Winning Eleven 6 : Final Evolution

Le meilleur jeu de foot de tous les temps arrive enfin sur une console de salon Nintendo. Appelé Pro Evolution Soccer chez nous, cet opus GC est tout simplement un « must have » pour tous les amateurs de jeu de foot.

L’art de ridiculiser Fifa

Etrangement je sens que je ne vais pas me faire que des amis sur ce coup là. Fifa reste pour de nombreuses personnes le meilleur jeu de foot de tous les temps, tant mieux pour elle si elles peuvent s’amuser avec un jeu de foot où la défense réagit n’importe comment, où le ton est à mi-chemin entre la simulation et l’arcade… bref chacun son choix, le mien c’est PES et c’est le meilleur, un point c’est tout (il n’y a pas une once d’objectivité dans ce que je viens d’écrire, je sais c’est fait pour)

Toute cette histoire remonte à la Super Nintendo, à l’époque où la série se nommait encore ISS. KCET (Konami Computer Entertainment Tokyo) nous gratifiais du meilleur jeu de foot de l’époque. Les ISS se sont déclinés de nombreuses fois sur cette console, sans jamais perdre leur niveau de qualité. Puis un jour Konami a décidé de mettre ISS dans les mains du studio d’Osaka (KCEO). Ces ploucs ne connaissant pas grand chose au ballon rond ont pondu un jeu de foot très orienté arcade qui n’avait plus aucun rapport avec les ISS originaux, nous sommes sur PS1 à ce moment. Devant l’ampleur des dégâts, Konami décida de récupérer l’ancienne équipe d’ISS (époque Snes) pour développer une autre série parallèle à ISS, celle que l’on connaîtra sous le nom de PES chez nous. Au japon c’est encore plus bordélique car la saga « winning eleven » a contenu le premier ISS de KCEO.
Maintenant tout est plus simple : Winning Eleven, soit PES chez nous, est fait par KCET ; tandis que ISS (qui a récupéré ce même nom au Japon) est fait par KCEO.

D’un côté un jeu très arcade (ISS), jamais excellent mais qui a le mérite de plaire à ceux qui veulent juste se faire une partie de foot sans se prendre la tête. De l’autre une simulation pure et dure où il faudra des centaines d’heures de jeu pour maîtriser parfaitement tous les mécanismes. Au milieu de ces genres on trouve Fifa qui au fil des années tente de se rapprocher de la simulation, mais qui se retrouve dans une situation assez inconfortable à mi-chemin entre l’arcade et la simulation.

Fifa a son public qui est bien plus grand que celui de PES (du moins au Europe, au Japon Fifa est quasi inexistant). Mais il est vraiment dommage de voir que ce public « Fifa » refuse de se mettre à un PES pour des raisons aussi incroyables que « PES c’est moins beau », « il n’y a pas les vrais nom de joueurs » (enfin maintenant ils sont bien sur PES), mais la raison la plus importante, celle qui justifie l’achat de Fifa et la destruction de PES à coup de chips moles c’est « dans PES ont peu pas joueur l’OM ou le PSG »… mon dieu que c’est triste. Même si une fois encore (comme pour les noms de joueurs) cette erreur tend à s’effacer, explications dans la suite.

Il commence quand ce test ?

D’accord le paragraphe précédent n’était pas d’une utilité extrême et ne vous aura rien appris sur ce jeu, mais il était quand même bon de replacer WE6 au milieu de la concurrence.

Rentrons dans le vif du sujet : le gameplay.

Celui-ci est tout simplement parfais (ou presque), jamais un jeu de foot n’aura été aussi réaliste et ceci est mené parfaitement par des animations fluides au possible.
La manette Gamecube de son côté ne s’en tire pas trop mal pour réaliser la plupart des actions possibles : le bouton A sert aux passes qu’il faut d’ailleurs orienter avec le stick directionnel. Le bouton B permet de shooter tandis que X sert aux lobs, il faut noter que selon la pression exécutée sur ces boutons, la puissance de l’action variera. R et Z servent à courir, la course avec R étant plus rapide que celle avec Z mais il est alors bien plus difficile de diriger son joueur. De son côté L sert à changer le joueur sélectionné alors que la croix directionnelle permet de lancer ses tactiques qui sont paramétrables dans un menu spécial. Enfin le stick C permet lui aussi de faire des passes mais dans ce cas le ballon ira dans la direction donnée par le stick (tandis qu’avec A, le ballon allait sur un joueur donné par la direction du stick directionnel). A priori ce stick C sert strictement à rien puisque A est plus précis, mais dès qu’il est question de jouer en finesse avec des passes en avant, des remises dans la surface de réparation et autres… l’utilisation du stick C permettra une efficacité redoutable.
Enfin il existe bien d’autres combinaisons comme les feintes de shoot (B puis A très rapidement), des unes-deux (A+L puis Y quand le joueur reçoit la balle) et bien d’autres.
L’utilisation de toutes ces possibilités n’est vraiment pas évidente et pour les joueurs débutants il vous faudra de nombreuses heures avant de maîtriser les actions classiques (passe, lob, shoot), alors pour les unes-deux par exemple ne compter pas les utiliser parfaitement dès le début. En fait on rencontre toujours le même problème dans ce jeu (qui n’en est pas un) : une défense vraiment incroyable. Celle-ci réagira parfaitement dans (presque) toutes les situations, l’IA étant tout simplement parfaite. Jamais je n’ai estimé que la défense « trichait », elle est juste terriblement efficace et pour percer cette défense il ne faut pas agir à la méthode ISS (moins bourrin foncer dans le tas en espérant que ça passe) : dès le rond central dépassé il faut déjà sérieusement penser à lâcher le bouton R (course rapide) pour pouvoir bénéficier au maximum de la mobilité de ses joueurs. Dans les phases de contre attaque un but peut être mis sans réclamer trop de réflexion, par contre pour mener une attaque classique il va falloir sérieusement penser à la construire car le mur défensif adverse est vraiment difficile à contourner, ainsi on fera quelques passes pour tenter de mettre la défense dans le vent, changer brutalement de côté avec un grand lob, effectuer des centres presque au point de corner…. Les stratégies sont multiples tandis que la défense réagira toujours d’une façon différente. Pour compliquer l’affaire il faudra bien faire attention au joueur qui possède la balle car il est très difficile de marquer avec un défenseur, petit exemple simple : avec l’équipe de France si vous faite shooter Dessaisir comme un dingue (bouton B enfoncé, barre de shoot remplie au max.) vous pouvez être sur que dans 95% des cas le ballon ira n’importe où sauf dans les buts, tandis qu’avec Henri le même tir a de forte chance d’être cadré. La solution avec un défenseur étant donc de faire un petit shoot (barre de tir remplie à la moitié voir moins) pour espérer cadrer le tir, mais dans ce cas le goal n’aura pas de gros problèmes à l’arrêter.
Attaquer c’est bien beau, mais il faut aussi penser à avoir une défense efficace. Dans ce cas la tâche est simplifiée (comme dans la réalité) mais demeure tout de même délicate, en effet l’arbitre siffle très facilement les fautes. On peut sans doute régler ce paramètre mais je ne l’ai pas encore trouvé dans le menu en japonais ! Mais après tout l’arbitre agit (par défaut) de façon très réaliste, il faut donc toujours joueur le ballon en évitant de toucher le joueur adverse. Les tacles deviennent alors un exercice très périlleux, tandis qu’il existe une action moins agressive pour récupérer la balle mais qui est moins efficace au final.
Pour finir le goal est souvent très efficace mais comme pour les joueurs, il dispose de statistique très développée qui le rendra plus ou moins fort.

Les modes de jeux.

Comme dans tous jeux de foot qui se respectent, les modes de jeux sont nombreux et complet.
Tout d’abord il y a la rencontre amicale, il faut dans ce cas choisir une équipe internationale et en combattre une autre. Ce mode peut se jouer jusqu’à 4 joueurs et promet de très belles parties face à des joueurs humains.
#row_endOn retrouve aussi le mode de Penalty (jouable à 2) qui vient compléter cette partie “amicale”
Ensuite on retrouve le mode « coupe du monde » où il faudra d’abord se sortir des poules puis engager des matchs où la défaite n’est pas permise pour gagner le trophée tant convoité.
Pour finir avec les modes de jeu il y a le championnat, véritable épreuve d’endurance, qui regroupe 20 équipes, il faudra donc réaliser 38 matchs (19 allers, 19 retours) pour espérer finir à la première place.
Il y a aussi le mode carrière avec lequel on commence avec une équipe nationale (type Monaco, PSG ou d’autres grand clubs d’Europe et du monde) pour passer de division en division et ainsi arriver 1er de la ligue 1. Dans ce mode il est possible de gérer les transfert de joueurs ce qui rajoute un intérêt supplémentaire.
Continuons avec le mode entraînement, celui-ci est un passage indispensable pour comprendre les finesses du jeu. Par ailleurs, rarement un entraînement n’aura été aussi complet. Il se décompose principalement en 2 phases : la phase théorique où on nous montre sur quels boutons il faut appuyer pour réaliser diverses actions (véritable mode d’emploi interactif), et la phase pratique où il faut réaliser des actions bien déterminées (un maximum de passes en un temps limité, tirer dans un endroit précis des cages, faire des longues passes au millimètre…) chacun de ses modes se décline sur 5 niveaux de difficultés, une fois le premier réalisé avec succès, le 2nd devient accessible et demande encore plus de finesse… et ainsi de suite.
On retrouve aussi le menu qui permet de se créer une équipe sur mesure, de changer les noms de ses joueurs, leurs maillots, leurs physiques….
Enfin le menu des paramètres permettra de régler la durée des matchs, leur difficulté (de 1 à 5 étoiles) et diverses autres choses.
Pendant les matchs des tas de menus sont aussi accessibles : il est possible de changer l’angle de la caméra (certains sont carrément injouables mais de nombreuses possibilités sont tout à fait fonctionnelles), de changer ses joueurs…. Pendant la mi-temps on peut revoir ses stratégies et à la fin du match il est possible d’avoir accès aux notes obtenus par les joueurs.
Finissons avec les commentaires du jeu, qui bien qu’en japonais, sont largement meilleur que tous les commentaires français qu’on a pu voir jusqu’ici. Ici le commentateur s’excite à la moindre action et rentre carrément en transe lors des buts.
Bref tout ça pour dire que WE6FE est extrêmement complet, et que de ce côté là on ne peut pas lui reprocher grand chose.

Tout n’est pas parfait.

Oui, même le meilleur jeu de foot de tous les temps (car il l’est) n’est pas exempts de défaut.

Le premier problème est directement lié au japonais, alors bien sur il ne faut pas s’attendre à un jeu en français ou en anglais, mais il faut avouer que le japonais gène énormément le joueur qui galérera un bon moment dans les menus avant de trouver les options qu’il recherche. Pour ma part j’exécute bêtement les matchs avec l’équipe type, faisant de rares remplacements et délaissant totalement les stratégies pour la simple raison que je n’y comprend rien. Comme je l’ai dit plus haut de nombreuses options doivent exister sans que je m’en serve (réglage de l’arbitre, des hors jeux…). En se forçant le joueur lambda trouvera quand même les options les plus importantes (durée des matchs, difficulté…) mais globalement on se retrouve un peu frustré de voir qu’on n’exploite pas le jeu à 100%. De son côté la notice du jeu est complètement inutile, il n’y a même pas de schémas montrant clairement les actions, heureusement que le mode entraînement (pour peu qu’on le trouve au milieu des menus) est lui très clair et parfaitement compréhensible pour ceux ne pratiquant pas le Japonais couramment.

Alors est-ce vraiment un problème ? Il faut bien s’attendre à ça venant d’un jeu d’import c’est sur, mais d’un autre côté vous tirerez bien plus de fun avec le même jeu en version US (pour peu qu’il sorte un jour), pour ma part j’ai tranché, le Japonais a fait perdre un point à la note finale attribué à ce jeu.

Par contre il y a un point vraiment négatif qui lui sera présent même sur une version PAL du jeu : son adaptation ! J’en arrive à penser que la version PS2 doit finalement être plus intéressante que la version GC tant certains éléments sont vraiment bâclés.

D’abord pour sauvegarder le jeu il faudra….. plus de 90 blocs ! C’est quoi cette arnaque ? Depuis quand un jeu de foot est aussi gourmand ? Et encore je ne vous parle pas des sauvegardes de « replay » gardant les plus beaux buts en mémoire. Considérant qu’il peut s’agir pour certains d’entre vous du premier jeu en import japonais, l’investissement s’avère au final très élevé : Jeu + carte mem 251 + freeloader = beaucoup d’euros… même si la carte mémoire et le freeloader resserviront dans d’autres occasions, ce prix peut être un argument valable de non achat du jeu.

Enfin pour finir avec l’adaptation foireuse, Konami a reproduit les boutons de la PS2 n’importe comment sur le pad du cube. Ainsi sur certains match difficile où on se retrouve la majeure partie du temps à défendre ou à joueur en contre, il faudra alors maintenir sans arrêt le bouton R (course rapide), rester 10 minutes ainsi (voir plusieurs heures si on joue longtemps) s’avère difficile pour le doigt qui maintient ce bouton enfoncé, à titre de comparaison les R1 et R2 de la PS2 sont bien plus efficace pour ce genre d’action. Dans le même genre d’idée on regrettera que la course ne soit pas gérer en analogique.

Enfin pour en finir avec ces boutons, certaines actions relève du miracle pour être exécutée parfaitement, et je pense surtout au petit lob du gardien : une petite pression sur le bouton X ne sert à rien, le tire passera au-dessus des cages la plupart du temps, Konami a donc mis en place une combinaison pour réaliser un véritable petit lob : il faut shooter avec B et appuyer sur R… simple apparemment, le problème est qu’il faut appuyer sur R jusqu’au bout du bouton analogique, et faire ça avant que le joueur ait shooté (en gros il shoot 1 dixième de seconde après avoir appuyé sur B). Une fois de plus sur PS2 le bouton R2 s’active sans problème, sur GC le temps est plus long. Je sais qu’ici la différence s’exprime qu’en dixième de seconde, mais c’est suffisant pour rendre cette action infaisable (ou presque). J’avoue aussi qu’en ayant beaucoup joué à PES1 sur PS2 j’ai du un peu trop m’habituer à la maniabilité inhérente à cette console et que les joueurs découvrant directement la version cubique ne seront sans doute pas gênés, mais globalement je trouve que le jeu est un poil plus maniable sur PS2 que sur GC.
Enfin le gameplay aussi parfait soit t-il m’a posé un petit problème : lors des passes un peu ratées, nos joueurs gérés par l’ordinateur n’iront pas chercher la balle, alors que les joueurs adverses toujours gérés par l’ordinateur fonceront dessus. On se retrouve dans des cas un peu aberrant où sur une passe trop courte c’est l’adversaire qui récupère la balle alors que notre joueur visé était plus près mais que cette moule n’a pas bougé d’un iota, c’est assez frustrant. Enfin comparé au nombre de fois où l’on peut rager devant Fifa à cause d’une défense qui est partie faire un scrabble, où l’ordinateur « triche », où le goal arrête un tir impossible…. WE6FE est bien plus réaliste et les petits détails négatifs pré cités ne doivent pas vous faire croire que le jeu est mauvais, loin de là ! WE6FE est un hit mais qui doit encore évoluer, ce qui est bien normal.

Pour conclure

WE6FE est tout simplement ce qu’on appel un hit, un jeu à la limite de la perfection auquel il est bien difficile de reprocher quelque chose. Mais son adaptation un peu foireuse et le Japonais omniprésent font que ce jeu n’est pas parfait et qu’une version occidentale serait très utile pour vraiment tirer profit du jeu à 100%. Malgré tout il reste un des meilleurs jeux GC, à acquérir le plus vite possible, par exemple avec un petit Soul Calibur 2 en import Jap pour amortir le coup de la carte mémoire, celle-ci ne devant servir uniquement que pour des jeux japonais.