Test Nintendo Switch de RemiLore, le hack ‘n’ slash rogue-lite qui pèche par avidité

Que ce soit par ses activités de développement, d’édition ou de publication, le studio Nicalis a acquis, au fil des ans, une certaine renommée auprès des amateurs de productions indépendantes. On lui doit notamment les divers portages améliorés du célèbre Cave Story – initialement développé par Daisuke « Pixel » Amaya – et l’excellent The Binding of Isaac : Rebirth – version remaniée du titre d’Edmund McMillen et Florian Himsl. Du coup, lorsque les Californiens annoncent la sortie d’un nouveau jeu, on a tendance à s’y intéresser un minimum. Surtout si les premiers visuels montrent un univers mignon et un gameplay dynamique, comme ceux de RemiLore. Malheureusement, quand on demande une quarantaine d’euros aux joueurs, il vaut mieux leur offrir une expérience consistante ou du moins addictive. Or, ce n’est pas forcément le cas de ce mélange entre hack ‘n’ slash et rogue-lite, développé par les Sud-Coréens de Pixellore et REMIMORY, dont les bonnes intentions ont du mal à convaincre sur la durée.


Un test rédigé par Kayle Joriin.


Remi aux pays des merveilles

Tout commence lorsque la jeune Remi, de corvée de ménage à la bibliothèque de son lycée, réveille un étrange grimoire magique surnommé Lore qui, sur le coup de la surprise, les téléporte machinalement vers sa terre natale : le pays de Ragnoah. Le souci, c’est que depuis la disparition inexpliquée du maître des lieux, ce monde autrefois paisible a été envahi par de belliqueuses créatures mécaniques. Outre ses talents athlétiques naturels, notre héroïne va donc devoir compter sur l’aide de son nouveau compagnon – doué de parole et doté d’un sale caractère – afin d’atteindre le portail susceptible de la renvoyer chez elle. Avant cela, il lui faudra toutefois traverser les différentes régions de Ragnoah et affronter les nombreuses machines créées par Choux, une gynoïde bornée n’appréciant guère les humains et semblant avoir une relation conflictuelle avec Lore.

 

Si à première vue le synopsis ne déchire pas trois pages à un grimoire, il ne donne pas non plus lieu à des développements bien originaux, ni toujours passionnants. Dans l’absolu, l’univers n’est pas déplaisant, mais l’histoire vaut sans doute davantage pour son humour – illustré par les fréquentes chamailleries entre les protagonistes – que pour la finesse des thèmes abordés. D’autant que le casting reste limité aux trois personnages précités et à un bestiaire pas spécialement varié. Le titre – uniquement traduit en anglais – n’en est pas moins bavard. Simplement, il y a un peu à boire et à manger dans ce qu’il raconte. En dehors des discussions scriptées faisant avancer le scénario principal, ce sont en effet surtout les dialogues d’ambiance, déclenchés aléatoirement, qui permettent de donner un minimum d’épaisseur au background. Malheureusement, ils finissent rapidement par se répéter et perdre de leur intérêt – cette redondance ayant néanmoins l’intérêt de pouvoir rattraper ultérieurement les échanges que l’on n’avait pas pu lire dans le feu de l’action.

 


Hack ‘n’ slasheur précoce

En pratique, les petites fragilités scénaristiques susmentionnées ne portent cependant pas à conséquence car l’aventure offerte par RemiLore est assez brève. Les seize niveaux proposés, répartis de manière homogène en quatre actes distincts, se parcourent ainsi en à peine trois ou quatre heures, et la difficulté par défaut reste très accessible. Le jeu nous réserve certes une petite surprise une fois le mode histoire terminé – un nouveau personnage jouable et un récit inédit étant alors accessibles. Toutefois, cela ne fait guère que doubler une durée de vie famélique, et pour trouver un minimum de rejouabilité, il est donc préférable de se tourner vers les différentes mécaniques de rogue-lite.

 

Sur le papier, les options semblent d’ailleurs plutôt intéressantes. Au-delà de la génération procédurale de niveaux et de la possibilité de jouer, seul ou à deux, en mettant de côté le scénario, plusieurs règles alternatives sont en effet disponibles afin de varier légèrement les plaisirs. Qu’il s’agisse de sélectionner librement son équipement parmi celui préalablement débloqué, d’obtenir un bonus de force au détriment de la vitesse (et inversement), de prendre part uniquement aux combats de boss, ou modifier simplement le niveau de difficulté – avec notamment un mode Nightmare où on ne dispose que d’un point de vie –, il y a de quoi faire. On peut même se rajouter encore un peu de challenge supplémentaire en activant la mort définitive, qui oblige à recommencer l’aventure du début en cas de KO, au lieu de ne reprendre qu’au début de l’acte en cours. Le souci, c’est que ces fonctionnalités ne suffisent pas à compenser les principales lacunes du titre. En particulier, une sensation tenace de répétitivité dont il n’arrive jamais totalement à se départir.

 

 

Si j’avais un marteau

Dans l’absolu, les bases du gameplay ne sont pas forcément en cause, la formule hack ‘n’ slash proposée étant simple et efficace. Remi dispose ainsi de quelques combos – alternant coups faibles et coups forts –, de pouvoirs magiques octroyés par Lore, et d’un dash permettant à la fois de franchir certains obstacles et d’esquiver les attaques ennemies. L’utilisation de ce dernier étant cependant limitée par une jauge d’endurance. Ce n’est certes pas énorme, mais il n’en faut pas davantage pour botter les fesses des mecha-monstres rencontrés ou démolir méthodiquement l’ensemble du mobilier. Des actes de destruction pas totalement gratuits vu qu’ils permettent de récupérer divers butins, comme des potions de soin ou de mana, des bonus ou malus mystères – obtenus en battant certains ennemis puissants –, et surtout une farandole de desserts venant alimenter une jauge qui sert à la fois de monnaie et d’expérience.

 

Ne possédant initialement que son balai fétiche, Remi va pouvoir peu à peu accéder à une collection d’environ deux cents armes, plus ou moins délirantes, classées en six grandes catégories. Obtenir l’intégralité de l’arsenal et découvrir chaque style de combat peut alors devenir une bonne motivation pour enchaîner les runs. Et il en va de même concernant l’amélioration des sorts ou des capacités passives dont dispose l’héroïne. Dans les deux cas, la progression est en effet conservée d’une partie à l’autre, constituant une base de rejouabilité non négligeable. Malheureusement, bien que tout cela semble attrayant sur le papier, en pratique, on finit là encore rapidement par tourner en rond.

 


Et ça continue encore et encore

Qu’elle soit due à la redondance des décors et des structures de salles, au manque de variété des ennemis et à leur IA limitée, ou au faible nombre de coups disponibles – malgré des types d’armes assez différents –, l’ennui peut ainsi gagner le joueur dès les premières heures et s’installer durablement. D’ordinaire, les hack ‘n’ slash compensent leur éventuelle répétitivité par une profusion de loot et une gestion poussée de l’équipement ou des compétences. Le tout sur une aventure pouvant facilement durer plusieurs dizaines d’heures. Quant aux rogue-lite modernes, ils favorisent les sessions relativement courtes avec des morts fréquentes qui servent de marqueurs d’avancement et des niveaux constamment renouvelés grâce à la génération procédurale. Dans les deux cas, cela a pour but de créer une dynamique positive afin de divertir et d’impliquer le joueur.

 

En mélangeant les deux genres, les développeurs de Pixellore et REMIMORY souhaitaient vraisemblablement offrir une expérience accessible, tout en favorisant la rejouabilité et les parties rapides. Sauf que RemiLore se retrouve au final le cul entre deux chaises et a du mal à maintenir son intérêt sur le long terme. L’aspect micro-management se heurte notamment au fait que l’arsenal n’est débloqué qu’au compte-gouttes, que ce soit en payant auprès de présentoirs marchands ou par le biais de coffres au trésor – ces derniers pouvant être découverts sur notre route ou offerts à la fin du niveau en fonction du score obtenu. Et comme il n’est possible de porter qu’une arme à la fois, la plupart ne servent qu’à compléter notre collection, vu qu’on a souvent mieux en main. Par ailleurs, s’ils sont plutôt sympas à utiliser, les pouvoirs magiques de Lore dépendent en fait de l’arme du moment – chacune disposant d’un sort associé de manière aléatoire. On peut donc librement les améliorer dans le menu dédié, mais pour en profiter réellement, il faudra d’abord dénicher l’équipement adéquat.

 


Korean Beauty

Alors évidemment, il est toujours possible de trouver un certain plaisir dans l’enchaînement des parties, seul ou à deux. Il existe ainsi clairement des rogue-lite beaucoup plus intéressants et funs à jouer, néanmoins, la plupart des mécaniques fonctionnent quand même bien ici. Boucler les deux pans de l’histoire ne prendra certes que six ou sept heures. En revanche, obtenir toutes les armes et débloquer l’ensemble des succès nécessitera quelques sessions supplémentaires. Il demeure malgré tout difficile de recommander l’achat d’un titre où il est aussi facile de s’ennuyer et qui propose une durée de vie de base très faible – sans réelle prétention artistique à apporter en contrepartie. Surtout vu le tarif demandé. À une vingtaine d’euros, la facture serait sûrement mieux passée. À quarante, il y a intérêt à avoir de quoi picoler pour avaler la pilule.

 

C’est d’autant plus dommage, que la réalisation s’avère globalement correcte. La bande-son assez passe-partout est notamment enrichie par d’excellents doublages japonais. Quant aux graphismes, ils sont plutôt propres et bénéficient d’une esthétique classique, mais pas déplaisante. Le jeu est relativement fluide, et si on peut noter un léger aliasing, notamment en mode portable, il n’est pas franchement gênant. Une part non négligeable du développement ayant apparemment été assuré par seulement deux personnes – Saehoon Lee de Pixellore et Dongjin Jeon de REMIMORY –, il faut donc saluer le travail réalisé par les deux studios Sud-Coréens qui signent clairement leur projet le plus abouti techniquement.

 

Malheureusement, de petites ombres viennent là encore noircir le tableau. Les décors ont beau être sympathiques, avec divers petits détails et effets de lumières, ils sont également très répétitifs – seuls quatre environnements étant proposés, de jour ou de nuit. En outre, l’action souffre régulièrement d’un certain manque de lisibilité, entre les modèles 3D des belligérants, les effets visuels des attaques, l’affichage des dégâts un brin envahissant, et les nombreuses sucreries lâchées par les monstres vaincus. Sans compter les dialogues d’ambiance qui peuvent distraire. Il n’est donc pas rare de se retrouver un peu paumé à l’écran, ce qui peut poser des problèmes dans les modes de difficulté supérieurs.

 

 

Conclusion : NON !

Certains jeux imparfaits peuvent s’imposer comme des indispensables, tandis que d’autres sont difficilement recommandables, malgré leurs qualités. C’est un peu le cas de RemiLore, avec sa réalisation de bonne facture et son gameplay pas déplaisant dans l’absolu, mais qui tourne très rapidement en rond. Beaucoup trop répétitif, parfois brouillon et doté d’une durée de vie de base beaucoup trop courte, il se prend malheureusement un peu les pieds dans son ambition de mélanger hack ‘n’ slash et rogue-lite, la copie rendue ne satisfaisant aux critères d’aucun des deux genres. Il est toutefois clairement possible d’y trouver du plaisir et si le tarif de vente avait été un peu plus adapté, nous aurions sans doute été moins sévères. Sauf qu’avec un prix avoisinant les 40 € sur l’eShop – et montant quasiment à 45 € sur PlayStation 4 –, l’addition s’avère bien trop salée pour l’expérience proposée. Ceux qui estiment que le prix ne doit pas entrer en compte dans l’appréciation d’un jeu pourront transformer le présent verdict à leur convenance. Néanmoins en l’état actuel des choses, nous préférons déconseiller l’achat du titre en attendant une éventuelle baisse de prix ou des soldes conséquents.

LES PLUS : 

+ Réalisation plutôt correcte

+ Esthétique sympathique

+ Base de gameplay efficace

+ Modes de jeu annexes

+ Doublage nippon de très bonne facture

+ De l’humour

 

LES MOINS :

– Rapidement répétitif

– Durée de vie de base famélique

– Histoire pas franchement passionnante

– Manque de lisibilité de l’action

– En anglais uniquement

– Trop cher pour ce qu’il propose (40 €)


_______________________________________________________________

Le système de verdict de Nintendo-Difference repose sur trois niveaux :

– OUI ! (nous recommandons l’achat de ce titre, peu importe quel joueur vous êtes : vous l’apprécierez, à condition de ne pas être hermétique au genre)

– “Peut-être” (nous recommandons de bien lire le test avant d’acheter le jeu, car il peut ne pas correspondre à tout le monde, et ce pour des raisons qui peuvent largement être différentes d’un jeu à un autre). Par exemple, un titre peut être tout à fait exceptionnel et obtenir un “Peut-être” parce qu’il se classe dans un genre de niche qui ne correspondra pas à tout le monde alors qu’un autre pourra s’avérer vraiment moyen et à ne réserver qu’aux puristes du genre ou aux fans inconditionnels (comme dans le cas d’une adaptation par exemple).

– NON (nous ne recommandons pas l’achat de ce jeu). Trop mauvais ou trop cher pour ce qui est proposé.

Nous avons abandonné l’idée des notes, car celles-ci n’aident en rien à faire un choix, avec ce système vous savez si vous pouvez acheter les yeux fermés, s’il faut bien lire le test pour savoir si le jeu peut vous convenir ou s’il faut tout simplement s’enfuir

  • Nintendo-Difference

    par Draco

    le 2 septembre 2019 à 6:19

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