précis dans la pose de la crème, le titre étant très permissif à ce niveau-là) s’apparente davantage à du remplissage qu’une véritable proposition de gameplay. Reste que l’ensemble demeure convainquant, notamment la ninja et sa facette infiltration, la voleuse et ses phases de parkour ou la cowgirl qui pioche allègrement dans le genre du runner. Chaque costume s’étale sur trois niveaux, l’un basé sur la découverte du rôle, le second sur la maîtrise de ses pouvoirs et enfin le dernier sur un combat de boss (à l’issu duquel on libère l’Étincelliste [l’acteur principal] retenu captif par Syrah).
Relativement sommaire dans son level design, Princess Peach : Showtime ! propose tout de même quelques bonnes idées de gameplay. Au-delà des sempiternels éléments cachés derrière des éléments de décor ou des tableaux basés sur du scrolling automatique, le jeu adapte ses environnements à la thématique du théâtre, notamment via des salles secrètes, lesquelles sont uniquement accessibles en prenant la pose sous le feu d’un projecteur placé discrètement ici ou là. Salles qui contiennent généralement une épreuve expéditive, ayant pour récompense une gemme d’Étincelle. Peach devra également prendre des poses avec certains personnages alliés, mais également en se rapprochant d’objets pour les activer ; des phases essentiellement disséminées lorsque le joueur est affublé d’un costume, un état dans lequel Peach ne peut plus user du pouvoir du ruban de Stella. Notons également quelques séquences puisant dans le shoot’em up, là aussi jamais très profondes, mais qui parviennent à renouveler l’intérêt de l’aventure.
Pour les plus acharnés, des « répétitions » se débloquent une fois les quatre niveaux d’un étage terminés, proposant un défi plus corsé pour obtenir de l’argent. Trois paliers sont proposés, chacun conférant un gain qui lui est propre. Par exemple, du côté de l’épéiste, le joueur devra se défaire du plus d’ennemis possible dans un temps donné, tout en évitant de subir le moindre dégât, rallongeant un peu la durée de vie du titre. Une fois Syrah défaite, de nouvelles taches s’offrent à nous, comme la recherche des trois ninjas cachés dans chacun des stages, ou les hauts faits propres à chaque boss. Des défis qui ne s’adressent véritablement qu’aux complétionnistes assumés, ou à celles et ceux qui auraient aimé un jeu plus généreux. Un ultime petit mot sur les boss en question, qu’on a beaucoup appréciés malgré une difficulté qui nous a semblé décroissante. La mise en scène du boss final, quasi cataclysmique à la manière d’un Kirby, donne davantage de frissons qu’un réel plaisir de jeu, tant il se traverse les doigts dans le nez et peine à véritablement se réinventer au cours de ses différentes phases.