Test de The Wonderful 101 : Remastered sur Nintendo Switch

En résumé

  • Sorties :
  • 22 Mai 2020
  • 19 Mai 2020
  • 11 Juin 2020

L'avis de Kayle Joriin

Comme souvent avec les remasters, éditions définitives et autres versions Deluxe, il n’est pas toujours simple de faire la part des choses entre les qualités initiales de The Wonderful 101 et l’intérêt intrinsèque de sa réédition sur Nintendo Switch. Néanmoins, la paresse globale dont fait preuve cette version 2020, et son prix de vente un peu élevé pour un simple portage, n’incitent pas forcément à la clémence. Si le titre de PlatinumGames demeure une expérience fort plaisante – bien qu’imparfaite –, on ne le recommandera donc pas sans réserve à tout le monde. A fortiori ceux qui avaient déjà craqué il y a sept ans ou qui auraient la possibilité d’y jouer sur Wii U.

Les plus

  • Un délire permanent
  • La variété des phases de jeu
  • Un contenu conséquent
  • En gros, les mêmes qualités qu’en 2013
  • 1080p et temps chargements réduits

Les moins

  • Souvent confus
  • Toujours pas bien beau
  • Problème de caméra
  • En gros, les mêmes défauts qu’en 2013
  • Un remaster fainéant
  • Nintendo-Difference

    par Kayle Joriin

    le 13 octobre 2020 17:39

Depuis plusieurs années, les développeurs de PlatinumGames semblent avoir enfin réussi à exorciser la malédiction qui leur collait aux basques, avec des jeux souvent très appréciés par la critique, mais dont la réussite commerciale était rarement au rendez-vous. Un déclic sans doute provoqué par le succès (mérité) de l’excellent NieR:Automata, approchant désormais de la barre des 5 millions d’exemplaires écoulés sur PC, PlayStation 4 et Xbox One. Quant à l’exclusivité Astral Chain, annoncée par surprise quelques mois avant sa sortie sur Switch, elle a dépassé le million d’unités en mars dernier, soit la meilleure vente du studio sur console Nintendo derrière Bayonetta 2 (en cumulant les deux versions). De quoi renforcer les ambitions de la firme, toujours à l’œuvre sur le troisième volet des aventures de la sorcière à lunettes. Outre le mystérieux Project G.G. et l’ouverture d’une nouvelle division tokyoïte, le mésestimé The Wonderful 101 a donc eu droit à une seconde chance par le biais d’une remasterisation multi-support placée sous le signe du financement participatif. Or, si l’idée initiale était bonne, le résultat interpelle un peu sur l’utilisation des suffixes à la mode.


Artwork de The Wonderful 101 : Remastered


Retour au pays des merveilles


À la base, il y a en effet ce jeu d’action délirant et décomplexé que nous évoquions dans notre test de 2013. Peut-être la plus « Platinumesque » des productions de PlatinumGames, reprenant d’une certaine façon le trip des Viewtiful Joe et le développant assez librement. Car malgré une base de beat them all technique et intéressante, l’aventure multipliait les séquences alternatives, quitte à se perdre un peu en route de temps en temps. On y incarnait une troupe de super-héros décalés, chargés de protéger la terre contre les envahisseurs de la terrible Fédération GEATHJERK et capables d’unir leurs pouvoirs (ainsi que leurs corps) grâce à l’unimorphisation. Celle-ci permettait alors de matérialiser divers outils nécessaires à la progression, qu’il s’agisse d’armes (poing, épée, flingue, etc.), d’échelles et de ponts facilitant l’accès à des zones inaccessibles, de ressort pour esquiver les attaques ou d’un gros tas de gelée faisant office de garde.

Image de The Wonderful 101 : Remastered

Passablement foutraque, pas toujours très lisible et doté d’une réalisation relativement modeste, The Wonderful 101 demeurait néanmoins un titre de qualité ; original, varié et très attachant. Malheureusement, il énervait aussi parfois davantage qu’il amusait, et dans sa recherche permanente de nouveautés, il prenait régulièrement le risque de tromper, donnant logiquement naissance à une expérience imparfaite. Difficile alors de lutter contre son collègue Bayonetta 2, un peu moins extravagant, mais clairement mieux maîtrisé, qui conservait le gameplay frénétique et la mise en scène spectaculaire de son prédécesseur, tout en arborant fièrement la philosophie de l’écurie d’Osaka. En revanche, en termes d’adéquation avec son support, TW101 gardait un réel avantage grâce à de nombreuses phases de gameplay asymétrique et à l’utilisation du tactile de manière à réaliser les fameuses unimorphisations via différents tracés. Autant de tentatives louables, symboles d’une époque où l’expérimentation était de mise.

Image de The Wonderful 101 : Remastered


En classe économique


Un des grands enjeux de la remasterisation était d’ailleurs de réussir à transposer cela sur un écran unique, et si certains – comme l’auteur de ces lignes – espéraient une véritable refonte, le résultat est finalement un tantinet paresseux. En effet, plutôt que de modifier leur jeu afin de l’adapter réellement aux spécificités de ses nouveaux supports, les développeurs se sont « contentés » d’un affichage simultané des deux flux vidéos originaux ; soit en surimpression, soit l’un à côté de l’autre. Le paramétrage est certes relativement complet avec la possibilité de déplacer et de redimensionner les fenêtres, de gérer le niveau de transparence, voire de sélectionner une image de fond. Sans compter qu’en fonction des scènes, l’utilisation des deux « écrans » a été inversée pour une meilleure lisibilité, par exemple dans le cas des passages en intérieur, autrefois affichés sur le GamePad. Il n’empêche que la solution reste loin d’être idéale, notamment en mode portable.

Image de The Wonderful 101 : Remastered

De plus, vu les quarante-cinq euros demandés, on aurait pu s’attendre à autre chose qu’un simple portage, dont les seules améliorations techniques notables concernent le passage (appréciable) au 1080p en mode téléviseur – contre 720p sur Wii U –, ainsi que des temps de chargement réduits. Côté framerate, en revanche, la version Switch ne fait pas mieux que son aînée, oscillant régulièrement entre les 30 et les 60 images par seconde. Alors, bien entendu, le titre se dote pour l’occasion de quelques petits ajouts, promis dans les jalons de financement de la campagne Kickstarter. Ou plutôt « il devrait s’en doter bientôt », car le mode Time Attack et les missions annexes en 2D vue de côté – permettant d’incarner Luka – semblent encore en développement à ce stade. Et rien ne dit d’ailleurs qu’ils seront gratuits, hormis pour les backers.

Image de The Wonderful 101 : Remastered

Du coup, il faut bien reconnaître qu’au-delà du plaisir de voir The Wonderful 101 revenir sur le devant de la scène, on est un peu déçu du manque d’ambition de ce remaster, qui perd une partie du charme asymétrique du jeu original, sans réellement le compenser pour le moment. Il constitue certes une belle occasion de découvrir ou de redécouvrir l’une des productions les plus délirantes de PlatinumGames, injustement boudée en son temps. Toutefois, il est difficile d’être réellement satisfait du travail d’adaptation réalisé ici, même si on ne peut nier la masse de boulot initiale qui n’avait pas vraiment été récompensée en 2013. Reste qu’à l’heure actuelle, au-delà de l’habituel argument de la portabilité ou de la présence des commandes tactiles, la version Switch ne s’impose pas forcément comme un premier choix. Dans l’absolu, on aurait donc encore tendance à recommander la version Wii U, malgré son âge et son affichage en 720p.

Image de The Wonderful 101 : Remastered

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