Test d’Apollo Justice : Ace Attorney Trilogy sur Nintendo Switch

En résumé

  • Sorties :
  • 25 Janvier 2024
  • 25 Janvier 2024
  • 25 Janvier 2024

L'avis de Klaus

Apollo Justice : Ace Attorney Trilogy est sans aucun doute l’une des meilleures compilations proposées par Capcom. Malgré les petits soucis d’ergonomie par rapport aux fonctionnalités pensées pour la DS et la 3DS, il s’agit clairement de la meilleure façon de profiter des trois derniers titres de la série principale imaginée à l’origine par Shu Takumi. Les épisodes auparavant disponibles exclusivement en DLC sont inclus d’emblée, les nouvelles options sont très pratiques, et le mode musée est un beau cadeau pour les fans. Par ailleurs, la localisation française est d’une grande qualité, avec une traduction exemplaire et un doublage soigné. C’est un must-have pour toutes les personnes qui avaient arrêté la série à partir de Trials and Tribulations ou Apollo Justice à cause de l’absence de traduction française. Le fait qu’Apollo Justice : Ace Attorney soit largement différent de ses suites Dual Destinies et Spirit of Justice est bien sûr regrettable, puisque l’on aurait pu espérer au moins un remaster avancé avec des modèles 3D. Cela reste toutefois un plaisir de parcourir ou rejouer à cette histoire qui met en scène de nouveaux personnages n’apparaissant pas dans la première trilogie, comme Vérité Wright, en plus d’Apollo Justice. Il n’y a plus qu’à espérer que Capcom continue sur cette lancée avec une éventuelle compilation des Ace Attorney Investigations, un remaster de Professeur Layton vs Phoenix Wright : Ace Attorney et un septième épisode pour la série principale.

Les plus

  • C’est la trilogie Apollo Justice, avec toutes ses qualités
  • Dual Destinies et Spirit of Justice enfin traduits intégralement en français
  • Les voix françaises
  • De nouvelles options très pratiques
  • Le mode Musée
  • Les distinctions qui poussent à faire ou refaire chaque jeu
  • La personnalisation des menus
  • Généralement très fluide, en toutes circonstances
  • Une compilation idéale pour la Switch en mode portable

Les moins

  • C’est la trilogie Apollo Justice, avec une partie de ses défauts
  • Certaines fonctionnalités pensées à l’origine pour l’écran tactile difficilement adaptées
  • Apollo Justice méritait un remaster « avancé » pour correspondre aux modèles 3D de Dual Destinies et Spirit of Justice
  • Version physique uniquement en import
  • L’absence de crédits dans le hall de l’orchestre et la bibliothèque d’art
  • On aurait voulu un peu plus de choix dans les costumes
  • Nintendo-Difference

    par Klaus

    le 22 janvier 2024 16:00

Alors que la série des Ace Attorney/Gyakuten Saiban devait prendre fin avec Trials and Tribulations, le troisième épisode sorti à l’origine en 2004 sur Game Boy Advance, avant d’être adapté sur PC deux ans plus tard, puis sur Nintendo DS en 2007, son créateur, Shu Takumi, a finalement accepté de travailler sur un quatrième jeu pour la DS. C’est ainsi qu’est né un tout nouveau protagoniste : Apollo Justice, un jeune avocat de la défense. Il sera ensuite au cœur de l’histoire de deux autres jeux de la franchise, Dual Destinies et Spirit of Justice sur 3DS, pour lesquels Shu Takumi n’était plus impliqué puisqu’il a fini par travailler sur d’autres projets : le crossover avec le Professeur Layton et une nouvelle saga, The Great Ace Attorney. Apollo Justice : Ace Attorney a lui aussi été adapté pour la 3DS, et les trois épisodes ont été remastérisés sur Android et iOS, formant une trilogie similaire aux trois premiers volets. Forcément, le retour de ces trois jeux sur de nouveaux supports était très demandé, puisqu’il y a eu Phoenix Wright : Ace Attorney Trilogy sur Nintendo Switch, PlayStation 4, Xbox One et PC en 2019, ainsi que The Great Ace Attorney Chronicles en 2021. Capcom annonça alors le 13 juin 2023 la compilation Apollo Justice : Ace Attorney Trilogy sur les mêmes supports que la première collection.

Disponible ce 25 janvier 2024 mondialement, cette collection permet donc à la série de se compléter sur de nouveaux supports, mais il ne faut pas oublier qu’il reste encore trois jeux à adapter sur de nouvelles plateformes : le crossover avec Layton, exclusif à la 3DS, et les deux jeux de la saga Ace Attorney Investigations avec Benjamin Hunter comme protagoniste, sortis sur DS, Android et iOS. Pour le moment, on peut donc se contenter des deux trilogies de la saga principale et des jeux mettant en scène l’ancêtre de Phoenix Wright. La trilogie Apollo Justice comprend plusieurs nouveautés en plus d’une remastérisation de chaque jeu, dont une traduction française complète et même un doublage dans la même langue. Cette fois-ci, Dual Destinies et Spirit of Justice sont enfin disponibles en français, et Apollo Justice récupère la traduction de la version d’origine sur DS, qui était malheureusement absente sur 3DS, Android et iOS. En France, la sortie de cette trilogie était donc particulièrement attendue. Nous avons pu jouer à la version Switch d’Apollo Justice : Ace Attorney, et après notre preview parue en décembre, il est temps de rendre notre verdict final.


La compilation qui rend enfin justice à Apollo


Plus qu’une compilation classique, Apollo Justice : Ace Attorney Trilogy donne accès non seulement à des versions remastérisées des épisodes 4, 5 et 6 de la série imaginée à l’origine par Shu Takumi, mais aussi à de nombreux bonus dans un mode musée. Cette collection est donc dans la lignée de ce que Capcom a entrepris avec The Great Ace Attorney Chronicles, mais aussi le remaster de Ghost Trick : Détective fantôme, une autre excellente création de Shu Takumi dont nous avons pu également tester la version Switch en 2023. D’emblée, Apollo Justice : Ace Attorney Trilogy est clairement ce qui se fait de mieux en termes de compilation d’anciens jeux. Chaque titre dispose de 10 emplacements de sauvegarde en plus de la sauvegarde automatique, et on peut aussi sélectionner plusieurs parties de n’importe quel épisode. En effet, comme dans les autres jeux de la série, chaque volet de la trilogie Apollo Justice comprend plusieurs épisodes. Apollo Justice en a quatre, Dual Destinies est divisé en cinq épisodes principaux et inclut aussi le scénario qui était disponible exclusivement en DLC, et il en est exactement de même pour Spirit of Justice. Pour certains épisodes, l’aventure est constituée de plusieurs phases : enquête et procès. Comme dans les autres jeux, les enquêtes prennent une dimension de jeu d’aventure en point-and-click, tandis que les procès sont semblables à un visual novel où l’on devra effectuer des choix et parfois interagir avec les indices récupérés lors des phases d’enquête. Chaque épisode de la trilogie divise donc en plusieurs parties certains passages de l’histoire, ce qui permet aux fans de revivre simplement leurs moments préférés en les choisissant à la volée.

La trilogie dispose aussi de plusieurs options assez pratiques. Au-delà de l’audio avec le volume de la musique et des effets sonores, il y a plusieurs options de gameplay permettant d’activer ou désactiver les vibrations, les flashs à l’écran, les sous-titres, le saut des textes non lus, la transparence des fenêtres de texte et le délai d’affichage entre les dialogues en mode automatique. On peut aussi choisir de cacher ou montrer le texte et le guide de commandes à l’aide des boutons ZL et ZR. Concernant les langues, les textes sont disponibles en français, anglais, japonais, allemand, coréen et chinois (simplifié et traditionnel). Il y a même un doublage dans chaque langue. On peut d’ailleurs jouer avec les textes et les voix de notre choix, ce qui permet par exemple de choisir les textes en français et les voix en japonais. Ces traductions et doublages font partie des grandes nouveautés de cette compilation et sont plus que bienvenues, puisque la compréhension de l’histoire est essentielle pour des jeux d’une série comme Ace Attorney.

Les options de la trilogie Apollo Justice vont un peu plus loin avec l’ajout du Mode Histoire, aussi appelé « mode automatique » que l’on retrouvait également dans The Great Ace Attorney Chronicles. Ce mode permet de progresser dans chaque épisode très facilement, puisque le jeu répondra à toutes les questions à notre place, présentera l’intégralité des preuves de la bonne façon, etc. Toutefois, l’activation de ce mode empêchera d’obtenir une partie des bonus implémentés dans cette compilation : les distinctions. Semblables à des trophées, ils s’obtiennent sous certaines conditions, comme terminer chaque épisode depuis son chapitre d’ouverture et effectuer des interactions spécifiques (heureusement toutes indiquées dans la liste des distinctions). On trouve également l’option « consultation », qui permet de demander de l’aide au partenaire qui nous accompagne dans chaque épisode. Cette option est utile si l’on n’arrive pas à présenter les preuves correctes pendant un contre-interrogatoire ou une scène similaire durant les phases de procès. Le partenaire donnera donc des conseils, mais seulement dans Dual Destinies et Spirit of Justice. Dans Apollo Justice, elle n’est pas du tout disponible.

En cours de jeu, appuyer sur le bouton – permet de passer en mode « jeu automatique ». Les dialogues avancent alors automatiquement, mais il faudra tout de même effectuer les choix nécessaires durant les séquences correspondantes, contrairement au Mode Histoire qui peut vraiment tout faire à notre place. Enfin, le système d’archivage du texte déjà lu est aussi intégré à chaque épisode, ce qui permet de mieux s’y retrouver si l’on a par exemple perdu le fil de l’histoire ou si l’on a passé par mégarde certaines lignes de dialogue (ce qui est très pratique si l’on a activé le saut des textes non lus).

À noter que pour Dual Destinies et Spirit of Justice, on peut sélectionner des costumes pour les protagonistes, qui étaient disponibles auparavant uniquement en tant que bonus de précommande ou en DLC. Malheureusement, comme on l’indiquait dans notre preview, il manque les costumes du DLC Sengoku Basara pour Spirit of Justice. Phoenix Wright avait eu droit à une tenue Date Masamune, Apollo Justice à une tenue Sanada Yukimura et Athena Cykes à une tenue Tokugawa Ieyasu. Capcom aurait pu pousser cet aspect un peu plus loin, en proposant donc, en plus de ces costumes Sengoku Basara (qui n’avaient d’ailleurs jamais été proposés en Occident), de nouvelles tenues.

Le Mode Histoire est un ajout considérable, et on imagine qu’il sera aussi inclus dans les prochains jeux de la série. Ce mode est donc pensé avant tout pour les personnes qui souhaitent uniquement profiter de l’histoire et qui pourraient avoir du mal à résoudre des énigmes. Évidemment, il est conseillé de se creuser les méninges pour trouver les solutions à notre façon, et si vraiment on est en difficulté, on peut toujours passer par la fonctionnalité permettant de demander conseil au partenaire, au lieu de passer carrément par le Mode Histoire.


Musée virtuel


Du côté du mode musée, on trouve tout d’abord le hall de l’orchestre, qui permet d’écouter les musiques de tous les jeux, composées par Noriyuki Iwadare, Toshihiko Horiyama, Hideki Okugawa, Shu Takumi, Akemi Kimura, Masakazu Sugimori et Masami Onodera. Il y a aussi 14 morceaux provenant du Ace Attorney 15th Anniversary Orchestra Concert et du Ace Attorney 2019 Orchestra Concert. Il y a donc un total de 175 pistes, et on peut même les écouter en dehors du mode musée en appuyant sur le bouton X. En effet, le menu embarque une fonction permettant d’écouter l’ensemble des musiques du hall de l’orchestre et de changer le fond d’écran. De base, le menu de chaque épisode intègre des phases de procès pour Apollo Justice et des extraits de cinématiques pour Dual Destinies et Spirit of Justice. Les fonds d’écran reprennent simplement les visuels de chaque épisode et des illustrations représentant les personnages principaux. Pour revenir aux musiques, on peut choisir simplement entre les arrangements orchestraux des concerts et les musiques de chaque jeu. C’est une nouveauté appréciable, mais il aurait également été intéressant d’inclure les crédits pour les musiques. Comme nous l’indiquions dans notre preview, le minimum aurait été de créditer au moins le compositeur de chaque piste et l’orchestre pour les arrangements orchestraux, ne serait-ce que dans le hall de l’orchestre. Ces informations n’apparaissent pas toutes dans les crédits de chaque jeu (surtout pour les arrangements orchestraux, forcément), mais Capcom y a tout à fait accès. Le travail du personnel lié à l’audio est donc un peu plus invisibilisé.

Le mode musée intègre aussi une bibliothèque d’art comprenant les illustrations clés de chaque jeu (avec quelques bonus pour Dual Destinies où l’on peut voir les croquis réalisés avant le résultat final de certains visuels), une section « modèles de personnage » avec des illustrations autrefois disponibles exclusivement dans les artbooks dédiés à chaque jeu (44 pour Apollo Justice, 73 pour Dual Destinies et 75 pour Spirit of Justice, avec la possibilité d’élargir chaque image et de zoomer sur chacune d’entre elles), toutes les illustrations que l’on retrouve en jeu et l’ensemble des cinématiques (animées par BONES dans Dual Destinies et A-1 Pictures dans Spirit of Justice). Capcom a également eu la bonne idée d’inclure le prologue animé de Spirit of Justice qui avait été auparavant diffusé exclusivement sur YouTube.

Cette fois-ci, il est doublé dans toutes les langues de la compilation, ce qui permet donc une meilleure compréhension de l’histoire. Enfin, le mode musée liste toutes les distinctions à débloquer. À noter que la bibliothèque d’art comprend aussi des illustrations commémoratives à débloquer qui ont été réalisées par Kazuya Nuri, Minoboshi Taro, TSUNOGAI et Tatsuya Yoshikawa. Pour les voir, il faut finir chaque épisode de la trilogie depuis le début. Comme pour le hall de l’orchestre, il aurait été intéressant d’inclure les noms des artistes pour les illustrations en dehors de celles qui servent à commémorer la trilogie Apollo Justice. Pour le quatrième épisode, ce sont Kazuya Nuri, Akiko Nishizawa, Koujirou Ogiwara et Tatsuro Iwamoto qui étaient en charge du design et des illustrations des personnages. Dans Dual Destinies, le character designer était Takuro Fuse, qui occupait également le poste de directeur artistique. Il avait été accompagné par Keiji Ueda et Ryoma Yamashita dans Spirit of Justice.

Enfin, le mode musée comprend un studio d’animations où il est possible de choisir les sprites et les modèles 3D de tous les personnages présents dans chaque épisode, changer leurs poses et entendre leurs voix. Attention, le studio intègre d’emblée l’intégralité des personnages, et il est donc assez facile de se spoiler de cette façon (il n’y a d’ailleurs aucun avertissement dans la compilation, on préfère donc prévenir par le biais de ce test). Dans le studio d’animation, on peut aussi changer la musique et le fond d’écran, ainsi que cacher l’interface, ce qui permet presque de créer des saynètes (il y a d’ailleurs des fonds de couleurs bleue et verte, ce qui est intéressant pour réaliser des petits montages). C’est vraiment du bonus, mais le mode musée représente un beau cadeau pour les fans, surtout après les nombreuses demandes pour enfin avoir droit à cette trilogie sur de nouveaux supports.


Trilogie d’un trio de choc


L’histoire de chaque épisode de cette trilogie se suit et Apollo Justice : Ace Attorney se déroule d’ailleurs plusieurs années après les événements de Trials and Tribulations. Il est même relié à l’épisode spécial qui avait été créé pour la nouvelle version du premier Phoenix Wright : Ace Attorney sur DS. Il n’est pas forcément nécessaire d’avoir fait cet épisode en particulier, mais il reste important rien que pour découvrir les origines d’Ema Skye, par exemple. Le scénario étant évidemment au cœur de chaque jeu, nous ferons attention de ne pas trop entrer dans les détails ici, puisque beaucoup de personnes découvriront cette grande partie de l’histoire de la franchise créée à l’origine par Shu Takumi avec la trilogie sur Switch, PS4, Xbox One et PC. De plus, il est important de rappeler qu’après Apollo Justice sur DS, aucun nouvel épisode de la série n’avait bénéficié d’une traduction française, si l’on écarte le crossover avec Professeur Layton. Il avait même fallu attendre plusieurs mois pour que Phoenix Wright : Ace Attorney Trilogy sur Switch, PS4, Xbox One et PC bénéficie d’une mise à jour ajoutant la traduction française qui était disponible à l’origine sur DS. Apollo Justice : Ace Attorney Trilogy comprendra, dès son lancement, des textes en français pour chaque épisode et un doublage dans la même langue. Lors de la sortie de Dual Destinies et Spirit of Justice sur 3DS, Android et iOS, et de l’adaptation d’Apollo Justice sur les mêmes plateformes, certaines personnes ont préféré éviter, à raison, de jouer à ces titres puisqu’ils étaient uniquement traduits en anglais en Occident. Maintenant qu’ils sortent enfin en français, il serait dommage de passer à côté, d’autant plus qu’après avoir examiné chaque épisode, nous pouvons affirmer que la localisation est particulièrement soignée.

Apollo Justice reprend le travail des traducteurs pour chaque langue dans le jeu d’origine sur DS, qui avaient été réunis à l’époque par la société Absolute Quality Europe. Pour la version française, il s’agissait de Ludovic Nomura. Concernant Dual Destinies et Spirit of Justice, le studio en charge de la localisation est Dragonbaby. Les traducteurs n’étaient pas les mêmes pour ces deux épisodes, mais ont une cheffe d’équipe et éditrice en commun : Aurore Demede. Benjamin Napoléon Joly et Sarah Deville ont traduit Dual Destinies en français, avec l’assistance de Violaine Sauze. Du côté de Spirit of Justice, ce sont Benjamin Ruppin et Faïza Dejaeghere qui ont traduit le jeu en français, avec Alexandre Panau comme éditeur et Sibylle Charlatte comme assistante de traduction. Pour le doublage de Dual Destinies et Spirit of Justice, c’est la société Keywords Studios qui est créditée.

Nous reviendrons plus en détail dans un article spécialement consacré aux équipes derrière la localisation et le doublage, mais nous pouvons déjà indiquer la distribution des rôles connus. Apollo Justice est doublé par Adrien Larmande, Athena Cykes par Leovanie Raud, Phoenix Wright par Valery Schatz, Konrad Gavin par Max Geller, Jack Lamenoire par Pierre Alam, Nahyuta Sahdmadhi par Romain Altche, Maya Fey par Sarah Barzyk et Rayfa Padma Khura’in par Manon Adolphe. D’autres personnages sont bien sûr doublés, mais bien que les doubleurs soient crédités, on ne sait pas qui a fait la voix de tel ou tel personnage. Que ce soit pour Dual Destinies ou Spirit of Justice, ces doubleurs dont les rôles exacts sont inconnus sont les suivants : Arnaud Léonard, Audrey Botbol, Bastien Bourle, Benoit Allemane, Brigitte Berges, Catherine Desplaces, Cédric Dumond, Céline Mauge, Cindy Lemineur, Clara Soares, Jérémie Bedrune, Marie Nonnenmacher, Martial Le Minoux, Sarah Barzyk, Yann Guillemot et Youna Noiret. La liste des doubleurs est pratiquement la même dans Dual Destinies et Spirit of Justice. Cependant, il y a aussi Cyrille Artaux dans Spirit of Justice (qui n’a visiblement pas doublé de personnage dans Dual Destinies). L’ensemble des voix a été également changé pour le premier jeu de la trilogie d’Apollo Justice, afin qu’elles correspondent à celles que l’on retrouve dans Dual Destinies et Spirit of Justice.

Ce test sert aussi à souligner, de manière générale, l’importance du travail de toutes les équipes en charge de la localisation des jeux vidéo. Ici, la quantité de textes à traduire était colossale, et on s’en rend compte assez vite rien qu’en jouant seulement à deux épisodes d’un seul jeu. Apollo Justice ne contient « que » quatre épisodes, mais Dual Destinies et Spirit of Justice en ont six chacun puisqu’ils incluent tous les deux les histoires spéciales qui avaient été proposées à l’origine en DLC. En sachant qu’une seule affaire peut demander plusieurs heures de lecture, et ce même si on termine tout en ligne droite sans prendre le temps d’examiner toutes les options de dialogues aussi bien durant les phases d’enquête que pendant les procès, on peut imaginer à quel point adapter et traduire les textes devait être particulièrement long. La localisation d’un Ace Attorney est d’autant plus difficile puisque l’on retrouve l’humour omniprésent de la série dans la trilogie Apollo Justice, mais aussi les références ou parodies très nombreuses. Après plusieurs heures de jeu sur Dual Destinies et Spirit of Justice en particulier, nous pouvons affirmer que les équipes de Dragonbaby ont offert une traduction française magistrale. Certains choix peuvent paraître assez osés, comme la référence à une célèbre émission de télévision française dans une ligne de dialogue. Mais cette dernière est parfaitement adaptée à la situation et au contexte de l’affaire, en plus d’être drôle.

Comme dans les autres épisodes, le pays où se déroule l’histoire change en fonction de la langue. Ainsi, dans la version japonaise, l’aventure prend place principalement au Japon (mis à part dans certains cas, notamment dans Spirit of Justice où Phoenix Wright se rend au royaume du Khura’in), mais dans la version française, c’est en France que l’on mène les enquêtes. Les noms d’une bonne partie des personnages changent donc selon la langue. Comme ce fut le cas dans la première trilogie, les noms de certains lieux et personnages se basent sur des jeux de mots souvent particulièrement drôles. On pense par exemple à Alex Plausif, Arsène Loupet et Anne Bator dans Dual Destinies, ou bien Sou Ih’vel Guihd et Sterh’uey Tu’heiven dans Spirit of Justice.

Le premier jeu de la trilogie se concentre sur l’histoire d’Apollo Justice, mais les autres épisodes mettent aussi en scène Phoenix Wright, de retour en tant qu’avocat, et une nouvelle venue, Athena Cykes. On peut donc considérer que cette trilogie est non seulement consacrée à Apollo Justice, mais aussi à Phoenix Wright et Athena Cykes. Certains personnages créés à l’origine par Shu Takumi dans la première trilogie réapparaissent également, comme Benjamin Hunter, en plus de la famille Boulay et du juge. Vérité Wright joue également un rôle important, de même pour d’autres personnages inédits tels que Konrad Gavin, Jack Lamenoire, Nahyuta Sahdmadhi et Rayfa Padma Khura’in. Du moment qu’ils sont doublés, on sait qu’ils auront une importance dans l’histoire. Il est intéressant de noter que Spirit of Justice vient développer le « lore » autour du royaume du Khura’in, dont la langue fictive est en fait dérivée du japonais, puisqu’elle est basée sur des caractères avec des hiraganas qui ont été renversés. Le compositeur Noriyuki Iwadare avait fait appel à Haruka Shimotsuki pour interpréter une chanson du jeu qui se joue dans ce royaume. Un choix que l’on peut relier à la participation de l’artiste au concert symphonique de 2008 où elle avait interprété la chanson de Lamiroir (normalement sans voix dans Apollo Justice), mais aussi au fait qu’Haruka Shimotsuki avait manié auparavant des langues fictives et complexes, comme l’Hymnos dans la série Ar tonelico. Certains noms de personnages et lieux de ce royaume ont été réadaptés pour la version française, tandis que d’autres n’ont pas été changés, comme Nahyuta Sahdmadhi.


Aider ceux qui n’ont personne derrière eux


Après Apollo Justice : Ace Attorney, dont il avait écrit le scénario, Shu Takumi a finalement quitté l’équipe en charge des Ace Attorney et a travaillé sur d’autres projets, à commencer par Ghost Trick : Détective fantôme, puis un crossover entre Ace Attorney et la série des Layton de Level-5, ainsi que la saga The Great Ace Attorney, dont les deux épisodes ont été remastérisés avec la compilation The Great Ace Attorney Chronicles, sortie cette fois-ci mondialement (contrairement aux jeux d’origine). Il a donc laissé la place à plusieurs scénaristes, Yuki Nakamura, Hironao Fukuda, Kouki Fuse et Yukinori Kitajima, et à un nouveau réalisateur, Takeshi Yamazaki, pour Dual Destinies. Spirit of Justice a ensuite été réalisé par la même personne, avec un scénario écrit par lui-même, Hiranao Fukuda et Masakazu Eguchi, tandis que Kouki Fuse a joué un rôle plus secondaire mais en participant tout de même toujours à l’écriture de l’histoire. De tels changements pouvaient soulever auparavant quelques inquiétudes par rapport à l’avenir de la série, mais le succès était bien au rendez-vous.

Les bases de la série introduites dans la première trilogie sont toujours là dans ces trois autres jeux, et il y a bien sûr plusieurs nouveautés de taille. Elles se basent essentiellement sur les capacités des nouveaux personnages importants, comme Apollo Justice qui a le pouvoir de voir les différences dans les comportements des personnages interrogés afin de déceler des contradictions, Ema Skye qui permet, quand elle est présente, de trouver des empreintes sur les lieux des crimes pendant les phases d’enquête, Athena Cykes et son Lunatrix avec ses marqueurs d’émotion qui permettent de voir les variations dans les émotions des témoins ou des accusés, ou encore les séances d’interprétation de Rayfa Padma Khura’in où l’on doit trouver les sensations contradictoires. Toutes ces capacités sont aussi des éléments de gameplay conçus à l’origine spécialement pour la DS et la 3DS, où il fallait à l’origine utiliser l’écran tactile. De l’aveu-même des développeurs, il a été difficile d’adapter ces fonctionnalités pour les nouveaux supports. Cela se remarque assez rapidement avec une bonne partie de ces éléments de gameplay, qui ne sont pas toujours correctement adaptés selon la situation. C’est surtout de ce côté-là que la compilation ne brille pas, et la Switch en mode portable est donc le support idéal pour profiter de cette trilogie, puisque l’écran tactile est compatible. Elle permet alors d’être au plus proche des fonctionnalités pensées à l’origine pour la DS et la 3DS.

L’histoire de chaque épisode demeure inchangée, et à chaque fois que l’on démarre la compilation, un message s’affiche au début : « certains contenus de cette collection sont présentés tels qu’ils ont été publiés à l’origine afin de préserver l’authenticité des jeux ». Il n’y a pas vraiment raison de se plaindre, d’autant que l’excellente traduction française permet désormais encore plus d’apprécier cette grande série. De plus, il y a vraiment de quoi faire, avec un total de 16 épisodes promettant de longues heures de jeu. Par contre, les défauts que les joueurs avaient pu signaler avec les trois jeux dans leurs versions antérieures, surtout au niveau du scénario ou de la gestion des nouvelles fonctionnalités, sont forcément toujours présents. Néanmoins, le travail réalisé sur Dual Destinies et Spirit of Justice est remarquable. Relever le défi de continuer une série sans son créateur, tout en veillant à satisfaire les fans, devait être particulièrement corsé. Pourtant, les nouvelles équipes en charge des Ace Attorney y sont parvenues, augmentant ainsi la base de joueurs. Bien sûr, certaines affaires divisent, mais de toute manière, c’était aussi le cas pour la première trilogie.


Un avenir prometteur


Tous les ingrédients que l’on retrouvait dans la première trilogie et dans Apollo Justice sont toujours là dans Dual Destinies et Spirit of Justice, et sont même renforcés. Tel un florilège de barjots, les personnages déjantés s’enchaînent au fil des épisodes, et leurs animations particulièrement réussies permettent de les apprécier encore plus. Si le passage aux modèles 3D à partir de Dual Destinies pouvait là aussi soulever quelques inquiétudes, comme le fait que Shu Takumi quittait la série et laissait la place à de nouvelles personnes, le résultat était finalement bluffant et n’enlevait en rien le charme de la série. Les développeurs avaient décidé de passer à la 3D à la suite du succès du crossover Professeur Layton vs Phoenix Wright : Ace Attorney, tout en conservant certains éléments en 2D, comme les décors. Mieux encore, Dual Destinies et Spirit of Justice ont apporté un véritable vent de fraîcheur pour une série qui en avait bien besoin.

Au niveau visuel, tout a été embelli avec le moteur RE Engine (une première pour la série). Pour Apollo Justice, on perd malheureusement le charme des sprites d’antan, comme ce fut le cas pour la première trilogie, mais les décors sont maintenant plus détaillés et Capcom a d’ailleurs refait appel à certains développeurs de l’époque pour y ajouter de nouveaux détails. Du côté de Dual Destinies et Spirit of Justice, les changements se remarquent un peu moins. Forcément, les décors ont été un peu plus élargis et les personnages sont désormais plus proches de l’écran. Il n’y a pas de nouvelles musiques ni d’effets sonores inédits, mais ils sont maintenant de meilleure qualité que sur DS et 3DS. Toutefois, les différentes améliorations, notamment au niveau des graphismes, avaient déjà pu être remarquées sur Android et iOS. Les personnes qui avaient déjà pu essayer les remasters sur ces supports seront donc moins surprises par la trilogie sur consoles et PC. Le fait que les changements graphiques soient finalement assez maigres est peut-être l’un des seuls éléments que l’on peut reprocher à la compilation avec les soucis d’ergonomie par rapport à certains éléments de gameplay, puisque l’on voit assez bien qu’à l’origine, les jeux étaient pensés pour la DS et la 3DS. On regrette également l’absence de version boîte en Europe, bien que les éditions physiques proposées au Japon et aux États-Unis comprennent toutes les langues.

Apollo Justice : Ace Attorney Trilogy est donc sans trop de surprise une véritable réussite, qui va un peu plus loin que proposer simplement l’essentiel des trois derniers jeux de la série principale, puisqu’on trouve des options rendant chaque jeu bien plus agréable (mis à part certaines fonctionnalités pensées à l’origine pour la DS et la 3DS qui ne sont pas très pratiques), et le mode musée apporte du contenu que les fans peuvent vraiment apprécier, même si ce n’est que du bonus. Refaire ces trois jeux alors que l’on a déjà joué aux versions d’origine sur d’autres supports reste un plaisir, tandis que les personnes qui avaient arrêté de jouer à la série à cause, entre autres, de l’absence de traduction française sont maintenant accueillies avec une compilation que l’on peut qualifier de chaleureuse. Désormais, on en veut plus, comme un septième épisode principal marquant le début d’une nouvelle trilogie avec un protagoniste inédit et le retour de personnages très appréciés qui étaient complètement absents dans Dual Destinies et Spirit of Justice, comme Dick Tektiv. Il est certain qu’Ace Attorney se poursuivra, maintenant que Capcom a insisté sur le fait que la série ne s’arrêtera pas, mais nous espérons aussi que les Ace Attorney Investigations et le crossover avec le Professeur Layton reviendront un jour, d’une manière ou d’une autre. En tout cas, l’équipe de développement chez Capcom est au courant des demandes pour le retour d’Ace Attorney Investigations et la localisation du deuxième volet, qui n’était jamais sorti officiellement en dehors du Japon. Du côté de Shu Takumi, on peut aussi espérer un troisième The Great Ace Attorney, ou bien un jeu complètement différent, comme ce fut le cas à l’époque avec Ghost Trick : Détective fantôme.

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